C'est la fête de St Jean l'évangéliste, qui pour moi n'est pas le fils de Zébédée.
Si je reviens en arrière, à la fin du chapitre 19, Jean, le seul des disciples, est au pied de la croix.. Il reçoit Marie comme mère.
Il entend Jésus dire "j'ai soif" puis "tout est accompli" (ce qui renvoie au Psaume 68 - j'avais soif et il m'ont donné du vin aigre, mais aussi au texte de la Samaritaine: "Donne moi à boire ... Et moi je te donnerai de l'eau vive").. Il voit ensuite Jésus rendre l'esprit. Est-il là quand le flanc de Jésus est transpercé et qu'il en jaillit du sang et de l'eau? Je peux l'imaginer, mais est-ce que Marie est encore là?
Il sait ensuite que le corps a été mis dans un tombeau et qu'il y avait 100 livres (ce qui me paraît énorme) d'aromates. Il sait que le corps est enveloppé du linceul, lié avec les bandelettes, que la tête est dans le suaire, et qu'il s'agit d'un tombeau neuf (accomplissement des écritures qui concernent le serviteur souffrant, Is 53).
Donc Jean a vu et entendu beaucoup de choses. Et voilà qu'arrive Marie de Magdala, dans tous ses états: on a enlevé le corps et elle ne sait pas où il est; pour elle, c'est la panique. De résurrection, il n'est pas question.
En effet, il est arrivé ce petit matin qu'elle attendait, et c'est dans les ténèbres qu'elle est allée au tombeau avec ses aromates à elle, et aussi, si on en croit les synoptiques, avec une ou deux autres femmes. Et voilà qu'elle a vu la pierre roulée, donc le tombeau ouvert, violé. On peut penser qu'elle se penche et voit la disparition du corps; elle prend les jambes à son cou pour prévenir. Peut-être espère-t-elle que les disciples y sont pour quelque chose.
Travail sur le texte
Dans le texte de la liturgie d'aujourd'hui, il manque le verset 1, qui raconte que le premier jour de la semaine (notre dimanche) Marie est partie aux premières lueurs du jour, dans les ténèbres; ce qui sous la plume de Jean n'est pas anodin ("et les ténèbres ne l'ont pas retenu" peut on lire dans le Prologue), et découvre le tombeau ouvert.
2 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine courut trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Le "nous" renvoie logiquement aux femmes. Et c'est la panique: comment rendre hommage au corps qui a disparu. Qui a pris? Qu'est ce qu'on en a fait...?
3 Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a aucune mention de Marie, la mère de Jésus, qui devait être là., puisqu'il nous a été dit qu'à partir du moment où Jésus a confié sa mère à Jean, il la prend chez lui. Elle ne devait pas dormir quand Marie de Magdala arrive. Mais elle, elle reste là. La tradition dit que Jésus lui apparaît, mais cela c'est la tradition. Tout ce qu'elle sait, c'est que le corps de son fils n'est plus là. Mais pour elle, cela prend un autre sens; elle n'a pas besoin de voir.
4 Ils couraient tous les deux ensembles, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
5 En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
Et c'est un peu la course, et il y a le plus jeune qui se penche, sans entrer et qui voit les linges posés. Donc si c'est ainsi, c'est que le corps n'est plus dans le linceul, contrairement à ce qui s'est passé pour Lazare. Il a été délié, et cela un simple voleur ne l'aurait pas fait.
6 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,
7 ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
Pierre semble en voir un peu plus, il y a non seulement les bandelettes, mais le suaire. Donc si la tête n'est pas dans le suaire, c'est que la vie est revenue. On met un drap sur le visage des défunts. Je pense que c'est un peu pareil.
8 C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Et Jean entre à son tour et pour lui, c'est évident, le maître n'a pas été enlevé, il est élevé! Il n'est plus là. Ce qui avait été annoncé est accompli. Lui ne doute pas: son Seigneur est vivant.
Je n'avais pas du tout prévu d'écrire un nouveau texte sur ce passage, puisqu'il y en déjà au moins un: https://giboulee.blogspot.com/2019/12/jn-20-8-il-vit-et-il-crut.html . Mais le texte est venu tout seul.
Marie, la mère de Jésus, raconte:
Oui, un glaive de douleur a transpercé mon cœur. Mon Unique est parti, il est retourné vers son Père, il est mort. J'ai vu le souffle le quitter, sa tête s'incliner, ses yeux se fermer. Ensuite Jean, le jeune disciple de mon fils, m'a conduite chez lui.
Puis il est retourné là-bas. Il m'a dit que des soldats sont venus briser les jambes des deux autres mais que lui ils ne l'ont pas touché. Malgré tout, je suis émue pour les deux hommes qui sont morts étouffés ainsi. Quelle mort cruelle et affreuse. Un des soldats n'a pas pu s'empêcher de faire du mal à mon fils, comme aux autres. Il a donné un coup de lance dans son thorax, et Jean m'a dit qu'il en était sorti du sang et de l'eau. Son corps transpercé, comme si les clous n'avaient pas suffi.
Que j'aurais voulu être là, quand il a été descendu de sa croix! Mais Jean n'a pas voulu. Je sais que deux de ses disciples, des hommes qui sont dans le Grand Conseil, ont déposé son corps dans un tombeau tout neuf, qui n'avait jamais servi, et qu'ils ont eu le temps de l'ensevelir en oignant son corps d'aromates, et en l'enveloppant dans un suaire, comme cela se fait chez nous.
Comme le lendemain était un grand Sabbat, nous ne pouvions rien faire. Il avait dit et répété qu'il reviendrait à la vie le troisième jour. Alors moi, j'attends ce matin, ce jour béni où il nous sera rendu, rendu autrement, pas dans ce corps meurtri, mais dans ce corps qui est le sien depuis toujours. Mais même si j'attends, un peu comme la fiancée du Cantique, mon cœur saigne, mon cœur est dans l'angoisse et dans la tristesse.
Les heures ont défilé. Nous avons chanté les psaumes, lu les livres. Il y eu encore un soir; et au petit matin, voilà que Marie de Magdala est venue frapper à la porte. Elle était comme folle. Elle a dit que le corps avait disparu, qu'elle ne savait pas où il était. Alors en moi, quelque chose s'est mis à chanter. Il a vaincu la mort, il a libéré son peuple, la vie s'est manifestée! Cela se disait en moi, était en moi. Il y avait en moi une joie du possible, une joie toute neuve..
Eux, sont partis en grande hâte, un peu comme moi jadis quand je me suis précipitée pour aller vers la cousine Elisabeth.
Ils sont revenus peu après. Jean m'a raconté qu'en arrivant dans le jardin où était la tombe, il avait vu la pierre roulée, l'ouverture béante, mais qu'il n'avait pas voulu entrer le premier. En fait, comme il est plus jeune que Simon-Pierre, et en meilleure forme que lui, il était arrivé le premier. Il m'a dit que Pierre était entré, et ressorti sans rien dire.
Puis, lui-même était entré, et là dans cette lumière qui venait de dehors et qui donnait de la vie à ce lieu de mort, il a vu que les linges, bandelettes et linceul avaient été pliés au pied de la couchette, et que le suaire était posé à la tête. C'était bien plié, mais il y avait des taches de sang. Et voir cela, pour lui, c'était évident Jésus, avait vaincu la mort, il n'était plus là, il n'avait pas été enlevé, mais il avait été élevé dans la gloire, cette gloire qui était la sienne depuis le commencement, depuis les commencements.
Et mon âme a exulté de joie et j'ai béni Dieu mon sauveur, qui fait bien toute choses et qui fait des merveilles. Oui, la vie, la vie s'est manifestée, la mort a été vaincue, et mon cœur est dans la joie.