Luc 17,11-19, Les dix lépreux.
Manifestement c'est un texte qui m'a pas mal inspirée dans le passé. Voici un petit florilège : https://giboulee.blogspot.com/search?q=les+dix+lépreux.
Je constate que ce ne n'est pas le cas des paraboles des deux dimanches qui suivent, que ce soit celle du "juge inique" ou celle du pharisien et du publicain. Peut-être que je pourrais réparer ce manque.
J'ai tout d'abord eu envie de laisser parler les neuf, ceux qui ont obéi à la consigne, mais au lieu de cela un autre récit est venu, c'est celui que vous pourrez lire après mes premiers commentaires (ceux que je fais de fait chaque matin sur le texte d'évangile proposé par la liturgie). Je me suis quand même risquée à ce récit des neuf autres, mais c'est un peu maigre.
Je me disais aussi, que si comme on le dit, dix représente une totalité, mais aussi les dix justes qui doivent être présents pour qu'une prière puisse être entendue, et si ces hommes représentent notre humanité couverte de la lèpre de la médisance, le 1% qui est non pas guéri de la maladie, mais vraiment revenu à la vie, qui est ressuscité parce que celui a reconnu en l'homme Jésus la présence de Dieu, et bien ça ne fait pas beaucoup, mais peut-être que ça peut servir de levain dans la pâte.
Le texte de ce jour.
11 En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
13et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
14 À cette vue, Jésus leur dit : « Allez- vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
Ces lépreux-là, contrairement à celui de Marc, respectent les règles. Ils restent à distance; ils ne semblent même pas demander explicitement une guérison. Que mettre sous la phrase ". "prends pitié de nous"? Et Dieu sait que cette phrase nous la prononçons bien souvent, ne serait-ce que durant la célébration de la messe;
Veulent-ils de l'argent, des vêtements, de la nourriture la guérison? Ils me font un peu penser à l'aveugle de Jéricho qui crie sans se lasser : "Jésus fils de David, prends pitié de moi. Sauf que Jésus lui demande ce qu'il veut, c'est bien la guérison qu'il demande. SI on prend cela comme modèle, il semble évident que ce que veulent ces hommes, c'est bien une purification, et Jésus en les envoyant aux prêtres, montre qu'il a compris. Sauf que ce n'est pas immédiat. Cela fait penser à l'évangile de Jean, la guérison de l'aveugle-né. Se mettre en route, sur la foi d'une parole, faire confiance à la parole entendue.
15 L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
16 Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Un seul revient. Pour lui, ce qui s'est passé, c'est un don de Dieu, un cadeau fait par cet homme qu'il ne connaît pas, dont il vient peut-être juste d'entendre le nom. Et en son cœur, la gratitude explose et il la laisse exploser. Peu importe les prêtres, peu importe le moment où il sera réintégré dans la communauté des vivants. Ce qui compte pour lui, c'est de se tourner vers cet homme qui l'a guéri, qui lui a rendu en quelque sorte sa vie, son honneur. Il peut à nouveau vivre normalement. Il n'est plus exclu, il n'est plus un paria, il n'est plus le rappel permanent du péché.
17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?
18 Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »
Est-ce que je peux entendre comme une plainte de Jésus? Pourquoi, ne viennent-ils pas rendre grâce? Je crois que le pasteur A. Nouis dit que la foi c'est aussi cette capacité à louer. " Le Samaritain fait le parcours de la foi en trois temps : il voit – il revient sur ses pas – il rend gloire à Dieu. La foi consiste à voir le monde comme Dieu le voit – à changer de direction et de comportement pour répondre à ce que nous avons vu – et enfin d’être capable de reconnaissance pour tout ce qu’il y a de beau et de bon dans notre histoire " . Je dois dire que cette interprétation me convient bien.
19 Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Pour moi, mais je dois me répéter, c'est une phrase de résurrection, que Jésus dit . Se lever comme la fille de Jaïre, revenir à la vie, comme le fils de la veuve de Naïm. La résurrection, ça ne touche pas que le corps, ça change aussi le dedans, ça crée un cœur nouveau. Alors oui, cet homme, parce qu'il a cette foi qui l'a poussé à revenir tout de suite pour rendre grâce, est ressuscité. Important ce que dit Jésus, ta foi t'a sauvé. Ta foi en moi, ta foi en ma parole, mais c'est un acte de ta part, un acte qui t'appartient à toi et que les autres n'ont pas fait.
L'histoire des dix lépreux.
Si comme je l'ai déjà écrit au début de texte, dix représente la plénitude, on a là un groupe de dix personnes, des personnes rejetées, mises au banc de l'humanité, porteuse de cette lèpre qui renvoie au péché, puisque la lèpre dans la culture juive renvoie à Myriam (livre des Nombres) qui se trouve affligée de cette maladie après avoir médie de Moïse.
Mais dans ces 10, il y en a un qui porte une double tare, non seulement il est lépreux, mais en plus il est samaritain. Ce n'est pas un païen au sens fort, puisqu'il adore quand même le "Seigneur", mais il l'adore ailleurs qu'à Jérusalem, et ces samaritains quelque part, ce sont des métis. C'est un peu oublier ce qui s'est passé jadis pour Naaman le Syrien, ce général qui avait infligé une défaite à Israël et qui a été guéri simplement en se trempant 7 fois dans les eaux du Jourdain.
Revenons à nos dix lépreux. Ils sont donc à qui vivent comme ils le peuvent dans une grande misère à l'écart d'un village, mais pas trop loin quand même, puisqu'ils apprennent que Jésus entre dans ce village. Et normalement quad Jésus entre quelque part, c'est pour faire du bien.
On peut supposer qu'ils vivent quand même de la charité des villageois qui leur donnent de temps en temps de quoi manger, peut-être de quoi faire du feu. Maintenant comment se comportent-ils avec le samaritain, qui vit avec eux, cela personne ne le sait, mais on peut imaginer que si les neuf font corps, lui, il est seul, encore plus exclu. J'ai presque envie de dire, double peine pour lui. Connaissent-ils seulement son prénom?
Ils ne risquent rien à implorer ce nouveau prophète, surtout s'ils ne s'approchent pas de lui.
Alors les voilà qui se tiennent à une certaine distance , les voilà qui crient, tous les dix, qui en en appellent à la pitié de ce Rabbi qui ne peut faire autrement que de les entendre.
Lui, il s'est arrêté, les a regardés, n'a pas regardé ailleurs comme s'ils étaient invisibles. Il leur a parlé, il leur a dit d'aller se montrer aux prêtres. D'après la Tora, c'est quand on est guéri qu'on doit se montrer aux prêtres, de manière à être réintroduit officiellement dans la communauté des biens portants, ce qui veut dire retrouver sa famille, son métier, son village d'origine, car ils ne sont pas tous de ce village-là. Trouver un prêtre, cela peut vouloir dire aller à Jérusalem ou peut-être trouver un prêtre qui dessert un autre sanctuaire, car il y a encore beaucoup de sanctuaires en Galilée et en Juda. Mais croient-ils vraiment que c'est possible?
Ils se mis en route, ils sont tous partis. Que va-t-il se passer? Et s'il ne se passait rien? Et soudain, en voilà un qui regarde son compagnon de misère et il voit que le visage de ce dernier n'a plus de plaies, plus de croutes. Il regarde alors ses mains, et ses mains à lui, sont redevenues belles. Et là, il parle, il annonce, et c'est la joie ce petit groupe, tous sons guéris, même le samaritain. Alors ragaillardis, les voilà qui d'un bon pas, partent à la recherche du prêtre qui va attestera de leur guérison (et leur demandera une offrande). .
Seulement voilà, le samaritain lui, et peut-être que lui n'a pas du tout envie de voir un prêtre juif pour constater qu'il est guéri, sent en lui monter un désir qui le pousse à laisser les autres, à revenir sur ses pas, à dire merci encore et encore, merci au Très Haut qui a fait des merveilles, merci à ce Jésus, qui a entendu sa demande, qui a eu pitié de lui.
Lui, il retourne sur les pas, en laissant son cœur déborder de joie. Il a enlevé cette espèce de voile qui lui couvrait le visage. La lèpre l'a quitté, elle est partie, il est libéré. Il célèbre cette libération, il est un homme neuf. Il chante à pleine voix. Et Jésus qui a repris sa route vers Jérusalem avec ses disciples, l'entend, le voit, s'arrête.
Tout le monde s'arrête, le samaritain se prosterne devant lui, un bon moment, un long moment, cat Jésus regarde la route devant lui, mais personne d'autre n'apparaît.
Manifestement les autres, ont suivi l'ordre d'aller se montrer aux prêtres, ils n'ont pas compris que l'important n'était pas de faire constater la guérison au plus vite, mais de remercier, de louer. Jésus dit alors à l'homme de se relever, il lui sourit, avec ce sourire au quel on ne peut pas résister, et il lui adresse une phrase étonnante, il lui dit: va, ta foi ta sauvé".
Or le samaritain sait bien que sa foi en cet homme était bien ténue, qu'il a crié avec les autres parce que c'était un peu la dernière chance, le dernier recours et voilà qu'il lui est dit que la foi l'a sauvé.
Et c'est alors qu'il ressent en lui, une joie encore plus forte que celle qui avait émergée quand il avait vu sa peau guérie, une joie qui lui faisait comprendre que lui, le samaritain, l'étranger, le détesté, il était aimé, il était juste aux yeux du Très Haut. Alors il n'était pas rentré chez lui, mais il s'était joint aux disciples qui lui avaient fait une place, et lui avaient trouvé des vêtements propres, qui l'avaient nourri, et il avait pris lui aussi, tout samaritain qu'il était, la route de Jérusalem.
Un essai de récit des neufs purifiés, mais pas sauvés.
On a tous été purifié, mais l'autre, le samaritain, celui que nous devons tolérer avec nous, il nous a laissés. C'est sûr que lui, il doit aller en Samarie pour faire constater sa guérison. Bon débarras après tout.
Quand nous sommes revenus, dans nos villages, après avoir fait constater notre guérison par un prêtre qui d'ailleurs n'en revenait pas, guérir dix lépreux, cela ne s'était jamais vu en Israël, des amis nous ont rapportés que le Samaritain, n'était pas parti vers la Samarie, mais qu'il était revenu en arrière pour louer Dieu, et se prosterner aux pieds de Jésus, ce dernier n'avait été comme irrité parce que nous, nous lui avons obéi à la lettre.
C'est de sa faute après tout. Il aurait pu nous guérir tout de suite, ça aurait été tellement plus simple. Il avait dit que nous devions nous montrer aux prêtres. On lui a obéi, alors de quoi se plaint-il?
C'est vrai aussi que la guérison est advenue très peu de temps après l'avoir quitté, nous aurions pu revenir sur nos pas, , nous prosterner à ses pieds, et peut-être même nous joindre à ses disciples, comme l'a fait le samaritain, dont nous ne savons même pas prénom. Mais un ordre est un ordre, nous avons entendu et nous avons obéi. S'il repasse par chez nous, alors nous lui offrirons un repas dont il se souviendra !
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