mardi, janvier 09, 2024

Luc 2, 22-40 Fête de la Ste Famille. 30 décembre 2023. Année B

Luc 2,  22-40 Fête de la Ste Famille. 30 décembre 2023. Année B

 

J’ai écrit deux textes sur l’évangile, proposé par la liturgie pour ce dimanche de la Ste Famille. Il s’agit de l’évangile que l’on entend lors de la purification au mois de février.

Un datant de 2010, https://giboulee.blogspot.com/search?q=Siméon   après une session de retraite pour les personnes âgées (à cette époque j’étais une des plus jeunes) où nous avions travaillé et médité » ce texte, et un autre plus récent : https://giboulee.blogspot.com/search?q=Luc+2%2C+22-40 , écrit lui au moment de la fête de la purification, donc centrée sur Marie ; texte repris par Joseph. 

 

Je dois dire que le choix de la liturgie pour honorer la sainte famille m’étonne quand même. Enfin pour les années A et C ce sera diffèrent. Pour l'année A c'était 

 

Je change un peu la structure de cet écrit pour présenter en premier le travail sur le texte. Est-il très différent de ce que j’ai écrit en 2023, je ne sais pas. Au lecteur de vérifier si ça le tente. Simplement et c’est important on apprend qu’après cet évènement, la famille quitte Jérusalem pour retrouver Nazareth et que la vie simple et normale commence ou continue pour eux.

 

 

 

 

Travail sur le texte.

 

22 Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,

23 selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’

24 Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’

 

La présentation de Luc n’est pas évidente, car il y a deux rituels. L’un pour la purification, (lié au sang qui continue à couler un certain temps après une naissance) l’autre pour le rachat du premier né. L’offrande choisie indique que le couple n’est pas riche. C’est l’offrande des pauvres. 

 

25 Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.

26 Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.

 

Voir de ses yeux, c’est une sacrée promesse. Il me semble que Jésus dira à ses disciples qu’ils sont heureux parce que leurs yeux voient ce que les prophètes et les rois auraient voulu voir de leurs yeux. Syméon a eu son annonciation. Cela pourrait être le titre d’un texte :’annonciation faite à Syméon. 

 

 

 

27 Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.

 

Là je trouve cela très beau.  Syméon est conduit par une motion intérieure. Peut-être qu’il n’avait pas prévu d’aller au Temple, que c’était un jour comme les autres. Mais non, il y va, comme il est. Et là, il se passe quelque chose . 

 

Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,

28 Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :

 

Il arrive juste au moment du rachat. Je peux imaginer que quelqu’un tend l’enfant, le présente au Très Haut, et que ce quelqu’un, ce sera lui. C’est peut-être pour cela qu’il reçoit l’enfant dans ses bras et que quelque chose s’est ouvert en lui, comme un émerveillement et une immense gratitude. De nos jours, pour cette cérémonie, l’enfant vêtu de blanc passe des bras de son père à celui du Cohen. Et le père verse alors la somme prescrite pour racheter l’enfant au Cohen. 

 

29 « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.

30 Car mes yeux ont vu le salut

31 que tu préparais à la face des peuples :

32lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

 

 

Et sa bouche s’ouvre, comme celle de Marie, comme celle de Zacharie, et devant tous ceux qui sont là, il peut louer Dieu, celui que lui nomme « maitre souverain ». Il peut mourir dans la paix, car ce qu’il désirait plus que tout, ce messie attendu, il est là, il est dans ses bras. En cet enfant il y a l’homme qui sera le salut pour le peuple,  celui qui se révèlera aux nations, qui en sera la lumière, qui les fera sortir du paganisme et qui fera que ton peuple se glorifiera d’avoir en lui un tel sauveur. 

 

33 Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.

 

Cette phrase est étonnante. Ils savent bien que ce petit, est promis à quelque chose. Mais entre savoir et comprendre il y a souvent un abime. Et là, l’abime se comble un peu. Mais ce qui est peut-être étonnant, c’est que leur enfant aura une destinée qui dépassera bien la Judée et la Galilée. 

 

34 Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction

35 – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

 

Et là, c’est le passage très difficile. Cet enfant sera révélateur. Donc rien ne restera dans l’ombre, et les esprits des hommes auront du mal à accepter ce qui se passera lorsqu’il parlera.  Mais s’il fait cela, toi la maman, tu verras ton fils honni, détesté, et pour une mère, quoi de plus terrible que de voir son fils ne pas être aimé et admiré, lui qui est le Fils.

 

36 Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,

37 demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.

 

Symétrie voulue par Luc dès le début ; un homme puis une femme, mais une femme âgée qui a tout misé sur Dieu, et qui attend la délivrance, comme une femme attend la délivrance quand elle enfante. Et là, c’est arrivé et elle peut le proclamer à tous. 

 

38 Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.

 

 

39 Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

40 L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

 

On trouve pour conclure une phrase assez analogue à ce qui s’est passé pour le fils de Zacharie, mais Jésus lui ne va pas dans le désert, car son temps viendra plus tard.  

 

Premières réflexions. 

 

 

Traditionnellement quand on écoute ce texte, les commentaires sont, comme je l’ai dit,  centrés sur les deux « vieux », et même si Syméon bénit le couple qui s’étonne de ce qui est dit au sujet de l’enfant, et ensuite s’adresse à Marie, il est difficile de se centrer sur r la famille. On sait juste qu’ils ne comprennent pas, ou semblent ne pas comprendre, et que Marie garde toutes ces choses dans son cœur et les médite. Garder et méditer, deux actions différentes, qui nous concernent dans notre vie.

 

Bien sûr on ne peut qu’admirer l’obéissance aux lois prescrites ? Marie a-t-elle besoin de ce rituel de purification ? L’enfant doit-il est racheté , lui qui va racheter son peuple et les toutes les nations ? On peut se poser des questions. 

 

Il est vrai aussi, que chaque fois que je lis ce passage, j’ai envie de me désolidariser en quelque sorte des couplets classiques sur la vieillesse. Certes ils sont des modèles, ils ont mis leur foi dans le Seigneur, ils lui ont tout donné, ils sont devenus des justes et même des prophètes, mais ils ne sont pas que cela. 

 

Je déteste que toutes les personnes âgées soient appelées des papis ou des mamies. Ce sont des personnes qui ont eu la chance ou la malchance d’avoir vécu beaucoup de choses, qui ont leur personnalité, leur histoire, leur insertion sociale, et on ne peut pas les réduire à être des « petits vieux ». Que le corps les trahisse oui, que parfois la tête refuse de se souvenir de certaines choses oui, mais de grâce n’enfermez pas toutes les personnes qui ont un certain âge ou un âge certain dans des cases : fragilité, vulnérabilité, sénilité, que sais-je encore. Ces personnes ont une histoire et on ne doit pas les réduire à ce qu’on voit d’elles.

 

Je reconnais que d’emblée quand j’ai commencé à travailler ce texte, une sorte de travail s’est fait en moi pour regarder Syméon autrement et donc l’idée de laisser cet homme raconter, mais en le sortant un peu de son rôle de « vieux sage, de vieillard comme on dit si souvent). Je veux dire le sortir de son étiquette d’homme juste, de juif pieux, qui semble trop sorti de la vraie vie. Ce Syméon, il a une famille, il a des enfants, des petits enfants. Il peut être heureux de les prendre dans ses bras et il sait les tenir pour qu’ils se sentent se sécurité. Il respecte les demandes des uns et des autres, il vit comme un tout à chacun, avec aussi les faiblesses qui apparaissent avec l’âge, mais aussi une certaine joie d’être vivant, même s’il songe à sa mort. 

 

Et puis, il y a aussi la question de l’esprit saint qui semble avoir une très bonne communication avec lui. On nous dit que l’esprit était sur lui, et cela c’est beau. C’est comme si au lieu du châle de prière, il avait comme une enveloppe d’esprit saint, qui le met effectivement un peu à part. Et cet esprit saint lui a fait une promesse qui répond à une prière : voir le consolateur d’Israël avant sa mort. Cela renvoie au prophète Isaïe, aux chants du serviteur, à celui sur lequel reposera l’onction, et qui apportera enfin la justice. Il est aussi ce roi messie annoncé par le psalmiste, je pense à ces psaumes qui parlent de ce roi, de ce fils de roi, qui un jour viendra et qui soumettra tout et sui fera régner paix et justice en Israël . Quand on est dans un pays conquis, croire que Dieu réalisera ses promesses, c’est la foi. 

 

On nous dit aussi que l’esprit saint lui a fait une promesse et c’est là où je trouve que c’est beau, parce que c’est le très haut qui écoute et qui répond à la prière, même si la réponse est vague : avant que tu ne quittes ce monde. 

 

Peut-être aussi que Syméon, s’attendait à voir un homme fait, un homme en pleine possession de ses moyens. Au lieu de cela, c’est vers le temple qu’il est envoyé, sans savoir qui il va trouver ; Peut-être un nouveau Rabbi, mais un enfant ?

 

Ce qui est beau, c’est sa soumission. Il est un peu comme les soldats du centurion donc Luc parlera plus tard, qui donne des ordres qui sont exécutés. Syméon reçoit cette motion d’aller ce jour-là, un jour comme les autres, au Temple, et il y va, et à la fois celle qui a été le temple de la présence en elle de cet enfant et cet enfant qui lui est le temple de la Présence, qui est la Présence et cela il le perçoit avec des yeux qui ne sont pas des yeux de chair., mais des yeux d’amoureux de Dieu. 

 

Pour Anne, je n’ai pas vraiment réfléchi. C’est le personnage de Syméon qui était là, avec cette communication dont je suis peut-être un peu jalouse avec l’Esprit Saint.

 

Syméon raconte.

 

Finalement Syméon parle pour lui, mais aussi pour Anne.

 

 Je m’appelle Syméon, je vis dans la sainte ville de Jérusalem et je pratique la Loi de mon dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et lui je l’aime plus que tout. J’ai atteint un âge certain. J’ai une femme qui m’a donné des enfants qui eux-mêmes m’ont donné des petits enfants. Et ces petits enfants ils font ma joie. 

 

Je sais que le Seigneur est avec moi, et que les autres me considèrent comme un homme juste et religieux. Religieux oui, parce que notre religion elle fait de nous des hommes tournés vers notre Dieu, mais juste, cela le très haut seul le sait. 

 

Pourtant il m’a fait comprendre que je ne quitterai pas cette terre avant d’avoir vu le Messie, celui que nous attendons pour être la Consolation de notre peuple, pour lui redonner tout son honneur, pour être le berger qui le conduira vers le très Haut. 

 

Ce midi, alors que je ne comptais pas me rendre au Temple, j’ai ressenti en moi comme une force, une pulsion qui me poussait vers le lieu de la Présence, du moins c’est comme cela que je me représente le Temple. 

 

Il y avait un jeune couple, qui s’apprêtait à sacrifier deux petites colombes pour leur fils. Mais cet enfant il n’était pas comme les autres enfants, ce couple, il ,n’était pas comme les autres couples. Je me suis approché d’eux, et la maman m’a tendu l’enfant en toute confiance, pour que je le présente au Très Haut. Un infini bonheur s’est emparé de moi. Je comprenais que ce tout petit, c’était celui qui sera celui que nous attendions tous et il portait un si beau nom ; Dieu SauveJe le regardais et il me regardait avec ce regard empli de sagesse des tous petits. 

 

Des paroles sont sorties toutes seule de ma bouche. Je me suis entendu dire que maintenant je pouvais partir en paix, car mes yeux avaient contemplé celui qui est le salut préparé par Lui, le Maitre souverain, à la face des peuples, la lumière qui se révèle aux nations et qui donne gloire à ton peuple. 

 

J’étais étonné de ces paroles, car elles disaient que ce tout petit, ce messie, serait lumière pour nous, mais lumière pour tous les hommes de toutes nations et de toutes races et cela jamais je ne l’avais pensé. 

 

Les parents étaient aussi étonnés que moi, de ce que je prédisais là à leur tout petit. Je les ai bénis mais d’autres paroles me sont venues. Elles étaient pour la maman. Elles lui annonçaient ce son enfant ne ferait pas les choses facilement, qu’il serait un signe de contradiction, je dirai une sorte de scandale et que beaucoup le rejetteraient, même si d’autres le choisiraient et que cela, transpercerait son cœur de mère comme un glaive. Et il y avait en moi beaucoup de compassion pour cette toute jeune maman. 

 

Comme j’allais partir en les bénissant, une femme que tous reconnaissent comme une prophétesse est arrivée. C’est une femme très âgée qui n’a jamais eu d’enfant et qui a perdu son mari, peu d’années après leur union. Elle est toute ridée, mais elle se tient très droite. Elle a été attirée par le bébé (et pourtant il ne pleurait pas), et par le jeune couple comme par un aimant. Elle proclamait les louanges de Dieu, et elle disait que ce serait cet enfant qui un jour apporterait la délivrance à Jérusalem. Mais qu’entend-elle par délivrance ? Les romains ne lâchent jamais. Mais peut-être qu’il s’agit de cette autre délivrance autrement plus nécessaire et plus profonde qui est de nous délivrer du joug du péché. Mais les hommes comprendront-ils cela ?  J’ai rarement vu une femme aussi heureuse. 

 

Je me disais que le Seigneur qui fait bien toute choses avait envoyé ce jour- là deux personnes, que l’on peut considérer comme dignes de foi, pour être les témoins de ce qui était en train d’arriver : Dieu visite son peuple, Dieu renouvelle son alliance, Dieu sauve son peuple. Comment cela se fera -t-il ? Nous ne le verrons pas, mais nous savons que cet enfant, ce bébé qui a toute la vie devant lui, c’est aussi Emmanuel ; Dieu avec nous.

 

Elle et moi avons béni le couple qui est reparti chez lui, je crois en Galilée. Dans ma bénédiction, j’ai demandé comme notre Père Moïse nous l’avait enseigné que le Seigneur les bénisse et les prenne en garde, que son visage s’éclaire pour eux, qu’il tourne vers eux son visage et leur donne sa paix. Mais avec cet enfant, je savais bien que tout cela, ils l’avaient en plénitude. Et je leur ai demandé qu’eux aussi me bénisse. 

 

La joie était en moi quand j’ai regagné ma demeure. Jamais un tel amour m’avait inondé, abreuvé. Beni soit mon Seigneur qui a répondu à ma demande de voir celui qui doit apporter le Salut avant que je ne quitte cette terre.

 

 

 Mais ce premier récit qui a été travail qui pour moi est un peu une restauration de ce personnage a été un temps nécessaire. Pourtant si je désire que 

 

ce troisième et dernier livre, soit un chant nouveau, il me faut sortir de la routine., ne pas faire ce qui semble évident. Et j’ai essayé de visualiser différents temps et les personnages qui apparaissent dans cette péricope.

 

Une autre approche.

 

 Dans un premier temps qui se passe dans le Temple de Jérusalem (et Dieu sait si ce lieu est important pour Luc, puisque c’est là que tout a commencé avec l’annonce faire à Zacharie), Il y a Joseph, il y a Marie, il y a Jésus. Il y a surement d’autres couples qui viennent présenter leur enfant et/ou se conformer au rituel de la purification. Eux, viennent de Bethléem. Comment sont-ils venus ? on ne sait pas. Peut-être à pied, et cela évoque déjà un pèlerinage.  Et le temple, c’est toujours du monde, du bruit, des lieux à trouver. Ils doivent à la fois faire pratiquer sur Marie le rituel de la purification et le rachat de leur premier-né. Cela fait beaucoup à faire.

 

Un peu plus tard il y aura Syméon et Anne, ce couple masculin, féminin, qui annonce à ceux qui sont là, que comme les bergers dont nous connaissons l’histoire, ils ont trouvé celui qui était annoncé depuis des siècles, que l’histoire bascule et que Dieu est là en cet enfant. Mais ils ne raconteront pas ce qui s’est passé pour eux, puisque le regard est sur la sainte famille et par sur ces deux témoins prophètes. Encore que Syméon le fasse assez largement : il peut quitter ce monde en paix, parce que la promesse qui lui a été faite s’est réalisée. Par contre pour Anne, on ne sait pas, si ce n’est sa joie et la force qui la pousse à transmettre cette joie. 

 

Peut-être que Luc, se sert de cela pour montrer quel est le rôle des disciples, car ils sont peut-être les premiers disciples. Ils ont été trouvés par le très haut, ils ont trouvé le Messie et ils rendent témoignage à ceux qui sont à côté d’eux. 

 

Si je reviens à la famille, je peux les imaginer un peu perdus dans ce grand lieu, cherchant où acheter les colombes nécessaires, cherchant quelqu’un pour ces offrandes . Ils sont là pour obéir à la loi, à la Tora. 

 

Il y a donc en premier ce tout petit enfant de 6 semaine. Ses yeux sont bien ouverts maintenant, leur couleur des yeux est acquise et ne changera plus. Il fait de vrais sourires, mais c’est encore un tout petit qui certes gazouille mais ne parle pas, qui est encore parlé par ses parents qui apprennent à le décoder. Ce petit enfant nommé Jésus est là pour être présenté au très Haut, pour le lui être offert et pour être « racheté » c’est-à-dire que son père doit donner quelque chose (au temple finalement) pour que son fils lui appartienne en propre. Même s’il regarde tout autour de lui, il est un peu petit pour raconter. 

 

Il y a Joseph, et ce serait assez tentant de lui laisser la parole. Il a dû être surpris et choqué par ce que Syméon dit à sa toute jeune femme, à cette toute jeune maman. Lui dire que son fils ne sera pas aimé , qu’il sera rejeté (parce que finalement c’est bien de cela qu’il s’agit),ça a dû lui faire mal à Joseph et il a dû se dire qu’il allait avoir du travail pour rassurer sa femme. Bien sûr le Seigneur Dieu, est fidèle en toutes ses voies, et il sait ce qu’il fait, mais une maman est une maman, un papa est un papa. Comment va-t-il pouvoir être le père de cet enfant qui a eu une naissance tellement hors norme ? Quelle sera leur vie à Nazareth ? Il a dû s’en poser des questions Joseph . 

 

Il y a Marie. Marie qui par ce rituel de la purification, reprend en quelque sorte sa place dans la société de l’époque. Le Prêtre qui commentait ce texte a parlé de la purification du calice après la communion, en disant que ce vase sacré qui a contenu le vin devenu -sang du Fils, n’a pas besoin d’être purifié de quoique ce soit, mais qu’à la fin de l’office, alors qu’il a contenu du sacré, il peut à nouveau contenir du vin et de l’eau, redevenir un calice banal, profane. Il me semble que si les pharisiens se lavent les mains en revenant du marché, c’est pour signifier qu’ils quittent un espace profane pour rentrer dans un espace d’un autre type, un espace sacré .  Marie reprend sa vie de tous les jours, peut-être que durant ces quarante jours, elle n’a pas pu aller au marché, sortir de chez elle. Là elle reprend sa place dans la société.

 

On peut donc faire raconter par Joseph, mais c’est déjà fait, par Anne, mais elle ne fait pas partie de la famille, par l’enfant Jésus, mais c’est encore un « infans » qui est parlé et n’a pas la parole et enfin par Marie. Il m’a semblé que comme elle est concernée au premier chef par les paroles de Syméon, que je pouvais lui laisser la parole. 

 

Un autre possible eut été de laisser le couple raconter, mais pour cela il faudrait me lancer dans un style différent. Peut-être que cela viendra dans le futur ; 

 

 Marie raconte.

 

Cela fait quarante jours que mon petit est né, que je l’ai enfanté, nommé. Il a été circoncis au bout d’une semaine, et il aurait dû être présenté au Seigneur un mois après sa venue au monde, mais nous avons pensé avec Joseph que nous pourrions aller à Jérusalem pour accomplir à la fois ce rituel, mais aussi celui de la purification, qui lui a lieu quarante jours après la naissance. 

 

Cela fait maintenant six semaines qu’il fait notre joie, même si les nuits sont parfois difficiles.  Juste après sa naissance, des bergers sont venus nous voir. Ils nous ont dit que des anges leur étaient apparus, et leur avait dit que dans la ville de Bethléem, leur était né un Sauveur, qui est l’Oint du très haut, le Seigneur. Ils ont reconnu qu’ils avaient eu peur, très peur, d’autant que la nuit était devenue comme le jour. Ils s’étaient mis en route et nous ont trouvé. Ils avaient pensé à apporter de ce fromage qu’ils sont les seuls à fabriquer et dont je raffole, je dois le reconnaître. Eux, ces bergers que personne n’aime, sont ensuite allés à Bethleem et ont raconté ce qu’ils avaient vu et où nous étions, et à partir de ce moment- là, nous avons été aidés par plein d’hommes et de femmes de bonne volonté et nous n’avons manqué de rien. 

 

Aujourd’hui nous voici donc, tous les trois à Jérusalem, dans le Temple. Un prêtre va pouvoir me bénir, et me permettre reprendre la vie normale, chercher de l’eau, acheter la nourriture, ne pas avoir peur de toucher ou d’être touchée, mais surtout nous allons offrir un couple de colombes pour racheter notre fils. 

 

Quand je pense que c’est lui qui va racheter le monde, cela me fait sourire, mais c’est que notre Père Moïse a prescrit, alors nous voici. Ne sommes-nous pas les serviteurs du Seigneur ? Ne faisons-nous selon sa parole, 

 

Nous avions acheté les oiseaux qui seront sacrifiés, et nous étions sur le point de mettre l’enfant dans les bras du prêtre, quand un homme âgé est arrivé, et j’ai senti dans mon cœur que c’était dans ses bras à lui, que je devais poser mon enfant. 

 

Je ne savais pas comment il s’appelait, ni qui il était, mais j’avais confiance en lui. Et l’enfant n’a pas pleuré et s’est mis à gazouiller. On voyait bien que des enfants il en avait eu, qu’il savait les tenir, que les bébés se sentaient bien dans des bras. Il m’a regardé avec gratitude, il a regardé mon petit, il a aussi regardé Joseph. 

 

J’avais l’impression que tous les regards étaient braqués sur nous. Le prêtre sacrificateur a fait ce qu’il avait à faire et a prononcé la formule du rachat. Normalement il aurait dû à ce moment-là, nous rendre l’enfant, mais il ne l’a pas fait. 

 

L’homme qui me faisait penser à un beau grand-père s’est mis alors à bénir le Très Haut. Il disait que maintenant que ses yeux avaient vu le Salut (et là il parlait de mon fils, de mon unique, de notre unique), il pouvait mourir en paix. Il a dit d’autres paroles, mais je pense que Joseph les a retenues. Il faut dire que nous étions dans l’étonnement, un de plus, depuis la naissance. 

 

Une femme âgée aussi s’est approchée, on aurait dit que certains serviteurs de Dieu s’étaient donné le mot et elle disait que mon enfant apporterait la délivrance à Jérusalem. 

 

C’est là que Syméon, parce que c’est son nom, s’est tourné vers moi. Ce qu’il a dit s’est gravé en moi, de manière indélébile. Il disait que notre fils, provoquerait la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Et qu’il serait un signe de contradiction. Moi qui pensais qu’il serait un signe de paix, un signe d’amour, voilà que lui me disait qu’il serait comme cette pierre qui fait trébucher, et que beaucoup tomberaient. Pourtant il parlait de relèvement, alors peut-être qu’il fera tomber des murailles pour reconstruire quelque chose de plus beau. Cela me réconfortait un peu. Seulement il a ajouté qu’il révèlerait les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre ; Là je n’ai pas compris. Mais ce que j’ai compris, c’est que moi, sa maman, mon cœur serait comme transpercé par un glaive, parce qu’il ne serait pas compris, pas entendu, qu’il serait rejeté et que je ne pourrai rien faire pour le protéger. 

 

Alors bien sûr, il y avait lui, il y avait cette femme qui était une prophétesse, qui annonçaient à la fois du magnifique et du terrible et il y avait nous trois, et notre vie qui serait entre les mains de dieu, pour que notre fils, soit celui qui donnerait le Salut à notre peuple. 

Je dois dire, nous devons dire que ce qui s’est passé ce jour, nous a débordé. Nous ne savions que penser. Nous étions dépassés. Mais nous savions que tout ce que le Seigneur fait, il le fait bien. 

 

Syméon nous a invité chez lui, nous avons découvert sa grande famille. Puis nous avons repris la route de Nazareth et nous sommes devenus des parents, des époux et des membres de notre village.

 

  



 

 

 

 

 

 

samedi, janvier 06, 2024

Les annonciations . Troisième semaine du temps de l’Avent. Décembre 2023

 

La troisième semaine de l’avent nous présente dans le désordre, trois annonciations. On trouvera en annexe les trois textes mis en parallèle. 

 

 

L’annonce faite à Joseph Mt 1, 19-24


C'est le texte qui est présenté le premier dans cette troisième semaine du temps de l'Avent. j'ai presque envie de dire honneur aux hommes. De fait, une première Annonciation a été faite par Marie elle-même, mais elle a certainement dû être mal reçue par Joseph, tout homme juste qu'il soit. Que lui a-t-elle dit ? Personne ne le sait, mais il possible de penser que le monde bien ordonné dans lequel il vivait a dû s’effondrer. C’est sur ce thème là qu’avait été rédigé le texte où Joseph parle de ce qu’il a vécu : https://giboulee.blogspot.com/2022/03/mt-116-18-21-24a.html

 

La première idée qui germe en moi,  en lisant ce texte, c’est quel moment Marie fait-elle cette annonce ? Est-ce tout de suite, ou du moins dans le mois qui suit la rencontre avec l’ange ou après le retour de chez Elisabeth, avec une grossesse qui se laisse certainement deviner ? Mais peu importe, ce qui semble certain c’est que Joseph ne peut la prendre chez lui et faire comme s’il était le père. Si on se base sur Luc, et sur cette petite phrase que j’aime : Marie partie en grande hâte, on peut penser qu’elle est partie presque tout de suite et que c’est vraiment chez Elisabeth, lors de cette effusion de l’esprit, qu’elle sait que tout se réalise en elle, et que le Magnificat prend tout son sens. 

 

 

Travail sur le texte.

 

 

18 Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.

 

Dans tous les cas, il y a le :  avant qu’ils n’aient habités ensemble, (qu’ils ne se soient connus), et cette réalité : elle attend un enfant. Nous, parce que Matthieu le dit, savons que c’est par l’action de l’Esprit Saint. Pour Joseph quel sens cela peut-il avoir ? Comment peut-il réagir ?

 

 

19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.

 

Description de Joseph ; il est un homme juste, et il ne veut pas la dénoncer publiquement. Il se propose de la renvoyer en secret, mais la renvoyer où ?  Elle ne sera pas très bien accueillie où qu’elle aille. Quel sera son sort, quel sera le sort de cet enfant ? Il peut se sentir trahi, humilié. Comment Marie a-t-elle parlé ? Comment a-t-elle racontée ? 

 

Est-ce peu de temps après que l’ange soit entré chez elle ou après le retour de chez sa cousine ? 

 

Ce qui est évident dans le texte, c’est qu’il est certainement secoué par l’annonce qui lui est faite par Marie . 

 

La dénoncer publiquement c’était la lapidation, donc mort pour elle et l’enfant. La renvoyer dans le secret, cela évoque aussi ce que fit Abraham avec Agar quand il la renvoie dans le désert, avec son fils Ismaël. Un ange a alors pourvu. Peut-être que c’est ce qu’il espère pour cette jeune fille qui lui avait été accordée en mariage.

 

 

20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;

 

On a la confirmation par l’ange de ce que Marie avait dit, mais que Joseph ne pouvait peut-être pas entendre et croire. Autorité de l’ange qui change tout.  

 

21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

 

Et là c’est Joseph qui reprend la main. Cet enfant c’est toi qui le nommeras et il sera porteur de ne prénom Jésus. Dieu sauve, mais là c’est sauver tout le peuple de ses péchés. Il sera le rédempteur. 

 

22 Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :

23 ‘Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel’, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »

 

Quand on y pense c’est étonnant. Le tout cela est arrivé pour que. 

 

Si on reprend le texte d’Isaïe,  cette prophétie a été donnée à un moment où le peuple était dans une grande détresse, quand il était sur le point d’être envahi. Et cette prophétie parlait d’une vierge qui concevrait un fils qui aurait un nom « Dieu avec nous ». Dieu avec nous, c’est Dieu qui est présent, c’est Dieu qui visite son peuple. On ne sait pas trop si ce fils a existé, cet Emmanuel a existé (Isaïe). Mais Isaïe avait insisté sur la foi indispensable : « si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir ». Importance de la foi en ce Dieu qui parle. C’est comme si cette prophétie qui a peut-être déjà été partiellement réalisée, prenait désormais toute son ampleur. 

 

 

24 Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,

 

Étonnant ce verset qui se termine par une virgule, comme si tout restait en suspens. Il manque la finale : 25 mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus.

 

 

L’annonce faite à Zacharie. Luc 1, 8-25

 

 

Vient ensuite l’annonciation faite à Zacharie uLc 1,8-25, et la question qui se pose si souvent du pourquoi de cette impossibilité de parler. Est-ce une punition ou est-ce autre chose  ou les deux ?  J’ai raconté le déconvenue de l’Ange : https://giboulee.blogspot.com/2022/12/luc-1-5-25-lannonce-faite-zacharie.html

 

En pensant à ce texte ce matin, je me disais que l’ange, il monte vraiment sur ses grands chevaux. 

 

Voilà le genre de pensées qui auraient pu être les siennes, mais que l’Ange Gabriel me pardonne si je me trompe. Je ne suis qu’un petit être humain, avec la psychologie d’un être humain….

 

 « j’ai quitté, parce que mon Dieu me l’a demandé ce lieu où je suis sans cesse devant sa face, et toi, tu as le culot de ne pas croire à ma parole, de la mettre en doute. Peut-être même que tu doutes que je sois un ange de lumière et imagines-tu que je suis un démon, qui se moque de toi. 

 

Parce que tu as mis en doute ma parole, tu ne pourras pas raconter, tant qu’elle ne sera pas réalisée. Débrouille- toi comme tu peux. Moi, je retourne dans mon ciel, je te laisse avec ton encens, ta fumée, et ta femme quand tu seras rentré. 

 

Bien fait pour toi. Tu ne m’as pas écouté, alors toi non plus tu ne pourras pas être écouté ».

 

Ceci dit, est ce que Zacharie aurait été entendu s’il avait raconté ce que l’ange lui a dit ? Ne l’aurait-on pas pris pour un vieux fou et peut-être même mis en prison ? Alors ne valait-il pas mieux qu’il se taise et que cette infirmité soit interprétée comme une offense. 

 

Ce matin (20/12) je me disais que finalement la mutité de Zacharie ça a été une très bonne chose et que Dieu fait bien toute chose. S’il était sorti en disant « Voilà, un ange m’est apparu et il m’a dit que j’engendrerai un fils, qui l’aurait cru ? 

 

Là, le fait qu’il ne puisse plus parler est vraiment un signe que personne ne peut mettre en doute. Peu importe comment le signe est interprété. Mais comme Zacharie retrouve la parole, au temps annoncé par l’ange, c’est magnifique. 

 

 

Travail sur le texte.

 

 

 

Il y avait, au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre du groupe d’Abia, nommé Zacharie. Sa femme aussi était descendante d’Aaron ; elle s’appelait Élisabeth.

 

Présentation des personnages, mais aussi temporalité, normale pour quelqu’un qui s’est renseigné et qui veut être un historien. Ils sont tous les deux descendants de la tribu de Moïse/ lévites pour Zacharie et d’Aaron pour Elisabeth. Une sacrée lignée.

 

Ils étaient l’un et l’autre des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptes du Seigneur de façon irréprochable.

Ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et, de plus, ils étaient l’un et l’autre avancés en âge.

 

Peut-on parler l’injustice ? il est évident que le dessin de Dieu ne peut leur être connu et que la stérilité a ici un sens bien précis. Il faut que celle qui a été choisie soit en âge de donner la vie, et d’avoir aussi quelqu’un pour la protéger. Mais cela, nous le savons, mais pas le couple, qui ne peut que vivre avec un grand sentiment d’injustice, d’autant que désormais la maternité n’est plus envisageable.

 

Or, tandis que Zacharie, durant la période attribuée aux prêtres de son groupe, assurait le service du culte devant Dieu,

il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.

10 Toute la multitude du peuple était en prière au dehors, à l’heure de l’offrande de l’encens.

 

D’où vient cette notion de peuple qui est en prière au dehors. Cela fait un peut penser avec ce qui se passe pour Pierre, dans les Actes, quand il est emprisonné et que tous les disciples prient pour sa libération. De quelle fête peut-il s’agir ? Mais il me semble que dans l’exode, on offre tous les jours de l’encens. 

 

11 L’ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l’autel de l’encens.

12 À sa vue, Zacharie fut bouleversé et la crainte le saisit.

 

Et voilà l’ange qui se pointe. Nous, nous savons que c’est l’ange du Seigneur, non pas le Seigneur comme dans le buisson ardent, mais un ange messager. Il y a de quoi être bouleversé et d’avoir peur, là c’est une vraie trouille. Il a vu quoi le brave Zacharie ? Si on prend le texte de la première lecture, on comprend que ce personnage avait l’apparence d’un ange tant il était imposant. C’est comme cela que l’Ange est décrit dans le livre des Juges quand la femme de Manoa en fait le récit à son époux. 

 

13 L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée : ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.

14 Tu seras dans la joie et l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance,

 

Et à mon avis c’est où il se passe quelque chose. Zacharie entend, mais il reste comme abasourdi par le début : ta femme Elisabeth mettra au monde un fils et tu lui donneras le nom de Jean.  Là, ce n’est pas possible.  C’est impossible, inconcevable. C’est tellement inattendu, hors de tout que cela fonctionne comme un traumatisme. Cela va l’encontre de tout ce qu’il peut imaginer. Et du coup, ce qui est annoncé ensuite, il l’entend, mais ça glisse sur lui. Comment peut-il lui engendrer un enfant décrit ici comme le nouvel Elie ? 

 

15 car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère .

 

Il y a là, quelque chose qui évoque la naissance de Samson (Jug 13) Mais là, l’Ange du Seigneur accepte de revenir pour confirmer à Manoah ce que sa femme a entendu, et il ne se fâche pas. Mais surtout il y a cette annonce de l’enfant qui sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère, et cela Zacharie en sera témoin lors de la rencontre des deux cousines. Ce « rempli d’Esprit Saint », on le retrouvera au début des Actes des Apôtres, don lié à la mort et la résurrection, dont l’enfant à naître est déjà bénéficiaire. 

 

Je pense que cette manifestation lors de la rencontre d’Elisabeth avec Marie, avec le changement que cela produit en sa femme, qui se met à parler d’une voix forte, alors qu’elle avait tue cette grossesse inespérée, c’est le signe dont Zacharie avait besoin. 

 

16 il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ;

17 il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »

 

Quel programme, sauf que Zacharie n’a rien compris. Il a sûrement entendu, mais il est plus que possible qu’il soit resté comme bloqué sur la première phrase prononcée.  Certes il entend, mais ça glisse sur lui. Il est dans l’incompréhension. Pourquoi est-ce que le très haut a attendu aussi longtemps ? Comment sa femme pourra -t-elle porter un enfant à son âge ? Bref, le cortège des questions et la stupéfaction. Et c’est la question que l’ange ne va pas apprécier. 

 

18 Alors Zacharie dit à l’ange : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. »

 

D’autres versions disent comment connaîtrai-je.  Ce verbe connaître,  on le retrouvera dans la bouche de Marie, quand l’ange entre chez elle. C’est le bon sens qui se manifeste là, sauf que le bon sens, ça ne marche pas avec Dieu .

 

Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Est-ce que tu ne moques pas te moi, est -ce que tu me racontes n’importe quoi ? ne serais-tu pas i un mauvais esprit qui se moque de moi.

 

Peut-être que la faute de Zacharie, si on prend la réaction de l’Ange, comme une réaction au fait que Zacharie mette en doute que ce personnage qu’il entrevoit et qui lui parle est bien un envoyé de Dieu. Lui Zacharie il est dans son présent d’homme âgé, qui vit avec une femme âgée. Il ne peut pas concevoir que désormais il est dans l’aujourd’hui de Dieu, dans un temps qui n’est plus le même. C’est parce que Marie, cette petite cousine qu’il ne connaît pas est en âge de donner la vie que désormais son couple peut lui aussi donner la vie à celui qui sera la voix qui prépare.  

 

19 L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel et je me tiens en présence de Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle.

 

Sauf que tu mets en doute ce qui je dis et qui je suis. C’est une bonne nouvelle, et toi tu ne veux pas l’entendre, tu ne veux pas sortir de ta place de mari d’une femme stérile, que tout le monde montre du doigt. Intéressant cette locution « bonne nouvelle », évangile. 

 

L’ange donne son nom, il n’est pas content du tout et il monte un peu sur ses grands chevaux. Je suis venu t’annoncer une excellente nouvelle, et toi, petit mortel, au lieu de te réjouir, tu n’arrives pas à te mettre dans la tête que ton Dieu, tout ce qu’il veut faire, il le fait. Alors écrase toi. 

 

20 Mais voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles ; celles-ci s’accompliront en leur temps. »

 

Manque de foi, contrairement à Marie. Mais promesse que cela c’est pour un temps. Que les paroles vont s’accomplir, que sa femme sera enceinte, que l’enfant sera rempli d’esprit dans le ventre de sa mère. C’est quand les paroles finissent de se réaliser et quand Zacharie nomme l’enfant du nom donné par l’Ange que la parole lui sera rendue.  

 

 

21 Le peuple attendait Zacharie et s’étonnait qu’il s’attarde dans le sanctuaire.

22 Quand il sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent que, dans le sanctuaire, il avait eu une vision. Il leur faisait des signes et restait muet.

23 Lorsqu’il eut achevé son temps de service liturgique, il repartit chez lui.

 

On peut dire que le peuple est témoin qu’en ce temps où le messie est attendu (du moins c’est ce que disent les historiens), que quelque chose de la présence se manifeste à Jérusalem.

 

24 Quelque temps plus tard, sa femme Élisabeth conçut un enfant. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait :

 

25 « Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. »

 

Dans ce que dit Elisabeth on retrouve ce qu’on lit chez Anne, la mère de Samuel, le dernier des juges. Mais cela reste dans le secret.

 

 

Peut-être que Zacharie pourra raconter, mais bien après la naissance de son fils. 

 

 

Annonce faite à Marie. Luc 1, 16-38

 

C’est un texte proclamé trois fois durant le temps de l’Avent et plus d’une fois dans l’année liturgique. https://giboulee.blogspot.com/search?q=Annonciation https://giboulee.blogspot.com/2022/12/luc-1-25-35-l-annonciation-mardi-de-la.html

https://giboulee.blogspot.com/2023/02/luc-1-57-65-la-fin-du-silence-quatrieme.html

 

Si on met en parallèle les deux textes, annonce à Zacharie et annonce à Marie, on voit que la structure est très proche . Mais la question posée par Marie, ne met pas en doute l’annonce qui vient de lui être faire, celle de concevoir et d’enfanter un fils auquel elle donne donnera le nom de Jésus, (là c’est elle qui nomme et non pas Joseph), et cet enfant, sera bien le Messie, le descendant de David dont il aura le trône. La réalité de Marie, c’est qu’elle est fiancée et que si c’est toute de suite (et là, pour elle cela ne fait pas de doute), elle peut faire remarquer à l’ange, qu’il faudra trouver un moyen pour que cela se réalise, et ce sera la promesse trinitaire : l’Esprit Saint qui vient sur elle, le Très Haut qui la prend sous son ombre (nuée ou ailes) et l’enfant qui est saint dès sa naissance et qui sera appelé fils de Dieu. 

 

Travail sur le texte.

 

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

 

Je viens de me rendre compte que dans les versions précédentes on lisait fiancée à un homme et non pas accordée en mariage (ce qui était dit chez Matthieu). Cela harmonise les textes, mais est-ce qui a été écrit ? 

 

Il y aurait : Luc vers une vierge fiancée à un homme nommé Joseph de la tribu de David

 Et Matthieu :  sa mère avait été fiancée à Joseph… Mais Joseph son époux qui était un homme juste.

 

Il semble que ce soit moi qui fasse erreur. Mais le participe  « accordée » pour moi, est associé à l’évangile de Matthieu.

 

28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »

29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

 

 

 On peut imaginer sa stupeur. On est tranquillement entrain de faire quelque chose, on dent comme une présence, on lève les yeux et on se rend compte que l’on n’est pas seul. Cela renvoie aussi (outre ce qui s’est passé pour Zacharie dans le Temple), à la surprise de Gédéon Jg  6, à l’étonnement de la femme de Manoah (Jg 13), la mère de Samson.  Il y aura la surprise des femmes en voyant l’ange assis sur la pierre roulée (Mt  28,6). 

 

Ce qui est aussi étonnant, c’est qu’elle bouleversée, mais qu’elle n’est pas remplie de crainte. 

 Et une interrogation intérieure : pourquoi s’adresse-t-il à moi de cette manière. « Comblée de grâces », qu’est-ce que cela veut dire ? Quels sont les cadeaux que Dieu donne ? Il me semble que cela peut être dans une première interprétation : Dieu me couvre de cadeaux (un peu comme la reine Esther et son empereur de mari) qui donne sans compter, il m’a remarquée, il m’a choisie, il m’a aimée. Ou alors ce serait quelque chose qui tourne autour de la fécondité, ou de la capacité à servir , de la capacité à écouter. Ou est-ce encore autre chose, la révélation qu’elle est déjà remplie par une présence qu’elle devine, qu’elle connaît et qui lui est comme manifestée à ce moment- là ? 

 

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

 

 

C’est l’ange qui parle ici de crainte, mais c’est une phrase qui revient sans cesse dans le début de l’évangile de Luc, que ce soit Zacharie, Marie, les bergers. C’est un peu comme s’il disait, n’aie pas peur. Je ne vais pas te faire du mal. Et ce qu’il dit s’entend comme : Tu es remplie de grâce, tu as trouvé grâce, c’est toi qu’il aime, toi qu’il a choisie entre toutes, toi qu’il a désirée, voulue, modelée, tu es celle qu’il voulait. 

 

31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.

32Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;

33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

 

Et voilà le programme, qui a de quoi déconcerter. La description d’un enfant appelé à être ce roi que tout le monde attend, ce qui qui délivrera israêl du joug romain ou du joug de la présence du malin. Mais cela conforte la prédiction de Nathan.

 

34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »

 

Marie ne dit pas non. Elle a l’impression de ne pas correspondre du tout à ce schéma. Mais c’est comme si elle comprenait elle, que c’était tout de suite que cela devait se passer. Et là elle ne sait pas.

 

35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

 

Dans ce prologue de Luc, il y a l’affirmation de la divinité de celui qui va naître de cette femme, toute humaine. 

 

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.

37 Car rien n’est impossible à Dieu. »

 

 

Si le créateur a pu réaliser cela pour Elisabeth, lui qui est le tout puissant, pourquoi serait il stoppé par la réalité humaine ? Il est plus que cela. Les règles pour lui sont autres.

 

 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

 

Marie comprend parfaitement, contrairement aux autres et c’est peut-être cela la conception sans péché, c’est accepter parce que cela c’est le plan. C’est ne pas mettre en cause, comme cela se passe en Gn 2 . Et c’est ce oui, qui permet que tout se fasse dans le présent ;

 


 

Qui raconte et raconter quoi ? 

 

Ces récits de la quatrième semaine de l’avent, j’ai un peu l’impression que les faire raconter encore une fois, c’est du remâchage et je n’aime pas cela. Et pourtant…

 

Et pourtant en me laissant surprendre par ce texte, il y a eu comme trois découvertes.


- La première tourne autour du temps. Si Elisabeth est stérile, c’est qu’il fallait attendre que se réalise en Marie ce que les prophètes avaient annoncé. Ce n’est donc pas une malédiction, et cela peut donner un autre sens à ce qui nous tombe dessus et que nous ne comprenons pas ? Sauf que cela fait appel à une très grande foi : le très Haut sait ce qu’il fait et même si je ne comprends pas, cela a un sens. 

 

- La deuxième découverte tourne autour de ce qui semble une punition : tu ne m’as pas cru, alors te voilà puni, tu ne pourras rien dire, rien rapporter jusqu’à ce que tout cela se fasse. Certes c’est une punition de devenir mutique. Mais si Zacharie était sorti du Temple, et aviat raconté ce qui lui était arrivé, en particulier qu’il deviendrait père d’un enfant qui semble un futur Elie (même si Jean ne le reconnaîtra pas), qui l’aurait cru ? Entrer dans le sanctuaire en parlant, et sortir en ayant perdu la parole, cela frappe et personne ne peut mettre en doute le fait qu’il se soit passé quelque chose ;

 

 

- La dernière chose, c’est ce qui se passe pour Zacharie quand, assistant à la rencontre des deux femmes), il entend sa femme parler du tressaillement de l’enfant qui est en elle, enfant rempli d’Esprit Saint dès le ventre de la mère, comme l’ange l’avait annoncé. 

 

Je pense que cela c’est pour lui le véritable signe que tout s’accomplit comme l’Ange l’avait annoncé. Certes il faudra plus de trois mois avant que la parole ne lui soit rendue, mais peut-être que la vie a pris pour lui une autre saveur à partir de cet instant. 

 

Il m’a alors paru possible de laisser Zacharie faire une sorte de relecture de cet évènement , quelques années plus tard, alors que Jean est parti, et de les relater.

 

Zacharie raconte.

 

Je suis aujourd’hui un très vieil homme, on pourrait dire un vieillard. Je suis un prêtre de la tribu d’Abbia et j’avais épousée Elisabeth qui comme moi, descendait d’ Aaron. L’un comme l’autre, nous aimions la Loi du Seigneur et nous nous y conformions. Aujourd’hui elle est dans le sein d’Abraham.

 

Malheureusement nous n’avons pas eu d’enfants et les années ayant passé, il était impossible que cette joie nous soit donnée. Nous en avions pris notre parti, mais ma femme était la femme stérile dans notre petit village de Judée et elle n’osait pas sortir, à cause des regards méchants qui lui étaient adressés.  Vivre cela est une très grande épreuve. 

 

Je ne pouvais pas savoir que si le très Haut avait voulu cela, c’est qu’il lui fallait attendre que notre petite cousine Marie, soit en âge d’engendrer. Et je ne pouvais comprendre non plus que le Seigneur nous avaient choisis nous, pour donner naissance à celui qui aurait le rôle de préparer la venue de celui que nous attendons tous depuis des siècles, le descendant de David qui doit venir sauver son peuple et le délivrer de son péché. Aujourd’hui je sais cela, et je rends grâce à Dieu, et chaque jour je le bénis, comme je l’ai béni le jour de la circoncision de notre fils, le fils donné dans notre vieillesse, le fils qui nous a donné une nouvelle jeunesse.

 

Le jour où je suis allé accomplir mon service dans le temple de Jérusalem, comment aurais-je pu supposer, ne serait-ce qu’une minute que l’Ange du Seigneur viendrait se montrer à moi, au moment de la prière, au moment où cette prière s’élève comme un encens lors de la prière du soir. J’offrais l’encens, mais je priais avec le peuple pour que Dieu vienne nous visiter.  

 

Et c’est dans les fumées que je l’ai vu soudain, à droite de l’autel des parfums. Croyez moi, il y a de quoi avoir peur. Là où il n’y avait rien, il y avait brusquement quelqu’un, quelqu’un que je distinguais mal à cause de la fumée, et qui semblait remplir à lui tout seul toute la pièce. Il m’a dit d’être sans crainte, mais je crois que j’aurais bien voulu disparaître et sa voix était un peu comme celle des grandes eaux. Elle aussi remplissait tout l’espace. 

 

Mais quand il m’a dit que ma supplication avait été exaucée et que ma femme mettrait au monde un fils au quel je donnerai le nom de Jean, j’ai bien cru que j’allais m’effondrer. Ma femme, un enfant, à son âge ? Pourquoi exaucer nos prières maintenant alors que tout le monde savait notre malheur ?  

 

Puis il a parlé un peu comme lorsqu’il avait parlé à la femme de Manoah en disant qu’il ne boirait pas de boissons fortes et qu’il serait rempli d’esprit saint dès le ventre de sa mère . J’entendais bien les mots, mais ils glissaient un peu sur moi, je ne pensais qu’à ma femme, à mon Elisabeth, comment supporterait-elle à son âge d’attendre un enfant ?Serions-nous capables de l'élever ?  Ce qui était certain c’est qu’il ne serait pas prêtre comme moi, mais qu’il aurait un rôle important, comme jadis le prophète Elie, celui dont nous attendons le retour. Seulement moi je ne pensais qu’à ma femme. Et du coup j’ai demandé à l’ange comment je saurais que cela arrivera, qu’à nos âges ce n’est plus possible. 

 

Sauf que là, l’ange il est certain que je l’avais irrité, que le l’avais mis en colère. Peut-être que j’aurais dû penser à Sarah qui a conçu son fils Isaac alors qu’elle avait plus de 90 ans et qu’elle aussi, n’avait plus depuis longtemps ce qu’ont les femmes. Mais je n’y ai pas pensé et l’ange a pris une voix encore plus forte pour me dire qu’il était là parce que le très Haut l’avait envoyé me donner cette bonne nouvelle. Il m’a même donné son prénom, Gabriel, cet ange que le prophète Daniel avait vu, lui aussi au moment de l’offrande du soir (Dn 9, 21) et je me suis souvenu qu’il était venu pour lui ouvrir l’intelligence. Moi, hélas, j’ai refusé que mon intelligence s’ouvre, que je me reconnaisse comme le bien-aimé de Dieu. Et la sanction de l’ange est tombée. Il m’a dit que je serai réduit au silence jusqu’au jour où cela se réalisera, parce que je n’avais pas cru à ses paroles. Et que ses paroles se réaliseraient. Et là, j’ai pensé à ce que dit le prophète Isaïe quand il parle de la parole de Dieu qui ne revient pas avant d’avoir accompli sa mission. 

 

L’ange a disparu, j’ai fini de faire bruler l’encens, mais je pouvais plus articuler un mot. Je suis sorti. Quand je suis sorti, la foule, cette foule qui était en prière,  se demandait pourquoi cela avait duré aussi longtemps. Ils ont vite compris que quelque chose m’était arrivé, mais je n’ai pas pu faire comprendre quoique ce soit. L’ange avait dit que cela durerait jusqu’à ce que tout soit accompli. Qu’avait-il voulu dire ? Comment ferai-je comprendre cela à Elisabeth ? 

 

Dans le silence qui m’était imposé, Je me suis demandé ce qui se serait passé, si je m’étais réjoui de ce qui allait advenir. Est-ce les autres auraient cru que j’avais vu un ange ? Est-ce qu’ils n’auraient pas pensé que les vapeurs de l’encens m’étaient montées à la tête, que j’étais un vieux fou ? Cela je le pense aujourd’hui, mais quand j’ai perdu la parole, j’ai trouvé la punition bien rude. Bien entendu, j’aurais pu me souvenir que Dieu avait permis à Sarah d’enfanter un fils à un âge autrement avancé que celui de ma femme, mais j’avais tellement peur, que j’étais incapable de penser. 

 

Et l’impossible s’est réalisé. Seulement elle a gardé le secret de ce qui se passait dans son corps et se réjouissait car comme la mère de Samuel, sa honte avait été effacée. Mais elle restait chez nous, elle ne quittait pas la maison. 

 

 

Et puis un jour, alors que ma femme entrait dans son sixième mois et que parfois elle doutait de la vie de ce bébé en elle, sa petite cousine Marie, celle qui habite à Nazareth est arrivée. Nous ne l’attendions pas, et nous nous sommes demandé comme elle avait su, mais elle avait su, d’ailleurs elle nous a tout raconté un peu plus tard, comment elle aussi a reçu la visite de l’Ange Gabriel. 

 

Bref elle est entrée chez nous, elle a donné la paix à Elisabeth et à ma grande stupeur ma femme qui était repliée sur elle-même, s’est redressée d’un coup. Elle s’est adressée à Marie avec des paroles étonnantes, elle était devenue  prophète ma femme, elle voyait ce que d’autres ne pouvaient voir.

 

 Elle a dit que cette toute jeune fille était celle qui portait en elle le Saint d’Israël, et que l’enfant, notre enfant avait tressailli dans son sein, rempli d’Esprit Saint. Et cela c’était ce que l’ange m’avait dit. Tour se réalisait comme il me l’avait annoncé.

 

Et c’est là que pour moi, quelque chose est advenu, quelque chose qui donnait du sens à tout cela, quelque chose qui me permettait de comprendre que le temps de Dieu n’est pas notre temps, mais qu’il est le maitre du temps, qu’il est le tout puissant et que tout ce qu’il veut, il le réalise. Il fallait que Marie attende celui qui doit venir, pour nous, qui étions choisis par Dieu, puissions à notre tour donner là vie. Et cet enfant, le mien, rempli d’Esprit Saint, dès le ventre de sa maman, c’était la preuve que tout ce qui m’avait été annoncé était vrai. Et là j’ai été bouleversé au plus profond de mon être. 

 

Croyez-le ou pas, mais j’ai pleuré, pleuré de joie, pleuré de gratitude et c’est à ce moment- là que notre cousine s’est mise à parler. 

 

Elle exultait de joie et des mots magnifiques sortaient de sa bouche. Elle remerciait le très haut de s’être penché sur elle, sur elle qui était son humble servante. Elle affirmait que tous les âges la diraient bien heureuse. Elle chantait que notre Dieu comble de bien les affamés et renvoie les riches les mains vides et surtout qu’il relève Israël, qu’Il est un Dieu fidèle qui se souvient des promesses faites à Abraham et à sa descendance.

Nous étions dans la joie et l’allégresse. J’étais tellement heureux de voir mon Elisabeth transformée, je savais que notre fils ferait revenir au Seigneur de nombreux fils d’Israël et surtout qu’il préparait le chemin de cet enfant que portait Marie.

 

Je dois dire que Marie nous a été d’un grand secours. Elle tenait la maison, s’occupait de ma femme, mettait de la joie dans notre maison. Les ennuis des premiers temps d’une grossesse semblaient inexistants pour elle. Elle est restée environ trois mois, et elle commençait à s’arrondir, elle qui était si svelte. Elle a repris la route de Nazareth et nous, nous avons attendu que notre fils vienne au monde. Nous avions trouvé une sage- femme qui s’est occupée de tout, mais là, tout le monde a su que nous avions un fils et ce fut un défilé à la maison pour voir ce miracle et pour nous adresser bénédictions et félicitations. Cela nous l’avons accepté, mais il était bien évident que pour nous ; notre joie était de participer au dessein de notre Dieu.

 

Le jour de la circoncision est arrivé. Et là, je dois dire que plein de personnes que nous ne connaissions qu’à peine étaient là, faisant du bruit. Je ne pouvais rien dire et je rongeais mon frein. Ils voulaient nommer l’enfant Zacharie comme moi, mais j’avais expliqué à Elisabeth que l’enfant porterait le nom de Jean. Elle a donc refusé, sauf que la parole d’une femme ça ne compte pas. Ils m’ont demandé par signes comment je voulais nommer l’enfant. Ils s’adressaient à moi comme si j’étais sourd et muet, mais sourd je ne le suis pas, même si j’ai paru être sourd aux paroles de l’Ange Gabriel, cet Ange qui se tient en présence du Seigneur. 

 

Je me suis fait donner une tablette et j’ai écrit : son nom est Jean. Et à peine avais-je fini d’écrire cela que ma bouche a dit haut et clair que mon fils se nommerait Jean. Tous ceux qui étaient là, ont fait silence. L’enfant a été circoncis, une fête a été donnée . Ils sont repartis, ils ont d’ailleurs colporté cette bonne nouvelle un peu partout et tout le monde se demandait quel serait le destin de mon fils. 

 

Vous savez, quand une joie est trop forte, on ne sait plus très bien ce que l’on fait. Je veux dire que je ne me souviens plus très bien de ce que j’ai fait ou dit. Mais Elisabeth ma rapporté que j’ai béni le Seigneur, ce Dieu, notre Dieu qui visite son peuple et que le rachète aux forces mauvaises. J’ai parlé de cet enfant, celui de la cousine, qui allait nous sauver., cet enfant qui réaliserait ce que les prophètes avaient dit , qui nous rendrait libre, cet enfant qui monterait à quel point nous sommes aimés de Dieu, ce Dieu qui délivre. Puis j’ai parlé de notre fils, j’ai dit qu’il serait appelé prophète du très haut, qu’il marcherait devant celui qui allait venir, qu’il préparerait ses chemins, car c’est de lui que viendra le salut, salut donné par notre Dieu qui est un Dieu d’amour et de tendresse, un Dieu qui veut que tous soient sauvés, les vivants et les morts.

 

Heureusement qu’elle a une bonne mémoire, parce que moi, ces mots je les ai oubliés. Je sais qu’elle les a mis par écrit et qu’elle les a envoyés à notre petite Marie, dont nous n’avions pas de nouvelles. Nous avons su qu’elle et Joseph ont dû aller à Bethléem, la ville du roi David, pour se faire recenser, que l’enfant était né là-bas et qu’il avait reçu le nom de Jésus.

 

Le temps a passé, et Jean nous a quitté parce que c’est ce que l’Esprit lui disait. Ma femme m’a quitté pour reposer dans le sein d'Abraham. Moi, aujourd’hui, j’attends paisiblement mon tour pour retrouver ma femme. Chaque jour je  loue le Très Haut pour tout ce qu’il a fait, pour nous et pour son peuple.

 


 

ANNEXE.

 

Les trois annonciations.

 

 

Luc  1,5-23

Luc 1, 26-39

Matthieu 1, 18-25

05 Il y avait, au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre du groupe d’Abia, nommé Zacharie. Sa femme aussi était descendante d’Aaron ; elle s’appelait Élisabeth.

06 Ils étaient l’un et l’autre des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptes du Seigneur de façon irréprochable.

07 Ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et, de plus, ils étaient l’un et l’autre avancés en âge

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, 

 

 

27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

 

 


 

 

 

18 Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.

 

 

 

19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.

 

 

11 L’ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l’autel de l’encens.

28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » 

 

 

20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe 

12 À sa vue, Zacharie fut bouleversé et la crainte le saisit.

 

 

 

13 L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée : 

 

.

 

 

29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 

 

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, 

 

car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 

 

 

 

 

 

 

et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;

1 ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils,

 

et tu lui donneras le nom de Jean

 

4 Tu seras dans la joie et l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance,

31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; 

 

tu lui donneras le nom de Jésus.

 

 

 

 

21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

2

 

5 car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ;

16 il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ;

17 il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, 

 

et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »

 

 

2 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

 

 

 

8 Alors Zacharie dit à l’ange : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. »

 

 

34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »

 

 

 

19 L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel et je me tiens en présence de Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20 Mais voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles ; celles-ci s’accompliront en leur temps. »

 

 

5 L’ange lui répondit : 

 

« L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.

 

 

37 Car rien n’est impossible à Dieu. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

22 Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :

23 Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »

 

 

1 Le peuple attendait Zacharie et s’étonnait qu’il s’attarde dans le sanctuaire.

22 Quand il sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent que, dans le sanctuaire, il avait eu une vision. Il leur faisait des signes et restait muet.

 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

 

23 Lorsqu’il eut achevé son temps de service liturgique, il repartit chez lui.

 

 En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.

 

 

24 Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,

25 mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus.

 

 

 

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25 mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus.