Nous avons travaillé, ou du moins
relu cette parabole dans notre petit groupe "Autour de la Bible". Si
on admet que l'explication de cette parabole n'est pas de Jésus, mais de la
première communauté qui s'adressait à ses nouveaux membres et se centrait sur
le combat contre le malin, peut-être que d'autres possibles s'ouvrent.
Quand Jésus parle du semeur (et
j'y reviendrai) il présente deux cas de figure: soit la graine semée a un
rendement de 0% (le terrain pierreux, le terrain rocailleux, le terrain mal
entretenu), soit la graine "donne", mais avec des rendements
différents: 30, 60 et 100.
Ma réflexion va porter sur ces
terrains, et leur donner une certaine géographie. Mais avant il faut regarder
un peu ce semeur, qui comme dans la publicité du petit Larousse d'autrefois,
sème à tout vent, sans trop se préoccuper de savoir s'il sera possible de
moissonner, et qui sème largement...
J'ai l'impression qu'il ne regarde pas; ce qui lui importe c'est de semer: un peu comme, autrefois, il a semé de l'organisation dans un univers informe et vide rempli par le tohu-bohu; un peu aussi comme dans ce jardin premier où des arbres portant semence étaient là, à portée de main; un peu comme s'il voulait restaurer, par cette parole qui ne revient pas sans avoir porté son fruit, une terre d'abondance, une terre où le mal est vaincu.
Parfois la pierre, le cœur de pierre, peut se transformer en cœur de chair; et la parole peut alors s'enraciner et porter son fruit. Parfois la rocaille du désert se transforme en jardin, et là encore la parole peut porter son fruit; car il y a aussi des oasis dans le désert. Parfois les ronces peuvent être coupées avant qu'elles n'envahissent tout, et permettre à la parole de prendre son essor et de s'envoler elle aussi. Il m'est arrivé, lors de "certains chants en langue", d'avoir des images de grands champs de blé, du blé mur; et le vent qui faisait se courber les épis les envoyait aussi dans toutes les directions. Pour moi, le vent c'était l'esprit, qui était comme le moissonneur, mais qui ne gardait rien pour lui; qui, comme le semeur, semait à nouveau largement.
J'ai l'impression qu'il ne regarde pas; ce qui lui importe c'est de semer: un peu comme, autrefois, il a semé de l'organisation dans un univers informe et vide rempli par le tohu-bohu; un peu aussi comme dans ce jardin premier où des arbres portant semence étaient là, à portée de main; un peu comme s'il voulait restaurer, par cette parole qui ne revient pas sans avoir porté son fruit, une terre d'abondance, une terre où le mal est vaincu.
Parfois la pierre, le cœur de pierre, peut se transformer en cœur de chair; et la parole peut alors s'enraciner et porter son fruit. Parfois la rocaille du désert se transforme en jardin, et là encore la parole peut porter son fruit; car il y a aussi des oasis dans le désert. Parfois les ronces peuvent être coupées avant qu'elles n'envahissent tout, et permettre à la parole de prendre son essor et de s'envoler elle aussi. Il m'est arrivé, lors de "certains chants en langue", d'avoir des images de grands champs de blé, du blé mur; et le vent qui faisait se courber les épis les envoyait aussi dans toutes les directions. Pour moi, le vent c'était l'esprit, qui était comme le moissonneur, mais qui ne gardait rien pour lui; qui, comme le semeur, semait à nouveau largement.
Mais je reviens aux terrains.
Le premier chemin serait un chemin de pierre qui borde ou délimite les champs. Et je me suis dit qu'en
Israël, si on repense au livre des rois où le roi Achab se déprime parce qu'il ne
peut acquérir un terrain qui jouxte le sien, les champs ne devaient pas être
loin des villes. Alors j'ai pensé que les pierres représentent les villes: et les malédictions que Jésus adresse aux villes de Galilée montrent bien que la
parole semée rebondit, et ne pénètre pas. Encore qu'il y a des maisons où elle peut s'enraciner.
Et même s'il y a parfois des interstices entre les pierres, elle a du mal a porter du fruit, et, oui, les oiseaux du ciel (que je n'ai pas forcément envie de considérer comme des agents du mal - avalant la parole avant qu'elle ne puisse être reconnue bonne par les destinataires) peuvent avoir aussi du grain (ils ne sèment ni ne moissonnent, mais ils comptent pour le Seigneur). Alors, pour moi, Jésus parle de la difficulté - qui d'ailleurs sera la sienne - de semer dans les villes. Quand il sera à Jérusalem, ce sera le sang de la parole qui donnera le fruit qu'est l'Esprit Saint. C'est quand même à Jérusalem que le jour de la Pentecôte la flamme de la Parole va se répandre et ira envahir le monde.
Et même s'il y a parfois des interstices entre les pierres, elle a du mal a porter du fruit, et, oui, les oiseaux du ciel (que je n'ai pas forcément envie de considérer comme des agents du mal - avalant la parole avant qu'elle ne puisse être reconnue bonne par les destinataires) peuvent avoir aussi du grain (ils ne sèment ni ne moissonnent, mais ils comptent pour le Seigneur). Alors, pour moi, Jésus parle de la difficulté - qui d'ailleurs sera la sienne - de semer dans les villes. Quand il sera à Jérusalem, ce sera le sang de la parole qui donnera le fruit qu'est l'Esprit Saint. C'est quand même à Jérusalem que le jour de la Pentecôte la flamme de la Parole va se répandre et ira envahir le monde.
Le second terrain, rocailleux, évoque pour moi le désert de Palestine, ce désert qui n'est pas de
sable, mais de sable et de pierre, ce désert qui pour moi a été lieu de la
Présence. Et dans ce désert il suffit d'une pluie pour que tout refleurisse; mais tout ne peut prendre racine, sauf que les graines sont là, qu'elles restent
enfouies et que, là encore, la pluie ou l'onction de l'esprit pourra un jour la
faire lever. Alors ce n'est pas perdu. Je ne sais pas si un jour le désert
pourra être recouvert de champs de blé, mais si les graines sont là, pourquoi
pas? Les sources existent, et peut-être que le Divin Sourcier peut créer des
oasis au milieu de cette rocaille?
Le troisième terrain me fait
penser à une campagne qui n'est pas entretenue: tout pousse un peu n'importe
comment. C'est une sorte de combat entre la nature et l'homme; parfois la nature
gagne et semble tout envahir, mais il suffit que l'homme ait le désir de
cultiver, et alors c'est lui qui gagne, même si c'est difficile (c'est un peu
lutter contre la malédiction que l'on trouve dans le livre de la Genèse: la
terre qui refuse de donner son fruit). Mais - en soi - ce terrain là, somme toute, il est fertile et parfois sur les ronces on peut trouver des fruits… Certes il
nécessite un combat, mais ce n'est pas perdu. Mais c'est un combat au
quotidien: déraciner, arracher…Là encore n'avons nous pas un allié dans la
présence de l'Esprit? Et si on pense au malheureux ricin du livre du prophète
Jonas, parfois Dieu lui-même peut trouver le moyen de faire périr les ronces, et
de laisser un terrain net; et là, le blé poussera.
Donc, peut-être ces terrains
qui ne rendent rien ne sont-ils pas si désespérants que cela: il ne faut pas
grand chose pour que la ville accueille la parole, pour que le désert
refleurisse, pour que les ronces soient arrachées. Alors ce semeur qui sème
partout, qui n'oublie aucune zone, qui ne dédaigne aucune zone, parce qu'il
sait que la vie est la plus forte, il n'est pas fou, il est LE SEMEUR.
Quant aux terrains qui sont des
terres cultivées, leurs rendements sont quand même très différents! Si le 100%
évoque la parabole des talents (ou des mines) où chaque talent rapporte le
double, le 60% et le 30% montrent bien qu'il y a du travail à faire pour
amender la terre, pour enlever les pierres, pour lui mettre de l'engrais; mais
que l'important c'est cette production. Et peut-être que parfois il faut mettre
en jachère pour que la terre se repose (c'est d'ailleurs prévu par le Lévitique); et ce repos, qui est aussi un repos en Dieu, c'est de laisser le Semeur
décider s'il ne veut pas planter autre chose dans le temps qui vient.
Alors, en regardant autrement les
terrains, en regardant peut-être autrement le Semeur, pour moi, ce texte est
finalement trinitaire. Car le semeur (le Père) envoie le Fils qui est son verbe; et la parole du verbe ne prend racine que si la rosée de l'esprit saint est là; et ce finalement quel que soit le terrain.
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