mardi, avril 22, 2025

Jean 20, 11-18. Mardi de la semaine pascale.

 Jean 20, 11-18. Mardi de la semaine pascale.

 

 

https://giboulee.blogspot.com/2024/07/jean-20-1-20-fete-de-marie-madeleine.html

 

En me laissant prendre par ce texte que j'aime, il m'a semblé pouvoir me représenter ces retournements de Marie. En fait je la vois très statique à l'entrée du tombeau, devant le couloir qui mène à la dalle sur laquelle aurait dû se trouver le corps. Dans un premier temps, elle est devant, elle se penche pour voir. Elle voit les anges. Avec eux, il ne se passe rien. Ceux-là, contrairement aux récits des synoptiques ne disent pas que Jésus est ressuscité. Puis, toujours debout devant l'entrée, elle regarde du côté du jardin. Elle n'a toujours pas bougé. L'homme lui pose deux questions. Elle répond à la seconde et attend une réponse qui ne vient pas. Alors elle regarde à nouveau vers cet espace vide. Et c'est là, que la cueille la voix de son aimé, alors elle se tourne vers lui, elle passe des ténèbres à la lumière.

 

Pour une fois, ce ne sera pas un texte rédigé à la première personne, elle un texte plus descriptif, centré sur "elle". Sur ce qu'elle voit, sur ce qu'elle imagine, sur ce qu'elle pense, sur ce qu'elle vit.

 

 

"Au matin du troisième jour."

 

"Les deux autres étaient partis, sans rien lui dire. L'un semblait au septième ciel, l'autre pas. 

 

Elle, elle n'est pas rentrée dans le tombeau. Elle, elle pleure. Elle, elle reste seule avec son angoisse. Elle, elle sait que le tombeau est vide, elle, elle est sûre que quelqu'un a pris le corps, et l'a jeté quelque part. Et ça lui fend le cœur. Elle ne comprend pas. Elle est seule, seule, abandonnée. 

 

Elle, elle ne peut pas imaginer une seconde que si le corps n'est plus là, c'est qu'il s'est passé ce que Jésus avait dit pourtant par trois fois : "qu'il fallait qu'il souffre, qui soit mis à mort et qu'il ressuscite le troisième jour." Mais elle, elle sait que le corps a été tellement abimé, que c'est impensable. 

 

Entrer, on dirait que c'est impossible pour elle. Alors elle se penche pour regarder une deuxième fois, peut-être voir ce que les deux autres ont vu. Elle, elle ne voit pas les linges bien pliés à leur place, non. Peut-être que les linges sont là, mais à elle il est donné de voir autre chose, de voir autrement. 

 

Il lui est donné de voir deux hommes vêtus de blanc (plus tard on dira des anges), et elle, dans ces deux hommes, qui sont l'un à tête, l'autre au pied et qui auraient pu évoquer pour elle, les deux anges qui sont de part et d'autre du propitiatoire, elle, elle voit presque des intrus. Qu'est- ce qu'ils font là eux? 

 

Et voilà qui lui posent une question stupide, ils lui demandent pourquoi elle pleure. Certes elle explique que si elle pleure, c'est parce que le corps de son Seigneur qui devrait être à la place qu'ils occupent, a disparu, et qu'elle ne sait pas où on l'a déposé, mais elle, même si elle répond, elle n'est pas vraiment là. Elle est en état de choc.

 

Ce tombeau vide, ce corps absent qui lui a été volé, c'est trop pour elle. Elle a tout perdu. Et même ça, le toucher une dernière fois, ça lui est enlevé. Son Amour a été enlevé, et personne ne veut lui dire où on l'a mis. La résurrection elle n'y pense pas, elle l'a vu descendu de la croix, elle l'a vu mort. 

 

Alors, elle se détourne d'eux. Ils ne l'intéressent pas. Elle ne peut pas imaginer que leur présence à un sens. Et là, elle ne regarde plus vers le vide du tombeau, mais elle regarde de l'autre côté du côté du jardin. Peut-être qu'elle s'apprête à partir.

 

Puis, elle voit un homme qu'elle ne connaît pas. Alors là, c'est enfin une bonne nouvelle pour elle. Surtout qu'il s'intéresse à elle. Il voit qu'elle pleure, mais lui, il semble savoir qu'elle cherche quelqu'un. Qui cherches-tu lui demande-t-il. 

 

Là, elle peut répondre , elle peut même lui demander, parce qu'elle pense que cet homme est le jardinier et que peut-être,  non content de trouver un corps mis dans un tombeau qui n'avait pas servi, mais qui appartient à quelqu'un, il l'a mis ailleurs. Enfin quelqu'un qui peut l'aider. 

 

Alors elle, la femme, elle lui demande de lui dire où il l'a mis, lui. Elle, elle va le prendre. Elle, elle ne doute de rien, elle ne doute pas de ses forces. Et elle attend une réponse qui ne vient pas. Peut-être qu'il y a un silence et là, elle regarde à nouveau vers le tombeau, là où le corps aurait dû rester. Elle est à nouveau happée par la vide, par la mort.

 

Elle entend alors son nom. Son nom à elle, prononcé par cet homme qu'elle a pris pour le jardiner, et que maintenant, elle reconnaît, qu'elle peut appeler comme elle l'appelle dans son cœur son maître à elle. Peut-être a-t-elle envie de s'approcher de lu, de se jeter dans ses bras, de le serrer, de le regarder, de chercher les traces de ce qu'on lui a fait subir. 

 

Mais cela, Lui, Il ne veut pas. Lui il a à faire. Comprend-elle ce qu'il lui dit quand il affirmer qu'il doit monter vers son Père? Pas sûr, mais lui ce qu'Il veut c'est lui confier une mission. Elle doit aller tout de suite vers les autres, ceux que Lui appelle maintenant ses frères, leur dire que Jésus, leur Maître est vivant, qu'il est le Vivant. Qu'il doit monter vers son Père qui est désormais Leur Père, vers son Dieu, qui est désormais Leur Dieu. 

 

Lui, Il disparait, elle, elle part. Elle les trouve et elle leur annonce qu'elle a vu Jésus, qu'Il est vivant, ,qu'Il lui a parlé. Le crucifié, est le Ressuscité." 

 

 

Le texte. Jn 20, 11-18.

 

 

11 En ce temps-là, Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

12 Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

 

Là voilà seule. Pourquoi n'entre-t-elle pas? Elle reste dehors, mais en se penchant elle est un peu dedans un peu dehors. Elle voit quelque chose qui aurait dû la surprendre. Des hommes vêtus de blanc. Ils sont deux. Plus tard, on dira des anges;

 

13 Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. »

 

Ils posent une question qu'à mon avis elle trouve stupide, mais elle répond. Son Amour a été enlevé, et personne ne veut lui dire où on l'a mis. La résurrection elle n'y pense pas, elle l'a vu descendu de la croix, elle l'a vu mort et dans un tel état qu'imaginer qu'il puisse revenir à la vie c'est impensable. Le coup de lance a déchiré le cœur, un cœur troué ça ne peut pas être réparé, ça ne peut pas battre à nouveau.

 

14 Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.

 

Là, si je suis le texte, elle était à l'entrée, elle s'est penchée pour regarder, elle était tournée vers l'intérieur. Maintenant, elle se détourner, reprend une position plus verticale, et peut-être qu'elle s'apprête à partir. Elle est donc du côté de l'extérieur. Et là, elle voit un homme, que nous savons grâce au rédacteur être Jésus, mais pas elle. 

 

15 Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre.»

 

Même question que celle déjà posée, sur le pourquoi de ses larmes, mais une autre question qui montre que lui, il sait. Il y a ce qui cherches-tu? 


16 Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

 

Et là, je peux imaginer qu'elle se détourne de lui, regarde à nouveau vers la tombe et c'est là qu'elle entend son nom, son nom prononcé par le seul qui le prononce comme cela. Et elle le regarde enfin, et lui dit Rabbouni, que j'aime rendre pas 'mon petit maître à moi";

 

17 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

 

Manifestement Jésus anticipe une réaction (comme celle que nous avons entendu dans l'évangile de Matthieu hier, comme lui saisir les pieds), et lui dit cette phrase assez étonnante, je ne suis pas encore "monté vers mon Père". Suit alors un ordre différent, il faut leur dire qu'il monte vers son Père (il n'est pas question de la Galilée), que désormais son Père est notre Père, que son Dieu est devenu notre Dieu. Là il faudrait se laisser prendre par l'esprit pour intuiter un tout petit peu. 

 

18 Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

 

Je me suis toujours demandé ce qu'elle avait raconté, car c'est très lapidaire ce qui est rapporté par le rédacteur.

 

Jardin de la création, jardin des oliviers, jardin de la résurrection. 

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