jeudi, juillet 25, 2024

JEAN 20, 1-20. FÊTE DE MARIE-MADELEINE . S'APERCEVOIR/APERCEVOIR

Quand j'ai lu ce texte, j'ai été captivée par les trois "apercevoir" qui pour moi structurent le texte, aussi bien que les retournements, dont on parle si souvent. J'ai alors su que je devais écrire un billet, mais ça a tardé, faute de temps, malgré les vacances. J'ai commencé à écrire, après avoir travaillé le texte, et c'est à ce moment- là que j'ai recherché des textes plus anciens.  

 

Le dernier texte, écrit l'an dernier, à la même époque, me pose question. Il est certain que je l'ai écrit avec mon cœur, mais je pense qu'avoir fait de Marie, la sœur de Lazare. https://giboulee.blogspot.com/search?q=Jn+20%2C+1-20  ce n'était pas une bonne idéeSi le rédacteur parle de Marie Madeleine (Magdala) ce n'est pas Marie de Béthanie la sœur de Lazare, donc je pense avoir fait une erreur. 

 

J'ai parlé des "apercevoir". Le premier c'est dans la pénombre, avant que le jour ne se lève vraiment. Ce verbe est à la forme pronominale : elle s'aperçoit que la pierre a été enlevée, mais on aurait pu aussi bien écrire, elle voit que l'entrée du tombeau est ouverte. La formulation proposée, permet de mieux entendre la panique qui s'empare d'elle, pierre enlevée, corps enlevé. Et un corps qui disparait c'est une des pires choses qui puisse arriver. 


SI on prend le texte complet, Jean et Pierre s'aperçoivent que les linges ont été roulés, mais que pour l'un, cela signe de la résurrection, pas pour l'autre, et pourtant ils ont vu les mêmes choses. 

 Une autre remarque. Pierre et Jean ont leur signe, à savoir les linges pliés, bien à plat, l'un à la tête l'autre au pieds . Le fait que les linges soient pliés ou roulés, indique que cela n'a pas été fait à la va-vite. Ils se trouvent là où Marie, elle verra deux anges vêtus de blanc. Donc à chacun  son signe, qui sera vu et compris ou vu et pas compris, ce qui sera le cas de Marie-Madeleine qui voit, qui entend la question, mais qui à l'inverse de Jean, ne croit pas que l'impossible est arrivé. Cela c'est important pour nous. Il y a des signes, mais arrivons-nous à les voir et à les prendre pour ce qu'ils sont?



Les deux autres verbes qui renvoient à la vue, et que l'on trouve dans le texte de ce jour,  concernent les anges vêtus de blanc et Jésus, Il me semble que petit à petit, on va passer avec ces verbes de l'ombre à la lumière. 

 

Il y a une différence entre apercevoir et voir. De fait Marie aperçoit des personnes, mais de fait elle ne les voit pas tels qu'ils sont. Elle aurait pu se poser des questions sur ces anges, parce que ce n'est pas si fréquent d'en rencontrer. Il avait bien été questions d'anges au début de l'évangile: Jn 1, 51: Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. ». le fait qu'il y ait un ange à la tête et l'autre aux pieds, évoque peut-être ce qui avait été annoncé au début de l'évangile.

 

De fait, quand elle aperçoit les hommes dans le tombeau, la lumière commence à poindre, mais elle ne la voit pas. Il en va de même quand elle aperçoit celui qu'elle pense être le jardinier. Et pourtant la lumière est là, pleinement là. 

 

Pour laisser Marie parler, il est nécessaire de ne pas ôter ce qui se passe avec jean et Simon, Pierre, qui eux entrent dans le tombeau. Marie n'entre pas, mais ils confirment bien que le corps n'est plus là. J'ai donc remis les versets dans le texte travaillé et je m'en servirai pour le récit. 

 

Ce texte, je l'aime beaucoup. Ce qui m'a frappée en le relisant, c'est que même si les acteurs ne le savent pas, les verbes qui émaillent ce récit, où ça court un peu dans tous les sens, montre qu'après le repos de la mort, le repos du Shabbat, la vie reprend. 

 

Marie raconte.

 

Je crois que ces deux dernières nuits ont été les pires de ma vie. J'avais sans cesse ces images qui tournaient dans ma tête, dans mon cœur. Lui sur cette croix, lui avec des deux autres à sa droite et à sa gauche, lui avec cette atroce couronne d'épines, son nez brisé, ses plaies, et ce trou ce gros trou dans le côté. Comment les hommes peuvent -ils être aussi méchants. Je le voyais mort. Je voyais Joseph et Nicomède le déposer dans cette tombe, dans ce jardin. Et j'attendais que cette nuit sans sommeil, s'achève pour que je puisse, simplement le voir, le regarder, lui parler même s'il est mort. Il est mon Seigneur, mon Rabbouni. 

 

Je suis partie dans la nuit, juste avant que le jour ne se lève. C'était la ténèbre dehors et la ténèbre dans mon cœur. Il n'avait pas le droit de mourir, c'est moi qui aurais dû mourir à sa place, pas lui. J'en voulais au monde entier. J'étais à la fois triste, épuisée, lasse, et en colère. Ce n'est pas juste. Pourquoi celui qu'il appelle son Père, n'a-t-il rien fait? Pourquoi jésus a-t-il redonné vie à Lazare si c'est pour finir lui dans la mort? Peut-être que s'il n'avait pas fait ce miracle, les autorités auraient fini par se lasser et le laisser enseigner? 

 

Il ne faisait pas clair du tout, et dans ce jardin j'avais du mal à trouver mon chemin. Quand je suis arrivée au tombeau, il m'a semblé que la pierre n'était plus à sa place. Arrivée devant la tombe, j'ai vu que Je n'avais pas rêvé, la pierre avait été roulée, enlevée, elle ne protégeait plus la dépouille. La panique s'est emparée de moi; si la pierre a été enlevée, c'est que quelqu'un est venu, quelqu'un d'assez fort pour la rouler, que ce quelqu'un est entré dans le tombeau et qu'il a peut-être pris le corps de Jésus. Et sans entrer, j'ai bien vu, qu'il n'y avait plus de corps.

 

Alors j'ai pris les jambes à mon cou, même si ceux que j'ai croisé me regardaient comme si j'étais folle, je suis allée prévenir Simon Pierre et Jean. Je leur ai juste dit qu'on avait enlevé le Seigneur de son tombeau que je ne savais pas où on avait mis le corps. Moi, son corps, je veux le toucher, le regarder encore et encore avant que la mort ne fasse son travail en lui.  

 

Ils ont couru eux aussi, Jean est arrivé le premier, il n'est pas entré. Il attendait que Simon le fasse. Simon est entré, je ne sais pas ce qui s'est passé, il est sorti et Jean est entré. Lui, il avait l'air heureux. Il m'a dit que l sur la pierre, il y avait les linges posés bien à plat et le suaire qui avait entouré sa tête.

 

 Finalement Joseph et Nicodème avaient fait comme il fallait. Avec la hâte qui était le leur, j'avais peur que ce soit mal fait. Le corps de celui que j'aime a été mis dans sa demeure en suivant les règles.

 

Ils sont partis et moi je suis restée. Je me suis approchée de l'entrée et je suis entrée. Là j'ai aperçu deux hommes vêtus de blanc. Maintenant je sais que ces personnes que j'ai prises pour des hommes étaient des anges, et qu'ils étaient comme les anges qui sont dans l'arche de l'alliance, ces anges qui veillent sur le propitiatoire. 

 

Mais là, j'étais désespérée, incapable de me poser la moindre question. J'étais dans le noir, dans la mort. Ils m'ont demandé pourquoi je pleurai. C'était stupide comme question, je leur ai répondu qu'on avait enlevé mon Seigneur, celui que mon cœur aime, et que je ne savais pas où on l'avait mis. Ils auraient pu me dire quelque chose, mais ils n'ont rien dit. 

Je suis ressorti et là, j'ai aperçu un homme.

 

Il faisait grand jour. Il m'a posé la même question que ceux qui étaient dans le tombeau, pourquoi je pleurais. Mais bon, dans un cimetière ce n'est pas tellement étonnant de voir une femme pleurer, mais lui, il m'a demandé ce que je cherchais. Et ça c'était la vraie question.  J'ai alors pensé que cet inconnu était le jardinier, et qu'il avait enlevé le corps, puisqu'on l'avait mis dans une tombe qui était là, mais qui appartenait peut-être à quelqu'un. Je lui ai dit de me dire où il l'avait mis et que moi je le prendrai et je l'emporterai. 

 

Il a dû lui aussi, me prendre pour une folle, une femme porter un mort pour l'emporter . Et j'ai baissé la tête et j'ai continué à pleurer, en regardant la tombe, parce qu'il ne me répondait pas.

 

Et tout à coup, quelque chose est arrivé. J'ai entendu mon prénom. Ce n'était plus la même voix, c'était sa voix à lui. Et l'impossible s'est advenu, le jardinier c'était Lui. Les ténèbres sont parties, j'étais dans la joie, dans la lumière. Je le voyais dans cet homme debout devant moi. C'était "mon maître", il était vivant , et était le vivant. Il n'y avait plus traces de cette couronne, il n'y avait plus de traces des coups, c'était lui, bien lui. Je voulais le toucher, pas pour le retenir, mais comment vous dire, pour sentir sa chaleur, son poids, sa présence. 

 

Mais il n'a pas voulu. Il m'a dit avant même que je fasse un geste, de ne pas le toucher, de ne pas le retenir parce qu'il n'était pas encore monté vers mon Père. Cela voulait dire que j'avais été la première à le voir vivant, à le voir tel qu'il était devenu. Celui que je connaissais et pourtant quelqu'un d'autre. Mais c'est si difficile de trouver des mots. 

 

Il m'a demandé d'aller dire aux autres, à ses frères, qu'il montait vers son Père qui était notre Père, vers son Dieu et notre Dieu. Je n'ai pas trop compris, mais j'ai fait ce qu'il m'a demandé. Mais vous allez peut-être sourire, mais je n'ai pas couru, j'avais besoin de garder en moi cette joie toute neuve. J'ai pris mon temps, je leur ai raconté, les hommes en blanc, et celui que j'avais pris pour le jardinier. Je suis repartie. Je ne sais pas s'ils m'ont crue, mais peu importe. Moi je l'ai vu, le ressuscité. Mon Seigneur est vivant à jamais et je suis dans sa lumière.

 

 

Annexe: travail sur le texte(1).

 

(1)En petits caractères, la partie omise, pour la fête du 22 juillet. 

 

1 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.

 

C'est presque drôle, elle s'aperçoit que la pierre a été roulée, ce qui laisse à supposer que contrairement à l'évangile de Marc, où les femmes se demandent qui leur roulera la pierre, elle, voir que la pierre a été enlevée, ce qui provoque de la panique.

 

 

 

 

 

La partie omise.

 

02 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »

 

Et la voilà qui court. Le "nous" est un peu étrange. Elle s'aperçoit que la pierre a été enlevée, elle se serait mise aussitôt à courir pour prévenir, et pourtant elle affirme que le corps a été enlevé et qu'il a disparu. Est-ce que les disciples auraient bougé si elle avait seulement parlé de la pierre? 

 

03 Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.

04 Ils couraient tous les deux, ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.

05 En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.

06 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,

07 ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

08 C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

09 Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

10 Ensuite, les disciples retournèrent chez eux.

 

Ce qui est frappant, ce sont tous ces verbes de mouvement: courir, se pencher, entrer etc. 

 

 

 

Reprise du texte proposé par la liturgie.

 

11 Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

 

Eux partent, elle, elle reste, près de l'orifice, près de l'entrée. Et elle essaie de voir, sans entrer. 

 

12 Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

13 Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé.

 

Elle aperçoit ensuite  (forme active), qu'il y a là deux personnes, des anges vêtus de blanc, j'ai l'impression que ce verbe apercevoir, il me donne l'impression d'une vision furtive. Elle devine quelque chose, elle ne sait pas trop ce que font là ces hommes. Elle s'aperçoit qu'ils sont vêtus de blanc. Comment sont-ils entrés là, mystère. 

 Pierre et Jean, eux ont vu les linges roulés, bien à leur place, des objets. Elle, elle voit des personnes qui lui parlent. Et c'est le jeu question réponse: pourquoi pleures-tu? Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a déposé. Elle pourrait presque dire, on a volé mon Seigneur. Si vous pouvez, rendez-le-moi, si c'est vous; mais cela elle ne le dit pas.

» 

 

14 Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.

15 Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. »

 

Et c'est le troisième apercevoir. Elle voit Jésus, et de même que les anges n'ont eu aucun impact sur elle, voir cet homme, surgi de nulle part, ne change rien. Elle ne veut qu'une chose, récupérer le corps de son aimé.

 

16 Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

 

Là c'est l'ouïe qui est sollicitée, mais cela a déjà été le cas avec les anges. Et ça n'avait rien changé. Là, ça change tout. Elle ne fait plus qu'apercevoir un homme, maintenant dans cet homme elle reconnait celui qui revenu à la vie. 

 

Mais peut-être qu'il y a plus que la voix. Peut-être qu'au lieu de rester à distance, du côté de la tombe vide, elle s'avance un peu vers celui qu'elle prend pour un employé. Et elle "sent" sa présence, elle le sent, lui. Et ses yeux s'ouvrent, elle sort de ses ténèbres, comme Thomas sortira des siennes la semaine suivante.

 

17 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

 

Là jésus ne "monte" plus à Jérusalem comme dans les synoptiques, mais vers son Père, qui est devenu par cet acte de la mort notre Père et qui demeure notre Dieu. Là aussi il se passe quelque chose. De Dieu qui réside dans son ailleurs, advient un Dieu qui est Père, mais pas au sens que l'on trouve par exemple quand on parle à quelqu'un à qui on doit du respect, qui a un certain âge, un certain savoir, mais Père celui à qui on pourrait dire papa comme le dira Paul plus tard.

 

18 Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

 

 

Et pourtant, il n'a pas dit grand-chose. L'ont-ils crue? Ce n'est pas évident du tout, puisque pour Thomas, il est impossible que Jésus, dont le corps a été mortellement blessé, aie pu revenir à la vie, sauf que c'est une autre vie. 

 


 

 

lundi, juillet 08, 2024

MARC 6, 1-6. JESUS À NAZARETH. 14° DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. JUILLET 2024

MARC 6, 1-6. JÉSUS À NAZARETH. 



Jésus dans la synagogue de Nazareth, c'est surtout la version de Luc que nous connaissons, celle où Jésus prend un rouleau du prophète Isaïe, le lit et le commente en disant qu'il est celui dont parle le prophète. La suite, les habitants furieux (on se demande un peu quelle mouche les a piqués) poussent Jésus hors de la ville pour le précipiter dans le vide et jésus qui passe au milieu d'eux, parce que son heure n'est pas encore venue; nous le connaissons presque par cœur . Nous nous interrogeons sur ce qui rend ces nazaréens aussi durs, aussi fermés et du coup, cela ne nous étonne pas que Jésus ne puisse pas faire de miracles dans ce village qui est le sien. 

 

J'ai écrit deux billets sur cette péricope. Le premier, date de 2019: https://giboulee.blogspot.com/2019/02/dans-la-synagogue-de-nazareth-fin-lc-4.html en laissant la parole à Marie. Il s'agit bien du texte de Luc. Le second, plus récent, https://giboulee.blogspot.com/2022/01/luc-4-21-30-la-synagogue-de-nazareth.html  et c'était un ancien de la synagogue qui avait raconté.

Il y a même un texte de cette année, puisque cet évangile est présenté pendant le carê

 

En cette année Marc, il m'a semblé important de suivre la trame donnée par cet évangéliste. Le travail sur le texte, sera présenté en annexe; et ce sera un disciple, un de ceux qui ont été présents avec lui lors de la résurrection de la fille de Jaïre (j'emploie le terme résurrection car réanimation est pour moi, trop connoté médicalement parlant). 

 

Mais des questions se posent, et ce sera le début de ce travail, qui sera donc suivi par le récit. 

 

Il est certain que se pose une fois de plus la question de l'identité de Jésus, mais aussi l'importance de notre participation aux changements que nous demandons finalement si souvent à celui que nous appelons notre sauveur.

 

 

Mes questions et mes remarques

 

Une chose qui me semble étonnant, c'est que Marc, en dehors du verset 9 du premier chapitre de son évangile - "Jésus vint de Nazareth en Galilée et il fut baptisé par Jean dans les eaux du Jourdain" - n'utilise ce mot que pour signifier le lieu d'origine de Jésus. C'est comme nous, lorsque nous parlons d'un saint; nous disons François d'Assise, Thérèse de Lisieux, ce qui est un moyen de ne pas confondre avec d'autres François ou d'autres Thérèse. 

 

De fait, on a déjà entendu parler de Nazareth par deux fois, puisque des gens sont venus le chercher en disant qu'il a perdu la tête, puis ce fut Marie et les frères qui se sont entendus dire que la famille de Jésus, "c'est celle qui écoute la volonté de Dieu et la met en pratique" (Mc 3, 20-35 - avec en sandwich ce qui se passe avec les scribes qui l'accusent d'être possédé). 

 

Dans la péricope qui nous intéresse aujourd'hui, Marc parle de son lieu d'origine. Je trouve assez étonnant que le nom du village ne soit pas cité. Maintenant, dire lieu d'origine est un moyen de dire qu'il est bien de Nazareth, qu'il est bien Galiléen - et par contre la suite du texte montre qu'il y a peut-être une ambiguïté quant à sa filiation. Dire qu'il est "le fils de Marie", alors que toutes les généalogies se centrent sur les hommes, est quand même étonnant, et va un peu dans le sens de l'évangile de Jean, quand les "juifs" disent à Jésus que "eux, ne sont pas fils de la prostitution" (Jn 8, 41) - même si au chapitre 6 ils disent que Jésus est le fils de Joseph (Jn 6, 42).

 

Dans le récit de Marc, on sort donc d'un temps bien rempli: l'aller et le retour de chez les Géraséniens, la guérison du lépreux,  les guérisons de la fille de Jaïre et de la femme qui perd du sang. Or ces guérisons se font parce que les demandeurs ont une foi indéfectible en cet homme différent des autres. Et ce sera bien la différence: ceux du village d'origine de Jésus - finalement un peu comme les pharisiens qui accusent Jésus de pactiser avec le diable - doutent de lui, et même le méprisent. Alors dans ces conditions, rien ne peut advenir. 

 

Mais ce qui m'étonne quand même, c'est que ce village semble comme coupé du reste du monde. Comment peuvent-ils ignorer que Jésus a redonné une vie à une jeune fille qui venait de trépasser? Est-ce que cela ne place pas Jésus dans la lignée des grands prophètes? N'est-il pas le nouvel Elie, lui qui avait redonné vie au fils de la veuve de Sarepta (1R 17,17-19), ou le nouvel Élisée (2R 4,8-37)?

 

Mais non, on dirait qu'ils sont dans une sorte de bulle; avec peut-être leur peur que ce drôle de loustic leur apporte des ennuis. Et ce drôle de loustic, qui est-il vraiment? 

 

Ce que je veux dire, c'est qu'il est quand même étonnant que les habitants de Nazareth soient finalement aussi fermés aux actions hors du commun faites par un enfant de chez eux. 

 

Quand on prend l'évangile de Luc, il situe cet épisode au tout début de la vie publique, et rapporte le verset d'Isaïe dont Jésus se sert: qui peut (pardon de choquer) évoquer un peu le jeune Joseph dans le livre de la Genèse, quand il affirme que son père, sa mère et ses frères se prosterneront devant lui. Ce que je veux dire c'est qu'affirmer qu'il est lui celui sur lequel repose l'onction, peut susciter une réaction de jalousie très forte et expliquer (au moins un peu la suite). 

 

Je me suis demandée, parce que Jésus dira qu'un prophète est méprisé dans son pays (ce qui est le cas effectivement de beaucoup de prophètes connus: Amos qui est prié d'aller prophétiser ailleurs; Isaïe dont on dit qu'il a été tué; Jérémie) si le mépris, il ne l'a pas connu dès son enfance; et cela évoque pour moi le verset 3 du chapitre 53 d'Isaïe:" Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien." C'est un peu ce qui se passe dans ce lieu. 

 

 

Alors que se passe-t-il dans cette synagogue? C'est un disciple qui essaye de transmettre ce qu'il a ressenti et vécu. 

 

Un disciple raconte

 

Il venait de faire quelque chose d'extraordinaire, il avait redonné vie à une jeune fille de douze ans qui venait de mourir. Quand son papa était venu supplier Jésus de la sauver, elle était à la dernière extrémité, mais elle était vivante. Ensuite nous les avons suivis, lui et Jaïre, et nous avons été retardés par une femme qui avait voulu toucher le vêtement du maître pour être guérie de sa maladie. Si Jésus ne s'était pas arrêté pour l'obliger à dire devant tout ce monde ce qu'elle venait de faire, peut-être que nous aurions pu arriver plus rapidement, mais la jeune enfant était morte quand nous sommes arrivés, bien morte, car les pleureuses étaient déjà là. Et lui, il lui a redonné la vie! Mais dès qu'il fut sorti de la maison, au lieu de revenir dans sa maison ou dans celle de Simon, il a quitté la ville, comme s'il voulait se faire oublier; il est parti vers sa ville d'origine. Et cela fait une bonne distance. Il a juste dit où il voulait aller, et nous avons suivi.

 

Nous nous sommes installés dans la maison de sa mère, à côte de l'atelier de charpentier - son père était charpentier, et d'ailleurs Jésus est aussi charpentier: dès qu'il a un peu de temps libre, il sculpte le bois. Curieusement personne ne s'est pressé à la porte pour demander une guérison, et Jésus est resté avec sa mère, au calme. 

 

Le jour du Sabbat est arrivé, et nous sommes allés à la synagogue. Là, c'était plus calme qu'à Capharnaüm, pas de pharisiens, pas de scribes venus de Jérusalem. Mais si j'en crois ce que les autres m'ont raconté, il y a des gens du village qui sont venus alors que Jésus enseignait, pour le faire rentrer à Nazareth, parce qu'ils disaient que Jésus avait perdu la tête. Moi je crois qu'ils ont peur de lui, peur des gens de Jérusalem, peur des Romains, et qu'ils auraient voulu l'enfermer, pour qu'il arrête de faire parler de lui. Ils ont même envoyé sa mère et ses frères, mais Jésus a fait comme s'il n'entendait pas. Il me semble qu'ils ne l'aiment pas beaucoup. 

 

Donc ce jour-là, il y avait du monde. Quand il a pris la parole, tous l'ont écouté, et à voir leur tête ils n'en revenaient pas de l'entendre parler aussi bien, avec une telle éloquence, avec une telle autorité - et pourtant il n'a pas suivi l'enseignement des rabbis. Bref, certains étaient subjugués, mais d'autres ont commencé à jacasser entre eux. Ils se disaient que ce n'était pas possible qu'il ait autant changé. Ils ont dit qu'ils savaient très bien que Jésus, le charpentier, le fils de Marie, le frère d'un certain nombre d'entre eux, il ne pouvait pas être le messie, parce que c'est bien de cela qu'il est question. Je crois aussi que certains savaient que la naissance de Jésus avait été particulière et que des bruits disaient que Joseph n'était pas son père, et du coup, ils parlaient de lui en disant le fils de Marie.

 

Jésus a bien vu ce qui se passait, et moi qui le connais, je savais que ça le rendait très malheureux. Il se sentait pour eux un objet de scandale. Il leur a dit alors que bien souvent un prophète est méprisé dans son propre pays: d'ailleurs c'est ce qui était arrivé au prophète Osée, qui a été chassé de Samarie parce qu'il faisait soi-disant du tort au roi. 

 

Il était peiné. Il aurait tellement aimé faire du bien à ce village qui est le sien; mais ils n'avaient pas confiance en lui, ils le méprisaient même; et moi je crois qu'ils avaient peur de lui. Alors nous sommes partis et il a annoncé le règne de Dieu dans les villages aux alentours; et eux ont cru. 

 

ANNEXE 1: Travail sur le texte.

 

1 En ce temps-là,  Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.

 

Ce qui est frappant dans cet évangile, c'est que Jésus prend l'initiative - et c'est un peu une constante de l'évangile de Marc: il était monté dans la barque d'un coup, sans se changer, et les disciples avaient dû embarquer avec lui; là, il sort de la maison de Jaïre et il semble se mettre en route immédiatement, presque comme s'il fuyait la notoriété. Les disciples lui emboitent le pas, comme ils peuvent.

 

Que se passe-t-il ensuite? Marc ne le rapporte pas. Mais on sait que par deux fois, les "gens" ont essayé de lui faire entendre raison et de le ramener "à la maison" pour qu'il se taise. On a même demandé à sa mère d'intervenir: en principe une mère c'est sacré, et on ne lui désobéit pas. (Mc 3,20 )

 

2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?

 

Il va peut-être dans la maison familiale (se reposer ?). Arrive le jour de la réunion à la synagogue, et donc il s'y rend; là, on ne sait pas grand-chose, sauf qu'il prend la parole et que c'est l'étonnement. Tout se passe comme si jusque-là, Jésus avait vraiment été quelqu'un de très quelconque, qui ne s'était jamais fait remarquer. 

 

Ceux qui sont là se posent à juste titre des questions: comment se fait-il qu'il parle avec cette sagesse, comment se fait-il qu'il fasse des guérisons? Qui est-il?  

 

Et c'est bien le questionnement, la question centrale. Et là il se passe quelque chose, chez certains des auditeurs. Comment voir en lui plus que ce que l'on sait? Comme je j'ai dit plus haut, il est quand même étonnant que la réanimation de la fille de Jaïre n'ait pas été rapportée, mais c'est pensable.

 

3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.

 

Bref, ils ne se réjouissent pas du tout; et cela évoque un peu la réaction précédente: il a perdu la tête. Il va nous attirer des ennuis.

 

Ce qui me frappe dans le passage, c'est l'insistance portée sur le métier, et sur le fait qu'il est le fils de Marie, et non de Joseph. Cela me fait penser à l'évangile de Jean quand les juifs disent à Jésus qu'eux ne sont pas nés de la prostitution, ce qui peut renvoyer aux origines de Jésus, qui dit que son Père est Dieu et qui ne parle pas de Joseph. Du coup, je me demande si Jésus n'a pas connu le mépris dans son enfance, ce qui va à l'encontre des récits apocryphes.

 

4 Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

 

Ce qui est étonnant c'est que ce verset évoque aussi le départ d'Abraham (Gn 12,1): "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai". C'est cela qui peut justifier l'attitude de Jésus: lui aussi, doit partir pour aller ailleurs, pour créer le nouveau pays; le nouvel Israël.

 

Pourquoi Jésus parle-t-il de mépris? Je n'avais pas remarqué qu'il est réduit à sa profession, et à sa filiation - comme fils de Marie, et c'est peut-être cela qui pose question. 

 

Enfant sans père et le voilà qui se fait prophète. Pour qui se prend-il? 

Cela me rappelle le verset du chant du serviteur (Is 53,3): "Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n'en faisions aucun cas." N'est ce pas ce qui se passe là pour lui?

 

5 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.

6 Et il s’étonna de leur manque de foi.

Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

 

 

Il y a ici l'affirmation que Jésus n'est pas un magicien: pour que quelque chose advienne, il faut que ceux qui demandent une guérison aient foi en lui.  Peut-être que ce manque de foi est une souffrance pour Jésus. Alors à quoi bon s'éterniser là, alors que d'autres villages attendent. Et le voilà reparti sur les routes.

 

 

ANNEXE 2: LES SYNOPTIQUES

 

Matthieu 13,53-58

Marc 5,1-6

Luc 4, 14-30 

(Fin du discours en paraboles)

 

 

 

53 Lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, il s’éloigna de là.

 

(Jésus sort de la maison de Jaïre)

 

 

 

01 Sorti de là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.

 

 

Début de la vie publique, après les tentations

 

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.

15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge.

 

54 Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue,

 

de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement

 

 

et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement,

 

 

 disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?

 

 

16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.

 

17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :

18 L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés,

 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. 

 

 Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.

21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

 

55 N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ?

56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? »

 

57 Et ils étaient profondément choqués à son sujet

 

03 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » 

 

 

 

 

Et ils étaient profondément choqués à son sujet.

22 Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

04 Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

 

 

 

 

23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »

 

24 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.

 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;

26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

28

 

 

 

 

 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

 

58 Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.

05 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.

 

 

 

06 Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

 

 

30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

Arrestation de Jean-Baptiste

Appel des douze

Appel des 4

 

Si les récits de Matthieu et de Marc, sont presque identiques, ils se passent cependant à des moments différents. Dans l'évangile de Marc, la vie publique est bien entamée, mais il est toujours question du secret messianique. Est-ce que Jésus quitte rapidement Capharnaüm pour qu'on l'oublie un peu? Mais en même temps, je pense que le rappel de l'Exode montre aussi que Jésus, qui a fait l'effort de revenir chez lui, et alors qu'on veut déjà le faire taire (Mc 3), comprend qu'il est appelé à bien autre chose: universalité du salut.

 

Dans l'évangile de Matthieu, sa mère et ses frères ont tenté de lui parler; la relation avec les scribes et les pharisiens devient violente puisque Jésus est qualifié de démon. Le discours en parabole est peut-être un moyen de parler autrement, sans risques. C'est alors qu'il retourne dans son lieu d'origine. Mais ce n'est pas un lieu pour lui. 

 

Quant à l'évangile de Luc, qui se passe au tout début de la vie publique, il est le seul à rapporter ce qui a pu se passer dans la synagogue, avec la lecture du texte d'Isaïe, qui peut nous ravir, nous, mais qui a pu éveiller de la jalousie et de la haine dans les auditeurs: pour qui se prend-il celui-là. Je peux d'ailleurs penser que ce qui se passe là est le prototype de ce qui se passera à Jérusalem, sauf que là, le temps n'est pas encore venu. Mais Jésus sera bien traîné hors de la ville et mis à mort. 

dimanche, juillet 07, 2024

MATTHIEU 9, 2-5; 20-22.DEUX GUÉRISONS.

MATTHIEU 9, 2-5; 20-22 : DEUX GUÉRISONS

 

Contrairement à ma manière de faire habituelle, c'est-à-dire de travailler les textes verset après verset (ce qui a été fait: blog Intimes: https:// obsidiennes.blogspot.com), pour ne pas alourdir, j'ai ici simplement raconté les réflexions réflexions soulevées en moi par ces textes, en restant "collée" à l'évangile de Matthieu, puis laissé venir, ensuite, les récits racontés par les bénéficiaires. 

 

Ce que me disent ces récits

 

 Ces deux guérisons ont été proposées en lecture de semaine. Jésus revient au pays des Gadaréniens, en Décapole, où somme toute, ça ne s'est pas très bien passé pour lui (nettement mieux pour l'homme qui était habité par une légion de mauvais esprits), puisqu'en bon français, Jésus s'est fait virer - pas manu militari mais presque - de cette contrée:  ("Ils le suppliaient de quitter leur ville", comme d'ailleurs les démons l'ont supplié de les faire aller dans le troupeau de porcs).  Jésus remonte donc dans sa barque, et retourne dans sa ville. 

 

            La guérison du paralytique

 

Le récit est très sobre, surtout si on le compare à celui de Luc (voir annexe ) . On ne sait pas combien il y a de porteurs, on sait juste que des hommes présentent à Jésus un paralytique sur une civière. On nous dit que Jésus, voyant "leur" foi, s'adresse à l'homme impotent et lui dit: mon enfant, tes péchés sont pardonnés. Peut-être que c'est l'insistance des amis qui a permis le miracle, peut-être que c'est la foi conjuguée des uns et autres qui est à l'œuvre. C'est, pour Matthieu, l'importance de la communauté, celui qui a besoin d'aide et qui a confiance, mais aussi la confiance de la communauté toute entière.

 

Beaucoup de commentateurs insistent sur la foi des porteurs, comme si le paralysé, lui, comptait pour du beurre. Or cela m'insupporte, parce qu'une fois de plus c'est faire d'un malade une chose qui n'a pas la parole. Et ce que dit Jésus est quand même étrange. Il lui dit "confiance mon enfant" (d'autres traductions disent "mon fils") ce qui introduit d'emblée un lien très particulier. 

 

C'est comme si Jésus établissait d'emblée un lien affectif avec cet homme qui est peut-être rejeté, parce qu'il est vécu comme un fardeau.  Jésus l'introduit dans cette nouvelle famille qui est celle qu'il crée, cette famille avec des appelés de tous bords (il appellera Matthieu juste après): des gens de bonne volonté qui lui font confiance. Et ce qu'il dit est étrange, puisqu'il lui dit que ses péchés sont pardonnés, alors qu'on s'attend à une guérison de la pathologie. Jésus ne répondrait-il pas à une autre demande, non formulée, mais quand même la plus importante? Se reconnaître pécheur, reconnaître la force de la paralysie liée à la présence du mal qui est en nous?  

 

En général Jésus demande à ceux qui viennent ce qu'ils veulent, (c'est ce qu'il fait avec le lépreux qui lui demande de le purifier); mais, avant d'embarquer pour Gérasa, Jésus a guéri tous ceux qu'on lui présentait: possédés et malades, "il les guérit tous", dit le rédacteur. Là, ce qui se passe est différent.  

Il me semble que cela peut poser la question de la relation entre le péché (culpabilité) et la maladie qui vous est tombée dessus, or il n'est pas du tout exclu que ce soit le cas de cet homme qui est peut-être persuadé que le mal qu'il a pu faire est responsable de ce qu'il vit dans sa vie: la paralysie étant une punition. La petite phrase "Qu'est -ce que j'ai bien pu faire au bon Dieu?", que l'on entend encore si souvent, traduit bien cela. 

 

Sauf que cet homme qui est "maintenant" un enfant aimé, un enfant reconnu, est délivré de ce qui l'entravait, et cela c'est déjà une guérison, celle dont il avait besoin, celle qui répond à son besoin, même si ce n'est pas une guérison somatique. Est-ce que l'homme aurait retrouvé la motricité une fois sur le chemin du retour, comme les dix lépreux qui sont guéris dans un second temps, nous ne le savons pas, puisque la phase de Jésus provoque la polémique. 

Qui est-il celui-là, pour qui se prend-il se disent les scribes qui connaissent leurs écritures. Il faut dire que cette question, d'autres se la sont déjà posée lorsque la tempête a été apaisée: "qui est-il celui-là, que même la mer et le vent lui obéissent"? Ici il n'y a pas de crainte, mais de la colère, et l'accusation: "Il blasphème". 

 

La réponse de Jésus, qui se contente de parler de ces "mauvaises pensées qui sont dans leur cœur," de ces pensées qui sont bien plus paralysantes finalement que la maladie somatique, parce qu'elles enserrent, rigidifient, bloquent, étouffent finalement, est simplement d'affirmer son identité en tant que Fils de L'Homme; donc de pardonner les péchés sur cette terre, et de guérir, ce qui montre bien la puissance de Vie qui est en lui. 

 

Jésus espère que cette guérison va leur ouvrir les yeux, mais il me semble qu'il n'en est rien. 

 

C'est alors le relèvement du malade, avec un ordre: se lever, prendre sa civière et rentrer chez lui. Des porteurs, il n'est plus question. Ce qui me semble important, c'est la succession des ordres. Lève-toi, toi qui étais allongé; mets- toi debout, sois vivant: le poids qui pesait sur tout ton corps est parti. Mais cette civière qui a fait partie de ta vie, ne la laisse pas là en plan. Elle est à toi, elle est un peu toi, ramène là avec toi, chez toi, c'est ton passé; à toi maintenant de bâtir ton présent. Je dois dire que cela me semble important: Jésus nous guérit avec tout ce que nous sommes, et même si du coup le passé semble passé, il est là dans notre présent, et il peut servir aussi à quelque chose, ne serait-ce que de témoigner de ce qui est advenu. 

 

Voilà donc cette première guérison, avec ce qui a été important pour moi, ces mots "mon enfant", mots qui font écho avec ce qui se passe pour la femme qui perdait du sang: "ma fille".

Là encore la version matthéenne, est presque lapidaire.

 

            La guérison de la femme hémorroïsse

 

Elle intervient alors que Jésus est en route pour la maison de ce notable qui vient de perdre sa fille, ce qui est différent des autres récits où la jeune fille est certes à l'article de la mort, mais vivante quand le père, joue le tout pour tout. Tout est centré sur la femme, qui elle aussi joue le tout pour le tout: s'approcher malgré la foule (qui ici n'est pas mentionnée), par derrière pour ne pas être vue; se courber pour toucher furtivement la frange du manteau ( ce qui d'après ce que j'ai lu, fait que Jésus n'est pas contaminé par l'impureté de la femme); et croire que la force de bonté qui est Jésus peut agir, que le simple fait de le toucher, cette source de vie, permettra à la source du mal de se tarir. 

Là, apparemment il ne se passe rien. Simplement Jésus se retourne, la voit qui essaie peut-être de se sauver (peut-être déçue car il ne s'est rien passé, elle n'a rien ressenti), et qui lui adresse ces mots "confiance ma fille, ta foi ta sauvée". Et c'est là que la guérison se fait, que la source se tarit. C'est une parole qui lui rend son identité de fille, de celle qui appartient à cette nouvelle famille de ceux qui croient. C'est une parole de vie, qui la reconnaît, et qui la guérit.

 

En écoutant résonner en moi ces deux récits et ces phrases, "confiance mon enfant, tes péchés sont pardonnés" et "confiance ma fille ta foi t'a sauvée", que l'envie de laisser parler ces deux personnes est venue. 

 

Je précise à nouveau que, dans ces récits, je ne tiens pas compte des apports des autres évangélistes; j'essaie de rester la plus fidèle possible au texte proposé par Matthieu, ce qui explique que la guérison de la femme hémorroïsse puisse paraître un peu étonnante.

 

Le paralytique de Capharnaüm raconte

 

J'ai entendu parler d'un certain Jésus de Nazareth qui est maintenant à Capharnaüm, et qui est un guérisseur. Seulement il n'est pas le guérisseur attitré de cette ville, il bouge beaucoup et il paraît même qu'il est parti en Décapole. J'espère qu'il va revenir et que je trouverai des personnes qui voudront bien me conduire à lui, parce que je n'en peux plus de mon impotence. Tous les jours on me dit que je suis un poids, que je ne sers plus à rien et surtout que c'est bien fait pour moi. Et au fond de moi, je suis bien d'accord avec cela. Cette maladie c'est ma punition pour tout ce que j'ai fait de mal dans ma vie, et cela me ronge à petit feu. Il est bien dit que le Seigneur punit les impies, ceux qui font du mal aux pauvres et aux petits. S'il guérit des possédés, il pourra bien me guérir de mes péchés.

 

Quand mes proches ont su qu'il était rentré de la Décapole, la hâte m'a pris: il fallait que je le rencontre, que je sois touché par lui, qu'il m'impose les mains. Je ne sais pas si je veux être guéri - au fond de moi je sais qu'il peut le faire, lui qui aurait apaisé une tempête - mais ce dont j'ai besoin, c'est de paix.

 

 Deux hommes de ma famille ont bien voulu me transporter jusqu'au lieu où il réside avec des disciples. Ce deux-là, ils ont déjà vu Jésus, et ils lui font confiance; ce sont eux qui m'ont parlé de lui, et donné cette envie de le voir. 

 

Jésus était sur le pas de la porte quand nous sommes arrivés. Les gens s'écartaient pour nous laisser passer. Il y avait ses disciples, mais aussi des scribes. Je me demandais ce qu'ils faisaient là. 

 

Il nous a vus arriver. Il m'a regardé, et m'a dit "Confiance mon enfant, tes péchés sont pardonnés". Et là, j'ai ressenti, dans tout mon être, que ce que l'on appelle l'amour et la miséricorde de Dieu, cela passait par lui, et se donnait en lui. Et je me suis senti libre, comme je ne l'avais jamais été. 

 

Seulement les scribes, eux, ils ne pouvaient pas deviner ce qui s'était passé pour moi, ils ne pouvaient pas savoir qu'être appelé "mon enfant", cela m'avait bouleversé, ils ont commencé à faire une tête pas possible. Ce que je veux dire, c'est que moi qui suis rejeté, là je me suis senti accueilli, comme si je rentrais dans une nouvelle famille, sa famille à lui. Les scribes, ils n'avaient entendu que la finale, que mes péchés étaient pardonnés. D'ailleurs il n'a pas dit que lui pardonnait mes péchés mais que mes péchés étaient pardonnés, ce qui n'est pas la même chose, sauf que les scribes, ils entendent ce qu'ils veulent.

 

Jésus savait très bien ce qu'ils pensaient, que personne ne peut pardonner les péchés: c'est bien le Très Haut qui a pardonné à David, et pas le prophète Nathan!

 

Alors il leur a parlé, il leur a dit que c'était aussi facile pour lui de pardonner les péchés que de guérir. Là, il s'est adressé à nouveau à moi, en me disant de me lever, de prendre ma civière et de rentrer chez moi. 

 

Je me suis levé, car cela je pouvais le faire, puisque je sentais en moi une force qui me prenait par la main et me mettait debout, tout allégé que je l'étais du poids de mes péchés. 

 

J'aurais bien laissé là ma civière, mais lui ne le voulait pas, et je suis rentré dans la maison. Ma vie a repris, on pourrait dire comme avant, seulement pour moi c'est autre chose: il m'a libéré de mon esclavage, de mon Égypte intérieure, celle qui m'empêchait de vivre, et c'est bien de cette paralysie-là qu'il m'a sauvé.

 

 

La femme qui perdait du sang raconte

 

Cela fait douze longues années que du sang s'écoule de moi en permanence. En permanence je suis impure, en permanence j'ai mal, en permanence je me cache et je dais faire attention à ne frôler personne, surtout pas un homme qui deviendrait impur à mon contact. 

 

Des médecins j'en ai consulté, des guérisseurs aussi, parce qu'au bout d'un certain nombre d'années, on ne sait plus à qui se vouer! 

 

J'avais entendu parler de ce nouveau guérisseur, qui serait originaire de Nazareth et qui habite maintenant à Capharnaüm. En moi, une sorte d'espérance est née: si j'arrivais à m'approcher de lui, à toucher simplement son vêtement, je serais guérie. Je pensais au prophète Elisée, qui dans sa tombe a donné vie à un mort qui avait jeté et qui avait touché ses ossements. Je savais aussi qu'il était plus qu'un guérisseur, j'avais entendu qu'il avait parlé de ceux qui avaient un cœur de pauvres, de ceux qui avaient un cœur pur, et moi de la pureté, j'en avais une soif intense.

 

Ce jour là, un notable de la ville lui avait demandé de venir chez lui, pour toucher sa fille qui venait de mourir, et ainsi lui redonner vie. Beaucoup, beaucoup de monde les suivaient pour voir ça. Et moi, je me suis dit que c'était peut-être le bon jour pour moi. Il y avait beaucoup de monde, je pourrais me fondre dans la foule, m'approcher de lui en douce, le toucher et peut-être que la force qui est en lui tarirait la source de mon mal et me rendrait ma pureté. 

 

Me fondre dans la foule, je l'ai fait. M'approcher de lui par derrière je l'ai fait; toucher la frange de son vêtement, malgré des regards réprobateurs, je l'ai fait. Partir en arrière, j'étais en train de le faire quand il s'est retourné… Nos regards se sont croisés, il s'est arrêté de marcher, il m'a dit: Confiance ma fille. Personne ne m'appelle ma fille depuis des années, même ma mère ne me connaît plus. Confiance, ma fille. Cela résonnait en moi. Il a ajouté: ta foi t'a sauvée; et là, j'ai senti que la source en moi était tarie, asséchée. J'étais propre dedans, j'étais propre dehors, et cela c'était lui qui l'avait fait. 

 

Je n'ai pas pu lui dire merci, parce qu'il était déjà reparti, et peut-être que cela aussi m'a fait du bien je veux dire procuré du bonheur. Il n'attendait pas de moi des dons, des offrandes, ma joie lui suffisait, et ma foi en lui, en tout ce qu'il pourra dire et faire est celle d'une petite fille qui sait que son père peut tout pour la rendre heureuse. En lui, est la Présence de l'Éternel, il m'a permis d'y goûter, loué soit-il.

 

 

 

Annexes.

 

Guérison du paralytique de Capharnaüm

 

Matthieu 9, 1-

Marc 2,1-2

Luc 5, 17-26

01 Jésus monta en barque, refit la traversée, et alla dans sa ville de Capharnaüm.

 

 

 

 

 

 

 

 

02 Et voici qu’on lui présenta un paralysé, couché sur une civière. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »

 

 

03 Et voici que certains parmi les scribes se disaient : « Celui-là blasphème. »

 

 

 

 

 

 

 

04 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, demanda : « Pourquoi avez-vous des pensées mauvaises ?

 

05 En effet, qu’est-ce qui est le plus facile ?

 Dire : “Tes péchés sont pardonnés”,

 

 ou bien dire : “Lève-toi et marche” ?

 

 

06 Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés… 

 

 

– Jésus s’adressa alors au paralysé 

 

– lève-toi, prends ta civière, et rentre dans ta maison. »

 

 

 

 

 

07 Il se leva et rentra dans sa maison

 

 

 

 

 

 

08 Voyant cela, les foules furent saisies de crainte, et rendirent gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes.

 

 

01 Quelques jours plus tard, Jésus revint à Capharnaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison.

02 Tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte, et il leur annonçait la Parole.

 

03 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes.

 

 

 

04 Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, ils font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.

 

 

 

 

 

05 Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon enfanttes péchés sont pardonnés. »

 

 

 

06 Or, il y avait quelques scribes, assis là, qui raisonnaient en eux-mêmes :

07 « Pourquoi celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »

 

 

08 Percevant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils se faisaient, Jésus leur dit : « Pourquoi tenez-vous de tels raisonnements ?

 

09 Qu’est-ce qui est le plus facile ? 

Dire à ce paralysé : “Tes péchés sont pardonnés”, 

 

ou bien lui dire : “Lève-toi, prends ton brancard et marche” ?

 

10 Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre… 

 

 

– Jésus s’adressa au paralysé –

 

 

11 je te le dis, lève-toi, prends ton brancard, et rentre dans ta maison. »

 

 

 

12 Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. 

 

 

 

 

Tous étaient frappés de stupeur et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

 

1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8 Arrivent des gens, portant sur une civière un homme qui était paralysé ; ils cherchaient à le faire entrer pour le placer devant Jésus.

 

19 Mais, ne voyant pas comment faire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, en écartant les tuiles, ils le firent descendre avec sa civière en plein milieu devant Jésus.

20 Voyant leur foi, il dit : « Homme, tes péchés te sont pardonnés. »

 

 

 

21 Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner : « Qui est-il celui-là ? Il dit des blasphèmes !Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »

 

 

22 Mais Jésus, saisissant leurs pensées, leur répondit : « Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ?

 

 

 

 

23 Qu’est-ce qui est le plus facile ? 

Dire : “Tes péchés te sont pardonnés”,

 

 

ou dire : “Lève-toi et marche” ?

 

 

24 Eh bien ! Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité sur la terre pour pardonner les péchés, 

 

 

– Jésus s’adressa à celui qui était paralysé 

 

 

–je te le dis, lève-toi, prends ta civière et retourne dans ta maison. »

 

 

25 À l’instant même, celui-ci se releva devant eux, il prit ce qui lui servait de lit et s’en alla dans sa maison en rendant gloire à Dieu.

 

 

26 Tous furent saisis de stupeur et ils rendaient gloire à Dieu. Remplis de crainte, ils disaient : « Nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ! »

 

 

 

-On peut noter que Jésus ne dit pas je te pardonne, mais dit "tes péchés sont pardonnés", ce qui évoque ce qui se passera sur la croix quand il dire: père pardonne leur Luc  23, 34. 

-Les trois évangélistes notent que Jésus, parle de lui, comme le Fils de l'homme, qui a le pouvoir dès maintenant de remettre les péchés, sur la terre. Enfin que les foules sont saisies de crainte (ce qui peut faire penser à l'Exode, quand le Seigneur de manifeste soit à Moïse (Ex 3) soit au Sinaï. 

-Selon les traductions, Jésus s'adresse au paralytique en disant mon enfant ou mon fils. La version grecque dit enfant, la vulgate dit fils. Quant Luc, il dit "homme".

-peut-être que l'on peut faire un parallèle avec Jn 5, la guérison du paralysé de la piscine de Bethzatha, où c'est le fait de voir cet homme porter son brancard le jour du Shabbat qui provoquera l'ire des pharisiens. 

 

 

 

 

Guérison de la femme qui perdait du sang. 

 

Matthieu 9,20-22

Mc 5, 25-34

Lc 43-48

20 Et voici qu’une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

s’approcha par-derrière et toucha la frange de son vêtement.

 

 

21 Car elle se disait en elle-même : « Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée

25 Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… –

26 elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré –

27 cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement.

 

28 Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »

 

 

29 À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.

 

43 Or, une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tous ses biens chez les médecins sans que personne n’ait pu la guérir,

 

 

 

 

 

44 s’approcha de lui par-derrière et toucha la frange de son vêtement. 

 

 

 

 

 

 

 

À l’instant même, sa perte de sang s’arrêta.

 

 

30 Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortiede lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? »

 

 

 

 

45 Mais Jésus dit : « Qui m’a touché ? »

 

31 Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” »

.

Comme ils s’en défendaient tous, Pierre lui dit : « Maître, les foules te bousculent et t’écrasent. »

 

 

46 Mais Jésus reprit : « Quelqu’un m’a touché, car j’ai reconnu qu’une force était sortie de moi. »

 

,22 Jésus se retourna et, 

 

 

 

 

 

 

la voyant, lui dit : « Confiance

ma fille ! Ta foi t’a sauvée. » Et, à l’heure même, la femme fut sauvée.

32 Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela

 

33 Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.

34 Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

 

 

 

 

47 La femme, se voyant découverte, vint, toute tremblante, se jeter à ses pieds ; elle raconta devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant même.48 Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix. »

 

-Chez Marc et Luc, c'est le fait de toucher qui provoque la guérison. De fait chez Matthieu, on ne sait pas, mais il me semble que la parole soit nécessaire. Cela fait un peu penser à un jeu de cache-cache entre Jésus et la femme, surtout chez Marc et Luc. 

-Le récit qui reprend ensuite (la fille de Jaïre), permet à la femme de rester dans son anonymat.