lundi, décembre 27, 2021

Jn 20,8: il vit et il crut.

 Un texte un peu analogue à celui de ce jour a été publié l'an passé. Tant pis pour les doublets. 

Le disciple que Jésus aimait et qui aimait Jésus, raconte.

Encore une nuit où nous avions fort mal dormi. Les événements défilaient en boucle devant nos yeux, et il y avait cette question lancinante; allait-il revenir à la vie, lui que j'avais vu mourir sur la croix, lui dont le côté avait été percé par la lance d'un soldat romain (je l'aurais bien tué celui-là si j'avais pu), ce côté dont était sorti du sang et de l'eau? Et puis au petit matin, voilà que Marie de Magdala arrive, presque échevelée, dans tous ses états, pour nous dire que le corps a été enlevé, et qu'elle, et les autres qui étaient venues avec elle pour embaumer le corps, ne savent pas quoi faire.

 

Nous nous sommes habillés en grande hâte et nous sommes partis au pas de course vers le jardin, vers la grotte où le corps avait été déposé. Comme je suis un peu plus jeune que Pierre, je suis arrivé le premier. Mais je ne suis pas entré. J'ai vu, de l'entrée, que les linges étaient posés sur la pierre qui avait accueilli son corps. Pierre est arrivé, un peu essoufflé. Il a repris sa respiration, il est entré, il est sorti. Il n'a rien dit, ni à Marie, ni à moi. Plus tard il me dira que ce silence de mort lui a fait peur, et que de voir les linges à plat, et pas de corps, cela l'avait effrayé, et qu'il était en plein désarroi.  Qu'il se souvenait bien qu'un jour où il avait changé d'aspect devant lui et les fils de Zébédée, Jésus  avait annoncé qu'il devait souffrir, être mis à mort, et ressusciter le troisième jour; et qu'il ne fallait pas en parler. Mais là il ne savait plus que penser, que croire. 

 

Je suis entré à mon tour, il n'y avait que la lumière du jour pour éclairer la dalle sur laquelle le corps avait reposé. Mais de corps il n'y en avait pas. Il y avait par contre les linges qui avaient enveloppé le corps, bien pliés; et le suaire qui avait enveloppé son visage, posé là où sa tête avait reposé. Des linges bien pliés, cela montrait bien que ce n'était pas un voleur ou un pilleur de tombe qui était passé par là, parce qu'un voleur serait parti en laissant tout dans le désordre. Non cela voulait dire autre chose. Mais de corps il n'y en avait pas.

 

Et dans ce silence, dans cette semi obscurité, j'ai compris que ce qu'il nous avait dit s'était réalisé, que c'était vrai. Lui la vie, il était vivant, il était le vivant, lui la lumière qui luit dans les ténèbres, les ténèbres n'avaient pu avoir raison de lui, elles n'avaient pu le retenir, lui l'Amour, il était celui qui est. Une grande paix m'a envahi. 


Certes il n'était pas là, il n'était plus là, mais celui que j'aimais plus que tout était en vie, et il allait sûrement se montrer quand il le voudrait; car il nous l'avait promis juste avant d'être arrêté. 


Nous avons rejoint les autres et nous avons commencé l'attente, en ce premier jour de la semaine. 

vendredi, décembre 24, 2021

Luc 1, 57-80 Zacharie raconte la circoncision de son fils

 Même si ce soir, nous allons célébrer la naissance du fils de Marie, il n'en demeure pas moins que  c'est encore le temps de l'Avent, et que ce qui est proposé par la liturgie c'est le récit de la circoncision et ce que nous appelons le cantique de Zacharie. 


Zacharie raconte.

"Quand ma femme a ressenti les premières douleurs, heureusement que sa petite cousine Myriam, était encore là. Elle est allée chercher la sage-femme, qui n'en croyait pas ses oreilles, car nous avions gardé cela pour nous.
D'ailleurs depuis que l'ange a pris ma voix, m'a rendu muet, tout le village m'évite. Il est certain que je suis coupable de quelque chose, mais moi seul je sais que c'est d'avoir douté qui a provoqué cela. Déjà, à cause de la stérilité de ma femme, nous étions montrés du doigt, mais là c'est pire. peut-être que certains pensent que je suis possédé.. Possédé oui, mais possédé par Le Très Haut.
Nous étions sûrs que ce serait un garçon, parce que l'ange me l'avait dit, mais il a fallu qu'il soit là pour que je crois vraiment! Je sais, j'ai la tête un peu dure. Et puis, j'avais tellement peur qu'il n'arrive quelque chose à la maman. Donner la vie c'est parfois la mort pour la mère.
Alors nous avons vécu ce temps de l'enfantement comme une merveille. Marie nous a quitté; elle nous avait été très utile.
Quand est arrivé le jour de la circoncision, tous les hommes du village étaient là. J'ai l'impression que c'était comme s'ils venaient au spectacle. Pourtant j'aurais pu le circoncire moi-même, après tout Abraham l'a bien fait pour Ismaël et pour Isaac, mais je n'ai plus la main aussi sure.
J'avais fait comprendre à Élisabeth que le nom de l'enfant serait Johan, un nom nouveau, un nom donné par l'Ange. D'ailleurs Marie, nous avait dit que son enfant à elle se sommerait Jéshua. Dieu sauve. Alors ces deux enfants, à eux deux, peut-être qu'ils sauveront notre peuple qui comprendra enfin que Dieu en visitant son peuple, à nouveau fait grâce.
Je me doutais bien qu'ils seraient surpris quand ma femme leur donnerait le nom choisi par le Seigneur. Je n'ai pas été étonné quand ils se sont tournés vers moi, comme si la parole de ma femme n'était pas fiable. Simplement ils ont imaginé que j'étais sourd et muet, alors ils ont fait des gestes en montrant l'enfant, en me montrant, en montrant aussi Elisabeth. Ils m'ont donné une tablette.
Et j'ai écrit sur une tablette que Johan serait son prénom, pas Zacharie comme eux le voulaient. D'ailleurs pourquoi faire porter à un enfant miraculeux le nom de son père, comme pour d'emblée faire de lui un prêtre comme moi. Le destin de cet enfant n'est surement pas de faire du même, mais du différent et c'est ce qu'a dit l'Ange, et il sera prophète, l'envoyé du Messie, le nouvel Elie.
A peine ont-ils lu le nom de l'enfant, que j'ai senti que ma bouche se déliait, que ma voix m'était rendue, et moi le vieux Zacharie, je me suis mis à chanter, à chanter d'allégresse, à bénir Le très Haut et à lui rendre grâce.
En moi, mes mots coulaient tous seuls. J'ai remercié mon Dieu, qui tient ses promesses, qui n'oublie pas son peuple, qui allait faire surgir la force qui nous sauve du sein de Marie (mais ça je ne pouvais le dire) mais de la race de David son serviteur, celui auquel il avait promis de ne jamais enlever son amitié quoique fasse sa descendance.
J'ai loué sa fidélité, j'ai loué son amour, et j'ai en quelque sorte béni mon petit, j'ai appelé sur lui la bénédiction du très haut, car un jour il serait celui qui marcherait devant, ou à l'avant du Sauveur, pour préparer ses voies, pour aplanir les sentiers, pour tourner vers lui le cœur de peuple et que tout cela, c'était grâce à la tendresse et à l'amour de notre Dieu, Béni Soit-il.
La circoncision s'est faite, tous sont rentrés chez eux, étonnés et émus. Tous comprenaient que Dieu était à l'œuvre dans cet enfant, tous se demandaient quelle serait sa vie, mais tous louaient et bénissaient le Seigneur qui fait des merveilles.
A nous maintenant d'élever cet enfant donné et de le laisser suivre son chemin. Mais pour le moment réjouissons-nous.