mardi, juillet 02, 2024

Jean 20, 24-29. Fête de Saint Thomas.

 

JEAN 20, 24-29. FETE DE SAINT THOMAS.

 

https://giboulee.blogspot.com/2006/05/thomas-dont-le-nom-signifie-le-jumeau.html

https://giboulee.blogspot.com/2011/04/ne-sois-pas-incredule-jn20.html


Mes réflexions.

 

Quand revient cette fête, mais c'est vrai aussi lors du dimanche après Pâques, ce dimanche où l'on rapporte ce qui se passe le premier soir de la semaine qui suit la résurrection de Jésus, je suis toujours un peu triste pour Thomas. Je trouve que l'adjectif "incrédule" est quand même dur à entendre. Il s'oppose peut-être à crédule, croire n'importe quoi, n'importe qui, sans se poser de question, mais il est très péjoratif. 

Pourtant Thomas, lors de résurrection de Lazare, alors que Jésus a pris la fuite pour ne pas être mis à mort, sera celui qui dira quand Jésus prend la décision d'aller à Béthanie, donc tout près de Jérusalem, ce qui veut dire se mettre dans la gueule du loup, qu'il était prêt à aller avec lui et à mourir avec lui. Jn 14,16: "Thomas, appelé Didyme (c'est-à-dire jumeau) dit aux autres disciples: " allons-y nous aussi, pour mourir avec lui". Il a là, un rôle de leader.

En lisant le texte ce matin, j'ai été une fois de plus étonnée par l'insistance portée sur le voir, et cela fait écho avec la première épitre de Jean: 1Jn 1: " Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du verbe de vie, nous vous l'annonçons. Oui la vie s'est manifestée et nous l'avons vue et nous lui rendons témoignage..."

Cette insistance sur le verbe voir, a été comme un déclencheur et j'ai laissé Thomas raconter, avec des mots peut-être un peu trop modernes, mais pourquoi pas.

Thomas raconte.

 

Ils l'avaient attrapé, il avait eu un simulacre de procès, et ils l'avaient cloué comme un malfaiteur, avec deux autres types qui eux étaient des sales types, sur une croix. 

 

Moi je n'avais pas voulu voir ça, voir celui qui état et qui est mon maître et pour qui j'aurais aimé donner ma vie, rendre le souffle. On m'a dit que ça a été rapide, mais après la flagellation, ce n'est pas étonnant. 

 

Après son arrestation au jardin des oliviers, nous nous étions tous plus ou moins dispersé; nous avions peur que la garde des prêtres nous mette la main dessus, nous emprisonne et nous fasse lapider. Ils sont très forts pour trouver de faux témoins.

 

Finalement, nous nous sommes tous retrouvé dans cette grande salle où il nous avait lavé les pieds et où il nous avait tellement de choses, que ce n'était pas possible de toute les retenir. 

 

Je sais quand même qu'il avait dit que nous connaissions le chemin que lui allait prendre pour nous préparer une place et que je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire qu'il se trompait, que le chemin nous ne le connaissions pas. Là, il m'avait cloué le bec en me disant que le chemin je le connaissais, parce qu'il était lui le chemin, (la route), la vérité et la vie. Bon cette phrase là je l'ai gardée, même si je ne la comprends pas trop, mais c'est ma phrase à moi. 

 

La nuit a passé, et quand la nuit a commencé à tomber, je suis sorti. C'était plus prudent d'attendre la nuit, les romains ne sont pas tendres avec ceux qui font mine de se révolter. J'ai acheté de quoi manger. 

 

Quand je suis revenu, alors là, alors là. Ils étaient tout sourire et ils m'ont dit qu'ils avaient vu le Seigneur. Non, mais vous vous rendez compte? Déjà la Marie de Magdala elle était passé le matin, pour nous dire qu'elle avait vu le Seigneur et qu'il lui avait parlé. Mais vous savez les bonnes femmes, elles racontent n'importe quoi, et elle était tellement triste qu'elle a dû tout inventer. Et puis, cette femme, croyez-moi, elle est un peu, pas comme les autres. Elle nous a raconté qu'elle a vu des anges dans la frotte où était le corps, puis quelqu'un qu'elle a pris pour un jardinier et qui aurait été Jésus qui lui aurait parlé. Comment croire cela? 

 

Mais là, c'était un peu fort de café(1) quand même. Impossible de les croire. Alors je leur ai dit que si moi je ne voyais pas dans ses mains la marque des clous, que si je ne mettais pas mes mains dans les trous laissés par les clous, et que si je ne mettais pas ma main dans son côté ouvert, ils pouvaient me raconter tout ce qu'ils voulaient, je ne croirai pas, je ne croirai pas qu'il est revenu à la vie. Comment voulez-vous qu'il revienne à la vie alors que son cœur a été ouvert par la lance du soldat, déchiré. Ce n'est pas possible. Un cœur intact, déjà c'est difficile à croire mais un cœur cassé.

 

Bon, on est resté chacun sur nos positions, mais ils me regardaient un peu de travers et manifestement je sentais bien qu'il s'était passé quelque chose, et j'étais même un peu jaloux, parce qu'ils étaient heureux et moi pas. 

 

Ils m'ont dit aussi,  qu'il avait soufflé sur eux, et qu'il leur avait dit qu'ils recevaient l'esprit saint, cet esprit dont il nous a parlé et qui doit être défenseur, avocat et nous rappeler toutes choses et que par-dessus le marché, il leur avait donné le pouvoir de remettre les péchés. Je me doute bien que ça, ils n'ont pas pu l'inventer, mais quand même, moi j'ai besoin de voir et de toucher pour croire. C'est comme cela, je n'y peux rien, je suis fait comme ça.

 

Une semaine s'est écoulée, la vie avait repris un peu plus normalement. On apprenait à s'aimer les uns les autres comme il nous l'avait demandé et ce n'est pas facile. 

 

Nous étions à table, c'était le premier jour de la semaine, et d'un coup il était là alors que les portes étaient verrouillées. Il nous a adressé la salutation habituelle, celle que l'on dit quand on rentre dans une maison: "la Paix soit avec vous". 

 

Donc il parlait et c'était bien sa voix. Je ne savais pas trop où me mettre et voilà qu'il s'adresse à moi. Uniquement à moi. 

 

Il me dit d'avancer mon doigt vers la marque des clous, et de regarder ses mains. Je voyais bien le trou, sauf que ce n'était plus un trou sanguinolant, mais autre chose, c'était lumineux et sombre, ça disait trou, mais ça disait aussi ouverture, don, amour. 

 

Il a ensuite ajouté que je devais mettre ma main dans son côté et son côté il était grand ouvert, et on voyait son cœur palpiter, mais c'était certes un cœur, et ce n'était pas un cœur.  Je ne sais pas comment dire ce que j'ai vu, ce que j'ai ressenti. Peut-être que c'est facile pour une femme de dire avec des mots, , mais pour un homme, c'est autrement plus difficile. J'étais comme happé, captivé par ce cœur, d'où sortait un amour infini pour moi, qui avais douté. Et en même temps je me demandais comment Il avait pu entendre ce que j'avais dit, alors qu'il n'était pas là. Mon besoin de voir et de toucher pour croire. Cela aussi c'était bouleversant. 

 

Puis, il a eu une phrase qui m'a fendu le cœur, mon cœur à moi, mon cœur d'homme, mon cœur de chair. Il m'a dit qu'il était temps que je cesse de refuser de croire, il a dit incrédule, et que je sois croyant. Sauf que cela, être croyant, ce n'était plus ma volonté et ma raison, c'était tout mon être qui l'était. 

 

Il me regardait, les autres regardaient, je le regardais et je me suis entendu dire avec tout mon amour pour lui, le ressuscité qu'il était mon Seigneur et mon Dieu. Il a eu l'air très heureux d'entendre ces mots que je n'avais pas cherchés, qui étaient venus tout seuls.

 

Il m'a encore regardé, et il dit que parce que j'avais vu, j'avais pu croire. Cela faisait de moi un privilégié, un élu finalement. Il a ajouté que d'autres, ceux qui croiront sans avoir vu ceux -là, ils seront des "heureux." Je pense qu'il disait ça, pour tous ceux qui un jour entendront parler de lui, et qui croiront qu'il est revenu à la vie, qu'il est le vivant et qu'il est le sauveur du monde. 

 

Et il a disparu, une fois de plus. Mais moi, j'avais son image en moi et cette image personne ne pourra me l'enlever. Et puis, croyez-moi ou pas, mais oui, les trous sont là, seulement ce n'est plus la mort et la souffrance, même si ça l'est aussi, c'est de la vie qui ruisselle..

 

(1) pardon pour l'anachronisme.

 

Rappel du texte.

 

24 L'un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c'est-à-dire Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu.

25 Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

 

Voir le Seigneur, est-ce une hallucination? Est-ce qu'ils n'ont pas été les jouets d'un mauvais esprit? Il est vrai que dans les autres récits, Jésus mange avec ceux qu'il rencontre, les femmes touchent ses pieds. Alors la réaction de Thomas peut se comprendre. Est-ce qu'ils ne sont pas devenus fous?

 

26 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »

 

J'ai toujours pensé que ces manifestations de Jésus, peuvent créer une certaine panique. Portes fermées, et le voilà qui est là, au milieu. Un peu comme le moyeu d'une roue. C'est une belle image.

 

27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;

avance ta main, et mets-la dans mon côté :

cesse d’être incrédule, sois croyant. »

 

J'ai séparé les deux demandes de Jésus qui correspondent bien aux désirs de Thomas, il y a le voir et le toucher, mais la troisième demande, n'est pas facile à entendre. Pourquoi n'as-tu pas pu faire confiance aux autres? Apprends à faire confiance, à me faire confiance, parce que j'ai dit que quand j'aurais été élevé, j'attirerai tout à moi.

 

28Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

 

 

 29Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

 

Merci pour cette béatitude.


 

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