lundi, février 05, 2024

Marc 1, 29-39. Mc 1, 40-45. Cinquième et sixième dimanche du temps ordinaire.Janvier/ Février 2024

DIMANCHE DU 5° DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. Mc 1, 29-39

 

Pas simple de revenir au premier chapitre quand on en est au chapitre 6 de l'évangile de Marc durant la semaine. 


Donc là, c'est la fin du premier chapitre. Si on relit rapideent ce qui est rapporté, on découvre l'intention de l'évangéliste: parler d'un homme, nommé Jésus, qui est celui qui a reçu l'onction (et cela est confirmé au cours de ce même chapitre), et qui est le fils de Dieu, ce qui nous reste à découvrir, à nous les lecteurs. 

 

Nous apprenons donc que Jésus a été baptisé par Jean le Baptiste, qui nous a été décrit comme un successeur du prophète Elie, qu'il a été poussé par l'Esprit (poussé c'est quand même très fort, presque violent: pas le choix, il faut y aller) pour commencer ce grand combat contre les forces du mal, pour peut-être revenir au début de la Genèse, avec un serpent vainqueur, mais qui doit un jour être battu). 

 

C'est ensuite l'appel de ces hommes dont le métier est la pêche, et qui quittent tout pour le suivre. Ils voient ensuite Jésus à l'œuvre dans la synagogue de Capharnaüm, et le combat continue entre Jésus et cet esprit impur qui dit savoir qui est Jésus, et qui est contraint de quitter le corps de son "porteur". 

 

L'évangile de Marc est un évangile très vivant, émaillé par des "aussitôt" qui pour moi en font le charme; et même si les enseignements de Jésus ne sont pas rapportés, contrairement à l'évangile de Matthieu, au travers des actes posés on commence à percevoir qui est ce Jésus de Nazareth. 

 

Le texte de ce cinquième dimanche rapporte donc la guérison de la belle-mère de Pierre, guérison que l'on peut rapprocher de la résurrection de la fille de Jaïre: Jésus la prend par la main (ou saisit), et en quelque sorte lève la personne couchée et la remet dans la vie. Cela ayant lieu durant le jour du Sabbat, et dans la sphère du privé, personne ne dit quoi que ce soit. On peut penser à la joie et à la reconnaissance.

 

Ce n'est que le soir tombé que les habitants de Capharnaüm, qui ont pour certains assisté à l'expulsion spectaculaire de l'esprit impur, se rendent dans cette maison pour demander des guérisons. Jésus est alors comme un super-thaumaturge, presque un magicien. 

 

Mais au bout d'un certain temps, Jésus sort, ne reste pas enfermé dans la maison et va ailleurs pour prier. Il est certain que nous aimerions savoir en quoi consistait cette prière, mais peut-être que c'est là que Jésus comprend qu'il n'est pas la propriété des habitants de Capharnaüm, que son ministère doit s'étendre à toute la Galilée, avec ce que cela peut comporter des risques, puisque Jean qui s'opposait à la conduite du roi Hérode avait été emprisonné. Et c'est le premier départ, avec une double mission, proclamer la bonne nouvelle (plus tard Marc explicitera ce qu'est le règne de Dieu), et expulser les démons, ce qui montre l'intensité du combat. 

Si on garde en tête l'intensité de ce combat, on comprendra peut-être mieux ce qui se passera quand Jésus décidera de quitter la Galilée pour aller dans la Décapole, territoire non juif où les esprits mauvais règnent en maître. 


La fin du chapitre sera consacrée à la guérison d'un lépreux, maladie honnie, mais qui n'a rien à voir avec la lèpre telle que nous la connaissons. Il s'agit de maladies de la peau, quelques soient ces maladies. Autrefois les rois de France, avaient de par leur onction, le pouvoir de guérir les "écrouelles", maladie de la peau. 

 

Travail rapide sur le texte.

 

29 En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.

30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.

31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.

 

 

Je reprends à mon compte les explications données par le pasteur Louis Nouïs dans "Regards protestants". J'ai toujours pensé que cette fièvre n'était pas fortuite. Ne dit-on pas "se faire un sang d'encre" quand on a des soucis. Or cette femme dont on ne sait pas très bien si elle est la mère de la femme de Simon, ou la femme du père de Simon, père dont on ne sait rien contrairement à la famille Zébédée, peut être très en colère contre ce Jésus qui détourne Simon de son métier et qui ne pourra plus subvenir aux besoins de sa famille. On peu dire que ce manque de confiance est très certainement comme une manifestation d'un esprit malin, un esprit qui conduit à la mort. 

 

Quand Jésus la saisit par la main, il l'arrache à cet esprit mortifère, il la met debout, il la "résurectionne", si je puis dire. Et la fièvre part, comme les esprits mauvais quittent ceux qui les portent. Quand on a vécu en soi quelque chose de cet ordre, servir devient impératif. Ce n'est pas de la reconnaissance, c'est de l'amour. 

 

32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.

33 La ville entière se pressait à la porte.

34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.

 

Le soir étant venu, donc le Sabbat étant terminé, la vie reprend, et il est possible de se déplacer, des faire plus de mille pas. Ce qui est beau, c'est que certains prennent sur eux de conduire ceux qui sont malades ou possédés. Ils sont conduits par ceux qui croient que Jésus a autorité et pouvoir. L'autorité, Jésus la possède puisqu'il (pardon pour l'expression) "ferme la gueule" des esprits qui veulent révéler, certes la vérité sur qui il est, mais dans le but de lui faire du tort, car le temps n'est pas venu.

 

35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.

 

Jésus aurait pu prendre un repos bien mérité, car ce fut une longue journée, mais non, il se lève, peut-être mu par l'esprit qui est en lui, qui est agissant et qui le pousse à sortir, à aller ailleurs, loin des habitations et il se tourne vers Dieu. 

 

36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.

37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »

38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.


On peut imaginer la tête de Simon au réveil. Il a disparu (comme au matin de Pâques). On ne met pas la main sur Jésus. Mais la poule aux œufs d'or a disparu, il faut la retrouver, la ramener à la maison, lui faire comprendre qu'il y a encore beaucoup de choses à faire dans cette ville. Mais Jésus ne se laisse pas faire, il part, et peu importe s'il est suivi ou pas. Il lui faut proclamer qu'il faut se convertir, que les temps sont accomplis que le royaume de Dieu est proche, et poser des actes qui permettent aux auditeurs de croire.

 

Sixième dimanche du temps ordinaire. Mc 1, 40-45.


40 En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »

41Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »

42 À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.

 

On ne sait pas où Jésus se trouve, mais il n'est pas à Capharnaüm. Normalement les lépreux doivent être confinés en dehors des villes et des villages, mais celui-là, manifestement, risque le tout pour le tout. Il ne reste pas à distance, il vient auprès de Jésus nous dit le texte. Et cela peut avoir une importance pour nous, si pécheurs que nous soyons, nous pouvons nous approcher de lui et lui parler, lui demander qu'il nous sauve de ce qui nous rend pollué. 

 

Jésus n'a aucun dégoût, mais de la compassion, et non seulement il étend la main, mais il va jusqu'à toucher le malade, ce qui du point de vue légal, le rend lépreux. Il est bien évident que ce n'est pas ce qui se passe, Jésus rend pur, mais ne devient pas impur pour autant. La maladie s'en va, comme la fièvre avait quitté la belle-mère de Simon. C'est comme un manteau usé, abimé qui tombe et sous le manteau, la peu est là, belle et nette. Mais on peut imaginer la réaction de ceux qui assistent à la scène: il a touché un lépreux, que va-t-il lui arriver?

 

43 Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt

44en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »

 

Ce qui se passe ensuite est un peu compliqué. En tous les cas, Jésus ne veut pas que cet homme reste auprès de lui. Il lui demande d'accomplir ce qui est prescrit pas la loi, et qui ratifie la purification qui lui a été donnée. Comme souvent la question de pose de savoir si la purification concerne juste la maladie ou si elle va plus loin, car bien souvent la lèpre extérieure peut renvoyer à une lèpre intérieure, par exemple certaines addictions. 

 

45 Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

 

Certes l'homme s'en va, mais, et je le comprends, il ne peut faire silence, il ne peut taire ce qui vient de lui arriver; d'ailleurs ceux qui le connaissent voient bien qu'il est guéri. Peut-être que Jésus nous dit quelque chose: aujourd'hui je t'ai guéri, mais cette guérison, n'en parle pas partout, ne la crie pas sur les toits; fais d'abord le silence en toi. Va voir quelqu'un en qui tu as confiance, dis-lui ce qui t'est arrivé, et trouve avec lui le chemin qui est désormais le tien.  

  

En entendant le texte du cinquième dimanche, j'imaginais la tête de Simon quand il voit que Jésus n'est plus là. Je dois dire que cela évoquait un peu pour moi l'évangile de Luc, quand Jésus fausse compagnie à ses parents pour rester à Jérusalem, et s'occuper des affaires de son Père. Il me semble que pour moi, c'est la même démarche. Jésus a besoin de savoir ce qui est attendu de lui: rester sur place ou proclamer dans toute la Galilée. Mais pour Simon, c'est autre chose. Peut-être qu'il aime être le centre du monde avec la foule qui vient chez lui, peut-être qu'il veut que ça dure, parce que peut-être les gens guéris apportent quelque chose, mais surtout il y a l'inquiétude. Où est-il, que lui est-il arrivé, et cette inquiétude- là, elle est comme un prélude à ce qui se passera au moment de la résurrection. 

 

Alors c'est Simon qui raconte, mais comme j'aime le faire maintenant, en reprenant ce que l'évangéliste raconte avant de faire le récit de ce qu'on appelle "la journée de Jésus".

 

Simon Pierre raconte

 

Et bien non ça ne se fait pas. Ça ne se fait pas de disparaître en pleine nuit, sans rien dire. Nous nous sommes inquiétés et nous avons mis un temps énorme pour le retrouver. Il nous a juste dit qu'il avait eu besoin de trouver une certaine quiétude, comme si chez nous, il n'était pas au calme. Nous lui avions laissé notre chambre pour lui tout seul, il avait tout ce qu'il faut. Qu'il ait été épuisé, cela c'est évident. 

 

Quelle journée que la journée d'hier! Je vous raconte. 

 

Hier c'était le jour du Sabbat, ce jour où nous réunissons à la synagogue. Jésus était là. 

 

Jésus, il faut que je vous parle de lui, pour que vous puissiez comprendre. Mon frère André qui avait passé un peu de temps auprès du prophète qui baptise dans les eaux du Jourdain le connaissait de vue. Il s'était fait baptiser comme beaucoup d'entre nous, mais après il avait disparu.

 

 Un jour il nous dira qu'il avait été poussé par l'Esprit saint pour aller dans le désert et pour combattre le malin, mais cela, il nous le dira bien plus tard. Bref André le connaissait de vue.

 

 Nous étions sur le point de jeter les filets quand une voix, sa voix, a retenti. Il nous regardait, mais jamais personne ne nous avait regardé comme cela, et il nous disait de le suivre. Et bien croyez-moi ou pas, mais nous avons ramené la barque au bord, nous avons laissé les filets tels quels - et pour des pêcheurs les filets c'est sacré - et nous sommes allés vers lui. Puis nous sommes passés devant la barque de Jaques et Jean les fils de Zébédée. Eux, ils étaient rentrés de la pêche et ils pliaient les filets. Et eux aussi il les a appelés, et eux aussi ont tout laissé en plan et sont venus nous rejoindre. Nous étions tous les cinq, un peu comme les doigts de la main. Il est venu chez moi et j'ai un peu appris à l'aimer, cet homme. 

 

Le jour du sabbat est arrivé. Nous sommes allés à la synagogue et là, je dois dire que j'ai eu une des plus belles peurs de ma vie. Au début c'était parfait. Comme cela se fait, le chef de la synagogue a donné la parole à Jésus, et il a enseigné avec autorité, et cela nous changeait agréablement des scribes, qui ne font que répéter des enseignements qu'ils ont entendu mais qu'ils ne comprennent pas bien. Lui c'était différent, il parlait, expliquait et c'était vivant. 

 

Et tout à coup, un homme s'est dressé et s'est mis à hurler sur Jésus. Il lui disait de le laisser tranquille, et il affirmait que Jésus, ce Jésus qui est Nazareth était le fils de Dieu. Jésus l'a fusillé du regard, lui a dit de se taire, et de sortir, de quitter l'homme qui était devenu son hôte. Mais cela s'est mal passé, parce que l'homme a été pris de convulsions, il tremblait de la tête aux pieds, et il hurlait. Et c'est cela qui m'a fait peur .Je n'avais jamais vu quelqu'un dans cet état. Le calme est revenu, l'ancien possédé s'est relevé et il est rentré chez lui, sans demander son reste, ce qui n'est pas bien. Pourquoi n'a-t-il pas remercié?  Pourquoi n'a-t-il pas rend grâce? Toujours est-il que, malgré tout, la rumeur s'est vite répandue dans la ville. 

 

Nous sommes allés chez moi. Ma belle-mère était malade, avec une forte fièvre. Je me suis demandé si elle n'était malade à cause de moi, parce que j'avais laissé le bateau en plan. Je l'ai dit à Jésus qui est allé vers elle, qui l'a saisie par la main, l'a aidée à se lever, à se mettre debout. Et là, il s'est passé quelque chose. Je n'ai pas reconnu ma belle-mère; pour une fois, elle avait l'air heureuse, elle avait l'air adoucie, elle était autre. Non seulement la fièvre était tombée, mais elle était transformée et elle s'est empressée de faire ce qu'il fallait pour bien recevoir Jésus.

 

Comme c'était le jour du Sabbat, la journée s'est déroulée dans le calme, mais dès que le soleil s'est couché, cela a été un défilé incessant des personnes qui conduisaient des parents ou des amis pour que Jésus les guérisse ou chasse les démons. Les démons, ils ne se laissaient pas faire si facilement et ils disaient tous la même chose que l'esprit impur de la synagogue: que Jésus était le fils de Dieu. Cela voulait dire que l'homme qui était là, au milieu de nous n'en n'était pas un. Cela voulait dire que le messie était enfin là. Peut-être, mais ce qui est sûr c'est que Jésus lui, voulait faire du bien, mais pas être comme une vedette; et il faisait taire ces démons.

 

Finalement tout le monde a eu ce qu'il voulait et nous sommes partis prendre du repos. Comme je l'ai dit, Jésus avait la meilleure chambre. Qu'est ce qui lui a pris de partir en pleine nuit? Nous étions tellement fatigués que nous n'avons rien entendu. Mais trouver la chambre vide, alors là, ça a été terrible, surtout qu'il n'est pas de Capharnaüm. Où était-il passé? 

 

On a fini par le retrouver. Mais à lui, c'est difficile de faire des reproches. Un jour, bien plus tard, j'ai essayé de lui dire qu'il n'avait pas le droit de mourir, et mal m'en a pris. Il m'a traité de Satan. On lui a dit que tout le monde le cherchait, ce qui était vrai. Mais ça ne lui a fait ni chaud ni froid. Il nous a rétorqué qu'il devait aller dans les villages voisins pour proclamer la bonne nouvelle. Et il est parti, et nous avons suivi, sans trop comprendre, mais la force qui est en lui es tellement forte, qu'on ne se pose pas de questions. Et puis, il faut bien être avec lui, pour le protéger. 

 

Comme il faisait beaucoup de bien là où passait, un lépreux a trouvé moyen de s'approcher de lui. Je me demande un peu comment il a fait. Il n'a pas du tout respecté la distance prescrite; il a dit à Jésus que, s'il le voulait, lui Jésus pouvait le guérir. Je reconnais que c'est un bel acte de foi. Jésus lui a dit qu'il le voulait, et moi j'ai vu la peau qui redevenait saine. J'en croyais à peine mes yeux. On aurait dit qu'un manteau en haillon était remplacé par un manteau tout neuf. Mes yeux ont vu cela. 

 

Jésus lui a dit d'aller se montrer aux prêtres, et donc d'offrir ce qui est prescrit quand on est guéri de la lèpre. Il disait que cela serait un témoignage, témoignage de la puissance de Dieu, témoignage de la présence active de Dieu. Seulement ce n'est pas ce qu'il a fait. Remarquez mettez-vous à sa place. Il était tellement heureux, il montrait ses mains toutes neuves. Malheureusement notre maître, il ne pouvait plus entrer dans les villes, parce qu'on pensait qu'il était devenu impur. Vous vous rendez compte? Lui, impur. Mais du coup, plein de gens venaient vers lui. 

 

Un peu de temps a passé, et nous sommes rentrés à Capharnaüm, à la maison.

  

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