samedi, juillet 22, 2023

Jn 20, 10-18: fête de Marie de Magdala. 22 juillet 2023

22 juillet: fête de Marie-Madeleine. 


Cette fête m'a un peu surprise, j'avais oublié. Et pourtant j'ai quand même écrit quelques textes, mais plus souvent avec le temps de la résurrection. 



https://giboulee.blogspot.com/2013/07/oh-voleur-jn-20-1-211-18.html

https://giboulee.blogspot.com/2020/07/jai-vu-le-seigneur-jn-20-18.html

https://giboulee.blogspot.com/2022/04/jn-20-12-18-la-rencontre-entre-marie.html

 

 

Donc, en  pensant à cette fête ce matin mais surtout à cet évangile si connu de la rencontre de Marie avec son Rabbouni, j'ai pensé à un autre moment où cette même Marie (enfin pour moi, c'est la sœur de Lazare), avait déjà été devant une tombe, celle son frère, et Jésus était présent. 

 

Je vais donc reprendre les versets du texte d'aujourd'hui, et de comparer ce qui s'était passé si peu de temps auparavent. Car si on suit la chronologie de Jean, la résurrection de Lazare a eu lieu très peu de temps avant la Pâque.

 

En effet, quand cette résurrection est connue à Jérusalem, Jean l'évangéliste nous dit que Jésus ne séjourne plus dans les villes, mais dans une région proche du désert. La Pâque juive était proche, et beaucoup se demandaient si Jésus aurait ou non le courage de s'aventurer à Jérusalem, puisque sa tête est mise à prix. Il est "wanted" comme on pourrait dire de nos jours. (Jn 11,53-57).

 

Puis c'est le repas à Béthanie, qui a lieu 6 jours avant la Pâque, donc une petite semaine avant. Marie, la sœur de Lazare, verse du parfum sur les pieds de Jésus, et les essuie avec ses cheveux... Bon, là, permettez-moi d'être un peu sceptique, parce que pour essuyer quelque chose avec des cheveux, ce n'est pas terrible; mais il faut aller au-delà et être sensible au symbolisme, qui pour moi évoque un geste très maternel. Et Jésus ira au-delà, en disant qu'elle a utilisé cet usage en vue de son ensevelissement.

 

Tout ce préambule pour dire que Marie, qu'elle soit de Béthanie ou de Magdala, a dû affronter deux morts, coup sur coup, celle de son frère et celle de son Seigneur, et que cela fait quand même beaucoup. 

 

Pour mémoire, reprenons ce qui se passe entre Marie et Jésus, lorsque ce dernier revient à Béthanie.

 

Marie, Jésus, Lazare

 

32 Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »

 

C'est la même phrase que celle de Marthe. Comment faut-il l'entendre? Venant de Marie, pas comme un reproche, mais comme une sorte de regret. Si tu avais été là, tu aurais certainement pu le guérir, mais maintenant c'est fini et mon frère a succombé.

 

33 Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotionil fut bouleversé,

 

Les pleurs de Marie et les pleurs des autres sont communicatifs, et on voit bien toute l'empathie de Jésus, et la manière dont il réagit.  Dire que Jésus est saisi d'émotion et qu'il est bouleversé, c'est presque redondant, mais on voit bien ce qui peut se lire sur le visage de Jésus. Ce terme "bouleversé" sera repris lors du dernier repas (Jn 13,21):  Après avoir ainsi parlé, Jésus fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera ».  J'aime l'humanité de Jésus.

 

34 et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. »

35 Alors Jésus se mit à pleurer.

36 Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »

 

Jésus demande donc où le corps a été déposé. C'est le même mot qui sera employé pour lui: Jn 19, 41-42: À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

 

Et c'est la demande de Marie au jardinier: dis-moi où tu l'as déposé, et moi je le prendrai.

 

Jésus, quand il pense à ce corps déposé, pense peut-être à ce qui va advenir du sien. Et les larmes sont là, larmes pour Lazare, larmes pour lui. La partie "vrai homme" de Jésus peut tout à fait être saisie de tristesse et d'angoisse, en pensant à sa propre mort. 

 

38 Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.

39 Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. »

 

Bien entendu, dans ce récit, l'entrée de la tombe est condamnée, la pierre est en place et personne n'y a touché; derrière cette pierre, c'est la mort et la décomposition. Mais pour Jésus, il faut que la pierre soit enlevée, comme ce sera aussi pour lui. Ici, nous savons qui a enlevé la pierre et ce qu'il y a derrière.

 

43 Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »

44 Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »

 

Quand Jésus dit "Déliez-le", cela évoque pour moi le psaume 114, 3:  "J'étais pris dans les filets de la mort, retenu dans les liens de l'abîme, j'éprouvais la tristesse et l'angoisse ". Mais je pense que je dois avoir en tête une traduction de la BJ: "les filets de la mort m'enserraient". Lazare sort lié par le vêtement des morts (on se demande d'ailleurs comment il fait pour se lever, pour avancer jusqu'à la lumière. Lazare est comme prisonnier de la mort; Jésus, lui, en sera vainqueur. Le dialogue qu'il a eu avec Marthe, mais pas avec Marie, va dans ce sens.

 

Marie, Jésus

 

11 Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, toute en pleurs.

 

Nous savons que Marie est venue alors que le jour se levait, mais que c'était encore les ténèbres, ténèbres dehors, ténèbres dans son cœur, tristesse infinie. 

Nous savons qu'elle trouve la pierre roulée, qu'elle voit que le corps a disparu, qu'elle se dépêche de prévenir Jean le disciple et Simon Pierre, qui viennent au pas de course constater qu'elle a dit vrai. 

Nous savons qu'ils repartent. L'un, Simon-Pierre, est perplexe; l'autre est convaincu que la mort a été vaincue. 

Nous savons que Marie, elle reste, et qu'elle ne peut que pleurer. 

 

Lors de la mort de son frère, elle était aussi toute en pleurs, mais dans un premier temps à l'entrée du village, puis au tombeau. Les pleurs sont contagieux, mais Marthe, elle, ne pleure pas. Différence entre ces deux femmes. 

 

 En pleurant, elle se pencha vers le tombeau. 

12 Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

13 Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » 

 

Là, elle est seule, Marthe n'est pas là; elle se plaint de ne pas savoir où le corps a été déposé. C'est un peu comme si elle reprenait à son compte la question que Jésus pose à propos de Lazare: Où l'avez-vous mis? Mais pour Lazare, c'était facile. Lazare est sorti du tombeau à la voix de Jésus. Là elle ne peut pas imaginer qu'une voix ait pu faire sortir Jésus du tombeau (et il n'est pas question, chez Jean, de tombeau gardé par qui que ce soit).

 

14 Ayant dit cela, elle se retourne ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. 

15 Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » 

Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. » 

 

La question de Jésus est beaucoup plus précise que celle des anges. Il y a le même pourquoi pleures-tu (qui pourrait peut-être s'entendre comme un reproche, tu sais très bien qu'Il a annoncé qu'il reprendrait vie le troisième jour, pourquoi es-tu en panique?) Et la deuxième partie, "Qui cherches-tu? Qui est vraiment celui que tu cherches?"  Et c'est peut-être là  que tout se noue, car le Jésus que cherche Marie-Madeleine n'est pas Jésus le ressuscité. I

 

Jésus est désormais autre, avec la gloire et dans la gloire de son Père. Mais pour Marie, elle cherche le corps qu'elle veut, et doit trouver pour le mettre là où il doit être. Il faut lui donner un lieu décent pour son repos.

 

16 Jésus lui dit alors : « Marie! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » c’est-à-dire : Maître. 

 

Et c'est là que se fait le retournement intérieur: le son de son prénom dans la bouche de celui qu'elle prend pour le jardinier, en qui elle n'a pas reconnu le maître. Elle l'avait bien entendu parler, la questionner, mais cela avait comme glissé sur elle. Cet homme, ce jardinier, ne ressemble pas à celui que son cœur aime, à celui qu'elle a vu défiguré sur la croix. Mais le son de sa voix qui prononce son prénom crée en elle un cœur nouveau. C'est une sorte de miracle. Certes elle dit simplement Rabbouni, mais je crois que dans ce mot "mon maître à moi" il y a bien plus que que la reconnaissance de son Rabbi. Il y a le Ressuscité, celui qui a vaincu la mort.

 

17 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

 

Jésus anticipe le geste normal (trouvé dans l'évangile de Matthieu) de le tenir, de le retenir; avec une raison un peu étonnante, comme si Jésus était surpris de se trouver là, alors qu'il pensait peut-être à un autre lieu. Est-il descendu aux enfers, comme le dit le credo? En tous les cas, sa place est désormais ailleurs.  Mais avec une annonce, mon Père est aussi le vôtre, il vous adopte. Il est votre Père et il est votre Dieu, un Dieu autre, un Dieu différent..

 

18 Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconte ce qu’il lui a dit.

 

Lazare est redevenu un vivant parmi les vivants; mais un jour la vie cessera à nouveau. Pour Jésus c'est radicalement différent. De cela Marie est témoin, et c'est pour cela qu'elle peut aller annoncer ce qui vient de se passer: elle a vu le Seigneur, et elle peut rapporter ses paroles; à eux d'en faire ce qu'ils pourront. 

 

Marie raconte

 

En moins de dix jours j'ai perdu mon frère Lazare et celui que mon cœur aime plus que tout. Pour mon frère, par certains côtés ce qui s'est passé est extraordinaire, mais il n'est plus du tout le même. Je ne devrais pas dire cela, mais il n'est pas encore vraiment revenu; et je sais aussi qu'en accomplissant ce miracle, rendre la vie à quelqu'un qui est mort depuis quatre jours, Jésus s'est condamné lui-même. Je sais que le collège des grands prêtres a mis sa tête à prix. 

 

Ce matin, me voilà qui vais là où Joseph et Nicodème ont déposé le corps meurtri de mon Maïtre, avec les pieds troués par ces affreux clous, ces pieds que j'avais "onctionné" avec un parfum précieux, pour qu'avant de partir vers la mort son corps embaume une douce odeur. 

 

Parce que oui, il a été mis à mort, à mort sur une croix, avec deux bandits à sa droite et à sa gauche. À part Jean - ce disciple tellement étonnant - et sa pauvre mère, moi et la sœur de sa mère, il était tout seul; seul, vraiment seul. Mais pour moi, il a choisi l'instant où il allait expirer. Parce qu'il a incliné sa tête et a rendu son souffle, mais sa tête n'est pas tombée toute seule, c'est lui qui l'a laissée s'incliner, comme si par ce geste, il montrait à son Père qu'il faisait sa volonté, totalement, librement. 

 

Mais moi, je le pleure, je ne peux pas m'arrêter. Ce matin je suis donc partie avec des aromates, car je pensais que les hommes avaient fait ce qu'il fallait, mais bon… Il fallait faire plus. 

 

Et quand je suis arrivée, mon cœur était si triste qu'il a failli exploser quand j'ai vu que la pierre était roulée et que le corps de mon aimé avait disparu. J'ai couru comme une folle, dans la ville qui se réveillait, pour prévenir Jean et Simon-Pierre. Ils ont vu mon désarroi et sont venus très vite. Simon-Pierre est entré le premier et ressorti, puis Jean à son tour. Lui, quand il est sorti, il était apaisé - il n'y a pas d'autres mots - mais il n'a rien dit. Et moi je suis restée là, avec ma peine infinie. Qui a pu faire cela? Qui a pu voler le corps? Ce n'est pas pensable, pas imaginable. 

 

Puis je me suis décidée à entrer moi aussi dans ce lieu de mort. Il y avait deux hommes vêtus de blanc, l'un à l'endroit où sa tête avait reposé, l'autre à l'endroit de ses pieds. Mais lui, il est où? Ils m'ont demandé pourquoi je pleurais. Quelle question! Je ne pouvais que leur dire qu'on avait enlevé le corps de mon Seigneur, et que je ne savais pas où on l'avait déposé. Et cette question a redoublé mes larmes, parce que Jésus avait demandé où on avait déposé le corps de mon frère. Mais que pouvaient-ils pour moi? Et je suis retournée dans le jardin, à la lumière.

 

Là j'ai vu un homme; il était grand, un peu de la taille de Jésus, fort; et comme c'est rare de voir un homme à cette heure-là dans un lieu qui est un cimetière, j'ai pensé que c'était le jardinier. Il m'a posé presque la même question que les deux dans le tombeau, ces deux qui semblaient attendre quelque chose. Il m'a dit: femme pourquoi pleures-tu, qui cherches-tu? Lui au moins il avait compris que je cherchais le corps. Et c'est ce que je lui ai dit, que je si c'était lui qui avait fait ça, je voulais qu'il me dise où il avait mis le corps et que moi j'irais le chercher. 

 

Et là, il m'a dit: "Marie".. Ça montrait qu'il savait qui j'étais, qu'il me connaissait..  et moi je l'ai reconnu! Ce n'était pas un jardinier, non, c'était celui que je cherchais! Celui que mon cœur aime! Et j'ai fondu… Il y avait tellement de choses à dire, mais je n'ai pu dire qu'un seul mot: "Rabbouni!". Et je voulais me jeter à ses pieds, lui dire ma joie. Sauf qu'il n'a pas voulu. Il a même eu des mots que je n'ai pas trop compris, mais ça m'était égal, il était là, il était vivant, il était le Vivant. Parce que celui qui est mort sur la croix, ce n'est pas celui qui se tenait devant moi. Je ne peux pas expliquer, mais il était autre. Et cela ça n'a pas du tout été le cas pour mon frère. 

 

Il m'a dit que je ne devais pas le retenir, parce qu'il n'était pas encore monté auprès de son Père. Et il m'a dit d'aller vers les frères et de leur dire qu'il montait vers son père et notre père, vers son Dieu et notre Dieu. Un peu comme s'il disait qu'il rentrait à la maison; et que sa maison devenait notre maison. 

 

Il est parti: je veux dire qu'il avait été là, devant moi, et qu'il n'était plus là. Je suis allée prévenir tout le monde que j'avais vu le Seigneur, et je leur ai tout raconté; mais je crois qu'ils ont pensé que j'étais folle, parce que qu'ils se sont enfermés dans la salle, et qu'ils y ont passé toute la journée dans la peur; alors que moi je leur avais dit ce que j'avais vu. Peut-être qu'ils finiront par me croire, et que mon Seigneur se montrera à eux comme il s'est montré à moi. Mais maintenant, je vais aller voir Marie, sa mère, parce que, elle, elle me croira.  

dimanche, juillet 16, 2023

Mt 13, 1- 20 La Parabole du Semeur. 16° dimanche du temps ordinaire. Juillet 2023

 La Parabole du Semeur.

 

Les textes des dimanches précédents du mois de Juillet étaient choisis dans la fin du chapitre 10 (comment être digne de Jésus), et dans la fin du chapitre 11 (louange au Père qui a révélé les mystères du royaume aux petits, accepter de cheminer avec Jésus en prenant son joug, en devenant disciple). Ce dimanche propose la première parabole du chapitre 13, qui en comporte d'autres que nous entendrons durant les dimanches de juillet.

 

Cette première parabole, celle du semeur, est rapportée par les trois évangiles, mais comme souvent à des moments très différents. Chez Marc, c'est tout au début, au chapitre 4; chez Luc plus tardivement, au chapitre 8 (pour rappel la transfiguration est au chapitre 9); et pour Matthieu au chapitre 13, alors que la controverse avec les pharisiens est déjà plus qu'engagée. On trouvera à la fin de ce billet un tableau des trois évangiles qui rapportent cette péricope. 

 

Quelques textes qui traitent de cette parabole:

https://giboulee.blogspot.com/2017/12/la-parabole-du-semeur-mc-41-10.html

https://giboulee.blogspot.com/2019/02/la-parabole-du-semeur-mc-4-1-20.html

 https://giboulee.blogspot.com/2020/01/la-parabole-du-semeur-mc-4-1-20.html

 

Une découverte

 

Avant d'arriver à l'analyse du texte, je dois dire que jusqu'à aujourd'hui (et c'est une découverte pendant la messe) j'avais toujours vu ce semeur comme quelqu'un de pas très malin: on ne jette pas le grain sur une terre complètement tassée, ou dans des pierres; ou dans des ronces. 


Mais ce que voit le semeur c'est de la terre. Et si la terre peut sembler normale au bord d'un chemin, effectivement elle risque d'être tassée, parce que ceux qui empruntent le chemin marchent à côté. 


Les pierres, elles aussi, elles sont dans le sol, et ce n'est que quand la moisson commencera à lever que le soleil brûlera les pousses, parce qu'elles n'ont pas racines assez profondes, et c'est aussi quand la moisson sortira de terre que les ronces qui étaient restées dans le sol se mettront à pousser. 


Et de même les rendements sont certainement liés à la qualité de la terre, et celle-ci peut être variable d'un endroit à l'autre. Donc ce que le semeur voit c'est la terre, et sur cette terre, il répand le grain avec abondance, sachant bien qu'il y aura des pertes; ici c'est quand même de l'ordre de 50% de perte, puisque trois types de terrain ne donnent rien et que les trois autres types donnent de manière inégale, mais produisent du fruit. 


Donc le semeur est loin d'être fou: il fait confiance à cette terre qui est là devant lui; sa terre. Et qui est le semeur? Dans le contexte de la parabole, c'est bien Jésus, qui est sorti de sa maison et qui parle. Mais c'est aussi le Très Haut, celui d'Isaïe (première lecture) dont la parole qui sort de sa bouche ne lui revient pas sans résultat, sans avoir accompli sa mission. Et c'est aussi une représentation de l'Esprit Saint, qui permet au grain d'ensemencer toute la surface, quelle qu'elle soit.

 

Travail sur le texte.

 

Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer.

Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit; toute la foule se tenait sur le rivage.

 

Jésus sort, il est assis? Il devrait pouvoir enseigner. Trop de monde, du monde qui pourrait l'étouffer, l'empêcher de parler. S'écarter donc un peu, monter dans la barque qui semble l'attendre, et parler et être entendu de tous; car le grain doit être donné à tous. 

 

Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :

« Voici que le semeur sortit pour semer.

 

Dans l'évangile de Matthieu, c'est la première des paraboles, et nous y sommes habitués; Mais il ne faut pas oublier que cette manière de faire est nouvelle. Celui qui parle en paraboles dans la Bible c'est Salomon. Jésus est le nouveau Salomon. C'est la première phrase. Et là, j'imagine que tout le monde attend la suite, bouche bée (plus tard Luc dira que la foule était suspendue à ses lèvres, mais ce sera dans le Temple de Jérusalem). 

Alors, qui est ce semeur? Que sème-t-il? 

 

Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger.

 

Ce semeur n'est pas très attentif à ce qu'il fait. Pourtant, la semence a un coût. Il la gaspille. Elle nourrit les oiseaux (que Jésus semble aimer). Il aurait certainement dû éviter ce bord du chemin, mais sait-on jamais. Et puis peut-être que c'est bon pour ces oiseaux qui ne sèment ni ne moissonnent, mais qui reçoivent leur nourriture du Très Haut.

 

D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde.

Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché.

 

Là encore, le semeur continue à semer. Là, c'est un endroit où le sol n'est pas bon. Mais même s'il le sait, il sème quand même; peut-être que le sol n'a pas été préparé. Quand j'entends ce mot de pierre, je ne peux m'empêcher de penser au prophète Ézéchiel: "Je changerai vos cœurs de pierre en cœurs de chair". Peut-être que c'est le désir secret du semeur. Et c'est vrai que ça lève un peu, que tous les espoirs semblent permis. Puis ils sont déçus.: le soleil n'a pas fait de cadeau. Il est devenu adversaire, un peu comme les oiseaux qui ont tout mangé.

 

D’autres sont tombés dans les ronces; les ronces ont poussé et les ont étouffés.

 

Encore un nouveau morceau à ensemencer. Sauf que là, il y aura des ronces qui pousseront en même temps que le grain et qui l'étoufferont. On entend déjà la parabole suivante du bon grain et de l'ivraie. Mais il faut semer, semer largement.

 

 

D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

 

Et enfin de la terre cultivable, mais les rendements sont différents (cela évoque un peu la parabole des talents), mais là, ça pousse.

 

Celui qui a des oreilles, qu’il entende! »

 

On peut imaginer que la foule reste sur sa faim. Et pourtant cela évoque quand même le Deutéronome, "Écoute Israël" (Dt 6,4). 

 

10 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »

 

On peut supposer que Jésus descend de la barque; la foule qui n'a pas eu d'explication, mais elle sait peut-être que semer, c'est en lien avec la Tora, puisque semer, c'est s'occuper de la Tora et de bonnes actions: Os 10, 12 - Faites des semailles selon la justice, moissonnez à proportion de l’amour"; 


Ceux des disciples qui sont restés sur la rive lui demandent ce qui lui prend de parler en paraboles. C'est une question me semble-t-il un peu détournée. Ce n'est pas: pourquoi tu ne leur as pas expliqué, mais pourquoi est-ce que tu utilises cette manière de parler? Est-ce une manière de se protéger des attaques des pharisiens? Certains le pensent.

 

11 Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là.

12 À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a.

 

 Grande différence entre la foule et ceux qui l'ont choisi, mais est-ce juste? Il y a manifestement une élection. Et la fin du verset est difficile, mais peut-être que cela nomme les pharisiens sans les nommer, eux qui pensent avoir le monopole de la Tora, et que cela leur sera enlevé, alors qu'ils en font presque leur chose, leur possession. 

 

13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre

14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : ‘Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

15Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.’

 

 

C'est très critique cette manière de dire. Est-ce Jésus, ou est-ce le rédacteur de l'évangile? Sauf que cette citation est retenue par les trois évangélistes. Je suis allée rechercher la citation d'Isaïe. C'est lors de l'envoi en mission de ce dernier, au chapitre 6. Le Seigneur dit à Isaïe: tu leur diras: "Écoutez bien mais sans comprendre, regardez bien, mais sans reconnaître". 10 Alourdis le cœur de ce peuple, rends-le dur d’oreille, aveugle ses yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n’entendent, que son cœur ne comprenne, qu’il ne se convertisse et ne soit guéri. »11 Et je dis : « Jusqu’à quand, Seigneur ? »  Je ne suis pas sûre de bien comprendre, mais cela évoque pour moi l'endurcissement du cœur, endurcissement qui ne cèdera que lors de l'exil. Le texte de Matthieu est un peu différent, mais il semble bien que cet endurcissement soit présent dans les foules, qui pourtant se pressent pour écouter Jésus; un peu comme si leurs sens intérieurs étaient atrophiés. 

 

16 Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !

17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »

 

 Jésus, dit alors à ceux qui le suivent qu'ils sont heureux, car eux voient au-delà. Eux ont accueilli et reçu la grâce et l'ont laissée fructifier en eux. Ils sont donc capables d'entendre et de comprendre le sens et la pointe de la parabole, car il faut peut-être aller au-delà.

 

18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.

 

19 Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur: celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin.

 

Les oiseaux du ciel sont ici comme une représentation du Mauvais, qui ne veut pas que la parole salvatrice puisse être entendue.

 

20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit avec joie,

21 mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment: quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt.

 

La parole ici est bien accueillie, elle pénètre, mais pas assez profondément. Elle est comme stoppée par les pierres, et comme elle manque d'eau, elle ne peut s'enraciner et elle dépérit dès que la parole est attaquée par d'autres. 

 

22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole, mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.

 

La parole là encore est entendue et comprise, mais la vie de tous les jours, avec ce que Paul appellera les tendances de la chair, fait que cela ne tient pas; que c'est trop difficile et que celui qui pourtant été croyant, renonce.

 

23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend: il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

 

Voilà enfin la bonne terre; mais malgré tout les rendements y sont divers.

 

Jésus, dans ces quatre possibilités, insiste sur le verbe entendre. 


     Entendre la parole sans la comprendre

     Entendre la parole et la recevoir avec joie, mais manquer de persévérance. 

     Entendre la parole, mais la laisser être étouffée par les soucis, manquer de confiance. 

     Entendre la parole et la comprendre, ce qui permet de la laisser fructifier..

 

Or, quand dans le Deutéronome, Moïse présente la loi au peuple, celui-ci répond; nous écouterons et nous ferons (Dt 5, 27), mais qui est aussi traduit par "tout ce que l'éternel a dit, nous le ferons et nous l'écouterons". Certes, écouter et entendre ce n'est pas tout à fait pareil, mais il me semble qu'en hébreu entendre et obéir ont la même racine.  Et le maître mot de la Tora, c'est quand même "écouter". 

 

Jésus, lui, parle d'écouter, de comprendre et de laisser faire, ce qui est somme toute très différent: entendre la parole, lui donner tout son poids, la laisser agir, la laisser nous transformer, ce qui fait de Jésus le nouveau Moïse, celui des Béatitudes, celui qui va sauver le peuple et l'humanité, de l'esclavage du péché. 

 

Quelques précisions avant de laisser un disciple raconter

 

Le chapitre précédent de l'évangile de Matthieu se termine de manière un peu abrupte: on informe Jésus que sa mère et ses frères veulent lui parler, à quoi il répond d'une manière qui semble d'abord un peu désabusée, comme s'il n'avait pas trouvé de l'appui dans sa famille: "Qui est ma mère, qui sont mes frères?" Puis il étend la main vers ses disciples, pour les montrer à ceux qui lui parlent, et dit: "Voici ma mère et mes frères, car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, est pour moi, un frère, une sœur, une mère. Le maître mot est bien ici "faire la volonté", donc entendre la Parole, la connaître, la reconnaître, lui être fidèle et lui obéir. Et c'est ce qui est peut-être explicité dans la parabole du Semeur.

 

On peut supposer qu'ensuite Jésus retourne dans ce que Matthieu appelle sa maison, à Capharnaüm, et si on se base un peu sur les autres récits, je peux imaginer qu'avant de prendre ce tournant dans la manière de s'adresser aux foules, Jésus va passer un peu temps, au petit matin, seul avec son Père. Par ailleurs une enseignante du Collège des Bernadins, Madame Claire Bürkel, postule que si Jésus choisit ce mode de communication, c'est aussi parce que ses relations avec les pharisiens s'enveniment considérablement, et que c'est un peu une manière de se mettre à l'abri, même si cette manière d'enseigner fait de lui un nouveau Salomon. Jésus a écouté, prié, et choisi de faire ainsi, parce que c'est en plein accord avec la volonté de son Père.

 

J'ai choisi de laisser parler un disciple qui est resté mêlé à la foule tandis que Jésus parle, et qui s'interroge, au fur et à mesure que les paroles tombent de la bouche de son maître. 

 

Un disciple raconte comment il a entendu et compris

 

Ce matin-là, Jésus notre maître est sorti tôt pour prier, puis à son retour il est allé au bord du lac. Il s'est assis. La barque de Simon était là, dans l'eau, tout au bord, on aurait dit qu'elle nous attendait. Mais pour le moment, Jésus était assis et avait l'air concentré et pensif. 

 

Petit à petit des gens sont arrivés , de plus en plus nombreux. Il a commencé à parler, mais pas comme d'habitude: en paraboles. Je dois dire que c'était surprenant. Je me demandais un peu ce qui le prenait. Mais cette manière de faire, bien des rabbis le font aussi. Comme la foule grossissait et qu'elle se pressait autour de lui (et ça c'est toujours pareil, ils veulent tellement l'entendre qu'ils finissent par être tellement près de lui que nous devons les écarter), il a demandé à monter dans la barque. Nous sommes restés sur le rivage, et lui était à une petite distance. C'est vrai que sur l'eau, la voix porte bien. 

 

Et il a commencé à leur raconter une histoire, une parabole. Il a juste dit: "Le semeur sortit pour semer". Et la foule était attentive. Un semeur, qui ça peut bien être. Que va-t-il semer, du blé, de l'orge, des courges? Mais non les graines de courge ou de légumes, ça ne se sème pas à la volée. Des fois, je pense trop. Je me dis aussi qu'il y a peu de temps, il nous avait dit que ceux qui écoutent la parole de son Père qui est aux cieux et qui la mettent en pratique, ceux-là sont pour lui un frère, une sœur ou une mère. Or lui, il sème la parole de son Père, alors peut-être que le grain dont il parle c'est la parole. Mais je dois peut-être trop penser. Écouter, écouter. La foule, comme moi, était attentive. 

 

Je le vois bien le semeur, avec ses grains de blé qu'il va jeter dans le champ préparé pour cela. Seulement, voilà: le champ où il devrait semer me semble un peu bizarre. 

 

Jésus raconte que le semeur sème; que des grains sont tombés au bord du chemin, et que les oiseaux sont venus tout manger. Moi, je trouve que ce semeur est un peu étourdi, il pourrait faire attention. Quand on sème, on regarde où on sème. Bien fait pour lui si les oiseaux ont pu se régaler et là, les oiseaux ont eu de la chance,. Mais c'est vrai que "les oiseaux ne sèment ni ne moissonnent" et que le Seigneur prend soin d'eux, nous avait-il dit lors de son premier grand discours sur la montagne. Alors, qui sont les oiseaux dans cette parabole?  

 

Puis, voilà que le grain tombe sur des pierres. Peut-être qu'on ne les voyait pas bien ces grandes pierres plates qui sont recouvertes de terre, mais en général, son champ on le connaît, et on ne sème pas là. Ce semeur, on dirait qu'il ne doute de rien, et il sème là. Et pourtant tout le monde sait que certes ça va lever, mais qu'avec les grosses chaleurs, ça va sécher, brûler et que ça sera perdu. Mais bon, là aussi il a semé.

 

Et voilà que, aussi, il y a des ronces. Décidément, elle est bien mal entretenue cette terre. Pourquoi sème-t-il dans ce morceau-là de terre? Pourquoi ne les a-t-on pas déracinées ces ronces? Peut-être que ce n'est pas possible, qu'elles reviennent toujours. Je ne suis pas agriculteur moi, je n'en sais rien.  Et Jésus nous dit bien que ces ronces, en poussant, vont étouffer le grain. Et encore du grain de perdu. 

 

Ça y est enfin, le grain est semé dans la terre. Mais là encore il se passe quelque chose d'étonnant, on dirait que ce champ qui doit être bien grand, il est composé de parcelles avec des terres différentes, car certaines donnent un rendement parfait, d'autres du soixante et d'autre du trente. Mais au moins le grain a produit son fruit, et tout le monde devrait être content. N'empêche que c'est quand même une drôle d'histoire et je me demande ce qu'il veut nous faire comprendre. Ce qui est étonnant, c'est que Jésus revient sur le rivage, qu'il n'ajoute rien, n'explique rien; et du coup, tout le monde s'en va, et nous restons seuls avec lui. 

 

S'il y a quelque chose que j'ai appris, c'est que lui poser des questions directes, il n'aime pas trop. Alors au lieu de lui demander qu'il nous explique sa parabole, l'un d'entre nous lui demande pourquoi il se met à parler de cette manière là.  

 

Il nous répond que nous, nous sommes des chanceux (peut-être que nous sommes la bonne terre), et qu'il nous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux. Connaître les mystères, là je n'ose pas y croire. Qui pourrait connaître et comprendre les pensées du Très Haut? Et là, il nous dit que c'est possible. Il nous dit aussi que "Celui qui a, sera dans l'abondance" et que "A celui qui n'a pas, on enlèvera même ce qu'il a". Le début, je le comprends: nous, nous avons le maître avec nous, et d'une certaine manière, parce qu'il est avec nous, lui l'époux (Mt 9,15), nous sommes dans l'abondance. Mais enlever, à celui qui n'a pas, "même ce qu'il a", je ne comprends pas. Sauf si c'est croire avoir, croire posséder, alors que cela n'est pas à vous. Un jour j'essaierai de lui demander. 

 

Puis il a ajouté des phrases trop dures à mon goût, pour expliquer pourquoi il avait choisi de parler en paraboles. Un peu comme s'il voulait les égarer ou les laisser sur leur faim, pour qu'ils ne changent pas et ne deviennent pas eux aussi des disciples. Il a dit que ces foules écoutaient sans écouter, regardaient sans regarder;  qu'ils étaient passifs, paresseux même. Il a cité le prophète Isaïe qui a dit (Is 6,9): "Vous aurez beau écouter vous n'entendrez pas, vous aurez beau regarder vous ne verrez pas", mais je trouve que c'est différent. 

 

Il me semble que c'est le début de la mission de ce grand prophète. Le Seigneur cherchait quelqu'un à envoyer et Isaïe a dit: me voici. Et sa première mission est dure: il doit parler mais ne pas être entendu. "Écoutez bien, mais sans comprendre; regardez bien, mais sans reconnaître. Alourdis le cœur de ce peuple, rends-le dur d’oreille; aveugle ses yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n’entendent, que son cœur ne comprenne, qu’il ne se convertisse et ne soit guéri."

 

C'est comme si quelque chose devait leur échapper, pour qu'ils se rebellent, soient rejetés, soient exilés,  car maintenant nous pouvons mieux comprendre ces paroles, et qu'ensuite ils puissent revenir de tout leur cœur. Mais moi, je trouve que Jésus est bien dur envers ces foules, et que son cœur doit s'attrister devant leur incapacité à entendre

 

Il a eu ensuite comme une parole de bénédiction pour nous. Heureux sommes-nous avoir des yeux qui voient et des oreilles qui entendent. Heureux sommes-nous, parce que nous voyons et nous entendons ce que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir et entendre. C'est comme s'il nous disait que nous sommes des élus, et là, mon cœur s'est rempli de joie. 

 

Il a alors expliqué la parabole, et au fond de moi, j'étais bien content, parce que j'avais compris que le grain jeté partout, c'était la parole qui s'envole et qui cherche où se poser, mais qui n'oublie personne, qui tente des choses impossibles. D'abord, la Parole qui se pose au bord du chemin, alors que les oiseaux sont à l'affût pour manger la graine avant qu'elle ne puisse entrer dans le sol: les oiseaux, c'est le Mauvais. 

 

Ensuite essayer quand même le sol pierreux, mais avec le risque que la persévérance soit impossible; et de même, avec le sol qui n'a pas été défriché, prendre le risque et espérer que les soucis de la vie ne prendront pas le dessus. C'est bien vrai ce qu'il dit là. C'est dur de s'accrocher à sa parole quand on a l'impression que c'est trop difficile, qu'on n'est pas récompensé. 

 

Et nous, sommes nous la bonne terre? Allons-nous produire du fruit? C'est bien la question que je me pose. Mais qu'est-ce que je suis content d'avoir compris un tout petit peu. Je suis sûr qu'être avec lui, tous les jours, ça me change, ça me transforme. Ce n'est pas ma tête, mais c'est mon cœur. Que je voudrais que les foules elles aussi ouvrent leur cœur. 

 

 

Comparaison des récits synoptiques.

 

Mt 13, 1-23

Mc 4, 1-20        

Lc 8, 4-15

01 Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer.

 

 

02 Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.

 

 

 

03 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles 

01 Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer de Galilée. 

 

 

Une foule très nombreuse se rassembla auprès de lui, si bien qu’il monta dans une barque où il s’assit. Il était sur la mer, et toute la foule était près de la mer, sur le rivage.

 

 

02 Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et dans son enseignement il leur disait :

 

04 Comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole :

 

 

« Voici que le semeur sortit pour semer.

 

 

04 Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger.

 

 

 

05 D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde.

 

06 Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché.

 

07 D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés.

 

 

 

08 D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

 

 

 

 

09 Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

 

03 « Écoutez ! Voici que le semeur sortit pour semer.

 

 

04 Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; les oiseaux sont venus et ils ont tout mangé.

 

 

 

05 Du grain est tombé aussi sur du sol pierreux, où il n’avait pas beaucoup de terre ; il a levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde ;

06 et lorsque le soleil s’est levé, ce grain a brûlé et, faute de racines, il a séché.

 

 

07 Du grain est tombé aussi dans les ronces, les ronces ont poussé, l’ont étouffé, et il n’a pas donné de fruit.

 

08 Mais d’autres grains sont tombés dans la bonne terre ; ils ont donné du fruit en poussant et en se développant, et ils ont produit trente, soixante, cent, pour un. »

 

 

09 Et Jésus disait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! 

05 « Le semeur sortit pour semer la semence, 

 

et comme il semait, il en tomba au bord du chemin. Les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout.

 

 

 

06 Il en tomba aussi dans les pierres, elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité.

 

 

 

 

 

 

 

07 Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent.

 

 

08 Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » 

 

 

 

 

 

Disant cela, il éleva la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende 

 

 

 

10 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »

 

11 Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là.

 

 

 

12 À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a.

 

 

 

I 0 Quand il resta seul, ceux qui étaient autour de lui avec les Douze l’interrogeaient sur les paraboles

 

11 Il leur disait : « C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume de Dieu ; mais à ceux qui sont dehors, tout se présente sous forme de paraboles.

 

 

 

09 Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole.

 

 

10 Il leur déclara : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. e

13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.

 

 

 

 

14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

15 Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.

 

16 Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !

 

17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

 

 

 

11Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre.

 

 

 

  

 

12 Et ainsi, comme dit le prophète : Ils auront beau regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13 Il leur dit encore : « Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment comprendrez-vous toutes les paraboles 

 

Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre

 

 

 

 

 

 

18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur

11 Voici ce que signifie la parabole. La semence, c’est la parole de Dieu.

 

 

11 Voici ce que signifie la parabole. La semence, c’est la parole de Dieu.

 

 

19 Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendrele Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin.

 

 

20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ;

 

 

 

21 mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt.


22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.

 

 

 

 

23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

 

 

15 Il y a ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée : quand ils l’entendent, Satan vient aussitôt et enlève la Parole semée en eux.

 

 

 

 

 

16 Et de même, il y a ceux qui ont reçu la semence dans les endroits pierreux : ceux-là, quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ;

 

17 mais ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les gens d’un moment ; que vienne la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils trébuchent aussitôt.

 

 

 

18 Et il y en a d’autres qui ont reçu la semence dans les ronces : ceux-ci entendent la Parole,

19 mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et toutes les autres convoitises les envahissent et étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit

 

 

20 Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. »

 

12 Il y a ceux qui sont au bord du chemin : ceux-là ont entendu ; puis le diable survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés.

 

 

 

13 Il y a ceux qui sont dans les pierres : lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; 

 

 

 

mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment, au moment de l’épreuve, ils abandonnent



 

 

14 Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité.

 


 

 

15 Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur pe