lundi, mars 24, 2025

Lc 4, 24-30 et 2R 5, 1-15. Lundi de la troisième semaine de Carême. Année C

LUNDI 24 MARS. Lc 4, 24-30 et 2R 5, Naaman le Syrien. 

 

https://giboulee.blogspot.com/search?q=Luc+4%2C+synagogue+de+Nazareth

https://giboulee.blogspot.com/2024/07/marc-6-1-6-jesus-nazareth-14-dimanche.html

 

 

Pourquoi ces textes en ce lundi de la troisième semaine de carême.

 

Je dois dire que ce texte de Luc, qui est tout au début de son évangile, et qui rapporte le non accueil de Jésus dans sa ville d'origine, reste curieux, d'autant qu'il est assez différent de ceux des autres synoptiques. 


Par ailleurs la liturgie nous donne à regarder la deuxième partie de ce récit, que l'on comprend mal si on n'a pas la première en tête. Si donc, on ne garde que la fin du récit, c'est une démonstration par l'écriture que nul n'est prophète dans son pays d'origine, et que Jésus est un prophète, aussi grand que ceux qui ont reçu l'onction. Mais cela demeure fermé aux yeux des nazaréens. Peut-être que parfois nos yeux à nous sont fermés, nous ne comprenons pas pourquoi certaines actions étonnantes ont lieu ailleurs que chez nous et du coup, nous rejetons en bloc et l' action et celui par lequel l'action a pu se réaliser. Avons-nous envie de tuer , et là on serait dans la jalousie, ce n'est pas impossible.


 

Mais je reviens au texte que je résume. Jésus qui a été baptisé par Jean, puis conduit dans le désert par l'Esprit, a affronté le Malin et en a été vainqueur. Il commence sa vie publique en Galilée et non pas en Judée. Luc ne donne aucun contenu de l'enseignement de Jésus, si ce n'est que sa renommée s'étend dans le pays et qu'il enseigne dans les synagogues. 

 

On saura quand même, grâce à la suite de la lecture du texte, que des guérisons ont certainement été faites à Capharnaüm.  Existe-t-il une jalousie entre ces deux villes, c'est possible et cela pourrait expliquer le comportement des habitants de Nazareth. Mais c'est une hypothèse. 

 

On sait aussi que Jésus se trouve dans la synagogue de Nazareth, et qu'il commente les versets du prophète Isaie. Après avoir lu, il va affirmer que ce texte le concerne lui. Il affirme que le temps de grâce est arrivé, mais aussi qu'il est revêtu par l'onction, donc qu'il est le messie. Mais c'est là que ça va se gâter puisque tout le monde sait très bien de qui il est le fils. Je crois alors que ce qui se passe, dans la tête de certains, c'est : "pour qui il se prend celui-là". 

 

Ce qui suit (verset omis) est bizarre, de quoi Jésus devait-il se guérir lui-même? Je pense qu'il s'agit de ce qu'il a fait à Capharnaüm, et là, ce serait comme il le dit, une question puisque dans le récit de Luc, il ne s'est rien passé à Nazareth. Cela pourrait se formuler comme : " Ce que tu as fait là-bas, pourquoi ne le fais-tu pas chez nous"?  . 

 

La réponse de Jésus, avec les miracles faits par deux grands prophètes sur des habitants "étrangers", est quand même étonnante. Est-ce que Jésus veut faire comprendre qu'il est là, pour tout le monde, qu'il y a quelque chose d'universel dans sa mission? Si les habitants de Nazareth méprisent ceux de Capharnaüm, cela pourrait alors s'expliquer. 

 

Mais pourquoi est-ce que cela "énerve" tellement les habitants de Nazareth, au point qu'ils veulent d'emblée le tuer, cela reste mystérieux, sauf si l'on admet que le diable qui a été éconduit dans le désert, a trouvé là une belle occasion de se débarrasser de cet homme dont il ne sait pas très bien s'il est ou non le fils de Dieu.

 

Ce qui ressort quand même de ce texte, c'est que dès le début de sa vie publique, Jésus est menacé de mort, par ceux qui lui sont quand même proches, ses concitoyens. Cette même menace se trouve dans Marc au chapitre 3, après que Jésus ait guéri un homme un jour de Sabbat. En d'autres termes, Jésus vit dans un climat de grande insécurité, et ce dès le début de sa mission. 

 

La question que se pose est de savoir ce que ce texte, nous donne à contempler, à penser pour notre vie de tous les jours, en ce début de troisième semaine de Carême?

 

S'agit-il de notre incapacité à voir au-delà des apparences? Et cela bien entendu, se pose aussi envers ceux que nous voyons et rencontrons soit au cours de cette journée, soit que nous connaissons "trop bien"? 

 

Est-ce que parfois, nous ne serions pas un peu jaloux de ceux qui ont des expériences de vécu de guérison, alors que nous, nous demandons et ne recevons pas? Je ne sais pas. Cela pourrait être une piste.

 

Si je reviens aux exemples pris par Jésus, on ne peut pas dire que Naaman ait vraiment foi dans la parole d'Élisée. Quant à la veuve de Sarepta, j'ai plutôt l'impression qu'elle se demande ce que veut de drôle de bonhomme, en qui elle ne voit peut-être pas un prophète. Mais ce qui est certain, c'est qu'elle a confiance en ce qu'il promet. On peut dire finalement que ces deux étrangers ont eu foi en la parole, ce qui n'est pas le cas de certains habitants de Nazareth. 

 

Alors que retenir? Ne pas juger trop vite en fonction de ce que nous croyons savoir soit des autres, soit même de Jésus, parce que parfois, nous pouvons refuser de nous laisser surprendre par la radicalité de son message (se laisser déplacer comme on dit maintenant), et lui faire confiance.

 

Pour ma part, finalement je dirai, ne pas juger trop vite, ne pas se fier au trop connu, écouter ce que dit Jésus, même si parfois ça me dérange (comment croire qu'une année de bienfait est là quand on regarde autour de soi) et aussi ne pas laisser parfois la colère monter en moi.

Dans la mesure où le texte proposé ne reprend que la deuxième partie de la péricope, la colère et le désir de mort, sont manifestement premiers.

 

Travail sur le texte.

 

24 Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.

 

Le doute qui commence à émerger le "pour qui il se prend", doute qui n'existe pas à Capharnaüm, pousse Jésus à se comparer aux grands prophètes du temps de la royauté.

 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;

26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

 

Pour Elie, c'est assez normal, il est tout, sauf en odeur de sainteté dans son pays, après avoir provoqué cette famine. C'est le Seigneur lui-même qui lui dit de partir. Il me semble aussi, que la ville de Sarepta est la ville d'origine de Jézabel, c'était peut-être un peu risqué aussi de s'installer là, mais le prophète a obéi.

 

Quant à l'histoire de Naaman le syrien, il a fallu le forcer pour qu'il se plonge dans les eaux du Jourdain. Cette guérison est aussi témoignage pour Israël: il y a bien un prophète dans ce pays. 

 

Jésus du coup se proclame Messie et Prophète, lui qui est le fils du charpentier. Là, trop c'est trop.

 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.

29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

 

30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

 

Quelle mouche les pique?  Jésus (et cela se retrouvera dans l'Évangile de Jean, quand il sera en butte aux pharisiens dans le Temple) se dérobe. Soit il connait tellement bien Nazareth qui peut se cacher, soit la main du Très Haut est là et le protège.

 

Les réflexions d'un villageois

 

Non mais, pour qui il se prend le Jésus. Nous on a toujours fait comme s'il était le fils de Joseph, parce que ça, on n'en sait trop rien. Il avait appris le métier de charpentier et nous étions contents de l'avoir, il faisait de "la belle ouvrage", il réparait aussi pas mal de choses; il faut dire qu'il est très adroit de ses mains. Bref un bon garçon sans histoires, mais il avait la trentaine et il n'était pas marié, ce qui n'est pas normal.

 

 Un jour comme tant d'autres, il est parti demander le baptême de Jean. Enfin c'est ce qu'on nous a dit. Nous, nous n'étions pas très contents d'avoir perdu notre charpentier. On nous a dit aussi, qu'il s'était installé à Capharnaüm, et qu'il avait guéri des possédés et des malades et qu'il disait qu'il fallait se convertir parce que le règne de Dieu était tout proche. C'était quand même étonnant. Qu'est ce qui s'était passé, jésus un nouveau prophète? Bizarre. Et puis un jour, il s'est pointé chez nous. On aurait bien voulu qu'il guérisse nos malades, mais il est juste allé chez sa mère. 

 

Le jour du Sabbat, il est venu à la synagogue, et là, nous lui avons laissé la parole, la possibilité de commenter un de nos grands prophètes et d'enseigner comme le font les scribes, nous aider à comprendre ces vieux écrits. 

 

Il a lu quelques phrases du prophète Isaïe, où il dit que le Seigneur a consacré quelqu'un par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, pour libérer les captifs, pour rendre la vue aux aveugles, rendre leur liberté aux opprimés et proclamer une année de bienfaits de la part du Seigneur. 

 

Bon tout ça c'est bien beau, mais personne ne l'a jamais fait, même pas le prophète. Et voilà que lui; il affirme que ce qui a été écrit il y a des siècles, cela le concerne lui, et donc qu'il va accomplir de grandes choses. 

 

Sur le coup on a trouvé ça très beau, sauf qu'il faut bien qu'il le prouve et puis quand aurait-il reçu une onction, lui que nous connaissons depuis toujours. 

 

Je crois que ça ne lui a pas plu que nous mettions en doute ce qu'il disait. Il n'a pas guéri les aveugles, libérer les opprimés, comment est- ce que ce serait possible avec ces romains qui sont cesse sur notre dos, quant à l'onction,  laissez- moi rire. Il n'est pas David, il n'est pas d'origine royale. Nous n'avalons pas tout, comme ceux de Capharnaüm, et puis les guérisons, comme je l'ai dit,  nous les attendons. Je reconnais que ce qui était étonnant c'était le changement qui s'était opéré en lui. Il était rempli d'assurance, il parlait bien, et on avait envie de l'écouter. 

 

Mais au lieu de se lever pour guérir, il nous a dit qu'il savait très bien que nul n'est prophète dans son pays, et il nous a fait la leçon en nous parlant d'Elie qui est allé sauver une veuve à Sarepta et non pas une veuve qui mourrait aussi de faim à Jérusalem, et d'Élisée qui n'avait pas guéri un ou des lépreux de chez nous, mais un étranger, et de plus un général qui nous avait fait la guerre, et qui était bien puni par la lèpre.

 

Bref, il nous a mis en colère, et chez nous la colère ça monte vite. 

 

Alors ce Jésus, il fallait l'empêcher de nuire et donc s'en débarrasser. Rien de mieux que de le pousser, de lui faire perdre l'équilibre et de le faire basculer dans le vide. Seulement ça n'a pas réussi. Je ne sais pas comment il a fait, mais il nous a échappé. Tant mieux parce que sa mère, elle ne nous l'aurait sûrement pas pardonné, mais bon débarras quand même. Et puis avec ce gouverneur de Judée il vaut mieux se faire oublier, se tenir à carreau.

 

Mais on suivra de loin ce qu'il fait, il ne faudrait pas que ça nous retombe sur le dos. Quant aux miracles et bien on s'en passera. 

 

 

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