vendredi, avril 25, 2025

Luc 24, 13-33. Luc 24,33-48. Mercredi et Jeudi de la semaine pascale.

 Pèlerins d'Emmaüs devenus pèlerins de Jérusalem.

 

 

Luc 24, 13-32 Mercredi de la semaine pascale. Luc 24, 33-48 Jeudi de la semaine pascale

 

 

J'ai fusionné en un seul récit les deux péricopes rapportées dans le dernier chapitre de l'évangile de Luc.  De ce fait, le récit commencera lorsque Cléophas et son compagnon, repartent à Jérusalem pour raconter ce qu'ils viennent de vivre, mais comme dans le récit précédent, ce ne sera pas un récit à la première personne, qui aurait suivi la trame lucanienne, mais un récit qui se veut un peu autre, qui prend peut-être un peu de distance, mais qui reste fidèle au texte.

 

 

RECIT

 

Ils avaient fait la route inverse, mais cette fois-ci, c'est comme s'ils avaient des ailes. Ils étaient arrivés dans cette grande salle où les disciples étaient restés ensemble depuis la mort de Jésus, cette mort sur la croix, cette mort voulue par les grands-prêtres et les anciens, qui avaient réussi à le faire mettre à mort comme un esclave, comme un brigand. Ils étaient plein de joie. 

 

Ils voulaient leur dire que le Maître était vivant, que les femmes n'avaient pas déliré, qu'ils pouvaient en témoigner. 

 

 Ils voulaient leur raconter qu'ils avaient rencontré un inconnu sur la route qui allait de Jérusalem à Emmaüs, alors qu'ils rentraient chez eux la mort dans l'âme, ne comprenant plus rien, ne comprenant pas pourquoi personne ne s'était levé pour défendre Jésus, ce prophète qui avait fait tant de bien et tant de miracles. Mais après tout, eux aussi avaient pris la fuite quand il avait été arrêté. 

 

Cet inconnu s'était joint à eux. Il leur avait demandé de quoi ils parlaient entre eux. Ils s'étaient étonnés de ce que cet homme ne soit pas au courant de cette mort. Mais lui, il semblait vraiment étonné. Eux ce qui les avait stupéfaits c'est qu'il leur avait dit, comme si cela le peinait profondément, qu'ils étaient des esprits lents à comprendre, des esprits sans intelligence, comme s'il y avait quelque chose à comprendre.  

 

Cela les avait peinés eux, parce que cette mort qui avait tué tous leurs espoirs de libération de Jérusalem, les avait atteints au plus profond de leur cœur.

 

Puis, il avait pris la parole. Il avait parlé, parlé, de telle sorte qu'ils n'avaient plus fait attention au chemin, qu'ils ne sentaient plus la fatigue, qu'ils buvaient ses paroles comme une terre assoiffée. 

 

Il leur avait montré comment toute la Tora, le livre de louanges et les prophètes, tous avaient à leur manière annoncé qu'un messie viendrait, qu'il fallait qu'il souffre ainsi pour entrer dans sa gloire.

 

 Eux, ils sentaient que leur cœur s'allégeait, que peut-être tout n'était pas perdu.

 

 Puis ils étaient arrivés dans leur village. L'homme qui parlait si bien, avait voulu les quitter, mais eux, sentaient bien que ce n'était pas possible. Il était entré chez eux, ils avaient préparé le repas du soir. Il avait regardé autour de lui, aidé à dresser le couvert. Il avait prononcé la bénédiction et rompu le pain. 

 

Alors là, leurs yeux s'étaient comme ouverts. En cet inconnu, ils avaient vu, ils avaient reconnu Jésus. Ce n'était pas l'homme défiguré, mort sur cette croix, ce n'était pas exactement le Jésus d'avant, et pourtant c'était Lui, c'était bien Lui. Les traces des clous on le devinait, elles rayonnaient doucement. Leur cœur était dans l'allégresse, tout prenait sens. Lui, il avait disparu, mais Il vivait dans leur cœur.

 

Aussitôt ils étaient repartis leur annoncer la nouvelle. Les autres avaient eux aussi la même nouvelle à leur annoncer, car le Seigneur avait parlé à Pierre, il était vivant, il était vraiment ressuscité. 

 

Ils se demandaient quand même s'ils n'avaient pas fait la route un peu pour rien, puisque les autres savaient, mais il fallait qu'ils parlent, il fallait qu'ils racontent, il fallait qu'ils transmettent, ils étaient tellement heureux. 

 

Et voilà que maintenant, Jésus était là, présent, parmi eux.

 

Oui, Jésus était là, comme il avait été présent avec eux, présent chez eux. Il les avait salués, mais les autres, contrairement à eux, ils étaient dans la peur. Ils ne comprenaient pas, ils ne comprenaient plus. Ils étaient en fait morts de peur, ils pensaient voir un esprit, un fantôme. 

 

Alors Lui, Il leur avait demandé de le regarder, de le toucher, de constater qu'il avait bien des os, qu'il avait bien une chair. Mais ça ne les rassurait pas vraiment. Il leur a demandé à manger. Il y avait un reste de poisson grillé, il l'avait pris. 

 

Eux, les deux d'Emmaüs,  ils étaient toujours dans la joie, le Maître était là, il était Le Vivant. Ils Le regardaient, Le regardaient comme pour imprimer son visage dans leur cœur.

 

Un peu de temps avait passé, la joie revenait aussi chez les autres

 

Ils avaient entendu Jésus dire presque les mêmes paroles que celles qu'Il leur avait dites sur la route. Qu'il était écrit,  que le Christ souffrirait et qu'Il ressusciterait le troisième jour. Ensuite il leur avait expliqué comme à eux tout ce qui avait été écrit dans les livres saints à son sujet. 

 

Mais il avait ajouté quelque chose d'autre. Il avait dit qu'eux les disciples, eux qui l'avaient vu vivant, eux qui l'avaient touché, ils devaient maintenant témoigner de cela, l'annoncer d'abord à Jérusalem, puis à toutes les nations, pour que tous les hommes entendent et comprennent que le pardon des péchés était pour tous, quelle que soit leur race, à condition qu'ils reconnaissent que Jésus est Seigneur. 

 

Maintenant, leur vie avait un sens. Ils seraient témoins de ce qu'ils avaient vu, de ce qu'ils avaient entendu. Ils seraient eux aussi ses témoins là où ils vivraient, car ce qu'ils venaient de vivre, les avait transformés et la joie qui était en eux, ils se devaient de la transmettre. 

 

 

LE TEXTE

 

J'ai séparé les deux péricopes et j'ai ajouté la finale. 

 

Mercredi de la semaine pascale : Lc 24, 13-34

 

"Mais Lui, ils ne l'ont pas vu".

 

13 Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,

14 et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

15 Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient,

 

Ils étaient deux, deux tristes à en crever. Et pourtant, les femmes avaient dit qu'elles avaient vu la tombe vide et qu'elles avaient eu la vision s'un ange. Mais ça, ils n'en tiennent pas compte. Des femmes, on ne peut pas les croire. Et ils rentrent chez eux, déçus, tristes. Le "s'interrogeait" fait un peu penser à une discussion rabbinique. 

 

Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

 

J'ai changé un peu la structure du texte. J'aime ce Jésus qui "chemine" avec eux, comme son Père le faisait autrefois pour son peuple. Je suis un Dieu qui chemine avait-il dit à David qui voulait lui construire un temple.

 

En soi, ce n'est pas tellement étonnant. Quelle image de Jésus ont-ils? Étaient-ils là au moment de la mise à mort? L'ont-ils vu défiguré? Si c'est le cas et c'est cette image là qu'ils ont de lui, alors impossible de le reconnaître, dans cet homme qu'ils vont prendre pour un étranger. 

 

17 Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. 18 L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

 

Et les voilà qui sont trois. Eux deux et un homme qui les a rattrapés sur leur route. Il taille la bavette et manifestement il a envie de se joindre à eux. Étonnante la question et rudement directe. Comment moi aurai-je réagi? Eux sont de bonne composition. Mais ils sont quand même tellement interloqués qu'ils s'arrêtent dans leur marche et marquent leur étonnement. Comment n'est-il pas au courant?  Comment a-t-il pu ne pas voir, ne pas entendre? 

 

19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :

20 comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

21 Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

 

Et là, il entend lui l'annonce de sa mort, et la responsabilité des chefs dans cette mort, mais aussi leur déception et leur attente. Pourtant il y a l'instance sur le troisième jour, ce troisième jour qui passe. On peut supposer que c'est le début de l'après-midi. 

 

 

22 À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,

23 elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

 

Pourtant, il s'est passé quelque chose, mais voir un tombeau vide c'est une chose, voir un ange c'est une chose, mais pour croire il faut le voir lui, et lui, ils ne l'ont pas vu. Ils sont juste dans l'incompréhension, peut-être dans l'attente de quelque chose. Mais au bout de trois jours….

 

 

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

 

Jésus devient l'interprète. Il n'est plus l'étranger qui n'est au courant de rien, il est celui qui fait comprendre, qui raconte, qui donne du sens à cette mort indigne, nécessaire. 

 

28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

 

Les voilà chez eux, à la maison. Pourquoi ne passerait-il pas la nuit chez eux? Marcher seul sur les routes, ce n'est jamais bon, et il n'a pas dit où il comptait se rendre. 

 

30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

 

Miracle de l'hospitalité, leurs yeux s'ouvrent, ces yeux empêchés de voir, ces yeux qui pour croire ont besoin de de voir. Là ils voient, ils voient dans cet étranger, dans cet inconnu qui parle si bien mais dont ils n'ont pas reconnu la voix, le Seigneur. Car certes c'est Jésus qu'ils voient, mais quel Jésus;

 

32 Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » 

33 À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.

 

Pour moi se lever est toujours signe de résurrection. Eux sont revenus à la vie, la tristesse est partie et la nouvelle ils ne peuvent la garder pour eux. Leur cœur est trop brûlant, il faut faire partager; 

 

Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :

34 « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

35 À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

 

On pourrait presque dire, "et tout ça pour rien" puisque Jésus est apparu à Simon, mais eux, c'est un autre témoignage. Il a marché, Il a parlé, Il a partagé le pain, Il a été leur compagnon.

 

Jeudi de la semaine pascale : Lc 24, 35-48

 

"À vous d’en être les témoins."

 

35 En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs  À Leur tour, ils racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

 

Et les voilà témoins. 

 

36 Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »

37 Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.

 

Il faut dire qu'il y a de quoi. Quelqu'un qu'on sait certes être vivant (enfin plus ou moins) et qui arrive d'un coup. Cela évoque aussi ce que de passe chez Jean. Avec le même Shalom. Cela fait aussi penser mais pas dans cet évangile, à Jésus qui apparaît sur la mer, après la multiplication des pains (Jn 6, Let surtout Mc 6, 49" En le voyant marcher sur la mer, les disciples pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris. 50 Tous, en effet, l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus parla avec eux et leur dit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! "

es 

 

38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?

 

Quelle question. Marie et Zacharie sont bouleversés quand l'ange leur apparait. Mais Jésus pointe quand même le doute qui est là. 

 

39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »

 

Et c'est une invitation à le toucher, mais le font-ils? Cela évoque toujours Jean. C'est intéressant qu'il parle des os. Mais Il va montrer qu'Il est solide. Que les trous , sont là, comme signature, Il est le crucifié, Il est le ressuscité. Il est bien vivant avec un corps de chair et d'os. 

 

40 Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.

 

41 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »

42 Ils lui présentèrent une part de poisson grillé

43 qu’il prit et mangea devant eux.

 

Le commentaire RCF évoquerait un repas partagé, mais là ce n'est pas ce qui est dit. Il mange seul, pour leur prouver qu'il est bien un homme. 

 

Maintenant qu'ils sont rassurés (en théorie), jésus arrive à la phase 2 de son plan si je puis dire : leur permettre de comprendre ce qui est arrivé, ce qui lui est arrivé, le pourquoi. Et c'est là qu'il leur ouvre l'esprit à l'intelligence des écritures. Hier je me disais en entendant les actes que cette ouverture (et le don de l'Esprit) avaient fait de Simon le pêcheur de poissons, Pierre le pêcheur d'hommes. Parce que les écritures, il les maîtrise.

 

 

44 Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

45 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.

 

 

46 Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,

47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

48 À vous d’en être les témoins. »

 

 

Mais cette intelligence des écritures, elle est là dans un but précis, une mission: annoncer que la conversion qui permet de croire en Jésus mort et ressuscité donne le pardon des péchés. Et cela doit être annoncé à Jérusalem et à toutes les nations.

 

 

La fin du chapitre: Luc 24, 49-51

 

"Il se sépara d'eux et il était emporté au ciel".

 

49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis.

Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. »

 

C'est assez étonnant, lui, il est actif, il va faire quelque chose, mais eux, ils doivent être passifs, attendre, demeurer dans la ville. 

 

50 Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit.

51 Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.

 

Toujours très étrange, cet actif : il se sépara d'eux, et le passif: il était emporté vers le ciel. Mais je dois dire que j'aime. Cela é toujours été comme une image de naissance, il se sépare de la matrice des disciples, et il va vers un ailleurs. Son temps est vraiment fini, ici, mais la force qui l'emporte vers le ciel, peut montrer le lien qui se fait entre le ici-bas et le ici-haut. Peut-être que là, tout est accompli.

 

52 Ils se prosternèrent devant lui,

puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.

 

 

S'il est parti, devant qui se prosternent-ils? Cela évoque a minima le départ d'Elie. 

 

53 Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

 

Et les voilà qui sortent, qui n'ont plus peur, et qui louent dans Dieu dans le Temple.

Le  Temple qui pour Luc est le lieu du début et de la fin.

 

 

 

mardi, avril 22, 2025

Jean 20, 11-18. Mardi de la semaine pascale.

 Jean 20, 11-18. Mardi de la semaine pascale.

 

 

https://giboulee.blogspot.com/2024/07/jean-20-1-20-fete-de-marie-madeleine.html

 

En me laissant prendre par ce texte que j'aime, il m'a semblé pouvoir me représenter ces retournements de Marie. En fait je la vois très statique à l'entrée du tombeau, devant le couloir qui mène à la dalle sur laquelle aurait dû se trouver le corps. Dans un premier temps, elle est devant, elle se penche pour voir. Elle voit les anges. Avec eux, il ne se passe rien. Ceux-là, contrairement aux récits des synoptiques ne disent pas que Jésus est ressuscité. Puis, toujours debout devant l'entrée, elle regarde du côté du jardin. Elle n'a toujours pas bougé. L'homme lui pose deux questions. Elle répond à la seconde et attend une réponse qui ne vient pas. Alors elle regarde à nouveau vers cet espace vide. Et c'est là, que la cueille la voix de son aimé, alors elle se tourne vers lui, elle passe des ténèbres à la lumière.

 

Pour une fois, ce ne sera pas un texte rédigé à la première personne, elle un texte plus descriptif, centré sur "elle". Sur ce qu'elle voit, sur ce qu'elle imagine, sur ce qu'elle pense, sur ce qu'elle vit.

 

 

"Au matin du troisième jour."

 

"Les deux autres étaient partis, sans rien lui dire. L'un semblait au septième ciel, l'autre pas. 

 

Elle, elle n'est pas rentrée dans le tombeau. Elle, elle pleure. Elle, elle reste seule avec son angoisse. Elle, elle sait que le tombeau est vide, elle, elle est sûre que quelqu'un a pris le corps, et l'a jeté quelque part. Et ça lui fend le cœur. Elle ne comprend pas. Elle est seule, seule, abandonnée. 

 

Elle, elle ne peut pas imaginer une seconde que si le corps n'est plus là, c'est qu'il s'est passé ce que Jésus avait dit pourtant par trois fois : "qu'il fallait qu'il souffre, qui soit mis à mort et qu'il ressuscite le troisième jour." Mais elle, elle sait que le corps a été tellement abimé, que c'est impensable. 

 

Entrer, on dirait que c'est impossible pour elle. Alors elle se penche pour regarder une deuxième fois, peut-être voir ce que les deux autres ont vu. Elle, elle ne voit pas les linges bien pliés à leur place, non. Peut-être que les linges sont là, mais à elle il est donné de voir autre chose, de voir autrement. 

 

Il lui est donné de voir deux hommes vêtus de blanc (plus tard on dira des anges), et elle, dans ces deux hommes, qui sont l'un à tête, l'autre au pied et qui auraient pu évoquer pour elle, les deux anges qui sont de part et d'autre du propitiatoire, elle, elle voit presque des intrus. Qu'est- ce qu'ils font là eux? 

 

Et voilà qui lui posent une question stupide, ils lui demandent pourquoi elle pleure. Certes elle explique que si elle pleure, c'est parce que le corps de son Seigneur qui devrait être à la place qu'ils occupent, a disparu, et qu'elle ne sait pas où on l'a déposé, mais elle, même si elle répond, elle n'est pas vraiment là. Elle est en état de choc.

 

Ce tombeau vide, ce corps absent qui lui a été volé, c'est trop pour elle. Elle a tout perdu. Et même ça, le toucher une dernière fois, ça lui est enlevé. Son Amour a été enlevé, et personne ne veut lui dire où on l'a mis. La résurrection elle n'y pense pas, elle l'a vu descendu de la croix, elle l'a vu mort. 

 

Alors, elle se détourne d'eux. Ils ne l'intéressent pas. Elle ne peut pas imaginer que leur présence à un sens. Et là, elle ne regarde plus vers le vide du tombeau, mais elle regarde de l'autre côté du côté du jardin. Peut-être qu'elle s'apprête à partir.

 

Puis, elle voit un homme qu'elle ne connaît pas. Alors là, c'est enfin une bonne nouvelle pour elle. Surtout qu'il s'intéresse à elle. Il voit qu'elle pleure, mais lui, il semble savoir qu'elle cherche quelqu'un. Qui cherches-tu lui demande-t-il. 

 

Là, elle peut répondre , elle peut même lui demander, parce qu'elle pense que cet homme est le jardinier et que peut-être,  non content de trouver un corps mis dans un tombeau qui n'avait pas servi, mais qui appartient à quelqu'un, il l'a mis ailleurs. Enfin quelqu'un qui peut l'aider. 

 

Alors elle, la femme, elle lui demande de lui dire où il l'a mis, lui. Elle, elle va le prendre. Elle, elle ne doute de rien, elle ne doute pas de ses forces. Et elle attend une réponse qui ne vient pas. Peut-être qu'il y a un silence et là, elle regarde à nouveau vers le tombeau, là où le corps aurait dû rester. Elle est à nouveau happée par la vide, par la mort.

 

Elle entend alors son nom. Son nom à elle, prononcé par cet homme qu'elle a pris pour le jardiner, et que maintenant, elle reconnaît, qu'elle peut appeler comme elle l'appelle dans son cœur son maître à elle. Peut-être a-t-elle envie de s'approcher de lu, de se jeter dans ses bras, de le serrer, de le regarder, de chercher les traces de ce qu'on lui a fait subir. 

 

Mais cela, Lui, Il ne veut pas. Lui il a à faire. Comprend-elle ce qu'il lui dit quand il affirmer qu'il doit monter vers son Père? Pas sûr, mais lui ce qu'Il veut c'est lui confier une mission. Elle doit aller tout de suite vers les autres, ceux que Lui appelle maintenant ses frères, leur dire que Jésus, leur Maître est vivant, qu'il est le Vivant. Qu'il doit monter vers son Père qui est désormais Leur Père, vers son Dieu, qui est désormais Leur Dieu. 

 

Lui, Il disparait, elle, elle part. Elle les trouve et elle leur annonce qu'elle a vu Jésus, qu'Il est vivant, ,qu'Il lui a parlé. Le crucifié, est le Ressuscité." 

 

 

Le texte. Jn 20, 11-18.

 

 

11 En ce temps-là, Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

12 Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

 

Là voilà seule. Pourquoi n'entre-t-elle pas? Elle reste dehors, mais en se penchant elle est un peu dedans un peu dehors. Elle voit quelque chose qui aurait dû la surprendre. Des hommes vêtus de blanc. Ils sont deux. Plus tard, on dira des anges;

 

13 Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. »

 

Ils posent une question qu'à mon avis elle trouve stupide, mais elle répond. Son Amour a été enlevé, et personne ne veut lui dire où on l'a mis. La résurrection elle n'y pense pas, elle l'a vu descendu de la croix, elle l'a vu mort et dans un tel état qu'imaginer qu'il puisse revenir à la vie c'est impensable. Le coup de lance a déchiré le cœur, un cœur troué ça ne peut pas être réparé, ça ne peut pas battre à nouveau.

 

14 Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.

 

Là, si je suis le texte, elle était à l'entrée, elle s'est penchée pour regarder, elle était tournée vers l'intérieur. Maintenant, elle se détourner, reprend une position plus verticale, et peut-être qu'elle s'apprête à partir. Elle est donc du côté de l'extérieur. Et là, elle voit un homme, que nous savons grâce au rédacteur être Jésus, mais pas elle. 

 

15 Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre.»

 

Même question que celle déjà posée, sur le pourquoi de ses larmes, mais une autre question qui montre que lui, il sait. Il y a ce qui cherches-tu? 


16 Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

 

Et là, je peux imaginer qu'elle se détourne de lui, regarde à nouveau vers la tombe et c'est là qu'elle entend son nom, son nom prononcé par le seul qui le prononce comme cela. Et elle le regarde enfin, et lui dit Rabbouni, que j'aime rendre pas 'mon petit maître à moi";

 

17 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

 

Manifestement Jésus anticipe une réaction (comme celle que nous avons entendu dans l'évangile de Matthieu hier, comme lui saisir les pieds), et lui dit cette phrase assez étonnante, je ne suis pas encore "monté vers mon Père". Suit alors un ordre différent, il faut leur dire qu'il monte vers son Père (il n'est pas question de la Galilée), que désormais son Père est notre Père, que son Dieu est devenu notre Dieu. Là il faudrait se laisser prendre par l'esprit pour intuiter un tout petit peu. 

 

18 Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

 

Je me suis toujours demandé ce qu'elle avait raconté, car c'est très lapidaire ce qui est rapporté par le rédacteur.

 

Jardin de la création, jardin des oliviers, jardin de la résurrection. 

lundi, mars 24, 2025

Lc 4, 24-30 et 2R 5, 1-15. Lundi de la troisième semaine de Carême. Année C

LUNDI 24 MARS. Lc 4, 24-30 et 2R 5, Naaman le Syrien. 

 

https://giboulee.blogspot.com/search?q=Luc+4%2C+synagogue+de+Nazareth

https://giboulee.blogspot.com/2024/07/marc-6-1-6-jesus-nazareth-14-dimanche.html

 

 

Pourquoi ces textes en ce lundi de la troisième semaine de carême.

 

Je dois dire que ce texte de Luc, qui est tout au début de son évangile, et qui rapporte le non accueil de Jésus dans sa ville d'origine, reste curieux, d'autant qu'il est assez différent de ceux des autres synoptiques. 


Par ailleurs la liturgie nous donne à regarder la deuxième partie de ce récit, que l'on comprend mal si on n'a pas la première en tête. Si donc, on ne garde que la fin du récit, c'est une démonstration par l'écriture que nul n'est prophète dans son pays d'origine, et que Jésus est un prophète, aussi grand que ceux qui ont reçu l'onction. Mais cela demeure fermé aux yeux des nazaréens. Peut-être que parfois nos yeux à nous sont fermés, nous ne comprenons pas pourquoi certaines actions étonnantes ont lieu ailleurs que chez nous et du coup, nous rejetons en bloc et l' action et celui par lequel l'action a pu se réaliser. Avons-nous envie de tuer , et là on serait dans la jalousie, ce n'est pas impossible.


 

Mais je reviens au texte que je résume. Jésus qui a été baptisé par Jean, puis conduit dans le désert par l'Esprit, a affronté le Malin et en a été vainqueur. Il commence sa vie publique en Galilée et non pas en Judée. Luc ne donne aucun contenu de l'enseignement de Jésus, si ce n'est que sa renommée s'étend dans le pays et qu'il enseigne dans les synagogues. 

 

On saura quand même, grâce à la suite de la lecture du texte, que des guérisons ont certainement été faites à Capharnaüm.  Existe-t-il une jalousie entre ces deux villes, c'est possible et cela pourrait expliquer le comportement des habitants de Nazareth. Mais c'est une hypothèse. 

 

On sait aussi que Jésus se trouve dans la synagogue de Nazareth, et qu'il commente les versets du prophète Isaie. Après avoir lu, il va affirmer que ce texte le concerne lui. Il affirme que le temps de grâce est arrivé, mais aussi qu'il est revêtu par l'onction, donc qu'il est le messie. Mais c'est là que ça va se gâter puisque tout le monde sait très bien de qui il est le fils. Je crois alors que ce qui se passe, dans la tête de certains, c'est : "pour qui il se prend celui-là". 

 

Ce qui suit (verset omis) est bizarre, de quoi Jésus devait-il se guérir lui-même? Je pense qu'il s'agit de ce qu'il a fait à Capharnaüm, et là, ce serait comme il le dit, une question puisque dans le récit de Luc, il ne s'est rien passé à Nazareth. Cela pourrait se formuler comme : " Ce que tu as fait là-bas, pourquoi ne le fais-tu pas chez nous"?  . 

 

La réponse de Jésus, avec les miracles faits par deux grands prophètes sur des habitants "étrangers", est quand même étonnante. Est-ce que Jésus veut faire comprendre qu'il est là, pour tout le monde, qu'il y a quelque chose d'universel dans sa mission? Si les habitants de Nazareth méprisent ceux de Capharnaüm, cela pourrait alors s'expliquer. 

 

Mais pourquoi est-ce que cela "énerve" tellement les habitants de Nazareth, au point qu'ils veulent d'emblée le tuer, cela reste mystérieux, sauf si l'on admet que le diable qui a été éconduit dans le désert, a trouvé là une belle occasion de se débarrasser de cet homme dont il ne sait pas très bien s'il est ou non le fils de Dieu.

 

Ce qui ressort quand même de ce texte, c'est que dès le début de sa vie publique, Jésus est menacé de mort, par ceux qui lui sont quand même proches, ses concitoyens. Cette même menace se trouve dans Marc au chapitre 3, après que Jésus ait guéri un homme un jour de Sabbat. En d'autres termes, Jésus vit dans un climat de grande insécurité, et ce dès le début de sa mission. 

 

La question que se pose est de savoir ce que ce texte, nous donne à contempler, à penser pour notre vie de tous les jours, en ce début de troisième semaine de Carême?

 

S'agit-il de notre incapacité à voir au-delà des apparences? Et cela bien entendu, se pose aussi envers ceux que nous voyons et rencontrons soit au cours de cette journée, soit que nous connaissons "trop bien"? 

 

Est-ce que parfois, nous ne serions pas un peu jaloux de ceux qui ont des expériences de vécu de guérison, alors que nous, nous demandons et ne recevons pas? Je ne sais pas. Cela pourrait être une piste.

 

Si je reviens aux exemples pris par Jésus, on ne peut pas dire que Naaman ait vraiment foi dans la parole d'Élisée. Quant à la veuve de Sarepta, j'ai plutôt l'impression qu'elle se demande ce que veut de drôle de bonhomme, en qui elle ne voit peut-être pas un prophète. Mais ce qui est certain, c'est qu'elle a confiance en ce qu'il promet. On peut dire finalement que ces deux étrangers ont eu foi en la parole, ce qui n'est pas le cas de certains habitants de Nazareth. 

 

Alors que retenir? Ne pas juger trop vite en fonction de ce que nous croyons savoir soit des autres, soit même de Jésus, parce que parfois, nous pouvons refuser de nous laisser surprendre par la radicalité de son message (se laisser déplacer comme on dit maintenant), et lui faire confiance.

 

Pour ma part, finalement je dirai, ne pas juger trop vite, ne pas se fier au trop connu, écouter ce que dit Jésus, même si parfois ça me dérange (comment croire qu'une année de bienfait est là quand on regarde autour de soi) et aussi ne pas laisser parfois la colère monter en moi.

Dans la mesure où le texte proposé ne reprend que la deuxième partie de la péricope, la colère et le désir de mort, sont manifestement premiers.

 

Travail sur le texte.

 

24 Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.

 

Le doute qui commence à émerger le "pour qui il se prend", doute qui n'existe pas à Capharnaüm, pousse Jésus à se comparer aux grands prophètes du temps de la royauté.

 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;

26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

 

Pour Elie, c'est assez normal, il est tout, sauf en odeur de sainteté dans son pays, après avoir provoqué cette famine. C'est le Seigneur lui-même qui lui dit de partir. Il me semble aussi, que la ville de Sarepta est la ville d'origine de Jézabel, c'était peut-être un peu risqué aussi de s'installer là, mais le prophète a obéi.

 

Quant à l'histoire de Naaman le syrien, il a fallu le forcer pour qu'il se plonge dans les eaux du Jourdain. Cette guérison est aussi témoignage pour Israël: il y a bien un prophète dans ce pays. 

 

Jésus du coup se proclame Messie et Prophète, lui qui est le fils du charpentier. Là, trop c'est trop.

 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.

29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

 

30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

 

Quelle mouche les pique?  Jésus (et cela se retrouvera dans l'Évangile de Jean, quand il sera en butte aux pharisiens dans le Temple) se dérobe. Soit il connait tellement bien Nazareth qui peut se cacher, soit la main du Très Haut est là et le protège.

 

Les réflexions d'un villageois

 

Non mais, pour qui il se prend le Jésus. Nous on a toujours fait comme s'il était le fils de Joseph, parce que ça, on n'en sait trop rien. Il avait appris le métier de charpentier et nous étions contents de l'avoir, il faisait de "la belle ouvrage", il réparait aussi pas mal de choses; il faut dire qu'il est très adroit de ses mains. Bref un bon garçon sans histoires, mais il avait la trentaine et il n'était pas marié, ce qui n'est pas normal.

 

 Un jour comme tant d'autres, il est parti demander le baptême de Jean. Enfin c'est ce qu'on nous a dit. Nous, nous n'étions pas très contents d'avoir perdu notre charpentier. On nous a dit aussi, qu'il s'était installé à Capharnaüm, et qu'il avait guéri des possédés et des malades et qu'il disait qu'il fallait se convertir parce que le règne de Dieu était tout proche. C'était quand même étonnant. Qu'est ce qui s'était passé, jésus un nouveau prophète? Bizarre. Et puis un jour, il s'est pointé chez nous. On aurait bien voulu qu'il guérisse nos malades, mais il est juste allé chez sa mère. 

 

Le jour du Sabbat, il est venu à la synagogue, et là, nous lui avons laissé la parole, la possibilité de commenter un de nos grands prophètes et d'enseigner comme le font les scribes, nous aider à comprendre ces vieux écrits. 

 

Il a lu quelques phrases du prophète Isaïe, où il dit que le Seigneur a consacré quelqu'un par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, pour libérer les captifs, pour rendre la vue aux aveugles, rendre leur liberté aux opprimés et proclamer une année de bienfaits de la part du Seigneur. 

 

Bon tout ça c'est bien beau, mais personne ne l'a jamais fait, même pas le prophète. Et voilà que lui; il affirme que ce qui a été écrit il y a des siècles, cela le concerne lui, et donc qu'il va accomplir de grandes choses. 

 

Sur le coup on a trouvé ça très beau, sauf qu'il faut bien qu'il le prouve et puis quand aurait-il reçu une onction, lui que nous connaissons depuis toujours. 

 

Je crois que ça ne lui a pas plu que nous mettions en doute ce qu'il disait. Il n'a pas guéri les aveugles, libérer les opprimés, comment est- ce que ce serait possible avec ces romains qui sont cesse sur notre dos, quant à l'onction,  laissez- moi rire. Il n'est pas David, il n'est pas d'origine royale. Nous n'avalons pas tout, comme ceux de Capharnaüm, et puis les guérisons, comme je l'ai dit,  nous les attendons. Je reconnais que ce qui était étonnant c'était le changement qui s'était opéré en lui. Il était rempli d'assurance, il parlait bien, et on avait envie de l'écouter. 

 

Mais au lieu de se lever pour guérir, il nous a dit qu'il savait très bien que nul n'est prophète dans son pays, et il nous a fait la leçon en nous parlant d'Elie qui est allé sauver une veuve à Sarepta et non pas une veuve qui mourrait aussi de faim à Jérusalem, et d'Élisée qui n'avait pas guéri un ou des lépreux de chez nous, mais un étranger, et de plus un général qui nous avait fait la guerre, et qui était bien puni par la lèpre.

 

Bref, il nous a mis en colère, et chez nous la colère ça monte vite. 

 

Alors ce Jésus, il fallait l'empêcher de nuire et donc s'en débarrasser. Rien de mieux que de le pousser, de lui faire perdre l'équilibre et de le faire basculer dans le vide. Seulement ça n'a pas réussi. Je ne sais pas comment il a fait, mais il nous a échappé. Tant mieux parce que sa mère, elle ne nous l'aurait sûrement pas pardonné, mais bon débarras quand même. Et puis avec ce gouverneur de Judée il vaut mieux se faire oublier, se tenir à carreau.

 

Mais on suivra de loin ce qu'il fait, il ne faudrait pas que ça nous retombe sur le dos. Quant aux miracles et bien on s'en passera. 

 

 

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samedi, mars 15, 2025

Luc 9, 28-36. Transfiguration. Deuxième dimanche de Carême. Mars 2025

                                          Transfiguration : Luc 9, 28-36



 

Préambules.


Voici revenu le temps du Carême et donc le temps de retrouver des évangiles bien connus. La semaine dernière c'était les tentations après le baptême, racontées par Luc, puisque c'est son année dans le lectionnaire. Chez Luc, au moment du baptême le ciel s'ouvre ce qui réalise une demande du prophète Isaïe: "Ah si les cieux s'ouvraient et si tu descendais les montagnes s'ébranleraient devant toi".  Ce ne sont pas les montagnes qui s'ébranlent mais c'est un autre ébranlement qui se met en place dans notre monde, sauf que cet ébranlement est d'une discrétion totale. Et pourtant un monde nouveau est là. 

 

 

De ce ciel qui était fermé depuis qu'Adam et Eve ont été exclu de ce que nous nommons le paradis terrestre, sort à la fois le souffle de Dieu, qui en se posant sur jésus, l'enveloppe de son onction et demeure en lui, et une voix qui selon les traductions,  dit  : "toi, tu es mon Fils Bien-Aimé en qui j'ai mis toute ma joie,  (affection approbation, en qui je me complais, je me suis complu, mon bon plaisir). Que Jésus puisse être le réceptacle de la Joie du Dieu, qu'il ait pu être rempli de cette joie, ce n'est pas imaginable, en tous les cas pour moi. Il devient à ce moment-là Présence du Père pour les hommes, mais les yeux ne peuvent le voir et le reconnaître. 

 

Ce baptême est le début de ce que l'on appelle la vie publique de Jésus. 

 

Je crois que l'on peut dire que la transfiguration, où la Présence est rendue visible aux yeux des trois apôtres, est un nouveau baptême, car jésus se met en route vers la Croix. La voix qui se fait entendre dit, nous dit "écoutez-le , il est mon Fils , il est celui que j'ai choisi, il est l'élu "

 

Je me disais aussi que voir Jésus avec Moïse et Élie, est aussi un moyen de montrer que Jésus contrairement à ce qu'on pouvait croire n'était pas une sorte d'avatar ce ces deux prophètes, Mais qu'il est l'Unique, celui annoncé par Isaïe, le nouveau messie. Pour le dire autrement Jésus n'est pas la résurgence d'un personnage ancien, si grand soit-il, il est celui qui est choisi par le Père. 

 

J'ai beaucoup écrit sur cette péricope. J'ai relu ce que j'avais écrit il y a trois ans, puisque c'était le même évangéliste et je ne m'y reconnais plus. un texte plus récent de 2023, avec l'évangile de Marc existe, mais je ne m'en suis pas servi. 

 

Je me rends compte aussi, que faire raconter par quelqu'un qui était là ce jour-là, mais qui bien entendu ne peut raconter que bien des années après, ce n'est pas si simple. 

 

Comme conteur, j'ai choisi à nouveau Pierre, d'autant qu'il cite cet événement dans sa première lettre, mais il y a ce qu'il a pu vivre sur le moment et ce qu'il peut en raconter plus tard, quand ses yeux et son cœur ont reçu l'onction de l'Esprit Saint. Peut-être que seul Jésus pourrait raconter, mais cette idée me vient à l'esprit au moment où j'écris ce préambule. 

 

Je me propose donc dans ce billet, de laisser Pierre raconter. On trouvera ensuite, en annexe, le travail préparatoire, à savoir le travail sur les versets, ainsi que la mise en tableau des récits des évangiles synoptiques. 

 

En conclusion de ce billet, j'essayerai de laisser Jésus parler.

 

je me dis que si de la base de l'Hermon,  sortent les sources qui donnent naissance au Jourdain, cette montagne est autrement plus importante que le petit Mont Thabor en Galilée. Et j'aime la situer en ce lieu-là. 


La Transfiguration est un tournant. Jésus, rend son visage dur comme pierre et prend avec détermination, comme le dit Luc, la route de Jérusalem ! Certes il faudra plus de douze chapitres pour que Jésus n'atteigne cette ville, mais la centration sur la croix à venir, sur la mort et la résurrection, s'enracine peu à peu. 

 

PIERRE RACONTE.

 

Nous descendions de la montagne avec lui, je veux dire de l'Hermon et nous avons été accueillis par une foule qui semble presque étonnée de nous voir et qui semblait même soulagée. À croire que notre absence a duré plus que je ne croyais. Mais parfois avec Jésus, on perd un peu la notion de temps. 

 

C'est vrai que pour gravir l'Hermon, cette montagne qui domine Césarée de Philippe, il a fallu un certain temps. Jésus lui, il grimpe comme un chamois, mais moi, ce n'est pas pareil et comme ça grimpait très fort, j'ai dû m'arrêter et les autres ont dû attendre que je reprenne mon souffle. Nous avons connu la fatigue, la soif, et même la faim. Je ne parlerai pas de mes pieds, pourtant ils sont habitués à marcher, mais ces sentiers-là, c'est autre chose

 

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Tout ça pour dire que nous étions bien fatigués quand nous avions fini de gravir la montagne. 

 

Cette montagne dont parle les psaumes, je ne la connaissais pas; je dois dire qu'elle est magique. On s'y sent plus près de Dieu. L'air est différent, les sons sont différents. 

 

Moi qui suis un pêcheur, je connais les beautés de mon lac, le lac de Tibériade. J'en connais ses beautés, mais aussi ses risques quand le vent se lève et que les flots assaillent les barques. J'aime le scintillement des vagues quand le soleil commence à se lever, ou quand la lune brille. La montagne ce n'est pas du tout mon élément. Pourtant en suivant Jésus, j'ai senti d'emblée que nous nous étions rapprochés du Très-Haut. 

 

Nous étions tous les trois, en train de récupérer de notre fatigue. Nos yeux se fermaient presque malgré nous. Jésus lui, selon son habitude s'était mis à prier. C'est quand même rare de le voir en prière. Souvent il part tout seul, et on ne sait jamais quand il va revenir. Des fois, cela nous inquiète. 

 

Tout à coup, il y a eu comme un bruit de voix. Malgré notre épuisement, nous avons vraiment ouvert les yeux, et ce que nous avons vu jamais nous ne pourrons l'oublier. Notre Maître était devenu lumineux. La lumière irradiait de lui, son visage était comme éclairé de l'intérieur, son vêtement était d'une blancheur qui faisait presque mal aux yeux. C'est comme si la Présence de celui qu'il appelle son Père, était visible pour nos yeux. 

 

Et il n'était pas seul. Avec lui, il y avait notre Père Moïse, lui dont le visage était devenu lumineux après qu'il soit resté auprès du Très-Haut pendant quarante jours, ce temps où il écrivait les paroles de l'Alliance sur les tables de pierre, les nouvelles tables, puisque celles écrites par ma main de Dieu avaient été fracassées. Il y avait aussi Elie, qui lui aussi avait rencontré le Seigneur sur l'Horeb, qui avait entendu le son de sa voix, son qui était celui d'une brise légère, et qui avait été emporté sans connaître la mort sur un char de feu. 

 

Ils parlaient avec Jésus de son départ qui allait s'accomplir à Jérusalem. Nous entendions bien cela, et c'était bien de sa mort à lui dont il s'agissait, cette mort qui serait la rédemption, le salut, mais dont je ne voulais pas entendre parler, parce qu'à ce moment-là, mes yeux étaient comme fermés. 

 

Il y avait ce trio, Jésus, Moïse, Elie. Ces derniers étaient en train de se séparer de lui. Malgré la torpeur un peu paralysante qui était sur moi, sur nous trois, je me suis entendu parler et dire en m'adressant à Jésus qui était toujours empli de cette lumière, que nous pouvions construire trois tentes, une pour Lui, une pour Moïse, une pour Elie. Je ne sais pas ce qui m'a pris, peut-être que je voulais que le temps s'arrête, que cette Gloire, la Gloire du Très Haut, la Présence du Très Haut, soit comme capturée sur cette montagne, qu'elle y demeure, que le temps s'arrête, que la roue du temps ne tourne plus. 

 

Je n'avais pas fini de parler, mais je ne sais plus très bien ce que je disais, parce que mon Maître était tellement plus que mon maître, qu'une sorte de brouillard est tombé sur nous. C'est peut-être fréquent en montagne, mais c'était plus qu'un brouillard, et je ne savais pas ce que c'était, Je dirai une nuée, un peu comme celle qui était lieu de la Présence du très haut quand notre peuple est sorti d'Égypte.

 

De cette nuée, parce que je sais maintenant que le Père de mon Seigneur était présent, est sortie une voix, qui s'adressait à nous. Cette voix ne faisait pas vraiment peur, mais quand même ! Elle nous remplissait d'une crainte sacrée. Cette crainte qui est là, quand on est en contact avec quelque chose qui vous dépasse complètement, qui vous donne envie de vous faire tout petit, qui vous donne presque envie de disparaître, parce que c'est trop pour les êtres de chair, les êtres mortels que nous sommes. 

 

Elle nous disait que l'homme qui était devant nous, était celui qui avait été choisi par notre Seigneur, qu'il était son fils et que nous devions l'écouter. 

 

Nos prophètes nous ont parlé d'un serviteur que le Seigneur avait choisi, mais là, c'était bien plus. J'avais bien reconnu en Jésus, le Messie de Dieu. À cet instant, c'était bien plus. C'était la gloire du Père sur le Fils, dans le Fils. Mais les mots sont impuissants. 

 

Quant à l'écouter, je dirai à lui obéir, cela m'a tout de suite fait penser à ce livre où il nous est dit : "écoute Israël, notre Dieu est l'Unique". Écouter Jésus comme écouter le Seigneur. En serai-je capable ? 

 

Même si la voix n'était pas une voix de commandement, malgré les mots qu'elle disait, nous étions remplis de crainte, Le silence a suivi, un beau silence. On entendait à nouveau des oiseaux chanter, le bruit du vent dans les feuilles et Jésus était là, le Jésus que nous connaissions, le Jésus de tous les jours, si je puis dire, qui nous regardait avec ce regard qui est le sien, ce regard qui nous fait parfois chavirer, ce regard d'amour. 

 

Nous sommes descendus en silence. Ce que nous avions vu, nous l'avons gardé au fond de nos cœurs, sans en parler à qui que ce soit. L'indiscible ne se raconte pas. 

 

Et comme je l'ai dit, la foule était là, avec les autres, et un homme a interpellé Jésus lui disant de regarder son fils qui devait être possédé. La vie a repris. Mais par moments, en fermant les yeux, je pouvais encore voir et ressentir la Présence du Seigneur dans celui qui est mon Seigneur.

 

ANNEXE: LE TEXTE.

 

 

Il m'a semblé que reprendre un tout petit peu en arrière était intéressant. Jésus dit en effet au verset 27 : " Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu".

 

Ces versets suivent ce qu'on appelle la "confession de Pierre" qui proclame que Jésus est le Christ, le Messie de Dieu (deux mots pour dire la même chose, l'OINT), mais l'évangile s'adresse, surtout chez Luc, certes aux juifs mais aussi aux non-juifs de l'empire romain.

 

Je ne sais pas si ces hommes, Pierre, Jean et Jacques,  ont vu de leurs yeux le règne de Dieu avant leur mort, mais spontanément je dirai que oui. Ils ont vu la multiplication des pains, et ce jour-là, leurs yeux ont vu ce que les rois et les prophètes auraient désiré voir., je veux dire Jésus rempli de la Présence et aussi irradiant de lui-même la Gloire.

 

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28b En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.

29 Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.

 

Ce qui laisse à supposer que chaque fois que Jésus prie, c'est ce qui se passe, mais ce n'est paa visible pour les yeux de chair. Là, c'est quelque chose de nouveau, Présence Divine totale. Le visage et le vêtement. 

 

30 Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,

31 apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.

 

Ce qui me frappe, c'est que ces deux-là, sur l'Horeb ont rencontré la Gloire de Dieu. Moïse le buisson mais surtout Ex 33 et Elie, ce Dieu qui est dans le murmure de la brise. 

 

32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.

 

Finalement ils sont un peu paralysés, ils sont lourds de sommeil, mais ils ne dorment pas. Il me semble qu'ils sont un peu comme Abram qui voit Dieu passer, mais qui ne peut rien faire, saut voir et entendre et en garder souvenir, en garder mémoire. Alliance avec eux, les hommes qui se fait par Jésus qui va donner sa vie à Jérusalem, la nouvelle Alliance. 

 

33 Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.

 

Je dois dire, que je peux comprendre Pierre qui voudrait que cet instant d'éternité ne soit pas fugitif, mais c'est impossible. 

 

34 Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.

35 Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

36 Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

 

Il se passe alors beaucoup de choses, comme si la voix de Pierre avait provoqué quelque chose. Je veux dire comme si sa demande trop concrète de figer l'intemporel, avait fait une sorte de trou. Et c'est là, que comme au moment du baptême, la Présence du Père dans la nuée se donne à entendre, sous la forme de cette voix audible, qui contrairement à l'exode n'est pas une voix qui provoque la panique.  Elle donne la Loi nouvelle : écouter le Jésus, qui est le Fils choisi entre tous les hommes, l'Unique. 

 

 

La Transfiguration dans les synoptiques

 

Matthieu 17, 1-10

Marc 9, 1-11

Luc 9, 28-36

 

01 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne.

 

 

02 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.

28 Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.

02 Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, 

 

et ses vêtements, blancs comme la lumière

Et il fut transfiguré devant eu

 

 

03 Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

 

 

29 Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre

et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.

03 Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.

04 Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.

0 Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,

31 apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.

 

0

 

 

 

 

 

 

 

4 Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

 

 

 

 

 

 

 

 

05 Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

 

06 De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.

 

 

32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.

 

33 Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » 

 

Il ne savait pas ce qu’il disait.

 

05 Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuseles couvrit de son ombre, et voici que, 

 

 

de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

 

 

7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, 

 

 

 

et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

 

4 Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survintet les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.

 

35 Et, de la nuée, une voixse fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

06 Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.

 

 

 

6 Et pendant que la voix se faisait entendre

07 Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

 

 

 

 

8 Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.

 

9 En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

08 Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

 

09 Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

 

 

, il n’y avait plus que Jésus, seul. 

 

 

 

 

 

Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

10 Les disciples interrogèrent Jésus : « Pourquoi donc les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? »

 

11 Ils l’interrogeaient : « Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? »

 

 

 

 JÉSUS RACONTE.

 

Nous étions dans le nord de la Galilée, pas loin de Césarée de Philippe. Je savais qu'il était temps pour moi de ne plus être seulement celui qui fait des guérisons, des miracles, qui rassemble les foules, mais de devenir celui qui conduit au Père. 

 

J'avais demandé aux douze qui j'étais pour les foules; ils ont répété ce qu'ils entendaient dire quand ils passaient dans les villes ou les villages, à savoir que j'étais Jean le Baptiste, ou Elie, ou l'un des prophètes. Cela m'a fait un peu sourire, mais ces braves gens, ils voyaient en moi finalement un prophète de l'ancien temps, qui peut-être allait remettre un peu d'ordre. Mais ils ne me voyaient pas comme dénonciateur des ruptures d'alliance. Je crois qu'ils me voyaient comme un faiseur de miracles, un type gentil, mais de là à se convertir, il y avait de la marge, ce qui me désolait. 

 

Je leur ai demandé alors pour eux qui j'étais. Et là, mon brave Simon a pris la parole, il a dit que j'étais le messie (l'envoyé, celui qui avait reçu l'onction) de Dieu. Comme il est le porte-parole des douze, cela me suffisait pour le moment. 

 

Plus tard, ils comprendraient que je ne serai pas le libérateur de Jérusalem, mais le libérateur du Malin. La réponse de Simon, me montrait que le temps pour moi était venu de me mettre en route. Mais avant cela, parce que je savais qu'ils auraient des doutes au moment de mon arrestation et de ma mort, je voulais que quelques-uns puissent voir en moi la Présence du Père, pour qu'ils ne prennent pas la fuite quand le temps de l'épreuve serait arrivé. J'espérais aussi que ceux-là ne m'abandonneraient pas.

 

Nous n'étions pas loin de l'Hermon. C'est une belle montagne, parfois ses sommets sont enneigés et pour moi, même si on ne le voit pas, c'est le lieu où le Jourdain prend sa source. 

 

J'ai pris avec moi, Pierre, Jean et Jacques, en laissant aux autres le soin de préparer villes et villages à mon passage.

 

La montée n'est pas facile et Pierre peinait beaucoup, transpirait beaucoup, traînait les pieds, râlait ! Les deux autres un peu moins, mais quand même. En arrivant là où moi je voulais aller, ils se sont couchés à même le sol, et se sont endormis. 

 

Je me suis mis à prier, j'aime ces temps où je suis seul avec mon Père, où il est Présence pour moi, où je suis toute écoute, mais où je peux aussi lui parler de tout, de tout ce qui me préoccupe, de tout ce qu'il veut que je fasse. J'ai senti que ce qui se passait était différent de ce que je vivais d'habitude quand je partais dans la nuit pour le prier. 

 

J'ai regardé mes trois amis, ils étaient plongés dans un sommeil autre que celui dû à la fatigue, ce sommeil donné par mon Père, quand il veut se manifester aux hommes, dans une vision. Il faut dire que me voir avec Moïse et Elie avait de quoi les surprendre et surtout de me voir parler avec eux, m'entretenir avec eux. Peut-être auraient-ils eu peur s'ils n'avaient pas été dans ce demi sommeil et auraient crié comme lorsque j'avais marché sur le lac pour les rejoindre en pleine nuit, après avoir multiplié les pains.

 

Moïse et Elie, eux qui avaient été si proches de mon Père. Ils me confortaient dans mon devoir de prendre la route de Jérusalem, pour aller certes vers la vie, pour donner vie à mon peuple, mais en perdant la mienne. 

 

Pendant ce temps, mes trois amis s'étaient réveillés, mais pas vraiment. Je sais que plus tard, ils parleront d'un sommeil mystérieux, comme celui qui était tombé sur Abram au moment où dans la nuit, mon Père a fait alliance avec lui, en lui promettant la terre de Canaan. Moi ce que je leur promets, ce n'est pas une terre à conquérir ou à libérer,  c'est une autre terre, un autre ciel, un ciel nouveau, une terre nouvelle. Mais il leur en faudra du temps pour l'entendre. 

 

Pierre voyant que ces deux amis de Dieu s'en allaient, m'a proposé de fabriquer avec les deux autres trois cabanes. Il est bien brave Pierre, mais pardonnez-moi, il est quand même un peu idiot. Mais c'est Pierre et je l'aime aussi pour ça ! Je crois qu'il voulait qu'on reste chacun à sa place, dans une petite niche. Peut-être qu'il pensait à la fête des Tentes, je ne sais pas. 

Tout ce que je sais, c'est que mon Père a fait venir sur eux une nuée qui les a comme engloutis, et qu'il leur a dit de m'écouter, que j'étais son Fils, celui que Lui avait choisi. Pour moi, ces paroles qui étaient un peu comme celles qi avaient résonné au moment de mon baptême dans les eaux du Jourdain, c'était comme une huile qui coule sur la tunique d'Aaron que d'entendre ces mots. Pour eux, je ne sais pas. 

 

Je crois que la nuée, la voix, cela les a remplis de crainte, qu'ils auraient voulu rentrer sous terre, qu'ils avaient peur, et une peur comme celle qu'ils avaient ressenti lorsque j'avais rempli leur barque de poissons, juste avant qu'ils ne viennent à ma suite. 

 

Quand ils ont repris leurs esprits, nous sommes descendus vers la plaine, en prenant notre temps. Pour moi désormais le temps est compté, mais eux ne le savent pas encore. Que la volonté de mon Père se fasse et non la mienne.