mercredi, janvier 10, 2018

"Qui m'a touché" Mc 5,30

Qui m'a touché? Mc 5,30.

Nous travaillons en petit groupe l'évangile de Marc. J'ai déjà travaillé la rencontre de Jésus avec la femme qui perdait du sang, mais en me mettant à la place de la femme (http://giboulee.blogspot.fr/2007/05/la-femme-qui-perdait-du-sang-mc-515-25.html), mais aujourd'hui c'est cette petite phrase de Jésus, "qui m'a touché?", qui a été comme le déclencheur du texte qui suit, et qui est peut-être une paraphrase du chapitre 5 de cet évangile, mais pas seulement. Et c'est Jésus qui parle.

Je revenais de la Décapole et j'avais libéré un homme possédé par un grand nombre d'esprits impurs. Comme souvent, ces mauvais esprits m'avaient identifié comme étant "le Fils du très haut". Ils m'avaient même appelé par mon prénom, ce que je n'aime pas. Soit disant ils ne voulaient pas que je les tourmente. Mais eux, ils tourmentent les créatures de mon Père. J'avais mis un peu de temps à comprendre que ce n'était pas un esprit unique qui possédait cet homme, mais un grand nombre; et que ce grand nombre, je devais l'expulser pour que ce malheureux redevienne un homme et non pas une espèce d'animal hurlant et grondant comme un loup et hantant les cimetières - ce qui montrait bien qu'il se considérait déjà comme un mort, et se tailladant comme les prêtres de Baal aux temps anciens. Cet homme était redevenu un vivant, mais comme les esprits qui habitaient en lui et que j'avais chassés s'étaient emparés d'un troupeau de porcs et l'avaient jeté dans la mer pour rejoindre les forces du mal, je me suis fait moi aussi chasser de ce pays où mon Père n'est pas reconnu.

A mon retour à Capharnaüm, on est venu me demander de guérir la fille du chef de la synagogue, cette synagogue où pourtant j'avais eu des problèmes avec certains pharisiens qui m'avaient reproché de guérir un homme à la main desséchée un jour consacré au repos. Mais je pense que le chef de la synagogue, lui, était différent; et là il me suppliait. Du monde, il y en avait; je crois que tous voulaient tous voir comment j'allais m'y prendre, et si je ferais comme le prophète Elie quand il avait redonné la vie au petit garçon de la veuve qui l'avait accueilli à Sarepta, ou comme le prophète Elisée.

Comme souvent, je me suis mis en marche avec mes disciples, et j'avais beau marcher vite, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes autour de moi. Et il s'est passé quelque chose. J'ai ressenti que quelqu'un, mais je ne savais pas qui, avait, non pas frôlé mais touché exprès mes vêtements, et qu'il s'était passé quelque chose pour cette personne. Ce que je ressentais, c'est que ce qui était comme sorti de moi, avait colmaté un trou, une béance, que quelque chose était guéri; mais je voulais comprendre ce qui s'était passé, parce que contrairement à toutes les guérisons que j'avais faites jusqu'à maintenant, je ne savais pas qui j'avais guéri, qui était cette personne qui avait en moi une telle foi.

Je me suis arrêté dans ma marche, et naturellement, ça a fait des remous; il y a eu une petite bousculade. J'ai demandé en me retournant qui avait touché mes vêtements. Mes disciples m'ont regardé comme si j'étais fou… Bien sûr qu'il y avait du monde, mais il s'était passé quelque chose. Et comme je ne reprenais pas ma marche et que je reposais ma question "qui a touché mes vêtements?", une femme s'est approchée; elle a dit qu'elle souffrait depuis douze ans d'une maladie que personne ne savait guérir, qui la rendait impure, parce qu'elle perdait du sang, et qu'elle avait appris que j'avais guéri un lépreux; alors elle s'était dit qu'elle n'avait plus rien à perdre, et avait pensé que si elle touchait juste mon manteau, elle aussi serait guérie.

Et c'est ce qu'elle avait fait. Et, comme elle l'a dit avec ses mots à elle, elle a senti que la source d'où elle perdait son sang était tarie, et qu'elle était guérie. En racontant cela elle m'a fait prendre conscience de la force qui était en moi, de cette force de vie qui était plus forte que la mort, qui en quelque sorte, de même que le bâton de Moïse pouvait arrêter le flux de la mer, était capable d'arrêter le flux du sang, le flux de la mort.

Je lui ai dit que sa foi l'avait sauvée, car cette confiance, je ne l'avais pas encore vraiment rencontrée; que sa guérison était définitive; et qu'elle soit en paix, parce que je la sentais troublée.

Cette femme, je ne l'avais pas délivrée d'un esprit mauvais, j'avais pu fermer une brèche d'où coulait du sang; non pas moi Jésus, mais la force de vie qui est présence du Père en moi, avait réalisé cela.

Et j'ai su que cette même force pourrait redonner vie à la petite fille qu'on me demandait de guérir, parce que cette petite fille de douze ans, elle ne voulait pas devenir une femme, et elle était déjà partie dans l'autre monde. C'est pour cela que je n'ai pas été surpris quand on est venu nous dire que ce n'était plus la peine d'aller chez Jaïre, parce que sa fille était morte. Moi je savais que je pourrais lui redonner la vie, la ramener en quelque sorte; fermer le couloir de la mort dans lequel elle était en train de s'enfoncer.

Quand je suis arrivé chez Jaïre, tous se moquaient de moi. Et je savais qu'un jour, quand je serais proche de la mort, d'autres se moqueraient de moi - parce que moi aussi je passerais par là, et que le sang qui sortirait de mon corps ne serait pas un sang impur, mais un sang qui donnerait la vie. Ce n'étaient que des images, mais en prenant cette petite fille par la main et en lui disant "Petite fille lève toi", je savais que moi aussi un jour je me lèverais de la mort, et que par moi la vie serait manifestée.

J'ai demandé aux parents de lui donner à manger, et nous sommes sortis, moi et mes trois disciples Pierre, Jacques et Jean: mes disciples qui un jour verraient ma Gloire, et qui seraient, comme aujourd'hui, à nouveau remplis de stupeur et de crainte.

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