jeudi, septembre 18, 2008

"De la charité à la foi."

Si on lit l'épître aux Corinthiens(une des premières épîtres datée de 54) et en particulier le chapitre 13, on voit que Paul met toute son insistance sur la charité (on dit l'Amour aujourd'hui). La charité est plus forte que la foi, celle qui transporterait les montagnes. On peut penser que celui qui vit de cette charité là, est ajusté au désir de Dieu qui est Amour et que, devenu "juste" il sera "sauvé" c'est à dire connaîtra la vie éternelle en participant à la gloire de Père, avec le Fils et dans l'Esprit.

Si on travaille l'épître aux Romains(qui est très postérieure 57), il semble bien qu'il y ait quelque chose de très différent dans le discours de Paul. C'est la foi, c'est à dire la confiance absolue en la Parole (ou la Promesse) qui donne le salut. La démonstration à partir d'Abraham qui est justifié parce qu'il a cru (peut-être contre toute espérance) dans la Parole, est si l'on veut exemplaire, quoique pour ma part, je la trouve très rabbinique (mais cela c'est mon point de vue).

Du coup, il y a chez Paul, une sorte de glissement, voir de clivage qui s'introduit, avec la question des oeuvres et de la foi. Suffit-il de croire pour être sauvé?

Paul lui a fait l'expérience que c'est la rencontre avec Jésus, ressuscité par la volonté du Père, qui a provoqué en lui une changement radical, qui a fait de lui un homme nouveau, possédé par l'amour de ce Jésus qu'il avait voulu persécuté en persécutant la communauté naissante.

Le Juste est-il celui qui a cru en Jésus mort et ressuscité pour le salut du monde ou celui qui agit dans l'amour. Il semble bien que ce soit celui qui mette sa foi dans le Seigneur qui soit le nouveau Juste. Mais si on regarde la trajectoire de Paul, il semble évident que cette foi est passée dans les actes, puisqu'il s'est mis immédiatement à annoncer l'évangile et à vivre plus que dangereusement pour son Seigneur.

Pourtant il oppose la foi et les oeuvres. Sauf que les oeuvres (me semble-t-il), ce sont pour lui les signes d'appartenance à la religion originaire de Jésus, à savoir essentiellement la circoncision, la pratique de la loi, et la séparation d'avec les "impies".Or Jésus s'est Lui-même souvent mis en porte à faux vis à vis d'une observance de la loi qui tue, qui en fait une lettre morte. Paul continue donc bien le message évangélique.

Il me semble quand même que beaucoup de juifs qui observent et accomplissent la loi, sont de très "saints" hommes(et femmes) et que pour eux il n'y a pas de confusion entre l'observance et l'actualisation de la Parole (Thora).

Il y a cependant une phrase, dans l'épître aux Galates- qui est une épître antérieure à l'épître aux Romains, mais postérieurs à la première aux Corinthiens- une phrase pour moi très importante et qui aurait peut-être évité la querelle autour de la justification par la foi.

Voici cette phrase: " En effet, dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant par la charité".

La foi si elle ne s'exprime pas par la charité, n'est pas suffisante pour justifier et donner le Salut.

Pensées vagabondes à propos de la pécheresse pardonnée.

Quand j'écoute une lecture, très souvent il y a un mot qui s'impose à moi, surtout quand la traduction me surprend. Ce fut le cas aujourd'hui pendant la lecture de l'épisode de la pécheresse pardonnée en Lc7, 36-49.Si la Bible de Jérusalem (qui est un peu ma référence) dit, "et voici qu'une femme qui dans la ville était une pécheresse, la traduction liturgique elle emploie une phrase beaucoup plus lapidaire: "Survint une femme de la ville, une pécheresse.Et c'est le mot "ville" qui a fait écho en moi. Pour beaucoup d'entre nous, la ville n''est pas un lieu recommandable. C'est un lieu de danger, où tout peut arriver et quelqu'un qui vient de la ville n'est pas forcément recommandable.

Alors voilà cette femme qui entre, alors qu'elle n'est pas invitée, qui s'installe directement aux pieds de celui qui lui a été invité et qui est peut-être à la place d'honneur, donc bien en vue. Cela me fait alors un peu penser à Marie, la soeur de Marthe qui elle aussi est tout contre Jésus, puisqu'elle assise à ses pieds.

Et cette femme, dont on ne nous dit rien si ce n'est qu'elle est une pécheresse, et que nous considérons comme une madame qui vend ses charmes, fait en fait pour Jésus ce qu'elle sait si bien faire, donner du plaisir. EN général nous scotomisons les faits pour rester sur l'affect: elle arrosait ses pieds de larmes. Mais si on reprends les gestes qui sont décrits et d'ailleurs énumérés par Jésus, les larmes mais surtout les baisers et l'onction (massage) pour faire pénétrer le parfum, sont des gestes à connotation érotique. Ces gestes donnent du plaisir à celui qui les reçoit. D'une certaine manière, elle fait pour Jésus ce qu'elle sait faire, mais elle le fait gratuitement et avec tout l'amour dont elle capable.

Ceci montre bien la transformation qui s'est faite en elle.

Et j'aime à penser que c'est cet amour là qui lui a valu le pardon de ses nombreux péchés, et non pas seulement ses larmes.

mercredi, septembre 17, 2008

"Le fils de la veuve de Nazareth".

En écoutant hier l'épisode de la résurrection du fils de la veuve de Naïm, veuve dont on ne connaît pas le nom (Lc7,11-17), je me disais, puisque cette résurrection n'est pas consécutive à une demande, qu'elle peut être lue autrement.

Ce jeune homme, fils d'une veuve, n'a pas de descendance, comme le fils de la veuve de Nazareth. Comme lui, il est fils unique (même si on ne sait pas bien ce qu'il en est des "frères de Jésus").

Mais lui, il a un "bel ensevelissement" tout le monde est là, autour de sa mère et autour de corps. Pour Jésus, cela sera fait à la sauvette, à la tombée de la nuit, avec bien peu de monde et sûrement pas des pleureuses professionnelles.

Il est dit au début de ce texte que Jésus était suivi de ses disciples et d'une foule nombreuse. Le soir de ce vendredi, on peut compter les personnes sur le bout des doigts.

C'est la compassion de Jésus pour cette femme dont on dit que la condition de veuve était une des pires qui soit en Israël à cette époque, qui semble être à l'origine du miracle.

La phrase:"ne pleure pas" peut avoir son écho dans la phrase adressée à Marie-Madeleine: "femme pourquoi pleures-tu?". Peut-être que Marie qui gardait toutes ces choses dans son coeur, si elle a entendu parler de ce miracle, elle qui était veuve, a pu savoir dès ce moment que son fils ne l'abandonnerait pas.

Quant à la phrase "Jeune homme lève-toi", nous ne savons pas comment s'est passée la résurrection de Jésus, mais lui aussi s'est levé et est redevenu vivant, pas cependant comme le jeune-homme: Il est devenu "Le Vivant".

Marie, la veuve de Nazareth, qui avait perdu son fils unique, qui n'avait pas pu l'enterrer correctement, a pu être elle aussi consolée.

mercredi, septembre 03, 2008

"L'endurcissement".

La lecture de l'office de ce jour (3 septembre) est un texte du livre de Jérémie dont je relève le verset suivant:" Sachez bien cependant que, si vous me tuez, vous serez coupables - vous-mêmes, cette ville et ses habitants - du meurtre d'un innocent, car c'est vraiment le SEIGNEUR qui m'a envoyé prononcer toutes ces paroles pour que vous les entendiez."Jr 26,15.

Il me semble que Jésus aurait pu dire exactement la même chose aux grands prêtres: vous n'avez pas reconnu que c'est le Seigneur qui m'a envoyé prononcer toutes ces paroles.

Et il est alors possible de penser que comme jadis pour Pharaon , il y a eu un endurcissement du coeur et des oreilles des prêtres. Malgré toutes les oeuvres que Jésus a faites (qui sont l'inverse de celles de Moïse) ils ont refusé de voir.

Leur refus (comme jadis celui de pharaon), a permis que Jésus puisse devenir l'Agneau Pascal.

S'ils avaient reconnu en Jésus le Messie, quelle aurait été notre histoire?

Qui a endurci le coeur des prêtres? Les dessins de Dieu demeurent bien curieux...

mardi, septembre 02, 2008

"Brèves suite"

Il y a longtemps que je me pose des questions sur la messe et plus particulièrement sur les "prières eucharistiques". Il m'a fallu du temps pour accepter qu'elles ne puissent être comprises que par des initiés sauf peut-être celle pour les enfants.

Mais mon questionnement est par rapport au mot sacrifice, qui revient comme un leit-motiv. Or curieusement ce mot ne figure pas dans les évangiles sauf quand Jésus cite Isaïe. Jamais Jésus ne dit qu'il s'offre en sacrifice. Alors?

Si sacrifice est "faire du sacré" alors cela c'est une des rôles spécifiques des prêtres qui dans toutes les religions offrent des sacrifices.

Et de fait les prières qui sont dites ne sont pas celles de l'assemblée, mais celles d'un homme qui a choisi ou qui a été choisi comme prêtre et qui parle à un Dieu Père d'une manière assez étonnante, comme s'il oubliait (un peu) que le Dieu de Jésus est un Dieu d'Amour.

Quand on admet cela, on peut passer à autre chose...

petite note: je sais bien que les évangélistes parlent du "sang versé pour les multitudes" ou du "sang versé pour vous", mais Jésus n'emploie pas ce mot de sacrifice. L'important étant peut-être de "faire mémoire", c'est à dire d'actualiser la présence de Jésus ressuscité.

lundi, septembre 01, 2008

"Brèves".

Je ne sais pas si la souffrance subie par Jésus a été rédemptrice, mais je sais que Jésus est mort dans la souffrance et que ceci est ce qui se passe pour pratiquement tous les humains.

Je sais aussi que toute transformation se fait dans la violence, donc quand il s'agit d'humain dans la souffrance.

Quand Jésus dit à ses disciples: "prenez et manger, ceci est mon corps livré pour vous", le simple fait que ce pain soit "mangé" par les disciples est en soi une destruction totale, figure de ce qui va arriver au corps de Jésus par la mort. Pour que le corps renaisse (c'est vrai de l'alimentation qui devient source de vie, parce qu'il y a destruction et transformation), il doit d'une certaine manière disparaître.