mardi, mai 19, 2020

" Il se sépara d'eux" - Luc 24,51

Ascension

Peut-on dire que l'Ascension est la véritable fin du confinement de Jésus sur la terre, sur sa terre? Il y a la mort, le corps mort, le souffle donné, perdu, puis retrouvé et redonné. Il y a ce temps, variable d'un évangile à l'autre, avec ce corps différent, qui est là, qui se trouve là où on ne l'attend pas, qui semble disparaître quand on se rend compte que celui qui était là est celui qui est. Et le départ…

Je me suis toujours demandée comment les apôtres avaient pu faire leur deuil , parce que quand même. Il y a bien eu un sacré traumatisme avec la mort de celui en qui ils avaient mis leur confiance. Et pas le temps de le faire le deuil, puisque le corps a disparu. Et ensuite ce temps étrange, qui précède cette phrase de Luc que j'aime tant: "il se sépara d'eux"; un peu comme si le groupe de ceux étaient là (que ce soit à Jérusalem ou ailleurs) était une sorte de matrice à l'intérieur de laquelle Jésus pleinement homme avait vécu son temps d'homme, et que le temps était arrivé, comme une naissance, de partir vers ce lieu où il devait nous préparer une place; ce lieu où il retrouvait pleinement celui qu'il nomme son Père; ce lieu d'où il allait envoyer l'Esprit, feu qui n'est pas volé aux dieux, comme le fit jadis Prométhée, mais qui fait de nous des humains renouvelés, animés, fils du Père et frères du Fils.

Je voudrais juste mettre en parallèle les récits de l'Ascension, commenter brièvement, et ensuite laisser parler Simon, ce Simon si triste qui prenait la route d'Emmaüs, qui a vécu ce temps entre le matin de la résurrection et le matin de l'Ascension, et qui une fois de plus s'est, comme chacun d'entre nous, retrouvé quand même seul sur le chemin de sa vie, mais avec cette joie imprenable du voir.

Matthieu 28
Marc
Jean
Luc - évangile
Luc - Actes

















16 Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.

17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.





18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.

19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
.

14 Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité.


















15 Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création.
16 Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné.
17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ;






19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu.








20 Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.


36 Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »







49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. »



























50 Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit.
51 Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.

52 Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.
53 Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu..

03 C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.





04 Au cours d’un 
repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche :
08 Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »




















09 Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.




10 Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs,
11 qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Pour Matthieu, cela se passe en Galilée. Avec l'ordre de baptiser au nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint. Mais on ne sait pas quand.
On sait qu'il y a deux finales chez Marc. La deuxième (citée ici), parle bien d'une ascension, qui semble avoir eu lieu très peu de temps après le Résurrection.
Dans cet évangile, il n'y a pas d'ascension, mais don de l'Esprit le jour de la résurrection, et ce Jésus dans un autre corps
Premier récit. A Jérusalem; qui semble avoir lieu le premier jour de la semaine.
Deuxième récit, qui permet d'introduire le don de l'Esprit.



Simon raconte

Quand ils l'ont crucifié, le monde s'est écroulé pour nous. Il n'a rien fait pour montrer qui il était, il s'est laissé faire, il s'est laissé battre, il s'est laissé humilier, et il est mort, mort, mort. Alors, parce que nous avons dû attendre le premier jour de la semaine pour rentrer chez nous, nous étions abattus, las, tristes à en mourir. Nous étions en deuil, en nous ça pleurait, ça criait, ça gémissait. La Pâque pour nous, c'est une fête, c'est la fête de la libération, mais là, nous nous sentions enchaînés dans notre tristesse, dans notre "à quoi bon". 

Ce qui est étonnant, c'est que quelqu'un a vu que nous étions tout sauf festifs, et qu'il nous a posé des questions. Il était très simple cet homme, et il connaissait les écritures, parce qu'il s'est mis à expliquer des choses auxquelles nous n'avions jamais pensé, et qui permettaient de comprendre que cette mort ce n'était pas un échec, mais que c'était ce que Dieu avait prévu dans sa sagesse, depuis toujours, pour que nous puissions devenir participants à sa divinité, sauvés de l'esclavage du péché: des vivants. Et puis le temps a passé, et puis on est arrivé chez nous, et puis on lui a proposé de manger avec nous. Et là, comme tout hôte, il a prononcé la bénédiction, rompu le pain et là… Là nos yeux se sont ouverts, et nous qui avions en tête l'image de Jésus pendu à sa croix, avec des plaies partout, nous avons compris que c'était lui, redevenu vivant qui avait cheminé avec nous. Et nous sommes partis à Jérusalem prévenir les autres que les femmes ne s'étaient pas trompées, qu'il était bien vivant, comme il l'avait dit..

Quand on est arrivé, on a raconté, et il a été là, au milieu de nous. A la fois le même et pas le même.

Du temps a passé.. Il a fallu s'habituer à ce qu'il soit là, et à ce qu'il disparaisse. Il parlait beaucoup, il expliquait beaucoup, mais là, on comprenait le sens, pardonnez moi l'expression, ça rentrait en nous comme dans du beurre.  Cela a duré quarante jours, quarante jours qui ont passé si vite et si lentement.

Quarante jours, c'est important pour nous. Certains rabbins disent que c'est le temps qu'il faut à un homme pour se rendre compte qu'il ne combat pas contre Dieu, mais avec Dieu.. Quarante jours, c'est le temps que Moïse a passé avec Dieu sur le Sinaï; et nous, nous étions un peu des Moïse avec notre Jésus, avec notre " Dieu Sauve". 
Quarante jours…

Le quarantième jour, il nous a fait sortir du Cénacle. Il nous a emmenés au Mont des oliviers, là où il avait accepté de se laisser arrêter. En fait, on est allés jusqu'à Béthanie. Là il nous a tous regardés, les uns après les autres. Il nous a bénis… Et nous avons vu comme un nuage doré qui l'enveloppait, peut-être cette nuée qui est signe de la présence de Dieu; et il a disparu à nos yeux. Mais ce n'est pas vraiment cela. Il n'a pas été enlevé comme le prophète Elie; il s'est séparé de nous, comme un enfant se sépare du ventre de sa mère quand le temps de la naissance est venu. C'est un peu comme si pendant ce temps passé avec nous, il nous avait pétris et re-pétris par sa parole et par sa présence, qu'il nous avait nourris, et que là, nous étions sortis du four... 

C'est difficile à exprimer, mais nous étions vraiment prêts à ce qu'il se sépare de nous pour toujours, pour que nous devenions ses témoins. C'était à nous de devenir Lui, et pour cela il nous a promis la force de l'Esprit qui ferait de nous ses témoins. 

Seulement, parce que nous sommes des humains, une partie en nous était triste, triste; et nous regardions le ciel qui avait repris son aspect habituel. Alors nous avons tous vu et entendu la voix de deux êtres qui nous ont remis les pieds sur terre, nous qui nous avions la tête dans les nuages... Ils nous ont dit de ne pas rester là à bailler aux corneilles: que le Seigneur reviendrait dans sa Gloire.


Cela nous a changés. Il nous avait promis de nous donner son Esprit; alors au lieu de rester entre nous dans cette salle que nous aimons, parce qu'il y a vécu avec nous, nous avons repris le chemin du Temple et de la prière. Nous n'avons plus peur, nous sommes juste dans l'attente de ce Feu d'Amour qu'il nous a promis.

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