mardi, décembre 27, 2022

Jean 20, 2-8. Il vit et il crut. Marie la mère de Jésus raconte. Semaine de Noël 2022

C'est la fête de St Jean l'évangéliste, qui pour moi n'est pas le fils de Zébédée.  

Si je reviens en arrière, à la fin du chapitre 19, Jean, le seul des disciples, est au pied de la croix.. Il reçoit Marie comme mère. 


Il entend Jésus dire "j'ai soif" puis "tout est accompli" (ce qui renvoie au Psaume 68 - j'avais soif et il m'ont donné du vin aigre, mais aussi au texte de la Samaritaine: "Donne moi à boire ... Et moi je te donnerai de l'eau vive").. Il voit ensuite Jésus rendre l'esprit. Est-il là quand le flanc de Jésus est transpercé et qu'il en jaillit du sang et de l'eau? Je peux l'imaginer, mais est-ce que Marie est encore là? 


Il sait ensuite que le corps a été mis dans un tombeau et qu'il y avait 100 livres (ce qui me paraît énorme) d'aromates. Il sait que le corps est enveloppé du linceul, lié avec les bandelettes, que la tête est dans le suaire, et qu'il s'agit d'un tombeau neuf (accomplissement des écritures qui concernent le serviteur souffrant, Is 53). 

 

Donc Jean a vu et entendu beaucoup de choses. Et voilà qu'arrive Marie de Magdala, dans tous ses états: on a enlevé le corps et elle ne sait pas où il est; pour elle, c'est la panique. De résurrection, il n'est pas question. 


En effet, il est arrivé ce petit matin qu'elle attendait, et c'est dans les ténèbres qu'elle est allée au tombeau avec ses aromates à elle, et aussi, si on en croit les synoptiques, avec une ou deux autres femmes. Et voilà qu'elle a vu la pierre roulée, donc le tombeau ouvert, violé. On peut penser qu'elle se penche et voit la disparition du corps; elle prend les jambes à son cou pour prévenir. Peut-être espère-t-elle que les disciples y sont pour quelque chose.


Travail sur le texte


Dans le texte de la liturgie d'aujourd'hui, il manque le verset 1, qui raconte que le premier jour de la semaine (notre dimanche) Marie est partie aux premières lueurs du jour, dans les ténèbres; ce qui sous la plume de Jean n'est pas anodin ("et les ténèbres ne l'ont pas retenu" peut on lire dans le Prologue), et découvre le tombeau ouvert. 

 

2 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine courut trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » 

 

Le "nous" renvoie logiquement aux femmes. Et c'est la panique: comment rendre hommage au corps qui a disparu. Qui a pris? Qu'est ce qu'on en a fait...?  


3 Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. 

 

Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a aucune mention de Marie, la mère de Jésus, qui devait être là., puisqu'il nous a été dit qu'à partir du moment où Jésus a confié sa mère à Jean, il la prend chez  lui. Elle ne devait pas dormir quand Marie de Magdala arrive. Mais elle, elle reste là. La tradition dit que Jésus lui apparaît, mais cela c'est la tradition. Tout ce qu'elle sait, c'est que le corps de son fils n'est plus là. Mais pour elle, cela prend un autre sens; elle n'a pas besoin de voir.

 

4 Ils couraient tous les deux ensembles, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. 

5 En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. 

 

Et c'est un peu la course, et il y a le plus jeune qui se penche, sans entrer et qui voit les linges posés. Donc si c'est ainsi, c'est que le corps n'est plus dans le linceul, contrairement à ce qui s'est passé pour Lazare. Il a été délié, et cela un simple voleur ne l'aurait pas fait.

 

6 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, 

7 ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. 

 

Pierre semble en voir un peu plus, il y a non seulement les bandelettes, mais le suaire. Donc si la tête n'est pas dans le suaire, c'est que la vie est revenue. On met un drap sur le visage des défunts. Je pense que c'est un peu pareil.

 

8 C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

 

Et Jean entre à son tour et pour lui, c'est évident, le maître n'a pas été enlevé, il est élevé! Il n'est plus là. Ce qui avait été annoncé est accompli. Lui ne doute pas: son Seigneur est vivant.


Je n'avais pas du tout prévu d'écrire un nouveau texte sur ce passage, puisqu'il y en déjà au moins un: https://giboulee.blogspot.com/2019/12/jn-20-8-il-vit-et-il-crut.html . Mais le texte est venu tout seul.

 

Marie, la mère de Jésus, raconte:

 

Oui, un glaive de douleur a transpercé mon cœur. Mon Unique est parti, il est retourné vers son Père, il est mort. J'ai vu le souffle le quitter, sa tête s'incliner, ses yeux se fermer. Ensuite Jean, le jeune disciple de mon fils, m'a conduite chez lui.


 Puis il est retourné là-bas. Il m'a dit que des soldats sont venus briser les jambes des deux autres mais que lui ils ne l'ont pas touché. Malgré tout, je suis émue pour les deux hommes qui sont morts étouffés ainsi. Quelle mort cruelle et affreuse. Un des soldats n'a pas pu s'empêcher de faire du mal à mon fils, comme aux autres. Il a donné un coup de lance dans son thorax, et Jean m'a dit qu'il en était sorti du sang et de l'eau. Son corps transpercé, comme si les clous n'avaient pas suffi.


Que j'aurais voulu être là, quand il a été descendu de sa croix! Mais Jean n'a pas voulu. Je sais que deux de ses disciples, des hommes qui sont dans le Grand Conseil, ont déposé son corps dans un tombeau tout neuf, qui n'avait jamais servi, et qu'ils ont eu le temps de l'ensevelir en oignant son corps d'aromates, et en l'enveloppant dans un suaire, comme cela se fait chez nous.

 

Comme le lendemain était un grand Sabbat, nous ne pouvions rien faire. Il avait dit et répété qu'il reviendrait à la vie le troisième jour. Alors moi, j'attends ce matin, ce jour béni où il nous sera rendu, rendu autrement, pas dans ce corps meurtri, mais dans ce corps qui est le sien depuis toujours. Mais même si j'attends, un peu comme la fiancée du Cantique, mon cœur saigne, mon cœur est dans l'angoisse et dans la tristesse.

 

Les heures ont défilé. Nous avons chanté les psaumes, lu les livres. Il y eu encore un soir; et au petit matin, voilà que Marie de Magdala est venue frapper à la porte. Elle était comme folle. Elle a dit que le corps avait disparu, qu'elle ne savait pas où il était. Alors en moi, quelque chose s'est mis à chanter. Il a vaincu la mort, il a libéré son peuple, la vie s'est manifestée! Cela se disait en moi, était en moi. Il y avait en moi une joie du possible, une joie toute neuve.. 

 

Eux, sont partis en grande hâte, un peu comme moi jadis quand je me suis précipitée pour aller vers la cousine Elisabeth. 


Ils sont revenus peu après. Jean m'a raconté qu'en arrivant dans le jardin où était la tombe, il avait vu la pierre roulée, l'ouverture béante, mais qu'il n'avait pas voulu entrer le premier. En fait, comme il est plus jeune que Simon-Pierre, et en meilleure forme que lui, il était arrivé le premier. Il m'a dit que Pierre était entré, et ressorti sans rien dire. 


Puis, lui-même était entré, et là dans cette lumière qui venait de dehors et qui donnait de la vie à ce lieu de mort, il a vu que les linges, bandelettes et linceul avaient été pliés au pied de la couchette, et que le suaire était posé à la tête. C'était bien plié, mais il y avait des taches de sang. Et voir cela, pour lui, c'était évident Jésus, avait vaincu la mort, il n'était plus là, il n'avait pas été enlevé, mais il avait été élevé dans la gloire, cette gloire qui était la sienne depuis le commencement, depuis les commencements. 

 

Et mon âme a exulté de joie et j'ai béni Dieu mon sauveur, qui fait bien toute choses et qui fait des merveilles. Oui, la vie, la vie s'est manifestée, la mort a été vaincue, et mon cœur est dans la joie.

 

mercredi, décembre 21, 2022

Luc 1, 25-35. L' Annonciation. Mardi de la quatrième semaine de l'avent 2022;

L'annonciation. Luc 1, 25-35.

 

 

J'ai déjà écrit sur ces textes de Luc, qui sont souvent proposés par la liturgie.: https://giboulee.blogspot.com/2018/12/temps-de-lavent-lange-gabriel.html

https://giboulee.blogspot.com/2022/03/lc-1-26-38-et-voici-que-dans-sa.html

 

 Le texte de l'Annonciation faite à Marie, je sais qu'on me l'a fait apprendre par coeur quand j'étais en cinquième. Et c'est le seul texte appris ainsi. C'est dire son importance.

 

Comme ce texte vient juste après l'annonce faite à Zacharie, il m'a semblé intéressant de les mettre en parallèle sous forme de tableau. Cela m'a permis de mieux remarquer les similitudes ou les différences. 


Dans les deux cas, le narrateur commence par situer la scène dans le temps et dans l'espace (lieu, et moment); il nomme les personnages, puis c'est l'entrée de l'ange, qui dans un cas (Zacharie) est vu ou entendu (Marie), les réactions, le signe donné, et le départ de l'ange. Le récit que nous appelons la visitation doit être lu dans la continuité de cette rencontre initiale entre Marie et Gabriel. 


On peut même dire que ce qui se passe dans le temple de Jérusalem, c'est le temps zéro. Désormais, tout sera compté à partir de ce premier événement, qui met en route le plan de Dieu. Le début des temps nouveaux, le début de la bonne nouvelle, c'est là, à Jérusalem, dans le lieu de la Présence. C'est là que tout commence. 

 

Si on essaie de comprendre les réactions de Zacharie, puis de Marie, aux annonces de Gabriel, je pense que dans un cas il y a une certaine incrédulité - incrédulité qui n'aurait pas dû exister chez un homme "juste" et qui connaît les écritures. Pourtant, si on relit un peu l'histoire, Abraham lui aussi est incrédule quand le Seigneur lui promet une descendance (Gn 17,16-17): 16 "Je la bénirai : d’elle aussi je te donnerai un fils; oui, je la bénirai, elle sera à l’origine de nations, d’elle proviendront les rois de plusieurs peuples. 17 Abraham tomba face contre terre. Il se mit à rire car il se disait : Un homme de cent ans va-t-il avoir un fils, et Sara va-t-elle enfanter à quatre-vingt-dix ans?" ; et il en va de même pour Sarah, qui ne peut s'empêcher de rire quand elle entend parler les visiteurs aux chênes de Mambré (Gn18,12): "Elle se mit à rire en elle-même; elle se disait: « J’ai pourtant passé l’âge du plaisir, et mon seigneur est un vieillard ! ". Eux n'ont pas été sanctionnés pour leur incrédulité. Mais eux sont les premiers.  Zacharie, lui, aurait dû savoir qu'à Dieu rien n'est impossible.

 

Une comparaison des deux annonces

 

Lc 1, 5-25

Lc 1, 26-38

05 Il y avait, au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre du groupe d’Abia, nommé Zacharie. Sa femme aussi était descendante d’Aaron; elle s’appelait Élisabeth.

06 Ils étaient l’un et l’autre des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptes du Seigneur de façon irréprochable.

07 Ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et, de plus, ils étaient l’un et l’autre avancés en âge.

 

08 Or, tandis que Zacharie, durant la période attribuée aux prêtres de son groupe, assurait le service du culte devant Dieu, 09 il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.

10 Toute la multitude du peuple était en prière au dehors, à l’heure de l’offrande de l’encens.

 

 

 

26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth,

27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie.

 

 

 

11 L’ange du Seigneur lui apparut

debout

 à droite de l’autel de l’encens.

 

12 À sa vue, Zacharie fut bouleversé et la crainte le saisit.

 

13 L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, 

car ta supplication a été exaucée :

 

 

 

ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.

 

14 Tu seras dans la joie et l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance,

15 car il sera grand devant le Seigneur.

 

 Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ;

 

 

16 il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ;

17 il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »

 

28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »

 

 

29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

 

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie,

 car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

 

 

 

31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.

 

 

 

 

32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut 

 

 

 

 

 

le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;

33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

 

 

 

18 Alors Zacharie dit à l’ange :

« Comment vais-je savoir que cela arrivera ? 

 

Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. »

 

19 L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel et je me tiens en présence de Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle.

 


20 Mais voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles ; celles-ci s’accompliront en leur temps. »

 

34 Marie dit à l’ange :

« Comment cela va-t-il se faire

 

puisque je ne connais pas d’homme ? »



35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

 

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.

37 Car rien n’est impossible à Dieu. »

 

21 Le peuple attendait Zacharie et s’étonnait qu’il s’attarde dans le sanctuaire.

 

 

 

 

22 Quand il sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent que, dans le sanctuaire, il avait eu une vision. Il leur faisait des signes et restait muet.

 

 

23 Lorsqu’il eut achevé son temps de service liturgique, il repartit chez lui.

 

24 Quelque temps plus tard, sa femme Élisabeth conçut un enfant. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait :

25 « Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. »

 

 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »

 

 


Alors l’ange la quitta.

 

 

 

 

On peut constater que la manière dont Gabriel fait son annonce est très semblable, et que le rôle des deux enfants à naître est très bien défini. 

 

Le premier, qui sera rempli d'Esprit Saint dès le ventre de sa mère, se doit, avec l'esprit et la puissance du prophète Elie, de faire revenir le cœur des pères vers leurs fils, de ramener les rebelles à la sagesse des justes et de préparer des cœurs bien disposés. Sa fonction de prophète, dès le sein maternel, est bien annoncée. 

 

Le second, est appelé à avoir un règne sans fin, le messie attendu; le descendant de David, mais surtout le Fils du Très Haut.

 

Comme cela a été dit un peu plus haut, je peux ensuite supposer que ce qui différencie les questionnements légitimes, c'est que chez Zacharie, l'incrédulité totale demeure, alors qu'il connaît l'histoire de Sarah, mais aussi l'histoire d'Anne, la mère de Samuel, et toutes les œuvres du Très Haut.  Alors que chez Marie il s'agit d'une possibilité qu'elle ne rejette pas, mais si elle a perçu, ce qui est vraisemblable, que quand un ange se déplace, c'est dans le maintenant que les choses vont se réaliser, alors sa question est légitime, même si un jour elle doit être la femme de Joseph. Et les explications de Gabriel renvoient à la toute-puissance du très Haut, toute-puissance dont Marie est convaincue. Le signe qu'elle reçoit (la vie qui se manifeste en Elisabeth sa cousine), montre bien cela. 

 

 

Travail sur le texte.

 

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

 

Comme dans le texte précédent on a un tableau: l'Ange, une jeune fille vierge dont on connait le prénom: Marie; une ville, Nazareth; et un fiancé, Joseph, qui appartient à la maison de David. 

 

28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »

29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

 

La salutation. On peut penser qu'il s'agit pour Marie d'une vision et il y a de quoi être bouleversé, et par la salutation qui est comme une reconnaissance de son identité - elle est comblée de grâce -, et par la présence de cet ange. Le ciel s'invite chez elle. 

 

Et une première annonce: tu as trouvé grâce, tu as été choisie.

 

 Ce qui veut dire qu'il va y avoir comme une demande; un développement. Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'une femme est choisie parmi toutes les femmes, quand elle a trouvé grâce devant le roi, le Seigneur, il lui sera demandé quelque chose; et je pense au psaume 44 (45) v.11 et 17: "Oublie ton peuple et la maison de ton père", "A la place de ton père se lèveront tes fils". Et c'est qui peut s'entendre. 

 

Et puis il y a ce "comblée de grâces", qui pour moi est le qualificatif de Marie, une véritable identité. Gédéon était appelé, à sa grande surprise, lui qui appartenait au clan le plus petit de la tribu de Manassé (Jg 6, 15) et le dernier de la famille, le "vaillant guerrier", et ce qualificatif est devenu son identité. Marie ne peut peut-être pas le croire, mais son identité lui est révélée et nous est donnée par la même occasion par le rédacteur; 

 

31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.

32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;

33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. 

 

Voilà le projet qui est révélé. Comme pour Zacharie, l'enfant sera grand, mais leur rôle sera très différent. Celui-ci sera appelé Fils du Très Haut, il aura le trône de David, donc il sera le messie attendu, et il aura un règne sans fin. Et ceci sera possible parce que Marie aura conçu et enfanté un fils auquel elle donnera le nom de Jésus. Et ici, c'est elle qui nomme, comme d'ailleurs Elisabeth nommera Jean. 


34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »

 

Question qui paraît semblable à celle posée par Zacharie, mais pour Marie, il y a ouverture et non pas fermeture. Elle ne sait pas comment, mais elle est dans la confiance.

 

35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

 

En lisant ce verset, j'ai été comme attirée par le mot ombre. Et m'est revenu le verset 1 du psaume 90, celui des complies du dimanche et des fêtes: "Qui demeure à l'abri du très haut, et loge à l'ombre du tout puissant, dit au seigneur mon rempart mon refuge, mon Dieu en qui je me fie. Car c'est lui qui délivre du filet de l'oiseleur". 

 

Ce psaume est un psaume de protection utilisé dans les moments difficiles. Le midrash dit que Moïse a prononcé le psaume le jour où fut achevé dans le désert la construction du tabernacle et décrirait l'état de Moïse enveloppé de la nuée divine, entrant dans le tabernacle. 

 https://atelieremploi.fr/wiki/Psalm_91

 

L'ombre de Dieu, comme le sera un jour l'ombre de Pierre qui guérira les malades (Ac 5,15) est une ombre bénéfique, une ombre qui permet la croissance, une ombre qui protège. Et cette ombre est là; elle enveloppe la jeune fille et agit en elle. 

 

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.

37 Car rien n’est impossible à Dieu. »

 

Et voilà le signe qui est donné. A la confiance, Dieu a répondu en faisant ce qui est impossible.

 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

 

Mission accomplie: l'Esprit vient faire son œuvre en Marie, à cet instant du oui qui ouvre; et l'ange peut retourner dans son ciel. Il faudra bien qu'il revienne pour faire comprendre à Joseph, quelques semaines plus tard qu'il ne doit pas répudier celle qui a été choisie pour lui.


 

L'ange Gabriel raconte.

 

Quand je suis remonté du temple de Jérusalem, je savais qu'il faudrait un peu de temps à Zacharie pour qu'il termine son service, pour qu'il retourne chez lui, qu'il fasse comprendre à sa femme ce qu'il attendait d'elle, et pardonnez-moi, mais cela me faisait un peu rire, tout ange que je sois.

 

 Et Elisabeth a conçu, seulement, comme le disait autre fois Sarah, il y avait bien longtemps qu'elle n'avait plus ce qu'ont les femmes, alors oui, elle était enceinte, mais elle avait du mal à y croire. 

Au bout de trois mois, elle a su que l'enfant était en elle, mais elle n'en parlait à personne, même si quelque chose renaissait en elle; la honte de la stérilité partait, mais pas complètement. Et l'enfant certes était là, se développait en elle, mais elle ne le sentait pas vraiment. 


Quand l'enfant a eu 6 mois, le Très Haut m'a envoyé à la rencontre de sa petite cousine, Marie, cette jeune fille promise à Joseph, qui habite à Nazareth, pour lui faire part du projet prévu depuis toute éternité pour elle, être la mère de celui qui sauverait Israël et bien plus qu'Israël; qu'elle serait la mère de Dieu: Théotokos comme disent les grecs.

 

Quand je suis entré dans sa maison, elle lisait les psaumes. Il faut dire qu'elle est instruite cette jeune fille. Je dois dire que je l'ai trouvée belle, très belle. Je l'ai saluée en lui disant qu'elle était celle qui était comblée de grâces et que le Seigneur était avec elle. Elle a levé les yeux, les a tournés vers moi, m'a regardé et j'ai vu qu'elle était remplie de crainte, mais pas de peur, qu'elle était bouleversée par cette salutation. Elle aurait pu me dire "Shalom" mais elle n'a pas osé. Je lui ai dit d'être sans crainte, et qu'elle avait trouvé grâce auprès du Seigneur. Et cela, je savais que c'était le but de sa jeune vie, trouver grâce, plaire à notre Dieu. Elle m'a regardé, puis elle a baissé les yeux, comme si elle s'attendait à mes paroles.

 

Et peut-être un peu brutalement, je lui ai annoncé qu'elle allait concevoir et enfanter un. Fils, et qu'elle lui donnerait le nom de Jésus. Sans lui laisser le temps de réagir à cela, j'ai continué en lui disant que cet enfant, son enfant, sera grand parmi les grands, le plus grand même. Qu'il sera appelé "Fils du très Haut", que le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, qu'il règnera pour toujours sur trône de Jacob et que son règne n'aura pas de fin. Bien sûr cela faisait beaucoup d'un coup. Mais elle a bien compris que cet enfant sera le messie promis, celui qui sauve pour toujours. 

 

Il y a eu un petit temps de silence, comme si les paroles s'incarnaient en elle; et elle m'a demandé comment cela pourrait se faire, là, maintenant, parce qu'elle n'était que fiancée.

 

 Et là j'ai répondu comme j'ai pu, en espérant qu'elle comprendrait,  en lui disant que l'Esprit Saint allait venir sur elle et en elle, et que la puissance du Très Haut la couvrirait de son ombre. 

 

Et j'ai ajouté que c'est pour cela que celui qui allait naître d'elle, celui qu'elle allait enfanter sera saint dès sa naissance, pas comme David qui lui, se savait pécheur dès le sein de sa mère; et qu'il sera appelé Fils de Dieu, parce qu'il le sera totalement. 

 

Là elle a levé les yeux vers moi, comme si cela était limpide pour elle, elle cette jeune fille qui depuis toujours essaie de vivre à l'ombre des ailes du très haut. Et pour qu'elle soit bien sûre qu'elle ne rêvait pas, j'e lui ai parlé de sa cousine Elisabeth qui malgré son âge avancé portait un enfant, qui en était à sixième mois, elle qui fut appelée la femme stérile; car Dieu est capable de tout faire, de réaliser ce qui semble impossible. 

 

Il y a eu à nouveau un temps de silence; elle avait baissé la tête. Puis elle s'est adressée à moi, en me disant - mais je ne sais pas si c'est à moi qu'elle parlait ou au Très Haut, qu'elle était la servante, l'esclave du Seigneur, et que tout se fasse selon ce qui avait été dit. 

 

Et aussitôt cela s'est fait. Dieu désormais sera là dans cet enfant, qui est Lui. 

 

Moi, j'étais heureux d'avoir accompli ma mission et je l'ai quittée, rempli de joie. 

 

Je pense qu'elle va aller chez sa cousine pour prendre soin d'elle. Maintenant comment va-telle annoncer cela à Joseph? Peut-être que je vais à nouveau avoir du travail., pour qu'il ne la répudie pas. Que Dieu soit loué et béni pour cette acceptation, et que son plan se réalise totalement sur cette terre qui a tellement besoin de sa présence. 

 

lundi, décembre 19, 2022

Luc 1, 5-25. L'annonce faite à Zacharie: Gabriel raconte sa déconvenue.

En lisant hier ce premier texte de Luc qui prépare au temps de Noël, j'ai eu dans un premier temps l'envie de comparer les deux annonces, celle faite à Zacharie et celle faite à Marie quelques mois plus tard. Peut-être d'ailleurs que l'Ange Gabriel s'y est mieux pris pour Marie que pour Zacharie, même si cette dernière, en se demandant ce que signifiait cette étrange salutation - ce "comblée de grâces" qui devient comme un qualificatif, comme son identité  - a été bouleversée elle aussi. Puis ce matin, en travaillant le texte, je me suis dit que ce que vit Zacharie lorsque l'Ange lui annonce la naissance de cet enfant, c'est un peu ce qui se passe lorsqu'un médecin vous annonce une nouvelle à laquelle vous ne vous attendez pas. Il y a un choc psychologique (cela, beaucoup de parents m'en ont parlé) et tout les mots qui viennent après l'annonce ne sont pas entendus; il y a une surdité. Alors il est possible que la mutité, la punition de Zacharie, soit la réponse à cette surdité, que l'ange ne pouvait pas prévoir. Et c'est un peu dans cet esprit que ce dernier racontera cette rencontre, décisive pour nous.

Travail sur le texte.

5 Il y avait, au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre du groupe d’Abia, nommé Zacharie. Sa femme aussi était descendante d’Aaron ; elle s’appelait Élisabeth. 

6 Ils étaient l’un et l’autre des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptes du Seigneur de façon irréprochable. 

7 Ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et, de plus, ils étaient l’un et l’autre avancés en âge. 

 

On est donc dans une lignée de prêtres (Aaron, ce frère de Moïse). On a deux prénoms: Zacharie et Elisabeth, et ce sont des juifs qui pratiquent la loi, et pourtant, malgré tout cela, ils n'ont pas d'enfants et ils n'en n'auront pas compte tenu de leur âge. Que s'est -il passé pour que ces juifs pieux ne soient pas exaucés, n'aient pas descendance? Et à cette question, Luc répond: Dieu va bien leur donner ce fruit, mais pas à n'importe quel moment, au moment favorable, au moment choisi par lui. La Bible parle de celui qui viendra avant l'arrivée du Messie, le nouvel Elie, et Jean cet enfant à naître réalisera cette partie-là des prophéties messianiques. Jésus lui, réalisera le reste.

 

8 Or, tandis que Zacharie, durant la période attribuée aux prêtres de son groupe, assurait le service du culte devant Dieu, 

9 il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur. 

10 Toute la multitude du peuple était en prière au dehors, à l’heure de l’offrande de l’encens.

 

On a maintenant un lieu, le temple (et pour Luc, tout se passe à Jérusalem, puisque c'est de Jérusalem que Jésus partira à la fin du texte, Jérusalem le lieu d'où tout rayonnera dans le monde). Et on a aussi l'importance de la prière du peuple (comme dans les Actes, où la communauté prie pour la libération de Pierre). On a aussi une heure bien précise: l'heure de l'offrande des parfums.

Ce serait à la neuvième heure, voir https://irp.cdn-website.com/04883b08/files/uploaded/Das-Gebet-zur-neunten-Stunde-fr.pdf

 

11 L’ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l’autel de l’encens. 

12 À sa vue, Zacharie fut bouleversé et la crainte le saisit

 

Et voilà l'ange qui se pointe. Pauvre vieux Zacharie. Ça a dû lui faire un choc. Et c'est à la fois la crainte du sacré (il est dans le saint de saints, ce qui est accordé aux fils d'Aaron), et la trouille. 

 

13 L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée: ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. 

14 Tu seras dans la joie et l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance, 

 

Et voilà l'annonce: Dieu a entendu la supplique, sauf que certainement cette supplique n'est plus adressée depuis longtemps, car ils ne peuvent plus donner la vie. Et l'ange lui donne le nom de l'enfant et parle d'allégresse et de joie, et de "beaucoup", mais là on ne sait pas de qui il s'agit.

 

15 car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ; 

 

Il sera rempli d'Esprit Saint dès le ventre de sa mère (et c'est ce qui se passera lors de la rencontre des cousines). Mais pour Zacharie, cela pouvait vouloir dire dès la conception. Il ne sera pas un prophète comme les autres.

 

16 il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ; 

 

Il s'agit bien de réaliser la prophétie de Zacharie (je crois - ou de Sophonie): faire revenir le cœur des fils (le peuple) vers le cœur du Père (Le Seigneur).

 

17 il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’Esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. » 

 

Marcher devant, (devant qui)? En présence du Seigneur? Comme Samuel. Avec l'esprit et la puissance du prophète Elie: il  s'agit de repentance et de conversion, pour préparer un peuple qui ouvre l'oreille de son cœur. 

 

Et voilà le programme; mais Zacharie, ça il ne l'a pas entendu. Il a été comme traumatisé par le début de l'annonce, celle d'un fils. Et il sait que ce n'est pas possible. Alors il ose poser la question qu'il a sur le cœur, qui le travaille. Il a peut-être repris confiance en lui, mais il n'a pas entendu la suite. Donc il pose sa question.

 

18 Alors Zacharie dit à l’ange: « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. » 

 

C'est la question de bon sens, sauf que lui, le prêtre, a oublié toutes ces promesses d'enfants pour des femmes stériles, dont Sarah. Peut-être se voir comme un nouveau couple Sarah Abraham? Et cet enfant, sera-t-il le gage d'une descendance? 

 

19 L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel et je me tiens en présence de Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. 

 

Pas content, l'ange, de ne pas avoir été écouté jusqu'au bout. Car le message, c'est de préparer le chemin. Et du coup, il y a peut-être une colère de l'ange. 

 

20 Mais voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles ; celles-ci s’accompliront en leur temps. » 

 

Cela t'apprendra à poser des questions stupides, et tu auras le temps de réfléchir aux promesses du très Haut. 

 

21 Le peuple attendait Zacharie et s’étonnait qu’il s’attarde dans le sanctuaire. 

22 Quand il sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent que, dans le sanctuaire, il avait eu une vision. Il leur faisait des signes et restait muet. 

23 Lorsqu’il eut achevé son temps de service liturgique, il repartit chez lui. 

 

Et le peuple comprend qu'il s'est passé quelque chose de tellement fort que Zacharie en a perdu la parole. Mais est-ce un démon qui aurait fait cela? Apparemment non, puisqu'il continue son service. Et il ne repart qu'au bout d'un certain temps, service accompli.

 

24 Quelque temps plus tard, sa femme Élisabeth conçut un enfant. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait :

 25 « Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. »

 

Et au silence de Zacharie répond le silence d'Elisabeth qui garde le secret, mais qui se réjouit de ce que sa honte devant les hommes sera effacée. 

 

 

L'ange Gabriel raconte

 

Le Très Haut m'a envoyé préparer la naissance de celui qui sera le messager de son Fils, celui qui appellera à la conversion, à la pénitence: un prophète, comme le prophète Elie, ou le prophète Jonas qui a obtenu la conversion  de tous les Ninivites.

 

Il a choisi un couple assez étonnant. Tous les deux sont descendants des fils d'Aaron, tous les deux sont âgés, tous les deux sont irréprochables devant Lui; tous les deux sont des justes, et pourtant ils n'ont pas eu de descendance. Ils ne peuvent pas savoir que leur descendant doit préparer la voie devant l'Envoyé du Très Haut, devant son Messie, devant son Fils. Et c'est maintenant le temps choisi.

 

Ils portent de beaux prénoms, lui c'est Zacharie, "Dieu s'est souvenu", car oui, Dieu n'a jamais oublié, mais il a différé et il a pu voir que la foi ne s'est pas fanée. Elle, c'est Elisabeth; Dieu tient ses promesses, Dieu est serment, et Dieu donnera à ce couple ce qui lui revient. Quant à leur fils ce sera Jean, "Dieu a fait grâce", car avec lui la grâce du pardon sera donnée à beaucoup d'hommes et de femmes. Et c'est le moment favorable, le moment choisi depuis les commencements.

 

Comme Zacharie était de service dans le temple, et qu'il était dans le Saint des saints, à la neuvième heure, et qu'il offrait avec les parfums la prière du peuple, je lui suis apparu. Il a eu peur. Il a failli laisser tomber la coupe remplie de parfums; il était rempli de peur et de crainte. Je l'ai rassuré en lui disant qu'il n'avait rien à craindre. Et je lui ai annoncé le projet, le beau projet du Tout Puissant pour lui et pour sa femme. Je lui ai dit que leurs demandes avaient été exaucées, que sa femme mettrait au monde un fils, et que ce fils porterait le nom de Jean. Je lui ai dit qu'il serait dans l'allégresse et dans la joie, et il y a de quoi, car lui et sa femme sortiront de la honte de la stérilité.

 

Mais il m'a regardé comme si j'étais fou, moi l'Ange Gabriel, moi qui me tiens tous les jours devant la face du Seigneur. Comme si je disais quelque chose de trop fort pour lui. Alors j'ai continué à lui parler, mais je ne sais pas s'il m'écoutait. Il était stupéfait; il était à la fois là et pas là. 

 

Je lui ai dit qu'il serait alors dans l'allégresse et j'ai précisé que leur fils, un peu comme le juge Samson, ne boirait ni alcool ni vin. J'ai parlé de l'Esprit Saint, dont il serait rempli dès le ventre de sa mère, ce qui fut peut-être le cas du prophète Jérémie qui se savait choisi dès sa conception, mais qui est quelque chose que le très Haut ne donne presque jamais. Et j'ai ajouté qu'il serait aussi grand que le prophète Elie, qu'il ferait revenir le cœur des fils du peuple vers le cœur du Très Haut, pour préparer un chemin à celui qui vient.

 

Je pensais que tout cela le remplirait de joie, mais je crois qu'il était toujours comme bloqué dans ses pensées sur le "comment". Comme s'il ne savait pas que tout est possible pour Dieu, comme s'il ne savait pas ce qui s'était passé pour Sarah, la femme d'Abraham. Et au lieu d'être dans la joie, il m'a fait remarquer, comme s'il ne le savait pas, comment il pourrait savoir que cela arriverait, un peu comme s'il me demandait un signe, alors que le signe il l'avait. 

 

Alors, cette incrédulité, cette lenteur à comprendre, cela m'a mis en colère, moi l'Ange et je lui ai dit que parce qu'il n'avait pas cru à mes paroles, il perdrait sa voix, jusqu'au temps ou cela serait arrivé. Et je suis retourné dans la cour céleste. 

 

Je sais qu'il a terminé ce qu'il avait à faire ce jour-là, et j'espère que sa prière, à lui, a monté comme l'encens vers Dieu. Puis, une fois son service fini, il est revenu à Aïn Karem. Et ce que j'avais annoncé s'est réalisé. La promesse a pris corps dans le corps d'Elisabeth. Celle-ci, comme son mari, a gardé le silence sur ce qu'elle vivait: alors qu'elle aurait proclamer que sa honte était lavée. Mais non, elle n'a rien dit. Peut-être qu'elle y croyait sans y croire. 

 

Peut-être que cet enfant, elle ne le sentait pas vivant. Ensuite le Très Haut m'a envoyé dans une ville de Nazareth auprès d'une jeune fille nommée Marie, et c'est elle qui fera que Jean tressaillera d'allégresse dans le ventre d'Elisabeth, et que les promesses seront accomplies. Mais ce n'est pas encore le temps pour moi de remplir mon rôle de messager. Que le très Haut soit loué!

 

vendredi, décembre 09, 2022

Matthieu 9, 27-31. Les deux aveugles de Capharnaüm.

C'est le texte proposé pour le vendredi de la première semaine de l'Avent. 

Il s'agit de la guérison, non pas d'un aveugle, mais de deux, ce qui m'étonne un peu. Je sais bien qu'il faut deux témoins lors d'un procès... Matthieu reprendra le même épisode à Jéricho, et toujours avec deux aveugles, contrairement à Marc et à Luc. 

Et comme la similitude des deux guérisons est très étonnante, on peut se demander pourquoi Matthieu a eu besoin de ce doublet. Peut-être que ces deux guérisons de la cécité, une qui a lieu au début de la vie publique, une qui a lieu avant l'entrée dans Jérusalem devaient se répondre.  

 

Je dois dire aussi, que j'ai du mal à comprendre la manière dont la liturgie a bâti ces deux premières semaines de l'Avent. À partir du mercredi de la troisième semaine, c'est plus simple, puisque c'est toujours l'évangile de Matthieu qui est utilisé avec la centration sur Jean le Baptiste, puis le premier chapitre de l'évangile de Luc. 

 

J'avais pensé à un moment que ce temps de l'Avent permettait une sorte de lecture continue du premier livre d'Isaïe, mais comme on fait des allers et retours entre les différents chapitres, il n'en est rien. Il me semble aujourd'hui qu'il s'agit de se centrer et de redécouvrir les différentes facettes de celui qui sera le Messie, l'Envoyé, l'Élu, le Fils du Très Haut, les textes d'Isaïe étayant cela.  

 

Le texte d'aujourd'hui montrant l'aspect "guérisseur" de Jésus. 

 

C'est l'un des premiers miracles de Jésus après le long discours sur la montagne, mais comme on retrouve pratiquement la même guérison en Mt 20, (Jéricho), juste avant que Jésus ne prenne de prendre la route qui conduit à Jérusalem et à la passion, je me suis demandée le pourquoi de ce choix, puisqu'à Jérusalem il y aura certes quelques miracles, mais pas de guérisons.  

 

Il me semble que l'on peut dire que ce qui sauve de la cécité, c'est la foi. C'est d'ailleurs la question que pose Jésus: "Croyez-vous que je peux faire ça"? Le miracle suivant étant la guérison d'un sourd-muet, je peux me demander si ces guérisons des sens ne sont pas là pour nous amener à nous rendre compte à quel point nous sommes aveugles, sourds et incapables de parler...

 

Il me semble que nous sommes en permanence très proches des aveugles, qui ne pouvant voir, doivent en permanence se fier au témoignage des autres. C'est ce que nous lisons ou ce que nous entendons (mais nous ne voyons pas vraiment) qui peut nous permettre d'accéder à la foi. 

 

Les deux aveugles de la péricope, comme ceux de Jéricho, ne voient pas ce qui se passe. Il faut leur dire que Jésus, celui qui vient de redonner la vie à la fille de Jaïre, est en train de passer sur leur route. 

 

Et c'est aussi ce qui se passe pour l'aveugle ou les aveugles de Jéricho qui ne comprennent pas d'où vient l'agitation inhabituelle. Entendre, poser des questions, et se mettre en route, crier pour attirer l'attention. Crier certes avec une jolie formule, puisque nous l'utilisons à peu de choses près dans la "prière du Cœur": "Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de nous"


Dans les évangiles, des guérisons d'aveugles, il y en a. La guérison de l'aveugle de Jéricho (ou des aveugles de Jéricho, que ce soit à l'entrée ou à la sortie de la ville) se retrouve dans les synoptiques. Mais il y a aussi chez Matthieu la guérison rapportée aujourd'hui, et en 12,22 la guérison (mais il s'agit d'un cas de possession) d'un démoniaque muet et aveugle, et chez Marc en 8,22 d'une guérison très étonnante, qui se passe en deux temps, l'homme commençant par distinguer des formes, un peu comme un nourrisson, puis accédant à la pleine vision. Serait-ce une représentation du baptême?  

 

La cécité, c'est un peu notre point faible, notre talon d'Achille. Et Jean le fera bien remarquer dans la guérison de l'aveugle-né quand il s'adresse à ceux qui "savent": "Vous dites-nous voyons: votre péché demeure". 

 

Alors peut-être que ce texte, est là pour que nous puissions nous aussi, nous qui entendons, mais qui sommes bien souvent un peu sourds ou qui déformons ce que nous entendons pour que ça aille dans le sens qui nous plait, d'essayer une fois de plus de voir avec les yeux du cœur, en ce temps de l'Avent, celui qui vient, celui qui guérit, celui qui donne la vie, celui qui nous ouvre les yeux et le cœur.

 

Avant de revenir au texte de ce jour, il m'a paru intéressant de le comparer à la guérison qui se passe à la sortir de Jéricho. En gras les similitudes. 

 

Matthieu 9

Matthieu  20

 

 

 

 

 

 

 


27 Tandis que Jésus s’en allait, deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! »

 

 

 

 

 

 

 

28 Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » 


Ils lui répondirent : « Oui, Seigneur. »

 

 

 

29 Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! »

30 Leurs yeux s’ouvrirent, et Jésus leur dit avec fermeté : « Attention ! que personne ne le sache ! »

 

29 Tandis que Jésus avec ses disciples sortait de Jéricho, une foule nombreuse se mit à le suivre.


 

 

30 Et voilà que deux aveugles, assis au bord de la route, apprenant que Jésus passait, crièrent : « Prends pitié de nous, Seigneur, fils de David ! »



31 La foule les rabroua pour les faire taire. Mais ils criaient encore plus fort : « Prends pitié de nous, Seigneur, fils de David ! »


 

 

32 Jésus s’arrêta et les appela : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »



33 Ils répondent : « Seigneur, que nos yeux s’ouvrent ! »


 

34 Saisi de compassion, Jésus leur toucha les yeux ; aussitôt ils retrouvèrent la vue, et ils le suivirent.


En ce qui concerne les aveugles de Jéricho, une fois de plus, on peut s'interroger sur la concision de Matthieu par rapport à Luc et surtout à Marc. On peut aussi remarquer que, en Matthieu 19, la demande est peu différente:" Prends pitié de nous Seigneur fils de David". En Matthieu 9, le "Seigneur" manque . 

 

Mais quand Jésus s'adresse à eux, les deux récits utilisent le mot seigneur, mais je me demande si ce n'est pas le "monsieur" (Mon Sieur) que nous utilisons, plutôt qu'une reconnaissance de la divinité. Alors que la demande, elle, s'adresse à celui qui est l'envoyé du TrèsHaut, le successeur de David, le Roi. 

 

Dans les deux textes, Jésus s'en va après cela. A Capharnaüm, les aveugles répandent la nouvelle de la guérison alors que Jésus l'a interdit. A Jéricho, les aveugles suivent Jésus.

 

Un autre point qui m'étonne, c'est le silence de Jésus dans cette péricope. Dans le chapitre 9, Jésus a redonné vie à la fille de Jaïre (certes le texte est très concis), il sort de cette maison, il reprend la route dont il a été détourné, pour se rendre vraisemblablement dans la maison de Pierre. On peut penser que les aveugles ont appris ce qui s'est passé chez le "notable". Ils pistent alors Jésus, le trouvent, et l'interpellent, mais lui fait comme s'il ne les entendait pas, ce qui est très différent de ce qui se passe à Jéricho. Est ce que Jésus, après cette résurrection, rentre en lui-même, est pensif? Il les ignore un peu comme il ignorera la femme syro-phénicienne qui casse pourtant les oreilles de des disciples.

 

A Capharnaüm, Jésus a redonné la vie à une jeune fille. Après avoir quitté Jéricho Jésus donnera sa vie, pour que nous ayons la vie, et la vie en abondance. 

 

Travail sur le texte lui-même

 

27 En ce temps-là, Jésus était en route ; deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! »

 

Les aveugles sont comme nous, ils ont entendu parler de Jésus, de ses miracles, mais ils ne peuvent pas les voir. Ils font confiance aux témoins. Jésus arrive, cela fait du bruit, ils se mettent en place, ils crient mais pas de réponse, et ils se mettent à le suivre, et ils crient, en espérant que Jésus va s'arrêter, et ils vont jusqu'à sa destination: la maison.

 

Peut-être que ces hommes ne reconnaissent pas en lui, le Seigneur

 

28 Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » Ils lui répondirent : « Oui, Seigneur. »

 

Et là, une fois arrivés, ils se taisent mais ils s'approchent de lui. Ils prennent encore l'initiative; ce qui est différent de l'aveugle de Jéricho où Jésus demande qu'on le lui amène. Ils s'approchent de Jésus, qui leur dit, "Croyez-vous que je puisse faire cela"?  Et c'est la réponse qui provoque le geste suivant et la guérison. 

 

29 Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! »

 

On peut presque imaginer que si la foi en lui n'avait pas été réelle et forte (et c'est aussi la foi, qui nous permet de sortir de nos ténèbres), la guérison ne se serait pas faite. Et cela, c'est important pour moi, aujourd'hui. Là Jésus joint le geste à la parole. 

 

30 Leurs yeux s’ouvrirent, et Jésus leur dit avec fermeté : « Attention! que personne ne le sache! »

31 Mais, une fois sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région.

 

 

La réaction des aveugles, je dois dire que je la comprends. Et de toutes les manières, ceux qui connaissent les aveugles auraient fait de même. Mais il est sans doute important qu'au début de la vie publique, on ne fasse pas de Jésus un guérisseur, un thaumaturge, alors que Jésus est bien plus que cela. Le comportement des aveugles, on le comprend; mais la réticence de Jésus vient peut-être du fait qu'on ne va pas voir en lui qui il est. Ce miracle intervient après la résurrection de la fille de Jaïre . Il va falloir presque tout l'évangile pour que Jésus ne soit pas un simple messie, un de plus, mais le Seigneur.

 

Quelques réflexions

 

Maintenant, comment faire parler les deux aveugles? Je ne le sais pas, du moins pas encore. 

 

Ce que je sais par contre c'est que la cécité, l'aveuglement, c'est quelque chose qui me parle, qui m'a toujours parlé. Les aveugles de Galilée ne peuvent pas voir ce qui se passe, ils peuvent juste entendre ce qu'on leur raconte, et en cela nous sommes comme eux quand nous lisons les évangiles. Ce qui veut dire que leur foi s'étaye sur ce qu'on leur dit. 

 

Et là, on a pu leur raconter la guérison de la femme qui perdait du sang, et la résurrection de la fille du notable, mais aussi de tous les autres miracles racontés dans ce chapitre; et c'est peut-être là, grâce à ces témoignages, que malgré leur handicap ils se mettent en quête de Jésus. Il me semble même qu'ils se mettent dans son sillage un peu comme un saumon qui remonte un torrent, car suivre quand on est aveugle c'est compliqué. Et ils ne savent pas où ils vont, alors que nous nous savons que Jésus va à Capharnaüm, certainement dans la maison de Pierre. Suivre sans savoir où on va, suivre sans réponse, et continuer à implorer. Peut-être que là, nous nous reconnaissons en eux. Puis arrive le temps de l'étape, le temps du calme, le temps où Jésus ne fait plus la sourde oreille; et sa demande à lui: "Croyez-vous que je peux faire cela pour vous?" 

 

Est-ce que ma foi est aussi chevillée que la leur? A dire vrai je suis loin d'en être certaine. Mais ce qui est sûr c'est que sans foi, le miracle ne peut se faire. Et là tous les deux retrouvent la vue. 

 

Ensuite on sait que Jésus leur interdit de parler de cela, ce qui est assez étonnant car la nouvelle de la résurrection, elle, s'est répandue dans toute la région. Mais le temps n'est pas encore venu pour Jésus. Il n'est pas un guérisseur, un thaumaturge, il n'est pas un magicien, il est n'est pas un nouveau prophète, mais il est Jésus, celui qui sauve. 


Maintenant se posait à moi la question. Qui va raconter ce qui s'est passé pour ces deux hommes: les deux à la fois, ou l'un d'entre eux? Fallait-il leur trouver des prénoms,? En effet l'un d'entre eux aurait pu avoir été emmené par des proches sur la montagne où Jésus a prononcé les béatitudes et les fondements d'un autre type de vie, d'un autre type de relation, et avoir été séduit par ce discours. Il aurait pu en revenant chez lui en parler à un de ses amis, atteint comme lui de cécité, et décider d'aller à la rencontre de Jésus pour devenir disciples. Seulement sur leur route, ils auraient entendu parler des miracles de Jésus, de l'appel de Lévi, et là ils auraient été certains qu'ils pourraient eux aussi être guéris et se seraient mis en quête de Jésus. J'aurais pu... Mais ce n'est pas cela qui s'est imposé à moi. Et ce sont les deux, d'un seul coeur qui racontent.

 

 

Les aveugles racontent.

 

Nous sommes deux aveugles et nous vivons ensemble. Cela peut paraître étonnant, mais avec des repères et l'aide de nos familles, nous pouvons vivre, nous pouvons même travailler de nos mains. Être deux, permet de se parler et d'être compris. Et nos familles viennent de nous parler de quelque chose d'étonnant. Un certain Jésus de Nazareth a guéri un lépreux, guéri un paralysé, appelé à le suivre ce Lévi qui est collecteur d'impôts, ce collaborateur. Alors nous avons décidé de nous mettre sur son chemin pour qu'il nous rende la vue. 


On nous a conduits devant une maison où il venait d'entrer, la maison de Jaïre un chef de synagogue, dont la petite fille était très malade. Il y avait une vraie foule devant la maison. On attendait avec les autres. Il est sorti, il n'a regardé personne, et il est parti. Est-ce qu'il a guéri cette petite fille? Autour de nous, on disait qui lui avait redonné la vie. 

 

 Nous nous sommes alors mis à le suivre en criant le plus fort possible pour qu'il nous entende: "Fils de David, aie pitié de nous". Ce n'est pas d'obole dont nous avons besoin, mais de guérison. Voir, voir, distinguer, pouvoir vivre sans l'aide des autres, pouvoir travailler, mais aussi nous réjouir des merveilles de la création, merveilles que nous imaginons mais que nous ne connaissons pas. Seulement il devait être dans son monde, et il continué sa route sans s'occuper de nous. Alors tant bien que mal, nous avons suivi. 

 

Il est entré dans une maison, et nous sommes entrés nous aussi. Et nous l'implorions encore et encore. Et là, il s'est enfin adressé à nous, en nous demandons si nous croyons qu'il pouvait cela. Bien sûr que nous le croyons.


Cela peut paraitre étrange, mais il émane de lui quelque chose que nous sentons, nous les aveugles, comme une force qui l'enveloppe, qui l'entoure et qui est la vie. Un peu comme une source. Il a touché nos yeux et nos yeux se sont ouverts et nous l'avons vu, lui, Jésus, et notre reconnaissance débordait. 


Nous voulions aller proclamer ce qu'il venait de faire, seulement il nous l'a interdit, et nous n'avons pas compris. Nous sommes sortis, et bien sûr tout le monde a vu que nous étions guéris alors nous n'avons pas pu nous taire, nous avons raconté ce qui venait de se passer pour nous. Nous n'avons pas obéi, mais nous ne pouvions pas. 

 

Nous sommes rentrés chez nous, heureux comme des princes. Chaque arbre était une merveille; chaque pierre était une splendeur et nous n'avions plus peur de tomber, plus peur de trébucher. En nous c'était l'allégresse et la reconnaissance envers le Très Haut qui permet de si grandes choses. Et à toutes les personnes que nous rencontrions, que nous pouvions voir, nous racontions les merveilles que cet homme a fait pour nous. 

 

Cet homme est bien le nouveau messie, celui que nous attendons. A lui le règne, la puissance et la gloire. Mais les Romains l'accepteront-ils? Les grands-prêtres comprendront-ils? Lui qui a su redonner la vie à une jeune fille, qui parle comme jamais un autre n'a jamais parlé, sera-t-il écouté? Trouvera-t-il la foi?