mercredi, janvier 31, 2018

S comme Sagesse: Si 24

La Sagesse Si 24,18.

Durant un temps, les lectures de l'office des heures ont utilisé le livre biblique du Siracide, livre de la "Septante" qui n'est pas retenu dans la bible hébraïque et donc par voie de conséquence dans les bibles protestantes, et c'est bien dommage. On peut penser que Jésus connaissait sans doute ce livre qui, dans sa seconde partie, chante la gloire des prophètes et de certains rois d'Israël, et dont le début, reprenant la Sagesse de Salomon, décrit à sa manière la Sagesse.

C'est le chapitre 24 qui était proposé par la liturgie, et ce chapitre comprend un éloge de la Sagesse absolument superbe. Il ne s'agit pas de la sagesse grecque, mais de la Sagesse qui est là dès la création du monde, et qui s'est posée sur le peuple élu pour lui donner la connaissance de Celui qui l'a choisi; J'ai retenu deux phrases.

Voici la première: 24, 18. "Mère du bel amour, de la crainte de Dieu, de la connaissance et aussi de la sainte espérance; sagesse qui a reçu toute grâce pour montrer le chemin et la vérité." On croirait presque lire du Péguy.. Je suis sensible au rythme de la phase, à la beauté des mots. Je pourrais presque dire que c'est une émotion esthétique. C'est une phrase à laisser chanter en soi. 

Et voici la seconde: Si 24, 21-22: "Ceux qui me mangent auront encore faim, ceux qui me boivent auront encore soif, et celui qui m'obéit ne sera pas déçu. Ceux qui travaillent avec moi ne seront pas pécheurs. Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle."

Quand j'ai lu ces versets, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Jésus, qui dit "Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui, et a la vie éternelle" Jn 6. 54. On peut penser que Jésus, en reprenant à sa manière ces versets, se présente comme Sagesse du Père; mais aussi il se présente comme le Don. Si ce texte était connu des pharisiens, pourquoi a-t-il autant choqué? "Ce langage est trop difficile" disent les disciples qui s'en vont (Jn 6, 60). 


Et je me disais surtout que manger et boire sont des besoins fondamentaux de l'être humain, et que ces besoins, qui ne peuvent être comblés une fois pour toutes, peuvent par contre être apaisés; et en étant apaisés permettent au désir de s'exprimer. Car c'est de cela dont il est question: laisser en soi ce petit vide qui permet au désir de se creuser, et donc de naître et de renaître sans fin.

Peut-être que quand Jésus prononce ces phrases, il dit aussi que ce n'est pas une fois pour toutes, mais que c'est chaque jour qu'il faut accepter de se laisser nourrir par sa présence, par son contact; parce que la faim renaît toujours, du moins dans ce monde.

Et dans ce mouvement en moi, qui se renouvelle, il y a déjà de l'éternité, du silence, de l'immuable. C'est en cela que Dieu se donne et se donne sans cesse.

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