mardi, janvier 09, 2024

Luc 2, 22-40 Fête de la Ste Famille. 30 décembre 2023. Année B

Luc 2,  22-40 Fête de la Ste Famille. 30 décembre 2023. Année B

 

J’ai écrit deux textes sur l’évangile, proposé par la liturgie pour ce dimanche de la Ste Famille. Il s’agit de l’évangile que l’on entend lors de la purification au mois de février.

Un datant de 2010, https://giboulee.blogspot.com/search?q=Siméon   après une session de retraite pour les personnes âgées (à cette époque j’étais une des plus jeunes) où nous avions travaillé et médité » ce texte, et un autre plus récent : https://giboulee.blogspot.com/search?q=Luc+2%2C+22-40 , écrit lui au moment de la fête de la purification, donc centrée sur Marie ; texte repris par Joseph. 

 

Je dois dire que le choix de la liturgie pour honorer la sainte famille m’étonne quand même. Enfin pour les années A et C ce sera diffèrent. Pour l'année A c'était 

 

Je change un peu la structure de cet écrit pour présenter en premier le travail sur le texte. Est-il très différent de ce que j’ai écrit en 2023, je ne sais pas. Au lecteur de vérifier si ça le tente. Simplement et c’est important on apprend qu’après cet évènement, la famille quitte Jérusalem pour retrouver Nazareth et que la vie simple et normale commence ou continue pour eux.

 

 

 

 

Travail sur le texte.

 

22 Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,

23 selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’

24 Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’

 

La présentation de Luc n’est pas évidente, car il y a deux rituels. L’un pour la purification, (lié au sang qui continue à couler un certain temps après une naissance) l’autre pour le rachat du premier né. L’offrande choisie indique que le couple n’est pas riche. C’est l’offrande des pauvres. 

 

25 Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.

26 Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.

 

Voir de ses yeux, c’est une sacrée promesse. Il me semble que Jésus dira à ses disciples qu’ils sont heureux parce que leurs yeux voient ce que les prophètes et les rois auraient voulu voir de leurs yeux. Syméon a eu son annonciation. Cela pourrait être le titre d’un texte :’annonciation faite à Syméon. 

 

 

 

27 Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.

 

Là je trouve cela très beau.  Syméon est conduit par une motion intérieure. Peut-être qu’il n’avait pas prévu d’aller au Temple, que c’était un jour comme les autres. Mais non, il y va, comme il est. Et là, il se passe quelque chose . 

 

Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,

28 Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :

 

Il arrive juste au moment du rachat. Je peux imaginer que quelqu’un tend l’enfant, le présente au Très Haut, et que ce quelqu’un, ce sera lui. C’est peut-être pour cela qu’il reçoit l’enfant dans ses bras et que quelque chose s’est ouvert en lui, comme un émerveillement et une immense gratitude. De nos jours, pour cette cérémonie, l’enfant vêtu de blanc passe des bras de son père à celui du Cohen. Et le père verse alors la somme prescrite pour racheter l’enfant au Cohen. 

 

29 « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.

30 Car mes yeux ont vu le salut

31 que tu préparais à la face des peuples :

32lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

 

 

Et sa bouche s’ouvre, comme celle de Marie, comme celle de Zacharie, et devant tous ceux qui sont là, il peut louer Dieu, celui que lui nomme « maitre souverain ». Il peut mourir dans la paix, car ce qu’il désirait plus que tout, ce messie attendu, il est là, il est dans ses bras. En cet enfant il y a l’homme qui sera le salut pour le peuple,  celui qui se révèlera aux nations, qui en sera la lumière, qui les fera sortir du paganisme et qui fera que ton peuple se glorifiera d’avoir en lui un tel sauveur. 

 

33 Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.

 

Cette phrase est étonnante. Ils savent bien que ce petit, est promis à quelque chose. Mais entre savoir et comprendre il y a souvent un abime. Et là, l’abime se comble un peu. Mais ce qui est peut-être étonnant, c’est que leur enfant aura une destinée qui dépassera bien la Judée et la Galilée. 

 

34 Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction

35 – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

 

Et là, c’est le passage très difficile. Cet enfant sera révélateur. Donc rien ne restera dans l’ombre, et les esprits des hommes auront du mal à accepter ce qui se passera lorsqu’il parlera.  Mais s’il fait cela, toi la maman, tu verras ton fils honni, détesté, et pour une mère, quoi de plus terrible que de voir son fils ne pas être aimé et admiré, lui qui est le Fils.

 

36 Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,

37 demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.

 

Symétrie voulue par Luc dès le début ; un homme puis une femme, mais une femme âgée qui a tout misé sur Dieu, et qui attend la délivrance, comme une femme attend la délivrance quand elle enfante. Et là, c’est arrivé et elle peut le proclamer à tous. 

 

38 Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.

 

 

39 Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

40 L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

 

On trouve pour conclure une phrase assez analogue à ce qui s’est passé pour le fils de Zacharie, mais Jésus lui ne va pas dans le désert, car son temps viendra plus tard.  

 

Premières réflexions. 

 

 

Traditionnellement quand on écoute ce texte, les commentaires sont, comme je l’ai dit,  centrés sur les deux « vieux », et même si Syméon bénit le couple qui s’étonne de ce qui est dit au sujet de l’enfant, et ensuite s’adresse à Marie, il est difficile de se centrer sur r la famille. On sait juste qu’ils ne comprennent pas, ou semblent ne pas comprendre, et que Marie garde toutes ces choses dans son cœur et les médite. Garder et méditer, deux actions différentes, qui nous concernent dans notre vie.

 

Bien sûr on ne peut qu’admirer l’obéissance aux lois prescrites ? Marie a-t-elle besoin de ce rituel de purification ? L’enfant doit-il est racheté , lui qui va racheter son peuple et les toutes les nations ? On peut se poser des questions. 

 

Il est vrai aussi, que chaque fois que je lis ce passage, j’ai envie de me désolidariser en quelque sorte des couplets classiques sur la vieillesse. Certes ils sont des modèles, ils ont mis leur foi dans le Seigneur, ils lui ont tout donné, ils sont devenus des justes et même des prophètes, mais ils ne sont pas que cela. 

 

Je déteste que toutes les personnes âgées soient appelées des papis ou des mamies. Ce sont des personnes qui ont eu la chance ou la malchance d’avoir vécu beaucoup de choses, qui ont leur personnalité, leur histoire, leur insertion sociale, et on ne peut pas les réduire à être des « petits vieux ». Que le corps les trahisse oui, que parfois la tête refuse de se souvenir de certaines choses oui, mais de grâce n’enfermez pas toutes les personnes qui ont un certain âge ou un âge certain dans des cases : fragilité, vulnérabilité, sénilité, que sais-je encore. Ces personnes ont une histoire et on ne doit pas les réduire à ce qu’on voit d’elles.

 

Je reconnais que d’emblée quand j’ai commencé à travailler ce texte, une sorte de travail s’est fait en moi pour regarder Syméon autrement et donc l’idée de laisser cet homme raconter, mais en le sortant un peu de son rôle de « vieux sage, de vieillard comme on dit si souvent). Je veux dire le sortir de son étiquette d’homme juste, de juif pieux, qui semble trop sorti de la vraie vie. Ce Syméon, il a une famille, il a des enfants, des petits enfants. Il peut être heureux de les prendre dans ses bras et il sait les tenir pour qu’ils se sentent se sécurité. Il respecte les demandes des uns et des autres, il vit comme un tout à chacun, avec aussi les faiblesses qui apparaissent avec l’âge, mais aussi une certaine joie d’être vivant, même s’il songe à sa mort. 

 

Et puis, il y a aussi la question de l’esprit saint qui semble avoir une très bonne communication avec lui. On nous dit que l’esprit était sur lui, et cela c’est beau. C’est comme si au lieu du châle de prière, il avait comme une enveloppe d’esprit saint, qui le met effectivement un peu à part. Et cet esprit saint lui a fait une promesse qui répond à une prière : voir le consolateur d’Israël avant sa mort. Cela renvoie au prophète Isaïe, aux chants du serviteur, à celui sur lequel reposera l’onction, et qui apportera enfin la justice. Il est aussi ce roi messie annoncé par le psalmiste, je pense à ces psaumes qui parlent de ce roi, de ce fils de roi, qui un jour viendra et qui soumettra tout et sui fera régner paix et justice en Israël . Quand on est dans un pays conquis, croire que Dieu réalisera ses promesses, c’est la foi. 

 

On nous dit aussi que l’esprit saint lui a fait une promesse et c’est là où je trouve que c’est beau, parce que c’est le très haut qui écoute et qui répond à la prière, même si la réponse est vague : avant que tu ne quittes ce monde. 

 

Peut-être aussi que Syméon, s’attendait à voir un homme fait, un homme en pleine possession de ses moyens. Au lieu de cela, c’est vers le temple qu’il est envoyé, sans savoir qui il va trouver ; Peut-être un nouveau Rabbi, mais un enfant ?

 

Ce qui est beau, c’est sa soumission. Il est un peu comme les soldats du centurion donc Luc parlera plus tard, qui donne des ordres qui sont exécutés. Syméon reçoit cette motion d’aller ce jour-là, un jour comme les autres, au Temple, et il y va, et à la fois celle qui a été le temple de la présence en elle de cet enfant et cet enfant qui lui est le temple de la Présence, qui est la Présence et cela il le perçoit avec des yeux qui ne sont pas des yeux de chair., mais des yeux d’amoureux de Dieu. 

 

Pour Anne, je n’ai pas vraiment réfléchi. C’est le personnage de Syméon qui était là, avec cette communication dont je suis peut-être un peu jalouse avec l’Esprit Saint.

 

Syméon raconte.

 

Finalement Syméon parle pour lui, mais aussi pour Anne.

 

 Je m’appelle Syméon, je vis dans la sainte ville de Jérusalem et je pratique la Loi de mon dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et lui je l’aime plus que tout. J’ai atteint un âge certain. J’ai une femme qui m’a donné des enfants qui eux-mêmes m’ont donné des petits enfants. Et ces petits enfants ils font ma joie. 

 

Je sais que le Seigneur est avec moi, et que les autres me considèrent comme un homme juste et religieux. Religieux oui, parce que notre religion elle fait de nous des hommes tournés vers notre Dieu, mais juste, cela le très haut seul le sait. 

 

Pourtant il m’a fait comprendre que je ne quitterai pas cette terre avant d’avoir vu le Messie, celui que nous attendons pour être la Consolation de notre peuple, pour lui redonner tout son honneur, pour être le berger qui le conduira vers le très Haut. 

 

Ce midi, alors que je ne comptais pas me rendre au Temple, j’ai ressenti en moi comme une force, une pulsion qui me poussait vers le lieu de la Présence, du moins c’est comme cela que je me représente le Temple. 

 

Il y avait un jeune couple, qui s’apprêtait à sacrifier deux petites colombes pour leur fils. Mais cet enfant il n’était pas comme les autres enfants, ce couple, il ,n’était pas comme les autres couples. Je me suis approché d’eux, et la maman m’a tendu l’enfant en toute confiance, pour que je le présente au Très Haut. Un infini bonheur s’est emparé de moi. Je comprenais que ce tout petit, c’était celui qui sera celui que nous attendions tous et il portait un si beau nom ; Dieu SauveJe le regardais et il me regardait avec ce regard empli de sagesse des tous petits. 

 

Des paroles sont sorties toutes seule de ma bouche. Je me suis entendu dire que maintenant je pouvais partir en paix, car mes yeux avaient contemplé celui qui est le salut préparé par Lui, le Maitre souverain, à la face des peuples, la lumière qui se révèle aux nations et qui donne gloire à ton peuple. 

 

J’étais étonné de ces paroles, car elles disaient que ce tout petit, ce messie, serait lumière pour nous, mais lumière pour tous les hommes de toutes nations et de toutes races et cela jamais je ne l’avais pensé. 

 

Les parents étaient aussi étonnés que moi, de ce que je prédisais là à leur tout petit. Je les ai bénis mais d’autres paroles me sont venues. Elles étaient pour la maman. Elles lui annonçaient ce son enfant ne ferait pas les choses facilement, qu’il serait un signe de contradiction, je dirai une sorte de scandale et que beaucoup le rejetteraient, même si d’autres le choisiraient et que cela, transpercerait son cœur de mère comme un glaive. Et il y avait en moi beaucoup de compassion pour cette toute jeune maman. 

 

Comme j’allais partir en les bénissant, une femme que tous reconnaissent comme une prophétesse est arrivée. C’est une femme très âgée qui n’a jamais eu d’enfant et qui a perdu son mari, peu d’années après leur union. Elle est toute ridée, mais elle se tient très droite. Elle a été attirée par le bébé (et pourtant il ne pleurait pas), et par le jeune couple comme par un aimant. Elle proclamait les louanges de Dieu, et elle disait que ce serait cet enfant qui un jour apporterait la délivrance à Jérusalem. Mais qu’entend-elle par délivrance ? Les romains ne lâchent jamais. Mais peut-être qu’il s’agit de cette autre délivrance autrement plus nécessaire et plus profonde qui est de nous délivrer du joug du péché. Mais les hommes comprendront-ils cela ?  J’ai rarement vu une femme aussi heureuse. 

 

Je me disais que le Seigneur qui fait bien toute choses avait envoyé ce jour- là deux personnes, que l’on peut considérer comme dignes de foi, pour être les témoins de ce qui était en train d’arriver : Dieu visite son peuple, Dieu renouvelle son alliance, Dieu sauve son peuple. Comment cela se fera -t-il ? Nous ne le verrons pas, mais nous savons que cet enfant, ce bébé qui a toute la vie devant lui, c’est aussi Emmanuel ; Dieu avec nous.

 

Elle et moi avons béni le couple qui est reparti chez lui, je crois en Galilée. Dans ma bénédiction, j’ai demandé comme notre Père Moïse nous l’avait enseigné que le Seigneur les bénisse et les prenne en garde, que son visage s’éclaire pour eux, qu’il tourne vers eux son visage et leur donne sa paix. Mais avec cet enfant, je savais bien que tout cela, ils l’avaient en plénitude. Et je leur ai demandé qu’eux aussi me bénisse. 

 

La joie était en moi quand j’ai regagné ma demeure. Jamais un tel amour m’avait inondé, abreuvé. Beni soit mon Seigneur qui a répondu à ma demande de voir celui qui doit apporter le Salut avant que je ne quitte cette terre.

 

 

 Mais ce premier récit qui a été travail qui pour moi est un peu une restauration de ce personnage a été un temps nécessaire. Pourtant si je désire que 

 

ce troisième et dernier livre, soit un chant nouveau, il me faut sortir de la routine., ne pas faire ce qui semble évident. Et j’ai essayé de visualiser différents temps et les personnages qui apparaissent dans cette péricope.

 

Une autre approche.

 

 Dans un premier temps qui se passe dans le Temple de Jérusalem (et Dieu sait si ce lieu est important pour Luc, puisque c’est là que tout a commencé avec l’annonce faire à Zacharie), Il y a Joseph, il y a Marie, il y a Jésus. Il y a surement d’autres couples qui viennent présenter leur enfant et/ou se conformer au rituel de la purification. Eux, viennent de Bethléem. Comment sont-ils venus ? on ne sait pas. Peut-être à pied, et cela évoque déjà un pèlerinage.  Et le temple, c’est toujours du monde, du bruit, des lieux à trouver. Ils doivent à la fois faire pratiquer sur Marie le rituel de la purification et le rachat de leur premier-né. Cela fait beaucoup à faire.

 

Un peu plus tard il y aura Syméon et Anne, ce couple masculin, féminin, qui annonce à ceux qui sont là, que comme les bergers dont nous connaissons l’histoire, ils ont trouvé celui qui était annoncé depuis des siècles, que l’histoire bascule et que Dieu est là en cet enfant. Mais ils ne raconteront pas ce qui s’est passé pour eux, puisque le regard est sur la sainte famille et par sur ces deux témoins prophètes. Encore que Syméon le fasse assez largement : il peut quitter ce monde en paix, parce que la promesse qui lui a été faite s’est réalisée. Par contre pour Anne, on ne sait pas, si ce n’est sa joie et la force qui la pousse à transmettre cette joie. 

 

Peut-être que Luc, se sert de cela pour montrer quel est le rôle des disciples, car ils sont peut-être les premiers disciples. Ils ont été trouvés par le très haut, ils ont trouvé le Messie et ils rendent témoignage à ceux qui sont à côté d’eux. 

 

Si je reviens à la famille, je peux les imaginer un peu perdus dans ce grand lieu, cherchant où acheter les colombes nécessaires, cherchant quelqu’un pour ces offrandes . Ils sont là pour obéir à la loi, à la Tora. 

 

Il y a donc en premier ce tout petit enfant de 6 semaine. Ses yeux sont bien ouverts maintenant, leur couleur des yeux est acquise et ne changera plus. Il fait de vrais sourires, mais c’est encore un tout petit qui certes gazouille mais ne parle pas, qui est encore parlé par ses parents qui apprennent à le décoder. Ce petit enfant nommé Jésus est là pour être présenté au très Haut, pour le lui être offert et pour être « racheté » c’est-à-dire que son père doit donner quelque chose (au temple finalement) pour que son fils lui appartienne en propre. Même s’il regarde tout autour de lui, il est un peu petit pour raconter. 

 

Il y a Joseph, et ce serait assez tentant de lui laisser la parole. Il a dû être surpris et choqué par ce que Syméon dit à sa toute jeune femme, à cette toute jeune maman. Lui dire que son fils ne sera pas aimé , qu’il sera rejeté (parce que finalement c’est bien de cela qu’il s’agit),ça a dû lui faire mal à Joseph et il a dû se dire qu’il allait avoir du travail pour rassurer sa femme. Bien sûr le Seigneur Dieu, est fidèle en toutes ses voies, et il sait ce qu’il fait, mais une maman est une maman, un papa est un papa. Comment va-t-il pouvoir être le père de cet enfant qui a eu une naissance tellement hors norme ? Quelle sera leur vie à Nazareth ? Il a dû s’en poser des questions Joseph . 

 

Il y a Marie. Marie qui par ce rituel de la purification, reprend en quelque sorte sa place dans la société de l’époque. Le Prêtre qui commentait ce texte a parlé de la purification du calice après la communion, en disant que ce vase sacré qui a contenu le vin devenu -sang du Fils, n’a pas besoin d’être purifié de quoique ce soit, mais qu’à la fin de l’office, alors qu’il a contenu du sacré, il peut à nouveau contenir du vin et de l’eau, redevenir un calice banal, profane. Il me semble que si les pharisiens se lavent les mains en revenant du marché, c’est pour signifier qu’ils quittent un espace profane pour rentrer dans un espace d’un autre type, un espace sacré .  Marie reprend sa vie de tous les jours, peut-être que durant ces quarante jours, elle n’a pas pu aller au marché, sortir de chez elle. Là elle reprend sa place dans la société.

 

On peut donc faire raconter par Joseph, mais c’est déjà fait, par Anne, mais elle ne fait pas partie de la famille, par l’enfant Jésus, mais c’est encore un « infans » qui est parlé et n’a pas la parole et enfin par Marie. Il m’a semblé que comme elle est concernée au premier chef par les paroles de Syméon, que je pouvais lui laisser la parole. 

 

Un autre possible eut été de laisser le couple raconter, mais pour cela il faudrait me lancer dans un style différent. Peut-être que cela viendra dans le futur ; 

 

 Marie raconte.

 

Cela fait quarante jours que mon petit est né, que je l’ai enfanté, nommé. Il a été circoncis au bout d’une semaine, et il aurait dû être présenté au Seigneur un mois après sa venue au monde, mais nous avons pensé avec Joseph que nous pourrions aller à Jérusalem pour accomplir à la fois ce rituel, mais aussi celui de la purification, qui lui a lieu quarante jours après la naissance. 

 

Cela fait maintenant six semaines qu’il fait notre joie, même si les nuits sont parfois difficiles.  Juste après sa naissance, des bergers sont venus nous voir. Ils nous ont dit que des anges leur étaient apparus, et leur avait dit que dans la ville de Bethléem, leur était né un Sauveur, qui est l’Oint du très haut, le Seigneur. Ils ont reconnu qu’ils avaient eu peur, très peur, d’autant que la nuit était devenue comme le jour. Ils s’étaient mis en route et nous ont trouvé. Ils avaient pensé à apporter de ce fromage qu’ils sont les seuls à fabriquer et dont je raffole, je dois le reconnaître. Eux, ces bergers que personne n’aime, sont ensuite allés à Bethleem et ont raconté ce qu’ils avaient vu et où nous étions, et à partir de ce moment- là, nous avons été aidés par plein d’hommes et de femmes de bonne volonté et nous n’avons manqué de rien. 

 

Aujourd’hui nous voici donc, tous les trois à Jérusalem, dans le Temple. Un prêtre va pouvoir me bénir, et me permettre reprendre la vie normale, chercher de l’eau, acheter la nourriture, ne pas avoir peur de toucher ou d’être touchée, mais surtout nous allons offrir un couple de colombes pour racheter notre fils. 

 

Quand je pense que c’est lui qui va racheter le monde, cela me fait sourire, mais c’est que notre Père Moïse a prescrit, alors nous voici. Ne sommes-nous pas les serviteurs du Seigneur ? Ne faisons-nous selon sa parole, 

 

Nous avions acheté les oiseaux qui seront sacrifiés, et nous étions sur le point de mettre l’enfant dans les bras du prêtre, quand un homme âgé est arrivé, et j’ai senti dans mon cœur que c’était dans ses bras à lui, que je devais poser mon enfant. 

 

Je ne savais pas comment il s’appelait, ni qui il était, mais j’avais confiance en lui. Et l’enfant n’a pas pleuré et s’est mis à gazouiller. On voyait bien que des enfants il en avait eu, qu’il savait les tenir, que les bébés se sentaient bien dans des bras. Il m’a regardé avec gratitude, il a regardé mon petit, il a aussi regardé Joseph. 

 

J’avais l’impression que tous les regards étaient braqués sur nous. Le prêtre sacrificateur a fait ce qu’il avait à faire et a prononcé la formule du rachat. Normalement il aurait dû à ce moment-là, nous rendre l’enfant, mais il ne l’a pas fait. 

 

L’homme qui me faisait penser à un beau grand-père s’est mis alors à bénir le Très Haut. Il disait que maintenant que ses yeux avaient vu le Salut (et là il parlait de mon fils, de mon unique, de notre unique), il pouvait mourir en paix. Il a dit d’autres paroles, mais je pense que Joseph les a retenues. Il faut dire que nous étions dans l’étonnement, un de plus, depuis la naissance. 

 

Une femme âgée aussi s’est approchée, on aurait dit que certains serviteurs de Dieu s’étaient donné le mot et elle disait que mon enfant apporterait la délivrance à Jérusalem. 

 

C’est là que Syméon, parce que c’est son nom, s’est tourné vers moi. Ce qu’il a dit s’est gravé en moi, de manière indélébile. Il disait que notre fils, provoquerait la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Et qu’il serait un signe de contradiction. Moi qui pensais qu’il serait un signe de paix, un signe d’amour, voilà que lui me disait qu’il serait comme cette pierre qui fait trébucher, et que beaucoup tomberaient. Pourtant il parlait de relèvement, alors peut-être qu’il fera tomber des murailles pour reconstruire quelque chose de plus beau. Cela me réconfortait un peu. Seulement il a ajouté qu’il révèlerait les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre ; Là je n’ai pas compris. Mais ce que j’ai compris, c’est que moi, sa maman, mon cœur serait comme transpercé par un glaive, parce qu’il ne serait pas compris, pas entendu, qu’il serait rejeté et que je ne pourrai rien faire pour le protéger. 

 

Alors bien sûr, il y avait lui, il y avait cette femme qui était une prophétesse, qui annonçaient à la fois du magnifique et du terrible et il y avait nous trois, et notre vie qui serait entre les mains de dieu, pour que notre fils, soit celui qui donnerait le Salut à notre peuple. 

Je dois dire, nous devons dire que ce qui s’est passé ce jour, nous a débordé. Nous ne savions que penser. Nous étions dépassés. Mais nous savions que tout ce que le Seigneur fait, il le fait bien. 

 

Syméon nous a invité chez lui, nous avons découvert sa grande famille. Puis nous avons repris la route de Nazareth et nous sommes devenus des parents, des époux et des membres de notre village.

 

  



 

 

 

 

 

 

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