samedi, janvier 29, 2022

Luc 4, 21-30. La synagogue de Nazareth, suite.

 

En ce quatrième dimanche du temps ordinaire, l'église propose d'écouter ce qui se passe dans la synagogue de Nazareth après que Jésus ait lu le livre d'Isaïe (chapitre 61) et ait annoncé que ce qui avait été lu par lui était en train de se réaliser aujourd'hui. 

 

Or le moins que l'on puisse dire, c'est que ce qui se passe est quand même inattendu, puisqu'il s'agit d'emblée de faire taire définitivement Jésus en le jetant dans le vide, et ce avant même que le ministère ait commencé, du moins chez Luc. 

 

Je me suis souvent demandée si cet épisode, celui que nous entendons ce jour, avait vraiment sa place ici, s'il ne s'agissait pas de deux épisodes qui auraient eu lieu à des moments différents, d'autant que dans le texte que nous lisons aujourd'hui, il est question de miracles réalisés à Capharnaüm et cette ville n'apparait que plus loin dans le récit lucanien. 

 

Dans l'évangile de Marc (Mc 6, 1-6), Nazareth est une étape dans le parcours de Jésus en Galilée et beaucoup de miracles ont été rapportés. A Nazareth, compte tenu du manque de foi des habitants, Jésus est comme désarmé et ne peut pas faire grand-chose, mais il n'y a aucune violence. 


On retrouve ce texte presque à l'identique chez Matthieu (Mt 13, 54-58), et là, on est chronologiquement déjà très avancé dans le ministère en Galilée, et le texte est très proche de celui de Marc. 


Luc montre dans cet épisode, qui de fait est le premier de la vie publique, comment Jésus sera un jour précipité dans la mort; qu'il sera rejeté par les siens. Mais il n'en demeure pas moins que la lecture de ce jour permet de penser que Jésus fait aussi tout ce qu'il faut pour déranger ses auditeurs. 


Pour ma part, je pense que la réaction disproportionnée des auditeurs montre avec quelle facilité le Mauvais est capable de s'emparer de l'esprit de certains, de les faire douter, et de provoquer une colère meurtrière. Dès le début de cet évangile, le combat contre le Mal et la violence de ce dernier sont donc mis en évidence. Et ce combat sera permanent durant toute la vie de Jésus.


En 2019, j'avais laissé Marie raconter la scène - https://giboulee.blogspot.com/2019/02/dans-la-synagogue-de-nazareth-fin-lc-4.html . Ici je propose de laisser la parole à un des anciens de la synagogue, mais dans un premier temps je pense qu'il est nécessaire de revenir au texte de ce jour, et de le commenter par groupes de versets.

 

21 En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d'Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » 

22 Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » 

 

Par ce texte, Jésus leur faire comprendre qu'il est l'envoyé, celui qui. a reçu l'onction, qui va guérir, libérer sauver.  On imagine qu'il a commenté, et peut-être qu'il a aussi rapporté ce qui s'est passé ailleurs, qu'il a rendu la vue à certains, exorcisé des possédés, parlé, 


Alors dans un premier temps, tout le monde semble séduit, mais ça ne dure pas. Il y a la petite phrase presque assassine: n'est-ce le pas là le fils de Joseph? Un peu comme si Jésus leur racontait des histoires. C'est "pour qui se prend-il celui là?". Et Jésus répond à ce questionnement, qu'il soit formulé verbalement ou pas.

 

23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine!” » 

24 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. 

 

Et là, c'est lui qui attaque en quelque sorte. Mais la première phrase: "Médecin guéris -toi toi-même" est assez incompréhensible. La suite l'est moins. Les habitants de Nazareth savent ce qui s'est passé ailleurs (sauf que nous, nous ne le savons pas), et peut-être plutôt qu'un enseignement, ils auraient voulu des guérisons. Simplement ce que Jésus évoque là, c'est une sorte de jalousie: "Pourquoi ne fais-tu pas chez nous ce que tu fais chez les autres?" Puis il dit une phrase qui va devenir un proverbe pour nous: "Nul n'est prophète en son pays". 

 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; 

26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. 

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » 

 

Jésus se sert toujours de ce qui se passe chez les auditeurs pour les faire réfléchir. Le mot prophète sert d'accroche, et il fait remarquer que deux des plus grands prophètes, Elie et Elisée, ont fait des miracles ou des guérisons pour des gens qui n'étaient pas de chez eux. Mais cette comparaison passe mal. Pour qui se prend-il ce Jésus? Pour qui les prend-il? 

 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux

29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas

30Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

L'adjectif furieux est très fort. Car il y a des envies de meurtre, et il est possible que cet épisode soit à mettre en parallèle avec le meurtre d'Étienne dans les Actes de Apôtres, où Étienne est aussi poussé en dehors de la ville, suite à un discours qui n'a pas plu.  

 

Par ailleurs - si on se réfère au récit des tentations qui précède (Lc 4,9), le diable emmène Jésus au pinacle du temple et lui suggère de se jeter dans le vide, ce à quoi Jésus répond "tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu" - ce qui se passe là en est comme la concrétisation puisque Jésus va être précipité dans le vide, et alors que va-t-il se passer? Jésus aurait bien pu sauter de cet escarpement, pour leur prouver qu'il est le Fils de Dieu, mais il se contente de passer son chemin. Personne ne met la main sur lui.

 

 

Un ancien de la synagogue de Nazareth raconte la visite de Jésus chez eux.


Jésus, le fils de Joseph, celui qui était charpentier et qui est mort il y a plusieurs années, est parti de chez nous depuis quelque temps. 

Pourquoi n'a-t-il pas repris l'atelier de son père, pourquoi a-t-il laissé sa pauvre mère, ça on n'a pas compris, ni aimé d'ailleurs. 

 

On nous a raconté qu'il était devenu disciple de Jean le Baptiste, mais qu'il n'était pas resté avec lui, et qu'il s'était mis à enseigner mais aussi à guérir et à chasser des esprits mauvais. Il paraît qu'à Capharnaüm, cette ville portuaire mal famée, il a opéré beaucoup de guérisons. Je me demande pourquoi il n'est pas venu chez nous en premier. Ils ont quoi de plus que nous? 

 

Et le voilà de retour. Il est allé bien sûr chez sa mère, et en ce jour de Shabbat il est venu à la Synagogue. Il a eu la place d'honneur. On lui a présenté le rouleau du prophète Isaïe, il a choisi un passage disant que l'Esprit du Seigneur était sur lui, qu'il avait reçu l'onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, pour annoncer aux captifs la délivrance, aux aveugles qu'ils retrouveront la vue, que les opprimés seraient libérés et enfin qu'une année favorable était accordée au peuple. Ensuite il y a eu un silence. Ce qui m'a étonné c'est sa lecture. Il prenait son temps, il nous regardait, comme si cela s'adressait à nous. Il s'est ensuite assis, après avoir rendu le rouleau au servant. Et là, il a tout simplement dit que cela s'accomplissait aujourd'hui.  

 

Nous étions un peu partagés; certes il parle bien, il parle avec une assurance qu'il n'avait pas par le passé, mais bon, pour qui se prend-il? Il est le fils de Joseph, alors qu'est-ce qu'il nous raconte. Il serait le Messie? Bon il a peut-être fait des miracles, mais il n'est pas le seul, alors dire cela de lui, c'est nous faire prendre des vessies pour des lanternes. 

 

Bien sûr, ça on ne l'a pas dit, mais nous étions un certain nombre à le penser. 

 

Il nous a regardés et, de la place qui était la sienne, il nous a interpellés. Il nous a dit quelque chose d'étonnant: que nous allions lui dire "médecin, guéris -toi toi-même"; c'est ce que nous disons aux charlatans qui promettent des guérisons et ne tiennent pas parole. Pourtant lui, d'après ce qu'on dit, il a guéri deux ou trois personnes de notre village, mais pour qui se prend-il?  D'accord il a fait beaucoup à Capharnaüm, mais bon c'est comme ça, mais comme je l'ai dit ce n'est pas très juste. Il a ajouté que nul n'était prophète dans son pays. Se prend-il pour un prophète? Serait-il plus grand qu'eux? 

 

Ensuite il nous a dit qu'Elie et Elisée, les miracles qu'ils avaient accomplis, c'était pour des étrangers, pour des non-juifs. Est-ce qu'il veut nous faire comprendre que les miracles, ce n'est pas pour nous, que nous n'en sommes pas dignes, et que lui, il soulage les autres, pas nous. 

 

Alors, ça, je ne sais pas pourquoi, mais ça a mis le feu aux poudres. Il nous a vraiment énervés. Il se prend pour qui? Il s'imagine être plus fort que le prophète Elie qui a fait tomber le feu du ciel sur le sacrifice offert pour faire tomber la pluie, ou le prophète Elisée, qui certes a guéri Naaman de Syrien, mais qui a aussi nourri 100 personnes avec du pain pour 20? Non vraiment il exagère et il nous prend pour qui.

 

Alors une fois le service fini, on l'a acculé pour l'emmener en dehors de la ville, là où il y a ce promontoire. On voulait le précipiter dans le vide, on était tous autour de lui, mai il s'est passé quelque chose d'étonnant. On n'a pas réussi à mettre la main sur lui, c'est comme s'il y avait un bouclier autour de lui, et il est parti. Bien sûr, Nazareth il connaît comme sa poche, il y a grandi. Bref il nous a échappé, mais il ne perd rien pour attendre. 

 

Si je réfléchis, je ne comprends quand même pas ce qui nous a pris. D'accord on a peut-être le sang un peu chaud, mais de là à vouloir tuer… C'est comme si un esprit était tombé sur nous et nous poussait à détruire cet homme, comme s'il était un danger public. Encore heureux qu'il soit  arrivé à s'en sortir et à nous échapper. Qu'aurions nous dit à sa mère? 


 

vendredi, janvier 28, 2022

Marc 4, 35-41: la tempête apaisée.

L'évangile de Marc débute par "Commencement de l'évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu". Il se termine,  si l'on peut dire, par le commentaire du Centurion, qui en voyant Jésus expirer, dit: "cet homme était vraiment fils de Dieu".


Et certains épisodes comme celui rapporté aujourd'hui montrent que Jésus est vraiment Dieu. On peut parler d'une épiphanie.

 L'épisode rapporté aujourd'hui a lieu juste avant que Jésus ne débarque en pays dit païen, où on élève des porcs en quantité, et où il sera accueilli par un homme possédé par un démon, homme qui est plus animal qu'être humain.


 On peut comprendre que les esprits qui font la loi dans ce pays ne veulent pas du tout de la présence de Jésus chez eux, et vont tout faire pour le tuer, ce qui arrivera de la même manière quelques mois plus tard quand les autorités décideront de tuer cet homme qui dit avoir Dieu pour Père. 


Si j'écris cela, c'est qu'il y a des harmoniques possibles. Les disciples sont dans la tourmente, le mal semble avoir gagné haut la main, Jésus semble dormir du sommeil du juste, mais ici on le montre sourd et aveugle à ce qui se passe, un peu comme s'il était "mort". Et une fois réveillé, il se dresse, il parle, et la mer se tait, le calme revient; mais la crainte, elle, demeure chez les disciples, exactement comme après la résurrection où dans la seconde finale de l'évangile de Marc, il est dit que certains doutaient encore". 


Un disciple raconte:


On avait passé une rude journée, on aurait bien voulu retourner à la maison à Capharnaüm, nous changer, respirer, dormir. Mais non, le Maître a voulu que nous partions en pleine nuit en direction de l'autre côté de la mer.  Lui, il s'est installé à l'arrière, il s'est allongé sur le coussin, et manifestement il s'est endormi du sommeil du juste. Je dois même dire qu'il ronflait un peu. 


Tout allait bien, mais d'un coup, comme nous commencions à être vraiment loin de chez nous et plus proche du pays des Géraséniens, le vent s'est mis à souffler, souffler souffler, le lac à gonfler, gonfler, et les vagues sont devenues de plus en plus fortes. J'avais l'impression qu'elles faisaient exprès de se jeter dans le bateau, qu'elles en voulaient à la vie de Jésus, qu'elles nous voulaient du mal. On écopait l'eau, mais on n'y arrivait pas, et le vent soufflait de plus en plus; la barque commençait même à tournoyer sur elle-même et, croyez-le ou ou pas, Jésus dormait, comme s'il ne sentait pas le roulis, et l'eau qui par moment lui tombait dessus. 

 

Si la situation n'avait pas été aussi dramatique, on aurait pu en sourire, mais là, nous étions sur le point de sombrer, alors tous ensemble on a crié pour qu'il se réveille. Lui qui fait tant pour les autres, il pouvait bien faire quelque chose pour nous, qui étions a deux doigts de périr dans ce lac déchainé. 


Mais dans mon souvenir, on ne lui a pas dit, "Seigneur au secours, fais quelque chose", mais non, on lui a posé une question, comme pour le rendre responsable de ce qui nous arrivait. On lui a dit: "Seigneur nous périssons, ça ne te fait rien"? Peut-être qu'au fond de nous, nous pensions qu'à Lui rien ne pourrait arriver et qu'Il s'en sortirait..


Alors il s'est levé, et là, de sa voix de stentor il a menacé la mer, il lui a ordonné de se taire. La mer s'est tue, les vagues sont mortes, et nous étions dans un silence étonnant. 


Je pensais à Moïse qui, lui, n'avait pas parlé, mais qui avait dompté la mer…


Et là, maintenant que nous étions sauvés, il nous a posé une question. Il nous a demandé pourquoi nous étions si craintifs, et pourquoi nous n'avions pas confiance. On ne savait pas quoi dire, mais une tempête pareille, ça ne permet pas de penser. On se demande juste ce qui va se passer quand la barque s'enfoncera dans les eaux en colère. 


 Et là, on s'est bien rendu compte que celui qui était avec nous, il vivait bien comme nous, mais il était, le maître de la mer, le maître des éléments, et qu'il était présence du Tout Puissant parmi nous. 


Nous avons accosté et là, je crois que j'ai compris que qui s'était passé. C'était un combat que je pourrais qualifier de titanesque des forces du mal qui possèdent cette partie du pays, qui en sont les maîtres et qui ne veulent pas que la bonne nouvelle du Salut arrive, car elles perdraient tout leur pouvoir: alors notre Jésus, elles ont essayé de le tuer, de le noyer, mais il a été le plus fort. Il est le plus fort: il est le fils du Très Haut.. 

vendredi, janvier 21, 2022

Marc 3, 10: " jésus gravit la montagne".

Marc 3, 13-20


13 En ce temps-là,  Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui, 

 

14 et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle 

15avec le pouvoir d’expulser les démons. 

 

 

16 Donc, il établit les Douze : Pierre – c’est le nom qu’il donna à Simon –, 

17 Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques – il leur donna le nom de « Boanerguès », c’est-à-dire : « Fils du tonnerre » –, 

18 André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélote, 

19 et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.

C'est l'appel des disciples dans l'évangile de Marc. Dans la périscope précédente, on a vu que Jésus est tellement pressé par la foule qu'il doit prendre de la distance avec la foule et monter dans une barque. L'impression que cela donne, c'est que cet évènement peut lui faire prendre conscience qu'il a besoin d'aide, et que comme Moïse qui a eu besoin d'instituer des juges, lui aussi doit choisir lesquels seront les plus à même de l'aider pour que le Royaume de Dieu soit annoncé. 

L'évangéliste emploie de verbe "gravir" et c'est le même verbe employé dans l'évangile de Matthieu au chapitre 5, quand Jésus ayant gravi la montagne, ouvre la bouche et instruit ceux qui sont autour de lui, et leur donne la charte des Béatitudes. Jésus le nouveau Moïse., sauf que Jésus ne répète pas des paroles entendues, mais qu'il donne La Parole. 

Gravir, ce n'est pas n'importe quel mot. Ce n'est pas simplement "monter" comme dans le livre de l'Exode quand le Seigneur demande à Moïse de monter sur la montagne où Lui-même Il se tient. C'est gravir, comme on gravit un escalier, mais pas n'importe lequel, l'escalier qui mène au Très Haut, et c'est un acte liturgique. Si Jésus gravit la montagne, c'est bien pour trouver son Père e poser par la suite un acte important.

On sait aussi, que Jésus passe souvent la nuit en prière dans des lieux "déserts". Cela n'est pas dit dans le texte de Marc. Puisque Jésus gravit, appelle et en institue douze pour être avec lui, un peu comme sa troupe d'élite, mais aussi pour annoncer la bonne parole et expulser les démons.

Alors je me suis un peu écartée du texte, pour parler de cette nuit que Jésus a pu passer avec son Père, avant d'appeler ceux qu'ils voulait. 

Comme je l'ai dit, c'est finalement ce verbe "gravir" qui a servi de départ à cette visualisation, méditation.

Jésus monte lentement, religieusement, calmement sur cette montagne qui domine le lac,  parce qu'il sait qu'il a besoin de conseil, de calme, de se retrouver et aussi de retrouver son Père. 


Et cette nuit là, il va comprendre que comme Moïse, il a besoin d'aide; ce qui vient de se passer, ces gens qui se jettent sur lui pour être guéris, pour le toucher, ces démons qui font que des hommes et des femmes se jettent à ses pieds et beuglent qu'il est le fils de Dieu, cela il ne le veut plus. 


Alors il prie, il demande à son Père ce qu'il doit faire. Et la réponse est là, fais comme Moïse, fais toi aider. Mais par qui va-t-il se faire aider, sachant ce qui l'attend? Et là aussi il a dû réfléchir, penser, peser le pour et le contre. 

 

Et jésus raconte…


Bien entendu, il y a ceux qui m'ont  suivi dès la première heure, mais que deviendront-ils dans la tourmente? Mais à chaque jour suffit sa peine. C'est aujourd'hui que j'ai besoin d'avoir des hommes autour de moi et avec moi.

 

Alors il y aura Simon, c'est peut-être celui qui me connaît le mieux. il m'a pratiquement donné sa maison à Capharnaüm.  il sera sera alors le roc, et je lui donnerai un nom nouveau. Il s'appellera Pierre, Il y aura André, son frère. Il y aura les deux autres, Jacques et Jean, mais ils sont un peu comme des chiens fous. Alors que feront ils de la force que je vais leur donner, cette force qui est en moi, quand ils seront contrariés? ? Ne se prendront-ils pas pour le prophète Eli, qui aimait tant faire tomber le feu du ciel? Mais n'ont-ils pas quitté leur métier, leur père, pour me suivre et ils sont toujours là?. 

 

Il y aura bien sûr Philippe et Barthélémy, et puis il m'en faut d'autres, parce que Père, ces hommes que je choisis pour que ton Règne arrive, ils seront comme les patriarches des douze tribus d'Israël, ils seront les fondements du nouveau Royaume., de ton Royaume. 

 

Et il y a Matthieu, que parfois on appelle seulement Lévi: il sera surement utile pour faire les comptes, et tant pis si les pharisiens continuent à voir en lui un homme aux mains sales. 


Il y aura Thomas, lui il a bien les pieds par terre., et encore Jacques, fils d’Alphée, Thaddée. Et puis pourquoi par cet autre Simon qui a fait partie de ceux qui veulent libérer le pays pas la force et enfin Judas, qui est de ce petit village. Je ne sais pas grand-chose de lui, mais c'est un grand sensible,. Peut-être qu'il ne sera pas un roc lui. Je sais bien qu'un jour l'un des douze me livrera, mais est-ce que ce sera l'un d'entre eux ou un autre quand ma tête aura été mise à prix? . Toi Père tu le sais, toi seul.

 

A ces douze, selon ton Désir ô mon Père, je donnerai le pouvoir d'expulser les démons, et d'annoncer la bonne nouvelle, mais surtout ils seront avec moi, ils seront ma famille et leur ferai connaître tour l'Amour que tu as pour les hommes.

 

Maintenant, je vais les appeler, et je leur donnerai le nom d'apôtre, car ils sont mes envoyés, tes envoyés. Je te demande de leur donner le pain dont ils auront besoin, de ne pas les laisser succomber aux ruses du diable et surtout de les délivrer de ce Mal qui est si présent, de ce Mal qui un jour croira être plus fort mais qui est déjà vaincu.

 


dimanche, janvier 16, 2022

Jean 2, 1-11. Remplissez d'eau les jarres.

 Les noces de Cana. 

C'est le début du chapitre 2. 

Jésus a été baptisé par Jean qui a reconnu et annoncé à ses disciples l'agneau de Dieu. Et il y a eu le "recrutement" des cinq premiers. Peut-être sont-ils venus à Nazareth faire la connaissance de la famille biologique de Jésus. Toujours est-il qu'ils sont invités avec Marie (qui devait être la vraie invitée) à Cana. Et Marie veille comme toujours, que ce soit sur son fils ou sur les autres. Et elle voit que le vin manque (ou va manquer) et elle se tourne vers son fils qui dans un premier temps ne lui répond pas très bien. D'ailleurs il n'y aura pas de mots entre elle et lui, sauf plus tard sur la croix, quand le sang deviendra vie neuve, vie nouvelle. Mais là, ce n'est que le début. Mais et cela c'est magnifique, Marie ne se démonte pas devant ce refus. Elle demande juste aux serviteurs d'obéir, même s'ils ne comprennent pas.

Et là il se passe ce que nous connaissons bien: la demande de Jésus aux serviteurs.. D'abord puiser de l'eau et remplir les jarres, ce qui a dû prendre un certain temps. Peut-être que c'est cela aussi l'important, faire peut-être quelque chose que je ne comprends pas. Puis puiser (dans ce nouveau puits) et faire constater que quelque chose s'est produit, mais que ce n'est pas du bon c'est du très bon comme dans la Genèse quand Dieu commence à créer du vivant. 

On connait la fin. Ce que je retiens, c'est peut-être le fait que remplir ces jarres, cela a pris du temps et que c'est parfois ce que le Seigneur nous demande, être des serviteurs. Et lui, ensuite, il peut agir et faire que c'est Lui qui est révélé et que je ne peux qu'être dans la louange devant ce qu'il a fait en toute discrétion.

Il y a aussi autre chose: ces jarres ce ne sont pas n'importe quelles jarres, elles servent pour les purifications, donc elles ne doivent contenir que de l'eau, et peut-être pas n'importe la quelle. Et voilà qu'elles contiennent le vin, du vin pour les noces. Alors peut-être que cela préfigure le sang qui sera versé pour l'humanité puisse être sauvée par l'agneau, et aussi le vin qui sera partagé le soir du repas pascal. Mais j'imagine qu'il a fallu ensuite du temps pour que les jarres reviennent à leur fonction première. Mais je crois que c'est l'avantage de la pierre, elle n'est pas poreuse, donc elle ne prend pas d'odeurs.

 

J'ai laissé (comme l'an passé) parler un serviteur, puis (c'est nouveau) le disciple qui a rapporté ce premier signe.

Un serviteur raconte.

 

Voilà ce que c'est quand on laisse au marié le soin d'organiser les noces. Ces jeunes ils croient tout savoir, mais s'il avait laissé faire son père, on n'en serait pas là, à manquer de vin. C'est sûr que les invités vont raconter à tout le monde ce qui s'est passé. Enfin c'est leur problème, sauf que nous aussi, on aime bien boire un peu de vin pour nous donner du cœur à l'ouvrage. 

 

Un homme est venu nous voir. On pensait qu'il voulait une amphore de vin, mais il nous a donné un ordre pour le moins étonnant, remplir d'eau les jarres de pierre qui sont prévues pour les rituels de purification. Une femme était venue nous voir quelque temps avant pour nous dire que si cet homme, son fils, nous demandait de faire quelque chose, il fallait le faire; On l'a regardée un peu de travers, mais bon, nous ne sommes que des serviteurs.

 

Et on a commencé à remplir ces jarres. Même à quatre, ça nous a pris un sacré bout de temps, et on en avait vraiment plein le dos. Enfin on a obéi. Après il nous a dit de puiser dans une des jarres et d'apporter l'outre au maître du repas. Et là, on s'est rendu compte que l'eau était devenue vin. Je crois que cela doit s'appeler un miracle. Et le maître a bu, et il semblait à la fois content et à la fois en colère, parce qu'il avait bien remarqué que le vin était sur le point de manquer. Il a interpellé le marié en lui disant que ça ne se faisait pas de garder le bon vin pour la fin.. Cela nous a fait rire, nous aussi on le trouvait vraiment très bon ce vin. Et la fête a continué. 

 

Seulement ça nous a fait quelque chose. C'était vraiment un miracle; moi, je suis allé parler avec ceux qui accompagnaient ce Jésus. Ils nous ont dit qu'il était de Nazareth, qu'il était le fils du charpentier, mais qu'il était aussi, parce que c'est ce que Jean le Baptiste leur avait dit, celui que l'on attendait, l'agneau de Dieu, l'agneau qui donnerait sa vie. Bon ça, ça nous dépassait un peu, pour ne pas dire beaucoup, mais cet homme, il fera sûrement de grandes choses. 

 

 

Jean le nouveau disciple de Jésus raconte.

 

 

Nous étions maintenant cinq autour de lui. Il y avait Simon et André, Philippe et Nathanaël et moi.  Il nous a conduits à Nazareth pour que nous puissions faire connaissance avec sa famille, mais surtout avec sa mère. Moi, je l'ai tout de suite aimée sa mère; comme une mère. Il fallait voir aussi avec quelle admiration elle le regardait. Elle était invitée à des noces à Cana et elle nous a invités à venir avec elle. 

 

Ce fut un beau mariage, avec comme dans tous les mariages, de la musique, de la danse, de la joie, et bien sûr du vin. Sauf que le vin il fallait un peu pleurer pour en avoir, comme s'il n'y en avait pas assez. Marie s'est renseignée, elle veille vraiment à tout cette femme. Et elle est allée voir Jésus pour lui dire qu'il y avait un problème, que le vin allait manquer. 

 

Lui, il a fait la tête, il n'y a pas d'autres mots. Il l'a envoyée bouler en lui disant une drôle de phrase que je rapporte, parce que je l'ai entendue. Il lui a dit, "Femme, que me veux-tu, mon heure n'est pas encore venue". Est-ce qu'on parle comme cela à sa mère? Et il est parti. Sauf qu'elle ne s'est pas démontée et qu'elle est allée voir les serviteurs en leur disant de faire tout ce qu'il leur demanderait; et elle l'a montré du doigt pour qu'ils le reconnaissent bien. 

 

Un peu de temps a passé; il est allé vers les serviteurs et il leur a demandé de remplir d'eau pure les jarres qui servent à contenir l'eau pour les bains de purification. À voir leur tête, ils n'étaient pas ravis. Aller chercher de l'eau, pour autant de jarres, cela en fait des allers et venues. Mais ils l'ont fait. Je crois qu'ils ont dû le trouver un peu fou. 

 

Quand les jarres ont été remplies, il leur a dit de puiser un peu, et d'apporter une coupe au maître de la noce. Là, j'ai vu qu'il s'était passé quelque chose, parce que le serviteur qui a fait cela était tout réjoui. L'intendant a goûté, et il s'est tourné vers le marié, presque en râlant. C'est sûr qu'il avait dû avoir peur que le vin ne manque, mais surtout il ne comprenait d'où sortait ce vin qui était aussi bon, parce qu'en général, quand les gens ont bien bu et ne sont plus trop capables de se rendre compte de la qualité du vin, on leur sert de la piquette. Mais là non, c'était du vin et du très bon vin. 

 

Alors nous, les cinq, on était dans une grande joie. En toute discrétion notre maître avait aidé un jeune couple, et il leur avait donné du vin, du vin excellent et cela c'était pour nous un signe, un signe merveilleux. Oui, celui que Jean le Baptiste avait appelé l'agneau de Dieu était bien l'envoyé, le Messie, et avec lui, nous ferons de grandes choses. Et surtout la Gloire du Très Haut se manifestait.

 

 


samedi, janvier 15, 2022

Marc 2, 1-12.La guérison du paralytique de Capharnaüm.

Mettre en parallèle les synoptiques quand ils décrivent un miracle cela a du bon, cela permet de voir ce qui est propre à chaque rédacteur. Là, par exemple, le "mon enfant" ne se trouve que chez Marc et chez Matthieu. Et c'est peut-être à partir de cela que j'ai raconté le vécu de cet homme. 

Le paralytique raconte.

Le paralytique raconte.

 

Il y a un petit bout de temps, ma femme a su qu'il y avait un homme qui guérissait à tour de bras. Il habite dans la maison de la belle-mère de Simon, le pêcheur, mais quand on a voulu m'y transporter, on nous a dit qu'il était parti et personne ne savait quand il allait revenir. L'ennui c'est que depuis que je ne peux plus me servir de mes pauvres jambes, j'ai pris du poids, je suis un vrai poids lourd, je dirai même un poids mort; mais on a des amis qui nous préviendront s'il revient. Et aujourd'hui, ils sont venus nous dire que Jésus, parce que c'est son nom était de retour. Alors quatre de mes amis sont venus à mon aide, et tous les cinq nous sommes partis. Arrivés devant la maison, impossible de rentrer et personne, je dis bien personne, n'a fait le moindre effort pour nous frayer un chemin pour nous permettre d'entrer.

 

Des fois, on se demande ce qu'ils ont dans la tête les gens, tous ces gens qui se disent pratiquants, et qui sont là pour écouter la bonne parole. Pas un, je vous dis. Alors mes amis ont eu une idée, passer la terrasse. Et là, il a fallu me hisser le long de l'escalier, arriver tout en haut. Ils en ont vu de toutes les couleurs mes amis, surtout qu'il faisait bien chaud. Ensuite c'est moi qui ai eu la peur de ma vie quand ils m'ont descendu sur mon brancard par le trou qu'ils avaient fait. Bon, le trou on le rebouchera, on fera même du plus beau plus tard, mais là, c'était dans l'urgence. Et me voilà aux pieds de Jésus. Il était assis. Et il y a eu un grand silence et mes amis sont arrivés eux aussi. Jésus les a regardés, m'a regardé. Et il ne m'a rien demandé, il m'a juste dit: "mon enfant, tes péchés sont pardonnés". 

 

Je m'attendais à tout sauf à ça, mais vous ne pouvez pas savoir ce que j'ai ressenti à ce moment là. Il m'a dit "mon enfant", à moi qui me sens tellement dépendant, tellement inutile, mais c'était plein de tendresse, comme un père peut le dire à son fils. Et surtout, c'était comme si un poids énorme m'avait été enlevé, et j'étais à deux doigts de me lever quand Jésus a pris la parole. Il s'est adressé aux scribes qui étaient là, et qui ne disaient pourtant rien, sauf que la désapprobation se lisait sur leur visage;

 

Je les connais les scribes, et je sais bien qu'ils pensaient que Jésus s'était pris pour Dieu, puisque Dieu seul, béni soit-il, a le pouvoir de pardonner. Mais il a bien dit que mes péchés étaient pardonnés, et j'ai pensé à notre père David, dont le péché a été pardonné et à la phrase du prophète Isaïe: "vos péchés seraient comme le cramoisi, ils deviendront blanc comme la neige, s'ils étaient rouges comme la pourpre, ils deviendraient comme la laine". Et il a eu une phrase étonnante, il leur a dit que pour qu'ils sachent que le Fils de l'Homme a le pouvoir de remettre les péchés, alors, il allait leur donner un signe et ce signe c'était ma guérison. Il se nomme "le fils de l'homme", alors qui est-il? 

 

Et là il s'est adressé à moi en me disant de me lever, de prendre mon brancard et de rentrer chez moi. Comme je l'ai dit, la force dans mes jambes, elle était là depuis que mes péchés avaient été ôtés, et j'ai obéi dans la joie. 

 

Je suis rentré chez moi, mes amis me suivaient et tous nous louions Dieu qui a donné un tel pouvoir à ce homme. Qui est-il vraiment? Certainement plus qu'un guérisseur. N'est-il pas le Messie que nous attendons, celui qui vient nous délivrer et nous donner la vie? 

  

mercredi, janvier 05, 2022

Marc 6, 45-52: les disciples pris dans la tempête.

C'est ce qui est rapporté par Marc tout de suite après la multiplication des pains. Ce que je retiens, c'est que même si Jésus n'est pas avec ses disciples dans la barque, il est attentif à ce qui se passe, du lieu où il se trouve (la montagne, le ciel). Quand il se rend compte que la mort est là, que le danger est grand, il n'hésite pas à quitter ce qu'il faisait (être avec son Père) pour venir à l'aide. 

Je remarque aussi que le danger peut faire qu'on ne le reconnaisse pas, je veux dire qu'on ne se rende pas compte que l'aide est là. Et que Jésus ne demande pas à la tempête de s'apaiser. Ce n'est que lorsqu'il peut monter dans la barque, qu'il a sa place avec nous, que le vent tombe. 

Mais la phrase qui résonne en moi c'est ce verset "Voyant qu’ils peinaient à ramer, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il voulait les dépasser", parce que je trouve ce regard de tendresse tellement important; jésus voir qu'ils n'arrivent pas à ramer parce que les vents sont contraires. Et cela c'est tellement fréquent, et savoir qu'il nous regarde, qu'il est prêt à quitter le lieu de son repose pour nous, donne un tel espoir.

Mais la dernière phrase: ils n'avaient rien compris au miracle du pain car leur coeur était endurci, je la trouve assez dure. 


J'ai essayé de faire raconter le vécu de cette nuit, par un des disciples qui a dû reprendre la navigation en pleine nuit.

Un disciple raconte: 

 

Il aurait dû être content le Maître, notre Maître. Hier nous nous étions  bien démenés pour que tout le monde ait à manger, pour que tout le monde soit satisfait. je dois dire qu'on  s'était bien fatigué. On avait même trouvé des corbeilles pour ramasser tous les morceaux de pain qui restaient de ce repas improvisé d'hier soir. Du poisson il n'y en avait plus, et c'est bien dommage: on ne pouvait pas en mettre un peu de côté pour nous et pourtant c'était bien avec nos poissons qu'il a nourrit tout le monde. On aurait bien voulu passer un peu de temps avec lui, même s'il y avait encore du monde.

 

 Mais non, il n'a rien voulu entendre. Il nous a obligé à repartir pour aller à Bethsaïde, là où se trouve la maison d'André, pour arriver avant lui là-bas. 


On est parti, mais on grognait un peu, pour ne pas dire beaucoup. Et pour comble de malchance, le vent s'est levé, la tempête est arrivée, les vagues nous secouaient, nous malmenaient et on ne savait plus du tout où nous étions. on avait déjà essuyé un sacrée tempête, mais il était avec nous, et c'était différent. Là nous étions seuls dans cette nuit d'encre. on avait beau ramer, la barque avait du mal à avancer et pour la direction, ça on ne savait plus du tout où on était.

 

Et tout d'un coup, on a vu une espèce de silhouette qui se mouvait sur ces vagues, et là on était sûr que c'était l'esprit d'un de ceux qui ont péri dans le lac, un de ces esprit qui veut du mal, un fantôme sans sépulture. On avait tellement peur qu'on a hurlé, nous des hommes faits.


Et pourtant, en regardant bien, cette silhouette ce n'était pas un fantôme, c'était celle de notre maître. À croire qu'il avait vu combien nous avions de mal dans cette nuit d'encre. Il marchait sur la mer. Vous vous rendez compte. Il allait droit devant lui, il allait nous dépasser. Mais quand nous avons hurlé, la forme s'est arrêtée, et on crié "à l'aide". . On aurait dit qu'il n'attendait que ça. Et là, nous l'avons vraiment reconnu, mais croyez-moi, ce n'était si facile.. 

 

Mais ça soufflait toujours. Dans la tempête, il a ouvert la bouche, il nous a rassurés, demandé d'avoir confiance, et c'était bien son timbre de voix. 


On l'a aidé à monter dans la barque, parce que ça tanguait beaucoup. Et d'un coup le vent est tombé et nous avons accosté. 

 

Nous étions stupéfaits, bouleversés. Certes nous étions sains et saufs, mais comment avait-t-il pu nous voir de sa montagne, comment avait-t-il pu marcher sur ces vagues, comment avait-t-il pu donner à manger à toute cette foule. Parfois on comprend, mais parfois nous avons eus peu peur. Je dois reconnaître qu'on est dépassé. et il nous fait même un peu.peur. Le Très Haut n'est-il pas le seul à être le maître des éléments? Qui est-il vraiment celui qui nous a choisi? 

 

 

mardi, janvier 04, 2022

Marc 6, 34-44. Temps après l'Épiphanie. Première multiplication des pains.

C'est la première multiplication des pains. Jésus a "récupéré" ses disciples qui ont effectué leur première mission, ils sont partis sans provisions pour la route, avec leur bâton, pas de pain, pas de sac, pas d'argent dans leur ceinture. Ils partent, ils proclament qu'il faut se convertir, ils ont expulsé les démons et fait des onctions d'huile (ce que Jésus ne fait pas). Et là où est Jésus, les arrivants et les partants étaient si nombreux que l'on n'avait pas le temps de manger. C'est alors que Jésus leur propose de se reposer et donc de prendre la barque pour aller dans un lieu désert. Sauf que les "gens" ont compris où va Jésus et le précèdent et c'est l'épisode de ce jour.  

Un apôtre raconte

 

Il nous avait envoyé en mission, car c'est bien le mot. Mission de parler de lui, mission d'appeler à la conversion, mission de guérir, mission de chasser les esprits mauvais. Mais il nous a aussi envoyé sur les routes, sans rien. Je veux dire qu'il n'a pas voulu que nous prenions un peu d'argent avec nous, ou du rechange. Non juste nos bâtons. Et cela s'est bien passé, mais quelle fatigue tous ces gens qui vous entourent et demandent encore et encore. Parfois on a l'impression que ça ne finira jamais. Je me demande comment il fait Lui, pour garder toujours le sourire, pour guérir encore et encore. Et nous sommes rentrés. Mais il y avait tellement de monde, qu'on a eu du mal pour nous retrouver dans notre propre maison. Alors il nous a proposé de prendre la barque pour aller sur la côte un peu plus loin là où il y a une source, pour passer du temps avec lui, pour nous reposer. 

 

Et nous sommes partis. Seulement les autres, ils avaient entendu et compris où nous allions, ce qui fait que quand nous avons accosté, il y avait une véritable foule sur la plage. Je dois dire que nous n'étions pas contents du tout. Nous avions besoin de l'avoir un peu pour nous, lui raconter ce qui s'était passé. Et là nous avons cessé d'exister pour lui. Il s'est mis à leur parler, à les enseigner; Il était comme le berger qui rassemble ses brebis, qui leur fait comprendre qu'elles appartiennent toutes à un même troupeau, et qu'elles ont un seul berger. 

 

Et le temps a passé, et nous nous avions faim, mais vraiment faim. Alors comme la nuit allait tomber, on lui a demandé de renvoyer la foule pour qu'elle puisse acheter à manger, parce qu'ils étaient là depuis des heures. Mais il l'a mal pris. Il nous a dit qu'on n'avait qu'à s'en occuper nous-même. Et à nous non plus cela n'a pas plu. On a essayé de lui faire comprendre que l'argent ça ne poussait pas sous le sabot d'un cheval, qu'il faudrait le salaire de deux cent journées de travail et que cet argent bien entendu, on ne l'a pas. Il a soupiré et nous a demandé ce que nous avions nous, pour manger,  parce que c'est toujours nous qui pensons à cela. 

 

Nous avons cherché ce que nous avions pris un peu à la hâte, et lui avons répondu que nous avions cinq pains et deux poissons. Ce n'était pas énorme, même pour nous. Mais on le lui a donné.

 

Il nous demande de faire asseoir tout le monde; on se demandait ce qui allait se passer. Il a pris les pains il a regardé longuement vers le ciel, très longuement. Il a prononcé la bénédiction rituelle, "tu es béni Seigneur roi du ciel et de la Terre toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes", et  il a commencé à rompre le pain pour le partager. 


Et là, et là, il y a eu du pain à profusion, et des poissons à profusion et il nous a dit de distribuer à tous et à toutes et aux enfants. 

 

Nous étions comme transportés ailleurs. Nous n'avions plus faim, nous n'avions plus soif, nous étions dans la joie. Et de la nourriture il y en a eu plus que largement car on en rempli 12 corbeilles et pourtant il y en avait du monde, plus de cinq mille hommes. 


Nous avons mangé de ce pain-là, de notre pain. Nous avons bu de l'eau de la source, et nous avons mangé. Il nous a dit alors de repartir, de prendre la barque et qu'il se chargeait de renvoyer ceux qui étaient là. Et nous sommes partis dans la nuit, sur le lac.