samedi, mai 20, 2023

Mt 28, 16-20. Fête de l'Ascension. Mai 2023

Ascension. Mt 28, 16-20

 

C'est l'année A, donc c'est un texte de Matthieu qui a été choisi, mais la lecture des Actes des Apôtres (Ac 1) permet d'avoir un autre son de cloche que ce qui est rapporté par Matthieu. 

Cela se passe à Jérusalem, quarante jours après Pâques, temps utilisé par Jésus pour enseigner ses disciples. Et, bien entendu, ces quarante jours ont une portée symbolique. Cela se passe au cours d'un repas; Jésus leur donne l'ordre de ne pas quitter Jérusalem en attendant de recevoir le baptême dans l'Esprit, cet Esprit qui a été promis et qui leur donnera la force d'être témoins à Jérusalem, en Samarie et dans le monde entier. 

Puis là - la description est différente de celle rapportée dans l'évangile - Jésus s'élève, et cela fait penser à une sorte de lévitation qui va bien au-delà de simplement s'élever au-dessus du sol: on peut imaginer que cela prend un certain temps, et qu'un voile de nuages arrive et le masque aux regards; un peu finalement comme des rideaux; et il est alors logique que les disciples qui regardent se demandent ce qu'il en est, et qu'ils soient un peu en attente. 

C'est alors que deux hommes en blancs apparaissent, et leur demandent de cesser de bailler aux corneilles (cela, c'est ma manière de traduire le "Pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel, ce Jésus qui a été enlevé au ciel viendra auprès de vous, de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel". 

De fait cela ne dit pas grand-chose sur ce qui adviendra un jour, mais une autre venue de Jésus est clairement annoncée, son temps sur la terre est fini.  Ce que je note, car cela est un peu différent de ce qui se passe dans l'évangile, c'est que Jésus s'élève de lui-même - c'est donc bien sa volonté, mais en même temps, il a été enlevé au ciel, ce qui est un moyen de dire clairement où Jésus se trouve désormais, et que c'est aussi la volonté du Père. Dans l'évangile (que j'aime beaucoup), Jésus se sépare d'eux et est emporté au ciel, ce qui est finalement la même chose, mais le verbe se séparer montre bien que quelque chose se termine, comme l'enfant qui vient au monde se sépare de l'intérieur du ventre de sa mère. https://giboulee.blogspot.com/2020/05/il-fut-enleve-leurs-yeux-il-se-separa.html


Travail sur le texte

 

Mais revenons au texte de Matthieu. Les femmes qui sont venues au tombeau ont eu la vision d'un ange, qui provoque un tremblement de terre renversant les hommes qui gardent le tombeau, s'assied sur la pierre roulée qui montre bien le vide, et leur dit de venir voir le lieu où Jésus reposait (ce qu'elles ne feront pas) et d'aller dire aux disciples qu'Il est ressuscité d'entre les morts et qu'il les précède en Galilée; et que là, ils le verront. Puis l'Ange s'en va, et les femmes se mettent en route, remplies de crainte et de joie. C'est là que Jésus leur apparaît, qu'il les salue, qu'elles s'approchent,  lui saisissent les pieds, ce qui est un moyen d'être certaines qu'il n'est pas un fantôme, et se prosternent. Jésus leur dit alors d'être sans crainte, et confirme le message de l'ange: aller en Galilée. 

 

Si on fait une recherche sur le verbe se prosterner chez Matthieu, on ne le trouve que trois fois, une première fois au tout début des évangiles - Mt 2, 11: les mages entrent, voient l'enfant et sa mère, se prosternent et adorent, et deux fois dans ce dernier chapitre: les femmes et les disciples.

 

 

16 En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.

 

Cela se passe sur une montagne. La montagne, c'est le lieu de rencontre avec Dieu: dans le premier testament (montagne de l'Horeb, don de la loi); mais aussi don de la nouvelle loi, les Béatitudes, lieu de la multiplication des pains et de la transfiguration. Cet "ordre" n'a pas été mentionné précédemment, si on reste au texte seul. Mais il s'agit bien d'un ordre et des ordres, il y en aura d'autres.

 

17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. 

 

Manifestement quand ils arrivent, ils sont seuls. Ils attendent, et Jésus, d'un coup, est là; ce qui évoque un peu ce qui se passe dans l'évangile de Jean le soir de Pâques. Ils se prosternent, mais comme je l'ai noté, jamais les disciples se sont prosternés devant Jésus. On ne se prosterne que devant le Très Haut. Et là, la question du doute. Peut-être la question sur ce qu'on voit: est-ce bien lui? Est-ce que cet homme qui ressemble au maître est bien le maître? Comment est-ce possible? Les femmes ont éprouvé de la crainte, ce qui est normal; eux éprouvent des doutes, et peut-être que cela peut nous arriver aussi.

 

18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. 

 

Pour ma part, je vois ce verset en deux temps. Les doutes manifestent une résistance, et certains sont comme à distance de Jésus. Et lui ne reste pas loin, mais s'approche et parle. Car jusque-là il n'y a pas eu de mots, de paroles, donc pas de reconnaissance du timbre de sa voix. Et c'est une affirmation: désormais, il a reçu tout pouvoir au ciel (et cela c'est le divin) et sur la terre (l'humain), vrai Dieu et vrai homme. 

 

19 Allez ! 

De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit 

20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. 

 

Puis une série d'ordres. Le premier c'est "allez". Je me suis demandé si on ne peut pas faire un rapprochement avec Mt 10, l'envoi des apôtres en mission. Là ils devaient aller seulement vers les brebis perdues de la maison d'Israël,  proclamer que le Royaume est tout proche. Puis il s'agissait de guérir les malades, de ressusciter les morts, de purifier les lépreux, et d'expulser les démons. Désormais c'est bien ce que va accomplir ce baptême, donné aux nations et donné au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Baptême qui permet d'entrer dans cette relation d'amour, et qui permet de renaître, de devenir vivant, d'être libéré de sa lèpre et de ses démons. 

 

Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

 

Et la promesse: Jésus absent, mais présent chaque jour et sans aucune limitation dans le temps. Réalisation de la prophétie d'Isaïe; on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui veut dire Dieu avec nous.

 

 

Faire raconter l'Ascension à un disciple à partir de l'évangile de Luc, c'est possible. Le faire à partir de celui de Matthieu, qui est beaucoup moins imagé car rien n'est dit, c'est un peu une gageure. Je me suis dit que seul Matthieu pourrait le faire. Mais je dois dire que si, comme toujours, je m'appuie uniquement sur le texte attribué à Matthieu, je n'ai pas tout retenu des chapitres 27 et 28. Je me place au moment qui suit directement la résurrection, et je pense que la restitution des trente deniers aux prêtres, l'achat du champ, ou le soudoiement des soldats n'apportent pas grand-chose et peuvent avoir été rajoutés lors de la rédaction du texte. 

 

Matthieu raconte

 

Quand le maître a été arrêté par la faute de ce traître de Judas Iscariote, nous étions avec lui au Jardin des oliviers. Puis tout est allé très vite. Les grands-prêtres et le sanhédrin ont chercher des faux témoins pour le faire condamner; mais ils n'en n'ont pas eu besoin car Jésus a affirmé qu'il était bien le Christ, le Fils du Très Haut, et qu'on le verrait, lui le fils de l'homme, siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. Or nous savons bien que celui que chevauche sur les nuées n'est autre que le Seigneur. 

 

Ils l'ont ensuite livré à Pilate, qui même s'il ne voulait pas le faire mettre à mort, a cédé à la pression. Il a libéré un bandit, Barrabas, et a livré Jésus pour qu'il soit crucifié. Lorsque la sixième heure est arrivée, le ciel qui était clair est devenu tellement sombre qu'on se serait cru en pleine nuit; puis, trois heures plus tard le Maître, en poussant un grand cri, a rendu l'Esprit. À ce moment-là il y a eu comme un tremblement de terre, comme si la terre tremblait elle-même devant ce qui venait de se passer. Moi qui étais là je sais que, devant cela, beaucoup ont dit que Jésus, condamné comme un malfaiteur, était bien Fils de Dieu. Et d'ailleurs cela accomplit bien la prophétie d'Isaïe, de ce serviteur méprisé par tous, transpercé à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos fautes, retranché de la terre des vivants. 

Le corps a été mis dans un tombeau creusé dans le roc, fermé par une lourde pierre.

 

Au petit matin du troisième jour après la mort, les femmes sont venues pour regarder le sépulcre. Comme une escouade de gardes avait été postée tout autour à la demande des grands-prêtres, qui pensaient que certains d'entre nous allaient prendre le corps et répandre le bruit qu'il était redevenu vivant, elles avaient un peu peur. 

 

À leur arrivée, il y a eu un tremblement de terre, comme si la terre allait rendre le corps. Les soldats ont eu la peur de leur vie. Elles, elles ont vu l'Ange du Seigneur, tout resplendissant, assis sur la pierre qui avait été roulée. Le tombeau, lui, était grand ouvert. L'ange leur a dit de ne pas avoir peur, que Jésus était relevé d'entre les morts, redevenu vivant comme il l'avait toujours dit; qu'elles devaient aller prévenir les disciples de ce qu'elles avaient vu, et qu'ils devaient aller en Galilée où il les précèderait: là ils le verraient. Elles sont parties, et Jésus lui-même est venu au-devant d'elles. Il les a saluées, elles ont entendu le son de sa voix, elles l'ont vu; elles nous ont dit qu'elles n'avaient pas pu s'empêcher de le saisir par les pieds, à la fois pour le retenir, et aussi pour le toucher, pour être sûres que celui qu'elles voyaient n'était pas un fantôme. Bien entendu elles avaient vu l'Ange éblouissant de lumière, mais quand même, elles avaient un doute. Elles se sont alors prosternées devant lui, et il leur a dit ce que l'Ange leur avait déjà demandé de nous dire: d'aller en Galilée.

 

Nous avons quitté Jérusalem, je dois dire avec une certaine joie. Il y avait la joie de savoir que les écritures s'étaient accomplies, que notre Rabbi était bien vivant, mais aussi la joie de quitter cette ville qu'Il avait tant aimée et qui l'avait condamné à mort; et qui pouvait aussi nous mettre à mort.

 

Chemin faisant, nous nous demandions quand même comment il serait, comment il nous parlerait, et ce qu'il nous raconterait. Nous savions, même si cela n'avait pas été dit aux femmes, que le lieu où nous devions le retrouver c'était cette colline qui est tout près du Lac, cette montagne qu'il avait gravie au début de sa mission et où il avait parlé pour la première fois à nous ses disciples, mais aussi à toute cette foule qui était venue et qui buvait ses paroles, cette montagne où il avait donné des paroles qui font vivre, des paroles de bénédiction, ces paroles que j'aime appeler les Béatitudes.

 

Quand nous sommes arrivés, nous étions seuls. Pourtant il avait dit qu'il nous précèderait. Mais non il n'était pas là. Et si nous étions trompés de montagne? Brusquement il était là devant nous.

 

La stupeur s'est emparée de nous, un peu comme lorsque Pierre, Jacques et Jean l'avaient vu transfiguré sur cette autre montagne qui est près de Césarée de Philippe. 

 

Nous nous sommes prosternés devant lui, certains par peur, d'autres parce qu'ils le voyaient Autre: parce qu'ils voyaient en Lui le Fils de l'homme. En reparlant ensuite avec mes amis de ce qui s'est passé ce jour-là, je me suis rendu compte que certains d'entre nous avaient du mal à y croire, qu'ils doutaient: un peu comme lorsqu'Il était apparu sur la mer déchaînée, et que nous pensions que notre dernière heure était arrivée. Était-ce Lui, ressuscité d'entre les morts, ou était-ce un fantôme? 

 

Il nous a fait signe de nous relever, et moi j'ai vu qu'il y avait plein d'amour dans ses yeux, cet amour qui m'a conquis, moi le publicain, le jour où il m'a appelé à le suivre à Capharnaüm. Il s'est approché de nous, il nous a tous regardés, et il nous a donné en quelque sorte ses dernières volontés. Moi, j'aurais voulu qu'il raconte, mais non, il a donné des ordres; n'est-il pas le Seigneur des Seigneurs? 

 

Il a affirmé que tout pouvoir lui avait été donné au ciel et sur la terre, qu'il était Tout-Puissant, que cette autorité qu'il nous avait donnée autrefois pour annoncer sa venue, elle était maintenant totale, absolue en Lui. D'ailleurs, et cela se voyait sur Lui. Il était à la fois le même et plus le même. 

 

Ensuite, si je puis dire, il nous a dit de ne pas rester là, de nous bouger; car il nous dit "Allez!", comme un maître envoie son serviteur faire ce qu'il doit faire. 

 

Et ce que nous devons faire, c'est de faire des disciples dans toutes les Nations - la nôtre comme les nations païennes - et de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Que nous nous allions les immerger dans cet amour qui est en Lui, qui est dans le Père, qui est dans cet Esprit d'Amour, pour leur apprendre à vivre pour être le sel de la terre. 

 

Il a enfin ajouté qu'il serait avec nous tous les jours, jusqu'à la fin des temps. 

Il est bien l'Emmanuel que nous attendions, qui avait été promis jadis à Joseph. 

 

Et tandis que ses mots résonnaient encore en nous, un silence nous a enveloppé, l'absence s'est faite tangible, nous étions là, seuls: et Lui était parti dans son Royaume, dans ce Royaume qui appartient à ceux qui ont un cœur de pauvre.

 

 À nous maintenant de témoigner et d'être des passeurs de vie, pour que tous puissent recevoir la vie éternelle. 

dimanche, mai 07, 2023

Jean 14. 1-12. 5° et 6° dimanches après Pâques. Je suis le chemin, la vérité et la vie. Il vous enverra un autre défenseur. Mai 2023

Présentation des deux textes.

 

Le chapitre 14 de l'évangile de Jean est proposé pour les cinquième et sixième dimanches après Pâques. Comme pour une fois les versets se suivent, je propose d'en fait une lecture suivie, tout en ayant à l'esprit que, le temps passant, la Pentecôte approche et que commencer à parler de l'Esprit Saint (6° dimanche) est indispensable. 

 

Si on revient un peu en arrière, au chapitre 13, chapitre du lavement des pieds, mais chapitre qui ne relate pas la Cène - même si les chapitres de 14 à 17 portent traditionnellement cette appellation, on sait que Judas a été envoyé faire ce qu'il doit faire, et que Pierre a essayé en vain de comprendre, mais en vain, où Jésus allait "aller" pour recevoir sa glorification, mais a reçu l'annonce de son reniement. On peut donc penser que l'atmosphère est assez lourde. 

 

J'ai écouté le podcast du Pasteur Antoine Nouis sur ces deux textes. Il est donc possible que je m'en serve dans mes propres commentaires. 

 

Normalement, si on se plonge dans ce chapitre, qui va se terminer par "levons nous partons d'ici", on peut voir ce texte, comme un discours d'adieu, une sorte de chapitre du style testament, comme on en trouve dans le livre de la Genèse (Jacob) ou du Deutéronome (Moïse). Et c'est un chapitre très riche. Bien entendu les chapitres suivants, 15, 16 et surtout 17, ont tout leur poids, mais ici il y a aussi les questions des questions des disciples (Thomas, Philippe et Jude), questions que nous pouvons nous poser aujourd'hui, et auxquelles l'évangéliste donne une réponse.

 

La promesse de l'envoi de l'Esprit (qui sera développée au chapitre 15) permet déjà de comprendre que seule la présence de cet Esprit permettra de connaître et de comprendre ce que Paul appelle (Ep 3, 18-19) "la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur": Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu.

 

Si on fait un peu d'analyse de texte, il me semble que certains verbes peuvent servir d'armature à ce chapitre. Il y a le verbe croire, qui est presque un commandement, dès le verset 1: croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Et là aussi, on retrouve un peu le discours paulinien sur la foi qui sauve (qui permet le salut).

L'autre verbe est le verbe aimer. Aimer, parce que c'est parce qu'on aime qu'on peut garder les demandes (les commandements); et c'est parce que Jésus est aimé qu'il peut se manifester à ceux qui ont foi en lui, mais c'est aussi parce que nous avons foi en lui, et que lui nous aime, que l'esprit, le défenseur, sera donné. En fait ces deux verbes se complètent, s'entrelacent et sont inséparables l'un de l'autre. 

 

Mais il y aurait aussi partir, revenir, préparer (une place ou une demeure) et connaître


Travail sur le texte. Versets 1-12. Cinquième dimanche après Pâques

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.

 

Elle est en soi très étonnante cette demande. Que les disciples soient bouleversés se comprend. 

Jésus lui-même vient d'être bouleversé quand il comprend au plus profond de lui-même que celui qui va le trahir est vraiment un de ceux qu'il a choisis, un proche parmi les proches, comme si Jésus avait cru envers et contre tout que ce serait quelqu'un d'extérieur qui le livrerait. Mais là, ce qu'il dit à mots couverts, c'est que tout va sembler s'effondrer, que plus rien n'aura de sens, mais que la foi en Lui permettra à la Vie de reprendre toute sa force.

 

Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?

Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.

Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »

 

Là, Jésus se fait rassurant. Enfin, il essaie. Il commence par dire que dans la maison de son Père il y a de nombreuses demeures. Or ce terme de demeure est important. Nous découvrons ici que si Jésus part, c'est pour que nous ayons totalement accès à ce qui est quand même plus ou moins fermé depuis le début de la Genèse, par cet Ange qui interdit le passage vers l'Arbre de Vie, cette Vie que Jésus va donner en abondance. Ce qui est noté ici par le Pasteur Nouis, c'est qu'il y a différentes formes de foi; que la foi de Thomas n'est pas celle de Philippe ou de Pierre, mais que chacun aura sa place, une place autre, mais une place. Mais pour cela il faut que Jésus parte, qu'il prépare une place (cela évoque aussi son rôle de berger, préparer pour chacun la bonne place). Il y a donc ce qu'il doit faire, et ensuite dans un deuxième temps, revenir et chercher; et là, cela peut demander de la patience aux brebis qui peuvent se sentir abandonnées, par l'absence. Le verset 4 semble dire que les disciples ont bien compris que Jésus doit passer par la croix, mais la réaction de Thomas (la nôtre), montre bien que cela reste difficile, même si nous le répétons jours après jours.

 

Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »

Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »

 

C'est donc la réponse que nous connaissons tous: "Jésus est le chemin, la Vérité, et la Vie". Il est les trois, et comme il l'avait dit, il est aussi la Porte. On trouve la révélation de l'identité de Jésus, mais donnée cette fois aux disciples: "Je suis".

 

Quant à la finale, avec le verbe connaître, elle est un peu un artifice de style, qui permet la deuxième question, celle de Philippe, avec son désir de voir, désir que nous pouvons reconnaître en nous. Pour aller vers Dieu, la porte est Jésus; et qui voit Jésus (même si aujourd'hui cela demande souvent une foi qui nous est difficile) permet d'avoir une connaissance de Dieu Père: pas un savoir, mais une relation d'amour.

 

Le Pasteur Nouis parle de la trilogie: Chemin, Vérité, Esprit, comme de quelque chose de Trinitaire. Et il ajoute que Jésus est la Torah, mais la Torah dans son champ sémantique le plus ouvert: Chemin, vérité, mise en route, enfantement. Et donc lorsque Jésus dit cela, il dit qu'il y a continuité entre les deux testaments. Jésus nous invite à entrer dans cette trinité. La foi, pas comme une doctrine, mais une dynamique de la façon dont le Père et le Fils se fécondent

 

Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »

9Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? 

10 Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.

 

 La demande de Philippe me fait toujours penser à ces villas en bord de mer, qui s'appellent "ça me suffit". Sous-entendu, nous n'avons pas besoin de grand-chose, juste de cette petite maison au bord de la mer, maison dans laquelle ira toute la famille, même s'il faut se serrer un peu, car nous ne demandons pas grand-chose, et ce quelque chose nous l'avons. Or là, la demande de Philippe est quand même un peu réductrice. C'est: Montre-nous (enfin) qui est celui que tu appelles ton papa, et on te laissera tranquille, on sera content, on sera rassuré…  

 

La réponse de Jésus, qui le rabroue quand même, remet les pendules à l'heure. C'est du genre: tu n'as vraiment rien compris (et pourtant toi, tu es un des premiers à m'avoir rencontré, écouté et suivi, et tu as même été chercher Nathanaël). Tu n'as pas compris - toi qui me vois tous les jours - que quand tu me vois, quand tu me regardes, tu perçois celui qui est en moi, celui qui est ma vie, celui qui me donne la vie, et à qui je donne tout et qui est ce Père de relation que je passe ma vie à vous révéler. Comment se fait-il que tu ne comprennes pas que, ce que je dis, que ce que je fais, c'est ce que Lui dit, c'est ce que Lui fait?

 

11Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.

12Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »

 

Là, Jésus s'adresse au groupe, car il sait bien que le groupe a du mal, un peu comme les pharisiens, à croire qu'il est dans le Père et que le Père est en Lui, et que Lui et le Père sont UN. Alors il leur conseille simplement de se remémorer les œuvres qu'il a faites, et qui sont signe de la Présence. Quant aux œuvres plus grandes, elles ne se comprennent que parce que le don de l'Esprit va permettre à la Parole de se répandre par toute la terre, et cela reste vrai. 

 

 

(13 et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.

14 Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai.

 

Ces versets - omis par la liturgie - peuvent être comme une conclusion de cette première péricope. Jésus nous dit que ce que nous demanderons au Père en son Nom, il le fera, car c'est cela qui donne son Poids et sa Gloire à son Père et cela c'est son rôle de fils. Et que nous nous pouvons compter sur Lui. 

 

Travail sur le texte: versets 15 à 21. 6° dimanche après Pâques

 

15 ( En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples): « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. »

 

Ce qui me semble très important, c'est que contrairement à la Tora réduite à la Loi, et bien souvent à la crainte et à la peur, Jésus lie amour et obéissance. Si nous gardons les commandements de Jésus, ce n'est pas par peur de l'enfer, mais parce que nous l'aimons et que du plus profond de notre être, nous voulons lui ressembler, devenir comme Lui.

 

 

16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous,

17 l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.

18 Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.

 

Et c'est l'annonce de quelqu'un qui sera comme Jésus un autre défenseur. Cela peut poser question: contre qui devons être défendus? Le chapitre 15 sera beaucoup explicite. Mais là, nous savons que c'est l'Esprit de Vérité; or la Vérité c'est la connaissance que le Père est en Jésus et que Jésus est dans le Père; et cet Esprit-là sera donné non pas au monde, mais aux disciples, car Jésus ne les laisse pas orphelins. 

Par ailleurs Job dit au chapitre 19: "Je sais que mon défenseur est vivant, et qu'un jour à l'appel de sa voix, je me lèverai dans sa Lumière". Pour Job, le défenseur c'est son Avocat, celui qui va le défendre contre l'injustice, contre le malheur qui lui est tombé dessus; et c'est aussi ce Paraclet qui nous sera, qui nous est, donné.

 

19 D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.

20 En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.

 

Il me semble que ces versets sont très prophétiques. Jésus, mort, sera absent du monde, ce monde qui a refusé de le voir, mais il se montrera à ses disciples. Il n'y aura pas de manifestation, ni de signe dans le ciel. Il y aura le vide du tombeau, et les manifestations de Jésus. Et ce sont ces manifestations qui leur permettront enfin de reconnaître qu'il est dans le Père (unité); et eux, sont devenus son corps, sa présence.

 

21 Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

 

 Promesse que celui qui, parce qu'il a reçu (entendu) et mis au fond de lui le commandement d'Amour, c'est comme cela qu'il montre qu'il aime Jésus, et que celui qui l'aime Lui, sera aimé du Père, et que Lui Jésus, se manifestera à lui. Et cela c'est vrai pour tous ceux qui le reconnaissent; c'est dit pour chacun d'entre nous.

 

 

Le chapitre 14, ne sera plus lu, sauf pendant la semaine. Il est bien évident que la manière dont Jésus se manifeste est une question qui nous taraude tous, et cela permet à Jude, de poser une question importante. Manifestation "privée" ou manifestation publique? 

 

La fin de ce chapitre (voir Annexe) permet de comprendre que ce sera une manifestation spécifique pour chacun; que cette manifestation, c'est que nous devenons demeure (tente, arche d'alliance) du Père et du Fils, et que l'Esprit qui est donné permet de se souvenir (je dirai d'actualiser) les paroles de Jésus. Que ce don va avec celui de la Paix, et que c'est aussi ce don de l'Esprit qui permet de se réjouir de ce départ, car il permet à Jésus d'entrer dans une relation totale avec son Père, ou de la retrouver telle qu'on peut la percevoir dans le Prologue de cet évangile, et que c'est à cela que nous sommes appelés.

 

Thomas raconte.

 

Dans ce chapitre, il y a Jésus, personnage central, mais aussi les questions des disciples, questions qui sont les nôtres. Comme Thomas reste un personnage central (on sait qu'au moment de la maladie de Lazare, il se dit prêt à suivre Jésus pour donner sa vie), et qu'il sera doublement présent après la résurrection (il pourra lui, voir les plaies de Jésus, et sera là lors de la pêche sur le lac de Galilée), j'ai pensé lui laisser la parole; mais peut-être se servira-t-il un peu de ce qui adviendra après le texte. 

 

Il faisait nuit. Judas était parti parce que, pensions-nous, il devait faire des achats pour préparer la Pâque. Nous n'avions pas pu imaginer que l'agneau immolé ce serait le maître. Mais nous n'avions pas reçu celui que Jésus appelle le Défenseur, et nous ne comprenions pas grand-chose, malgré tout notre désir. Je dois dire que ce qui s'était passé avant nous avait vraiment stupéfaits. Jésus nous avait lavé les pieds aux uns et aux autres, lui tout seul, et nous avait dit que c'était un exemple, eh bien je ne me sens pas du tout prêt à le faire, mais tout cela était étrange, inquiétant. Bref nous étions avec lui et autour de lui. Et voilà qu'il nous nous dit de ne pas être bouleversés, alors que nous avions bien vu, que lui, il l'avait été aussi, bouleversé, surtout quand il avait dit qu'il serait trahi par l'un d'entre nous.

 

Et voilà maintenant qu'il annonce qu'il va partir vers la maison de son Père, pour nous préparer une place; puis que quand cela serait fait, il reviendra pour nous emmener auprès de lui, pour que nous soyons avec lui.

 

Je dois dire que je n'ai pas compris. Il veut partir où? Il veut partir quand? Il veut nous prendre avec lui? Est-ce qu'il serait comme Elie avec Elisée, nous prendra-t-il sur son char de feu? Et en plus il dit que nous connaissons le chemin de l'endroit où il va aller. Et bien non, moi je ne le connais pas le chemin, et je le lui ai dit.

 

Et il m'a regardé comme si j'étais un demeuré, et il a rétorqué qu'il est le chemin, la vérité et la vie, et qu'il est le chemin pour aller vers le Père. Je crois qu'il veut dire qu'il est le seul être humain à pouvoir révéler qui est le Très Haut. Et dans la foulée, il a ajouté que comme nous le connaissons, lui, nous connaissons aussi son Père. J'aimerais bien mais, il parlerait en chinois, ce serait exactement pareil (J'écris "chinois", mais je devrais écrire "hindou", puisque Thomas est considéré comme l'apôtre de cette région).

 

Et là, c'est Philippe qui a pris le relais (merci à lui) en lui demandant qu'il nous montre le Père, une bonne fois, et que cela nous suffira. Et là, c'est lui que Jésus a regardé bizarrement, mais il avait l'air très triste. Et il lui a tenu tout un discours. Il lui a dit que celui qui le voyait lui, voyait le Père. Qu'est-ce que j'aimerais avoir des yeux qui soient capables de cela. Mais c'est vrai que ce qu'il montre dans sa vie donne une image, de celui que nous appelons le Béni, très différente de tout ce qui nous a été enseigné. 

 

Il a dit ensuite, que ce qu'il disait, cela n'était pas son propre discours, mais qu'il était comme mû par la présence de son Père (celui que j'aimerais voir de mes yeux de chair), et que les paroles n'étaient donc pas que les siennes; et que le Père, qui était en lui, faisait ses propres œuvres. Là, je dois dire que je n'ai vraiment pas compris. Quand il a envoyé l'aveugle se laver à la piscine de Siloé, c'est bien lui, Jésus qui lui a dit de faire cela. Peut-être qu'il veut dire que ce n'est pas lui qui en a eu l'idée, mais que c'est le Père qui a fait germer cette idée en lui, et que lui, il lui a donné corps?

 

Puis il lui a dit quelque chose qu'il avait dit plein de fois aux pharisiens; à savoir qu'on n'était pas obligé de croire en lui, mais que si on regardait ce qu'il faisait, alors on ne pouvait pas ne pas croire. Sauf que les pharisiens, il pourrait revenir à la vie, ils ne croiraient pas. 

 

Il a ajouté que celui qui avait foi en lui - il a dit, qui croyait en lui - fera ce qu'il fait lui, et même plus. Alors là, je n'en n'ai pas cru mes pauvres oreilles. Vous vous rendez compte? On pourrait multiplier le pain, on pourrait guérir les aveugles-nés, les paralysés, transformer de l'eau en vin? Enfin c'est ce qu'il a affirmé. Et il a ajouté que tout ce qu'on demanderait en son nom, il le ferait, parce que c'est ainsi que le nom de son Père, sera connu et reconnu de tous. Enfin c'est ce que je crois comprendre. 

 

Et il a dit que si on demandait quelque chose, quelque chose en son nom, il le ferait. Bon là je n'ai pas compris du tout. 

 

Je sais que parfois, quand on veut obtenir quelque chose, il faut se recommander du nom de quelqu'un d'autre; par exemple si je dis à un serviteur, je veux voir un tel, il ne va pas me laisser entrer; mais si je dis, je viens de la part de (et là je donne le nom de quelqu'un qui est connu), il va me laisser entrer. Alors je suppose que c'est un peu pareil. Peut-être que si on lui demande quelque chose, mais en sachant qu'il a tout pouvoir, qu'il est le Seigneur, alors il répondra à notre demande. 

 

Mais je crois qu'il relie amour et foi: parce qu'il a dit que si nous l'aimions, nous ferions ce qu'il nous demande de faire; et parfois faire ce qu'il veut, c'est plus que difficile.

 

Enfin, il a dit quelque chose qui m'a beaucoup, beaucoup plu. Il a dit que lui allait prier le Père, et que celui-ci nous donnera un autre Défenseur, qui sera avec nous pour toujours. En fait, je sais bien que les heures de mon Jésus sont comptées, que lui nous défend contre les assauts du mal, parce que le mal est là omniprésent, mais que nous avons tous peur de la manière dont cela va se terminer. Là, il promet qu'il ne nous laissera pas tous seuls, que nous ne serons pas orphelins, qu'il nous donnera cet Esprit qui est en Lui, cet Esprit qui fait qu'il est différent de tous les autres, cet Esprit qui fait qu'il est Dieu. Mais que c'est difficile à croire. En tous les cas, nous ne sommes pas rassurés par ce qui va se passer maintenant. Il s'est levé et nous sommes partis vers le jardin, ce jardin avec un moulin à huile, ce jardin qu'il aime. 

 

Ce qui a été raconté là respecte les textes proposés par la liturgie pour les cinquièmes et sixièmes dimanches après Pâques, mais ne tient pas compte de ce qui se passe avec Jude.  Voici donc en annexe, la fin du chapitre.

 

Annexe: Jn 14, 21-31. la question de Jude

 

Travail sur le texte

Il me semble nécessaire de travailler la fin de ce chapitre, qui est peut-être proposée lors de la fête de l'apôtre Jude, mais comme c'est une fête de semaine, ce texte est donc peu lu et peu connu. Jude pose une question qui nous taraude tous. D'une part nous aimerions tellement voir Jésus le Ressuscité, et qu'il se manifeste à nous; mais aussi, qu'il se manifeste au monde.

 

21 Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

22 Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »

 

Jude semble décontenancé par le verset précédent: celui qui qui reçoit les commandements (parole) et les garde - ce qui évoque certains psaumes: ta parole est lumière - montre (prouve) qu'il reconnaît en Jésus la source, et de ce fait le Père qui est en Jésus l'aime et se manifestera. Mais je trouve que le raisonnement est difficile à suivre. 

On peut entendre la réminiscence de la demande permanente des pharisiens, d'avoir un signe du ciel, qui prouverait que Jésus est le Messie. Et c'est certainement la désir des disciples. 

 

3 Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.

24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.

25 Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;

26 mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

 

La réponse de Jésus, explicite ce que lui entend par manifestation. Ce n'est pas du grandiose, c'est d'un ordre radicalement différent, de l'ordre de l'intime, car c'est centré sur le "demeurer". La plus grande manifestation possible c'est bien la présence du Père dans le Fils et leur présence en nous. Et cela sera rendu possible par celui que le Père enverra au nom de Jésus, l'Esprit Saint, qui est à la fois défenseur (avocat) et enseignant. 

 

27 Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.

28 Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.

29 Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.

30 Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise,

31 mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. Levez-vous, partons d’ici.

 

Là, ce  sont des dons fondamentaux: la paix et la joie.

Jésus annonce que son temps est compté, mais les chapitres suivants compléteront ce testament.

 

 Dialogue imaginaire, après la résurrection. Thomas parle avec Philippe et Jude..

 

Je sais que vous n'avez pas pu oublier cette soirée terrible, qui s'est terminée par son arrestation. Mais nous étions complètement aveugles, ou plutôt, nous ne voulions pas voir. Il a parlé de son départ, et il faisait bien de nous préparer, mais moi j'ai fait un peu l'obtus, et quand il a dit que nous connaissions le chemin, je lui ai rétorqué que je ne savais pas où il allait (et c'est vrai que la croix je ne voulais pas en entendre parler, je ne pouvais pas imaginer qu'il aurait cette mort là, qu'il serait mis à mort comme un malfaiteur, un vaurien. Quant à la résurrection, vous savez comme moi qu'il a fallu qu'il me montre la trace des clous et du coup de lance pour que je sois convaincu et croyant, comme il voulait que je le sois.

 

Et puis il y a eu toi Philippe, et toi aussi tu l'as déçu. Et pourtant tu as posé la question qui est en nous tous, notre désir: voir Dieu. Et pourtant nous savons que même Moïse n'a pas pu voir Dieu. Tu n'avais pas compris, nous n'avions pas compris, que le voir lui, le voir à l'œuvre tous les jours, le voir prier, le voir agir, c'était la révélation de ce que le Père faisait en lui, et qu'il était comme l'icône de notre Dieu, que nous pouvons maintenant appeler Père. Aujourd'hui, je sais que quand je le laisse vivre en moi, parce qu'il demeure en moi, le Père et lui sont en moi et moi en eux. C'est un grand mystère, mais quand il a parlé de la paix qu'il nous laissait, c'était bien cela. Car maintenant, qu'il est parti, qu'il est revenu, sa paix est en nous.

 

Et toi, Jude, toi qui te demandais comment il allait se manifester, et qui au fond de toi aurais tellement aimé qu'il donne enfin, à tout le peuple, ce signe venu du ciel que les pharisiens lui réclamaient, sans cesse toi aussi tu voulais qu'il se manifeste. 

 

Aujourd'hui nous avons cet Esprit qui nous permet de nous souvenir de tout ce qui s'est passé, et qui nous donne la force d'être ses témoins et d'aller dire à tous que Jésus est le Fils du très Haut, qu'il demeure en chacun de nous, qu'il nous a donné son Esprit, et que nous devons baptiser, en son nom, ceux qui croient en lui sans l'avoir vu. 

 

Aujourd'hui nous pouvons raconter ce que nous avons vécu avec lui, nous pouvons nous aimer vraiment les uns et les autres, nous pouvons être serviteurs à sa manière, et nous pouvons chanter sa gloire car, comme il l'avait dit, maintenant qu'il a été élevé, il attire à lui tous les hommes et il révèle l'amour. J'espère que le jeune Jean racontera lui aussi ce qui s'est passé ce soir là; et peut-être que moi je le ferai aussi.