lundi, octobre 31, 2011

Quel drôle de Dieu: impertinence

Nous sommes dans la lecture de l'épître aux Romains. Au chapitre 11, au verset 32 on peut lire: "Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes". 


Admettons que j'ai fait des études de médecine et que je sois un chirurgien orthopédique renommé. Vais-je casser les jambes de mes enfants pour qu'ils puissent reconnaître que je suis un excellent chirurgien? 


Il me semble que la réponse coule de source. Alors quel est ce Dieu de Paul sinon un Dieu foncièrement pervers? A vouloir parfois trop démontrer on finit par écrire des non sens.

dimanche, octobre 30, 2011

"Réflexions sur un devenir après la mort"

Une de mes amies qui a perdu son mari il y a un an et qui se trouve dans la période anniversaire de ce décès (et qui d'une certaine manière revit chaque jour ce qui a pu se passer l'an dernier) me disait: "jusque là je l'ai toujours senti présent avec moi, mais maintenant, je ne le sens plus. J'ai -ajoute t elle- entendu dire que les morts doivent oublier tous les liens qui ont rempli leur vie et cela me rend malade, parce que je me sens abandonnée". Cette  phrase "les morts doivent oublier les vivants" m'a posé question, car cela je ne l'avais jamais entendu dire.

Si nous demandons aux "Saints" d'intercéder pour nous, c'est bien que implicitement nous pensons que nos soucis, nos épreuves ont du sens pour eux, et que dans un acte d'amour, ils peuvent demander que ces épreuves nous fortifient au lieu de nous détruire, qu'elles nous fassent progresser dans l'amour. Ils ne sont pas des étrangers à ce que nous vivons, ils restent des compagnons.Je pense aussi que lors du décès d'une personne très importante pour nous, il y a des signes qui nous montrent qu'à leur manière ils sont là. Le livre de Lytta Basset: "Ce lien qui ne meurt jamais", pour ne citer qu'elle, en est un exemple.

Puis en lisant un livre de Tishani Doshi: "le plaisir ne saurait attendre", livre que j'ai beaucoup aimé parce qu'il décrit la vie à Madras en cette fin et début de siècle et qu'il parle de la foi des Jaïns, j'ai lu la phrase suivante qui concerne une personne qui vient de mourir: "elle ôtait tous les habits de l'illusion et s'accrochait au vent pour survoler le samsara - le monde humain et l'extraordinaire tromperie qu'il représentait- jusqu'à la demeure des dieux. Elle retirait toutes les couches accumulées par le karma, la poussière que recouvrait son âme, avant d'entreprendre son dernier pèlerinage. Elle coupait chaque lien, tranchait chaque attachement douloureux, se débarrassait de tous ses souvenirs. Fidèle aux commandements de sa foi, elle partait pour le pays immaculé ou la purification était instantanée".

Cela décrivait bien ce que mon amie avait entendu, mais ce qui est intéressant c'est que là, il s'agit d'un voyage de la personne décédée, d'un travail qu'elle doit faire lors du passage, passage facilité par les prières des vivants, mais qui si réincarnation il y a, permet de ne pas renaître avec des choses à traîner avec soi. Ce travail, peut être que nous le symbolisons par la notion de purgatoire, cette nécessaire purification(purification alors désirée et non pas imposée)  pour être un jour en présence de Celui que j'aime nommer "Le tout Autre".

Je pense, mais cela est très difficile à faire que quand quelqu'un que nous avons aimé (ou pas) est décédé, un service que nous pouvons lui rendre, c'est de le laisser "filer" là où il doit aller (ce que nous ignorons, même si nous parlons spontanément de lumière). Je veux dire par là, qu'il vient un temps (parce qu'il faut du temps) où l'on n'a plus besoin de s'accrocher aux souvenirs et où on peut lui donner le droit de "vivre" pleinement sa nouvelle vie. Un peu comme si nous devions couper la ficelle d'un ballon rempli d'hélium pour qu'il puisse être lâché dans le ciel ou comme si on ouvrait une cage pour que l'oiseau prenne son envol.Je dirai même que c'est le plus bel acte d'amour que nous puissions faire pour celui que nous avons aimé, le rendre libre. Cela ne veut pas dire que nous l'oublions parce que nous en sommes incapables, mais que nous désirons pour lui le meilleur, et si le meilleur doit passer par là, nous sommes prêts à le faire.

Quand Jésus dit à Marie Madeleine: "Ne me retiens pas, je dois aller vers mon Père" je pense qu'il s'agit de cela. C'est nous qui devons couper le lien qui en quelque sorte l'empêche de prendre son envol. Et cela est peut être nécessaire: arriver petit à petit couper la relation qui peut nous unir à quelqu'un (que nous l'ayons aimé ou haï ou les deux) pour qu'il aille là où il doit aller. Peut être que c'est cela que veut dire Jésus quand il dit "laisse les morts ensevelir les morts".

Mais si d'un côté Jésus demande de ne pas le retenir (il est bon pour vous que je m'en aille), il n'en demeure pas moins qu'Il nous a demandé de "faire mémoire de Lui" et ainsi de maintenir sa présence au milieu de nous.

Si nous sommes appelés à faire partie du "corps de Jésus" alors peut être pouvons nous croire que dans l'Au Delà, un certain nombre continuerons à veiller sur les terrestres et ne perdront pas le souvenir de ceux qu'ils ont aimé mais manifesteront leur sollicitude et leur amour d'une manière que nous ne comprendrons que lorsque nous les aurons (ou pas) retrouvé de l'autre côté;

Mais et c'est là où la différence est fondamentale, c'est que Jésus nous dit qu'Il est avec nous tous les jours  donc qu'Il ne nous abandonne pas, et surtout de "faire mémoire de lui". Faire mémoire, c'est ne pas lâcher le souvenir de l'autre, c'est Le faire exister dans le ici et maintenant.

Alors, et c'est peut être là notre foi, si quelqu'un meurt, cela ne fait pas disparaître la présence du Ressuscité , de celui que Paul appelle "le premier né" et en Lui, il est possible de rester dans un autre contact, un autre lien avec celui qui nous a laissé continuer notre chemin sur cette terre;


mercredi, octobre 12, 2011

"Conjugaison" tu, il, je


Conjugaison ; Je, tu il (elle)… L’identité.



Quand des personnes ont vécu un traumatisme grave qui porte (ou qui risque de porter atteinte à leur intégrité physique et/ou psychique) un très bon mécanisme de défense (qui fonctionne en automatique) est le clivage. Il permet en quelque sorte de conserver une partie saine qui est enfouie très profondément, pendant qu’une autre partie est détruite, abîmée. Les personnes victimes d’inceste au long cours disent souvent que malgré tout ce que leur corps a vécu, leur cœur lui est resté vivant, mais pour que celui ci se manifeste, il lui faut des conditions particulières, car cette partie qui ne se soumet pas, a peur de se faire détruire si elle se manifeste.


Certains disent qu’il y a en eux une sorte de dialogue incessant entre une partie qui gère le quotidien (parce qu’il faut bien faire semblant de vivre, d’être adapté, de faire comme si rien ne s’était passé) et une autre partie qui a sa propre existence et dont il est difficile de parler. Ce clivage ou plus exactement cette dissociation ne permet pas aux personnes de dire Je, même si dans la vie de tous les jours elles le disent. Elles ne sont ni psychotiques, ni autistes.  Le traumatisme a touché à leur identité la plus profonde et bien souvent elles ne sentent pas vivre : elles sont des survivantes avec parfois des réactions que personne ne comprend et qui de ce fait les isole d’avantage et renforce la dissociation.


Si on admet que l’espèce humaine a été confrontée pour survivre à d’innombrables traumatismes, il est envisageable de penser que ceux ci ont laissé des traces (on travaille beaucoup aujourd’hui sur ce que l’on appelle le stress post traumatique) qui peuvent aller de l’agressivité (violence brutale) au retrait et à la dissociation. En d’autres termes nous savons très bien nous dissocier, nous mettre un peu en rondelles, et j’en veux pour exemple cette capacité que nous avons de nous parler à la deuxième personne du singulier ou même à la troisième.


Combien de fois pouvons nous nous entendre nous dire : "tu es nul, tu vas faire ceci, tu vas faire cela", comme si persistait en nous alors que nous sommes des adultes, un parent qui nous commande et qui nous juge. Une grande partie du travail thérapeutique fait en Analyse Transactionnelle, consiste justement à ne plus se laisser dominer par ce « parent autoritaire » et le remplacer par un parent bienveillant. 


Quand on fait un peu attention à ce dialogue automatique intérieur, il est facile de passer de ce « tu » au « je » et de reprendre les choses à la première personne. Mais il y a des personnes qui se font maltraiter par cette instance surmoïque et qui auront tendance à répéter cela pour le bien de ceux ou celles qui vivent avec eux. 


Pour ma part, quand j’entends en moi ce « tu vas faire ceci ou cela », je le transforme en « je vais faire (ou ne pas faire d’ailleurs) ceci ou cela ». Quand aux phrases, tu es nulle, il y a belle lurette que je les transforme en : "ce truc là tu n’as pas su le réussir ou tu n’as plus la force de la faire, mais tu n’es pas nulle pour autant", mais il a fallu trois années d’analyse pour que j’en arrive là. Aujourd’hui je dirai que se regarder ainsi : "je n'y suis pas arrivée, ce n’est pas une catastrophe", permet même de se regarder avec une certaine compassion ce qui est bien préférable à un regard de colère ou de haine parce qu’on n’a pas été à la hauteur.


Je me suis rendue compte que au delà de ce « tu » bien connu des psy, puisque quand il perdure en soi (ne pas pouvoir dire Je ou Moi) il est signe d’autisme c’est à dire d’indistinction en soi et l’autre, il existe en tous les cas chez moi un autre pronom qui est le « elle ». Existe t il chez les autres ? Je ne le sais pas. Ce pronom est très présent chez les écrivains qui décrivent à distance des comportements de personnages qui sont des émanations d’eux–mêmes, mais parler de soi à la troisième personne, qu'est ce que cela veut dire? 


On trouve cela dans les évangiles quand Jésus affirme sa filiation divine, quand il se nomme "Le fils de l'homme"(1) Il dit à la fois ce qu'Il est déjà, mais aussi ce qu'Il sera après la résurrection. C’est Celui là que voit Etienne dans le livre des Actes 5, ,5 « Ah dit il, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout ». Ce que je veux dire c’est que parler de soi à la troisième personne est un peu une manière de faire de soi un héros, quelqu’un d’un peu extraordinaire.

Je reviens à moi. Quand je dois recevoir quelqu’un, et que je pense à la manière dont je vais accueillir cette personne, automatiquement je m’entends penser : «  elle mettra telle nappe, elle fera telle entrée…etc ». Qui est cette « elle » qui n’est pas vraiment moi parce que de toutes les manières, finalement je ne fais jamais ce que cette « elle «  a décidé ? Je dirai que cette elle est une espèce de Moi idéal, devant laquelle les autres devraient penser : « qu’est ce que c’est bien, qu’est ce que cette femme fait bien les choses ». Cela paraît très infantile et je pense que ça l’est. Quand j’étais beaucoup plus jeune, cette partie là fonctionnait dans mes rêves éveillés où je pouvais enfin ne pas me laisser faire par mon père, ou même de m’imaginer en sauveur du monde (excusez du peu), mais il y avait cette dimension là dans le christianisme qui a été le mien autrefois.

Cette « elle » ou je suppose ce « il » pour un homme, est une sorte d’illusion, une sorte de personnage idéal, et il correspond peut être à ce qu’un enfant peut imaginer que ses parents attendent de lui. Quand j’ai appris à lire, la Sœur qui m’enseignait la lecture a dit devant moi à ma mère : «  Madame votre fille vous fera honneur ». Inutile de dire que je n’ai pas compris ce qu’elle voulait dire, sauf que ma mère était très fière et qu’elle m’a ressorti cette phrase bien des fois. En d’autres termes, le travail d’un enfant c’est de faire honneur (qui s’oppose certainement à faire honte) à ses parents, pour que ceux ci puissent soit être fiers, et s’enorgueillir d’avoir mis au monde un enfant pareil.

C’est peut être mettre en application le 6° commandement : « tes pères et mères honoreras, afin de vivre longuement ». Le « Honorer » ici étant faire honneur à  (et non pas le sens hébreux de donner du poids). Ce serait faire des choses dont les parents puissent être fiers. Alors peut être que dans la réalité on ne se sent pas tout à fait à la hauteur, on se crée un il ou une elle qui sera un sorte de super héros. Il permettra en tous les cas de se sentir un peu invulnérable, un peu glorieux, un peu extraordinaire et parfois cela fait du bien à l’égo, même si c’est de l’imaginaire et aussi aimé de ses parents ou de ses proches.

Cette troisième personne est finalement un sacré boulet. Elle voudrait vous obliger à être un « sur  quelque chose" que l’on ne peut pas être. Oui, j’ai appris à lire très vite, mais cela ne m’a pas coûté d’efforts, donc je n’ai pas rien fait de spécial pour faire honneur à qui que ce soit, sauf peut –être à l’enseignante que j’aimais bien.. En d’autres termes cette « elle », aujourd’hui je ne l’aime pas beaucoup, et j’ai tendance dès que je sens sa présence à lui dire d’aller se faire voir. Je n’ai pas à être parfaite, ni à faire honneur à qui que ce soit. L’important est que Je sois celle que je désire être aujourd’’hui.


Mais si d’une certaine manière mon Je englobe les injonctions du tu (tu dois faire, tu es nulle) et du « elle » (elle fera de la perfection) la question qui se pose est celle de l’unification. D’une certaine manière le "tu" peut renvoyer à ce qui ne va pas, à la culpabilité, à la faute. L’important est parfois de reconnaître que le « tu » a raison, mais de ne pas les laisser envahir l’espace et de ne pas lui donner de pouvoir. Quant au  « elle » il ferait basculer du côté de la toute puissance, de l’idéal et là aussi dans la mesure où il ne peut être atteint, cela peut conduire à une espèce de poursuite éperdue de perfection. Certes il peut être moteur, mais il peut aussi conduire à la dépression: ne pas être à la hauteur de...

Pouvoir dire « Je » c’est d’une certaine manière ne pas se laisser envahir par ces deux instances, c’est non pas faire comme si elles n’existaient pas, parce qu’elles sont là, mais ne pas les laisser dominer. Le Je devient une sorte de chef d’orchestre, qui sait demander des sourdines, mais pas forcément le silence.

Arriver à l’unification n’est pas aisé. La phrase de Jésus « qu’ils soient uns comme nous sommes un » s’entend certes à un niveau communautaire, mais aussi individuel, car si le mauvais est appelé le « diviseur » ce n’est pas pour rien. La diversité en nous n’est pas mauvaise, à condition qu’elle ne mène pas la barque. Peut être que le rôle de l’Esprit Saint, c’est d’être le chef d’orchestre de ce qui est en nous, pour que petit à petit la chant soit harmonieux, le chant d’un petit ruisseau qui murmure au fil du temps mais qui parfois peut se taire sous la neige, ce qui ne l'empêche pas d'exister.











(1) 29 fois chez Matthieu.

mardi, octobre 11, 2011

"La fin et les moyens"


Je viens de terminer un livre de science fiction: "l'épopée du Traquemort" de Simon R.Green, et dans le dernier tome, il y a une phrase qui dit à peu près"ils ont confondu la fin et les moyens". Ce qui leur avait été donné, était un moyen pas une fin en soi (fin qui permet toutes les cupidités, toutes les convoitises, toutes les dérives).

Et cela m'a fait penser à la parabole des vignerons homicides. La vigne leur a été donnée en gérance pour qu'ils la fassent fructifier, mais aussi pour que les fruits soient donnés à tous. Ils en ont fait leur chose et plus personne sauf eux n'avaient le droit d'en jouir.

Cette confusion, il me semble qu'elle est très fréquente et que c'est même un risque qui nous guette.

J'irai jusqu'à dire que tout progrès dans une recherche de vie spirituelle n'est jamais une fin, même si ce progrès à un moment donné apporte beaucoup de joie ou de paix. D'une certaine manière, certes cela nous appartient, mais nous appartient pour que nous puissions en faire quelque chose, pour nous, pour nos frères, pour le Seigneur.  Les fruits ne nous appartiennent pas...

jeudi, octobre 06, 2011

Breve: louange et prière

Deux mardis... Deux participation au groupe de louange de Tigery. La même impression de ne pas arriver à y prier, de ne pas y être. Etre spectateur , mais spectateur de quoi?

Cela crée un sentiment de mal-être et me pose question. Pourquoi est ce que finalement je n'arrive pas à "prier", pas à "être".

La réponse est: "il faut faire" de la louange, louanger comme fabriquer... Il faut faire et cela ne me va pas pas.

Autrement dit, la louange est elle là pour se décentrer et se tourner vers le Père, ou pour créer du groupe, c'est à dire de manifester aux personnes présentes que l'Esprit Saint est bien à l'oeuvre parmi elles, ce qui permet de "fabriquer" du groupe. Tel qu'il est mené, tout va vers le renforcement des liens des personnes entre elles, donc de la cohésion du groupe.

Cette utilisation de la louange pour fabriquer du groupe (même si dans les grandes manifestations, elle permet des guérisons) ne me convient pas vraiment. Ce n'est plus louer (même si cela en a toutes les apparences et si heureusement "ça loue" quand même), mais je n'y trouve pas ma place.

Et pourtant, qu'on ne s'y trompe pas, la présence de l'Esprit Saint, son travail au jour le jour en moi, son oeuvre, reste mon désir le plus profond.