samedi, décembre 29, 2018

Temps de Noël: dimanche de la Sainte Famille.

Luc 2, 41-52

Je ne sais pas si ce dimanche qui suit Noël s'est toujours appelé comme cela. Cet évangile c'est Jésus perdu (enfin perdu pour ses parents qui ne savent pas où il est) et retrouvé. On parle de fugue, mais est-ce de cela dont il s'agit? Je pense que c'est un peu réduire cet évènement que de faire cela.

Car, oui, il y a un car, quand on lit ce texte qui clôt le chapitre 2 de Luc et donc les textes qui concernent l'enfance, je n'ai pu m'empêcher au niveau du vocabulaire de trouver que ce texte peut faire un peu parallèle avec les disciples d'Emmaüs (Luc 24,13-35).

Les disciples comme les parents s'en retournent après malgré tout la fête de la célébration de la Pâque à Jérusalem. Les uns comme les autres cheminent, les uns se rendent compte que Jésus a disparu, les autres parlent de Jésus qui a disparu, mais qui peut-être... S'extasier sur son l'intelligence et sur ses réponses, peut évoquer Jésus qui ouvre leur esprit à l'intelligence des écritures, il y a aussi l'étonnement: celui des parents qui trouvent leur fils, celui des disciples qui se trouvent à marcher avec cet homme qui semble venu de nulle part, il y a la souffrance liée à l'absence, à la perte de l'être aimé, il y a le coeur, Marie qui garde toutes ce choses dans son coeur et les disciples dont le coeur devient tout brûlant et qui retournent à Jérusalem alors que les parents retournent à Nazareth.

Pour en revenir au texte, comme souvent en ce moment, j'ai laissé parler deux personnes, jésus tout d'abord et Marie ensuite.

Jésus raconte. 

Ils n'ont vraiment rien compris, et ça promet pour le futur quand je quitterai la maison pour annoncer la bonne nouvelle, pour dire que mon père le Très Haut, le Tout Puissant est présent aujourd'hui dans le peuple qui est le sien, le peuple qu'il a ramené d'Egypte, le peuple qui doit révéler sa présence au monde entier. 

Cela faisait au moins deux ans que j'attendais cette montée à Jérusalem pour célébrer la Pâque, manger l'Agneau Pascal. Et là, avec mes douze ans révolus, c'était enfin possible. Mais le Temple, la demeure de mon Père, je voulais m'en imprégner, je voulais la ramener dans mon cœur, dans mon corps, dans mon esprit, avec moi à Nazareth. 

Alors au lieu de rentrer avec eux, je suis resté. J'ai regardé, j'ai écouté et j'ai parlé avec tous ces sages qui lisent et relisent les paroles des textes saints, qui en sont nourris, qui l'aiment cette parole. Il y a toujours eu quelqu'un le soir qui m'a proposé de dormir chez lui, et j'ai appris ce qu'est l'hospitalité. 

Que j'ai aimé ce temps, que j'ai aimé ces jours où je me sentais nourri, porté par la parole, mais aussi par ces hommes qui étaient là.

Au bout de trois jours, mes parents sont arrivés. Je savais bien qu'ils étaient inquiets, qu'ils pouvaient être en colère. Qu'est ce que ça sera quand mon corps leur sera enlevé pendant la même durée.. 

Je ne me suis pas excusé, je n'ai pas demandé pardon d'avoir créer cette inquiétude, non; je leur ai rappelé que si j'étais dans ce monde c'était pour être le témoin de mon Père. Je sais que cette phrase a été comme un coup de poignard pour ma mère, qu'elle ne comprendrait pas, mais que tout cela pour elle prendrait un sens bien plus tard, beaucoup plus tard. 

Vous qui connaissez mon histoire, souvenez vous des pèlerins d'Emmaüs et regardez les mots employés par Luc. Eux aussi sont inquiets, eux aussi étaient en route pour rentrer chez eux, eux aussi ont perdu quelqu'un. Eux aussi auraient pu me dire: pourquoi nous as-tu fait cela. Alors, croyez-moi ou pas, mais le cœur de ma mère, le cœur de mon papa Joseph, ils étaient tout brûlants d'amour de m'avoir retrouvé. Nous sommes retournés à Nazareth, la vie a repris son cours; mais j'attends avec impatience ces fêtes qui nous conduisent à Jérusalem. 

Marie raconte

On était si contents d'aller enfin avec lui pour cette fête de la Pâque dans la ville sainte. De Nazareth à Jérusalem, cela fait du chemin et c'est une petite caravane qui a quitté le village. On avait loué, comme chaque année, une salle chez un ami qui habitait autrefois Nazareth, et on a célébré notre fête. Puis on a pris le chemin du retour. J'aurais bien dû me douter qu'il se passerait quelque chose, parce que quand nous nous sommes mis en route, il n'était pas là; mais comme il aime bien sa petite cousine Rachel, j'ai pensé qu'il ferait la route avec elle. 

Seulement on a bien dû se rendre à l'évidence à l'étape, il n'était pas là. Alors, très inquiets, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer dans une ville comme Jérusalem, on est repartis dans l'autre sens. Je me doutais bien qu'il serait dans le Temple, parce que finalement nous y avions passé peu de temps et que le Temple c'est le lieu de la Prière, c'est le lieu des enseignements, c'est le lieu des sacrifices, et c'est là que nous l'avons trouvé. 

Il avait l'air bien, il était assis au milieu des docteurs et ça discutait ferme. Il avait l'air si heureux, mais comment a-t-il pu nous faire cela, nous laisser dans l'inquiétude? Quand je lui ai demandé pourquoi il nous avait vivre cela, à son père et à moi-même, il a eu un petit sourire et il a répondu qu'on n'aurait pas dû le chercher, ce qui sous-entend qu'un enfant de 12 ans se sentait capable de rentrer tout seul à la maison quand il l'aurait jugé bon, ce qui est quand même un peu énorme, parce qu'un enfant ça reste un enfant. Il a ajouté qu'il se devait aux affaires de son Père (ce qui a été dur pour mon cher Joseph), mais pourtant ça nous le savions, seulement, on se ferme un peu les yeux et les oreilles pour vivre le présent. 

Il est rentré avec nous, simplement, et la vie a repris son cours, vie simple et paisible, mais je n'étais plus aussi tranquille, je pensais à ce jour où il serait pris par sa mission, le jour où il partirait; le jour où il retrouverait son cousin pour annoncer le royaume.  

jeudi, décembre 27, 2018

Temps de Noël: le disciple que Jésus aimait.

La liturgie propose pour ce jour le texte de l'évangile de Jean: Jn 20, 2-8, qui raconte comme Simon-Pierre, le disciple que Jésus aimait, partent au tombeau après que Marie-Madeleine soit venue leur annoncer que le corps avait disparu.

Le disciple que Jésus "aime" raconte.

On a passé encore une nuit affreuse. Il y a eu cette nuit où ils l'ont arrêté, il y a cette nuit où on l'a mis dans un tombeau, et cette nouvelle nuit qui signe la fin du Sabbat et qui va nous permettre de trouver un autre endroit pour poser son corps.

Chez moi, il y a Marie, la mère de Jésus, sa maman qu'il m'a confiée, qui pleure sans bruit. Il y a Pierre, qui au fond de lui est en colère, qui lui ne croit plus à rien, plus en rien, et qui ne comprend pas comment on en est arrivé là, comment Judas a pu faire une chose pareille, comment lui, il a pu dire qu'il ne connaissait pas notre Maître. Nous avions décidé d'aller au petit matin, voir ce tombeau au Joseph et Nicodème nous ont dit avoir déposé le corps du maître et peut-être trouver un autre lieu pour qu'il repose. 

Et voilà, que quelques minutes après le lever du soleil, Marie de Magdala, celle que Jésus a délivré de sept démons, celle qui lui a lavé les pieds avec du parfum, arrive chez moi et annonce que le corps de Jésus a disparu. Disparu.. Parti, enlevé, volé.. 

Que s'est il passé?  Est ce qu'il est vraiment redevenu vivant notre maître bien-aimé, vivant comme il l'avait annoncé? Pour moi c'était évident, mais pas pour les autres. Alors nous sommes partis au pas de course pour aller voir. 

Je suis arrivé le premier, mais moi, je ne suis pas un apôtre, je suis certes un de ceux qui ont suivi Jésus, mais je ne suis pas un des douze, même si je suis celui que Jésus aimait (que Jésus aime ). Je voulais que Simon entre le premier. Mais j'ai bien vu sur la dalle que le corps n'était pas là, qu'il y avait les bandelettes bien à plat là où aurait dû se trouver le corps. Et en moi, l'espoir était là. 

Puis Pierre est arrivé, il est entré et il a vu.. Il a vu les linges pliés, et le suaire posé à la place de la tête, et il faisait une drôle de tête en sortant. 

Alors moi je suis entré, comme lui j'ai vu, mais j'ai senti quelque chose, j'ai senti une absence qui était une présence et qui me disait: je suis vivant, ne me cherches pas parmi les morts, je suis vivant comme je l'avais promis, et va le dire aux autres.

 Alors une grande joie m'a saisie et en rentrant à la maison Marie nous a dit que son Fils était venu, qu'il était vivant et que les larmes qu'elle versait était des larmes de joie. 

Quant à Marie de Magdala, elle était retournée au tombeau à la recherche d'un corps qu'elle ne trouvera pas. 

mardi, décembre 25, 2018

Temps de Noël:Jésus

Jour de Noël/jésus.

Selon les évangélistes, le récit de la naissance de Jésus n'est pas le même. 

Chez Matthieu, Jésus semble naître tranquillement à Bethléem, la ville d'origine, la ville du roi David, et c'est par Joseph que se fait la filiation davidique. Mais derrière, il y a quand même une naissance pas comme les autres, une naissance qui a mis Joseph dans l'embarras, mais qui d'emblée montre que cet enfant engendré par la Puissance du Très Haut, sera un enfant Autre, un enfant Fils de Dieu. Ce n'est qu'après la fuite en Egypte, que Jésus et sa  famille viendront s'établir à Nazareth. 


Dans la version lucanienne, qui s'adresse peut-être plus à des grecs qui ont une culture et une mythologie, le récit est différent. Les Dieux qui s'intéressent aux humaines, le font dans une optique très égoïste (ils ne sont pas mieux que les humains) et l'enfant qui nait de cette union a certes des pouvoirs très considérables, mais aussi beaucoup de défauts très humains: c'est le cas d'Héraclès.

Or Luc nous présente un enfant qui a certes toutes les caractéristiques humaines, mais qui est entièrement centré à faire la volonté de celui qu'il nomme son père, qui est dans l'obéissance et dans le désir de permettre aux hommes de sortir de leur violence, de leur animalité, ce qui est radicalement différent.

 Par ailleurs toujours dans la mythologie grecque, certains humains qui sont des héros, deviennent des demi dieux après leur mort (héroïque), il s'agit d'une récompense, mais là encore Jésus ne rentre pas dans ce cadre là.

Présenter ainsi la naissance de Jésus, permet aux lecteurs de Luc de voir toute la différence entre jésus et ces héros et ainsi de reconnaître en lui le Fils du Très Haut.  Quant à la filiation Davidique, elle se fait par Marie, mais l'important est bien la réalisation des prophéties concernant le Sauveur. 

C'est bien entendu la version lucanienne qui m'a inspirée pour ce petit texte, écrit la veille du Noël de cette année, 2018.

Jésus…

Comme tous les enfants du monde, j'ai dû quitter un lieu où je baignais dans un liquide chaud et rassurant pour aller dehors. Et ce dehors, c'était un vrai dehors. Bien sûr je ne voyais rien, comme tous les bébés, mais j'entendais des bruits bizarres, des bruits que je connaissais un peu, comme les braiements de l'âne, parce que nous étions allés de Nazareth à Bethléem que cet brave âne, un âne qui braie, mais aussi des bruits inconnus; des soufflements, des meuglements,… Ma Maman m'a dit qu'un bœuf était venu souffler sur nous pour nous donner un peu de sa chaleur. Elle m'a dit aussi que pour que je ne sois pas écrasé par les pattes des animaux, on m'a mis dans la mangeoire. Une mangeoire,… Dire qu'un jour, c'est moi qui dirais que je suis celui qu'il faut manger pour vivre.

Mais ce que je sais, c'est que ma maman, elle n'avait pas du tout imaginé ça. Partir à dos d'âne en fin de grossesse, arriver à Bethléem, entrer dans ce caravansérail, essayer de trouver une place et se faire mettre dehors, parce que ces hommes, ces femmes, ces enfants avaient trop peur du sang qui allait les rendre impur et leur compliquer la vie, comme si la vie n'était pas assez compliquée comme ça. Alors, il a fallu trouver un lieu. On a demandé à droite et à gauche, et une famille nous a indiqué cette sorte de grange. Et nous nous sommes installés pour passer la nuit, seulement c'est là que les douleurs ont commencé.

Et puis, ne croyez pas, parce que ma mère aurait grâce à moi, ne pas avoir les séquelles de ce que vous appelez le péché originel ou le péché des origines, qu'elle n'a pas souffert. Une femme c'est une femme, et les hanches et le bassin ont du mal à s'ouvrir, alors comme toutes les mères, elle a eu mal et c'est peut-être pour cela qu'elle peut comprendre quand vous parlez des naissances de vos enfants à vous. Et comme toutes les mères, sa joie a été grande quand ma tête est passée et que Joseph a sorti mon petit corps. Normalement il y aurait dû y avoir des femmes, si nous étions restés à Nazareth, mais là.. Alors Joseph ce jour là, est vraiment devenu mon père, il m'a mis au monde, il m'a regardé, il m'a aimé et il a compris qu'il était "mon" père.

Je sais que vous vous posez des questions sur le lieu de ma naissance. L'important c'est que, que ce soit par mon père ou par ma mère, je sois descendant du roi David,  mais naître à Bethleem, la maison du pain, moi le pain vivant, c'était quand même un beau symbole non? 

Ensuite, cette nuit là, parce que finalement je suis né sans tambour ni trompettes, mon père d'en haut, il a quand même fait entendre de la musique, mais pas pour les bien pensants, non pour les bergers qui étaient dans les montagnes. Et ce sont eux qui sont venus les premiers. Ils ont apporté du lait, du fromage, du pain et de l'eau de la montagne, une eau pure, et ma mère et mon père ont été si heureux de cette présence simple.

Ensuite, mais la suite vous la connaissez, j'ai reçu la circoncision et mon nom, puis nous sommes rentrés chez nous, puis quelque temps après nous sommes pour la première fois allés dans le Temple de Jérusalem pour donner le sacrifice pour moi, puisque je suis le premier né. Et j'ai grandi comme tous les enfants du monde.

Dans la mythologie grecque, on voit un Dieu qui tombe plus ou moins amoureux d'une femme humaine et qui la féconde et ça fait un demi dieu, qui n'a pas la vie facile. Mais moi, je ne suis pas un demi dieu qui serait devenu dieu en donnant ma vie. Non, je suis pleinement homme et pleinement Dieu, même si c'est compliqué à admettre. Ce qui compte c'est bien plus le fait que je sois vivant pour toujours, que je suis venu pour donner ma vie pour que tous hommes sortent de l'emprise de ce qui les pousse vers le bas, et que par ma mort, j'ai donné la vie au monde.

Et au delà du récit de cette naissance "miraculeuse", que certains aujourd'hui refusent sous prétexte que ce n'est pas possible, il y a l'affirmation que moi le Fils du très Haut, j'ai eu une vie d'homme et que  comme le disent certains de vos écrit, mon Père a appris ce qu'était la souffrance parce que je l'ai vécue comme vous tous et le ce Dieu tout puissant que vous contestez tant, est devenu un Dieu Proche, un Dieu qui vous a tant aimé qu'Il m'a donné à vous.. .

lundi, décembre 24, 2018

Temps de Noël: les bergers.

Evangile de la veillée de Noël: les bergers. Lc 2, 9-12



Comme d'habitude nous les bergers, nous sommes dehors quel que soit le temps, pour veiller sur nos bêtes et parce que le temps de mettre bas est arrivé pour nos brebis, alors nous veillons. Il fait bien froid, mais nous avons nos peaux sur nous pour nous réchauffer. Seulement à vivre dehors, à se nourrir de fromage, de pain, traîner dehors comme disent ceux du village, ça ne nous donne pas bonne réputation, surtout qu'il faut quand même bien boire un coup pour se réchauffer. Et puis, à vivre avec des bêtes, on ne se sent pas très très bon. Alors les gens du village ne sous aiment pas trop et ils nous considèrent souvent comme des voleurs.  

Et voilà qu'en cette nuit; somme toute une nuit comme toutes les autres, même pas une nui, de pleine lune, alors que les bêtes dormaient et que nous aussi nous nous apprêtions à dormir, la clairière où nous étions s'est éclairée comme en plein jour. Nous avons eu l'impression qu'une cascade d'eau fraîche tombait sur nous lavait de notre crasse, et nous réveillait. Même nos vêtements se sont mis à sentir le propre. Nous étions dans cette lumière qui nous revêtait comme d'un vêtement. Et nous avons entendu comme une voix qui nous disait que dans la ville de Bethleem, venait de venir au monde celui que tout le peuple attend depuis si longtemps,  celui qui est le Christ, l'oint, le Messie, l'envoyé du très Haut, celui qui permettra de sauver le peuple. Peut-être que cela c'était un Ange, mais mettre des mots, ce n'est pas notre fort à nous les bergers.

Comme nous étions dans une stupéfaction totale, la voix a ajouté, que nous devions nous mettre en route, laisser là notre troupeau pour trouver un bébé dans une mangeoire. Les étables près de la ville, nous les connaissons bien, mais la quelle? Enfin nous étions tellement retournés que nous sommes partis.  Nous allions bien le trouver ce tout petit qui venait de naître, et nous allions aider ses parents à trouver un lieu moins froid, un lieu plus beau, parce que quand même, ça nous choquait de penser que le nouveau roi David était dans une étable au milieu des bêtes. 

Et tandis que nous nous étions mis en marche, nous avons entendu comme un chœur, et pour nous c'étaient ces anges qui vivent dans le ciel auprès du Seigneur, et ce chœur disait que Dieu, notre Dieu était le seul Dieu, le vrai Dieu, le tout puissant, mais aussi que désormais, la Paix, était là, et qu'elle serait donnée à tous les hommes, parce que Dieu aimait tous les êtres qui sont sur cette terre et que la Paix, c'était cet enfant, ce conseiller merveilleux qui nous la donnerait. 

Nous l'avons trouvé cette étable, nous l'avons vu ce petit agneau qui venait de naître et nous, les mal-aimés, nous avons aimé et adoré ce petit être. Nous avons donné à ses parents ce que nous avions apporté, puis nous sommes revenus nous occuper de nos troupeaux, et oh miracle, nous avons trouvé plein d'agneaux nouveau-nés. 

Et la grande joie que nous avons ressentie, nous ne pouvions pas la garder pour nous, alors nous sommes allés raconter à tous ce qui venait de se passer, mais ils ne nous ont pas cru, et ils sont restés bien au chaud dans leurs maisons. Mais nous, nous savons que ce que nous avons vu, c'était le ciel qui s'était ouvert.




Temps de l'Avent: Zacharie retrouve la parole.

Veille de Noël.  Zacharie. 

Le texte de ce jour, c'est le cantique de Zacharie, qui est récité tous les jours tant par les moines, que les prêtres et beaucoup de laïcs, donc c'est un chant que nous connaissons bien. Les versets qui précèdent ce texte dans l'évangile de Luc, sont curieux, car certes Zacharie retrouve sa voix, mais il semble que la crainte soit aussi présente, comme si cette naissance faisait un peu peur, comme si, la ressemblance avec le prophète Elie, était déjà en germe. Et si on suit la chronologie des versets, peut-être que ce cantique a été prononcé au moment de la circoncision de l'enfant. C'est une hypothèse de ma part, mais on peut penser que lors de cet acte qui fait vraiment entrer l'enfant dans le peuple  choisi, Zacharie, rempli d'esprit saint, comme l'avaient été avant lui, Elisabeth, Marie et comme le seront ceux qui seront les disciples de l'enfant à naître ait pu comme le dit le texte, dire ces paroles prophétique..

Parce que j'ai été comme nos pères dur d'oreilles à la parole du Seigneur, parce que ma nuque a été raide, alors mes cordes vocales se sont paralysées et j'ai perdu la voix, j'ai perdu les mots pour dire que que j'avais vécu. J'ai combattu contre l'Ange, j'ai voulu être fort contre Dieu, et j'ai été vaincu. Béni soit-Il, car j'ai appris et j'apprends. Ma voix, je ne la retrouverai que lors que la naissance de cet enfant annoncé, cet enfant qui portera le nom de Johan: Dieu fait grâce. Quand notre petite cousine Marie est entrée chez nous, à ma grande surprise, ma femme, mon Elisabeth, qui ne parle jamais, qui se fait toujours oublier, qui cache cette grossesse tellement elle a peur que le bébé ne vienne pas à terme, elle s'est mis à bénir un enfant à venir, et elle a parlé haut et fort de ce bébé. Marie aussi s'est mise à parler de ce que le Très haut avait fait pour elle, et elle a annoncé que cet enfant s'appellerait Joshua.. Johan et Joshua, voilà les noms des deux cousins qui sont , qui seront porteurs du salut pour tout notre peuple.

Et le jour de la délivrance d'Elisabeth est arrivé, et cela s'est si bien passé, que d'emblée, les femmes qui étaient là, ont fait savoir que cet enfant du miracle, était un protégé du Seigneur, et cela s'est transmis comme une traînée de poudre et tout le monde est venu chez nous. Seulement il fallait le nommer cet enfant. Et tous pensaient qu'il devait s'appeler comme moi, Zacharie,  mais nous savions qu'il devait porter un autre prénom, un prénom jamais porté dans notre famille. Alors comme Elisabeth a dit que son nom serait Yehohanan (Dieu fait grâce), ils ont pensé qu'elle disait n'importe quoi, on ne rompt pas comme ça avec la tradition. Ils m'ont alors demandé en faisant des gestes. Ils montraient l'enfant, ils me montraient. J'ai compris ce qu'ils voulaient et sur une tablette j'ai écrit que son nom était bien celui que ma femme avait dit: Yehohanan. Et aussitôt, le lien qui bloquait ma langue s'est délié, et j'ai retrouvé la parole, et j'ai béni et loué le très haut qui fait de telles merveilles. 

Et moi le prêtre, j'ai ressenti en moi comme une vigueur nouvelle, comme un souffle nouveau, comme une eau bienfaisante, comme une onction, et avec ma voix qui ne chevrotait plus, j'ai pu  chanter… 

J'ai chanté Dieu qui aujourd'hui visite son peuple, qui va le libérer grâce à ce petit enfant qui est ne germe dans le ventre de ma petite cousine, cet enfant qui est de la race de David notre grand roi, mais qui est aussi de la descendance d'Aaron, puisque ma femme est de cette lignée. Roi et Prêtre, quel héritage pour celui qui va nous délivrer de la main de nos oppresseurs. Et les oppresseurs, je ne suis pas sûre qu'il s'agisse des occupants, mais de tous ces liens qui font que nous ne sommes pas capables d'écouter notre Dieu, que nous ne sommes pas capables de voir nos frères dans le besoin. Oui ce petit enfant va nous apprendre à servir notre Dieu, dans la justice et la Sainteté tous les jours de notre.

Et j'ai ensuite compris ce que serait le rôle de mon petit: préparer le chemin de celui qui naîtrait pourtant peu de temps après lui, pour que celui qui serait comme l'astre d'en haut, le soleil qui vient féconder la terre et lui faire porter son fruit. Je savais que lui serait celui qui inciterait enfin tout le peuple à se convertir, à reconnaître comme moi j'ai dû le faire mon incrédulité, mon orgueil, mon manque de confiance. Je savais que lui permettrait au peuple de trouver le pardon car les péchés seraient remis, pardonnés.

Et j'ai terminé ce chant qui me dépassait un peu, en remerciant notre Dieu pour sa tendresse, pour son amour, car il avait préparé pour nous la lumière qui luit dans les ténèbres, et qui vient illuminer le monde.


dimanche, décembre 23, 2018

Temps de l'avent: Marie chante...

Temps de l'Avent: Marie chante..

Quand l'ange est venu me parler de ce que le Très haut voulait pour moi, j'ai entendu, j'ai écouté, mais même si j'ai retenu, je n'ai pas vraiment compris, sauf que j'étais un peu l'élue, celle qui avait choisie pour porter celui que tout mon peuple attend, ce nouveau messie qui comme David l'avait fait avec les philistins, allait nous délivrer de ceux qui nous oppriment. Mais au fond de moi, quelque chose me disait, que ce n'est pas de cette oppression là qu'il devait nous libérer, mais de cette présence du mal qui est là en permanence. Mais nous libérer de nos esclavages intérieurs, ça c'est autre chose. C'était juste comme cela en moi. 

Et puis,  il avait parlé de l'ombre du très haut… Je n'avais pas compris. Et puis.. Dans notre histoire, on raconte que Moïse, celui qui nous a fait sortir de la terre d'Egypte, ne voulait pas mourir, et pourtant son temps était accompli. Alors l'Ange du Seigneur s'est penché sur lui, l'a embrassé, mais en l'embrassant il a aspiré son souffle et Moïse est parti.. Et pour moi, il s'est passé un peu la même chose, mais dans l'autre sens. Je veux dire que peu de temps après le départ de l'Ange et de sa promesse, j'ai senti un souffle en moi, un souffle qui ouvrit tout mon être, un souffle qui pénétrait, et comme le dit un psaume, j'ai eu envie de crier de joie, et j'avais compris que la promesse s'était réalisée. 

Et aujourd'hui, je suis chez ma cousine Elisabeth. Elle aussi vient de sentir cette force en elle, celle force qui a fait tressaillir son bébé, qui a fait aussi tressaillir le mien, car je l'ai senti bouger pour la première fois, et comme elle, j'ai chanté, j'ai chanté mon Seigneur, j'ai chanté de joie..

J'ai chanté avec mon corps bien sur, mais avec mon âme, car tout mon être était dans l'action de grâce, tout mon être exaltait le Seigneur, et en moi il y avait une joie infinie, une joie qui n'a pas de mots pour se dire, et mon esprit, cette partie de moi qui est don du très Haut, exultait de joie.

Je comprenais, que moi, qui avais eu la possibilité de dire oui, je ne serai pas oubliée après ma mort, je serai racontée comme celle qui a cru, comme une bien heureuse. Oui le Tout puissant a fait pour moi des merveilles, et lui seul pouvait faire cela. Et en moi chantait aussi une petite phrase: "je te bénis mon créateur, pour la merveille que je suis, tous ces trésors au fond de moi que tu as mis sans faire de bruit". Oui, tout ce que je suis, tout ce que je serais, c'est Lui qui a prévu, qui a donné, qui a mis tout cela en moi, en me respectant, en me laissant complétement libre.

Le Dieu qui est mon Dieu, il est un Dieu de tendresse, un Dieu de miséricorde et cela il l'avait déjà annoncé à Moïse, "je suis un Dieu de tendresse pour ceux qui gardent mon alliance", il est un Dieu " juste": il aime les humbles, ceux qui sont dépendants de lui, qui savent que Lui seul guide leur vie, alors les superbes et les puissants il les renverse, il les renvoie les mains vides. Et je sais déjà, que cet enfant qui est en moi, cette prémisse en quelque sorte de la vie de Dieu, il dira la même chose, il permettra aux petits, aux humiliés, aux bafoués, de se sentir aimés, respectés, relevés.

Comme un vrai roi, celui qui va venir, il comblera de biens ceux qui ont faim et soif de justice, les affamés il leur donnera du pain, le pain dont on a besoin pour vivre, mais aussi ce pain qui fait grandir la présence de Dieu en soi, et je sais ce sera Lui.

Oui Dieu n'oublie pas, il n'oublie pas son amour pour nous.. Il avait promis à notre père Abraham, de faire de nous un peuple qui bénirait les nations, un peuple nombreux, et dans cet enfant qui est en moi, il va faire de son peuple un peuple de prêtre, un peuple de rois.

Alleluia.

vendredi, décembre 21, 2018

temps de l'Avent: Marie

Temps de l'Avent: Marie. 

L'ange m'a quitté, du moins cette présence que j'ai ressenti. Je sais que dans mon corps il s'est passé quelque chose, mais je ne sais pas le nommer. Pourtant je ne suis plus la même. Et l'ange m'a parlé de ma cousine Elisabeth. Je dois aller la voir, je dois lui raconter ce qui s'est passé, je dois lui demander son avis. J'ai besoin de quelqu'un, j'ai besoin d'une mère, puisque la mienne n'est pas là pour me guider. 

Comme je suis la fiancée de Joseph, je dois lui demander l'autorisation de partir ainsi. Lui, avec son métier, il ne peut pas m'accompagner et pour le moment, je n'ose pas lui dire ce qui se passe, ce qui s'est passé. Et s'il ne comprenait pas? Et S'il me répudiait? Mais au fond de moi il y a cette certitude, c'est que le Seigneur nous a choisis tous les deux, lui et moi, moi et lui, pour que nous soyons la famille de son envoyé, de son fils, qui sera mon fils. 

Joseph a accepté et je suis partie de Nazareth pour aller vers Jérusalem, puisque c'est dans les montagnes de Judée que résident Elisabeth et Zacharie. J'ai trouvé un groupe qui allait à Jérusalem, parce que je ne voulais pas être seule sur les  chemins. Il y a des brigands, alors une femme seule, c'est n'est pas possible. D'ailleurs c'est Joseph qui a trouvé pour moi. 

Je suis arrivée, fatiguée chez eux, mais comme ils ne savaient rien de ma venue, personne n'est sorti à ma rencontre. Je suis entrée dans leur maison, Elisabeth était là, elle s'est levée, s'est approchée de moi, et je l'ai saluée, elle mon aînée. Et là quelque chose s'est passé. 

Elle m'a regardé, elle a regardé mon ventre, elle a regardé son ventre, elle a touché son ventre comme si elle le touchait pour la première fois. Elle a dit que l'enfant avait bougé en elle, qu'il avait tressailli, que tout son corps à elle en avait été ébranlé, qu'elle avait ressenti comme une vie merveilleuse que s'emparait de son fils, et elle m'a bénie. Elle a eu des paroles qui ont confirmé ce que l'ange m'avait dit, et ce qu'elle a dit, ce qu'elle m'a dit, c'était la confirmation de ce que je sentais en moi, que quelque chose vivait en moi, que quelqu'un se développait en moi et que ce quelqu'un c'était Celui qui doit venir. 

Pour moi, cette confirmation était extraordinaire, parce que je n'avais pas à expliquer. Elle savait. Elle allait pouvoir être avec moi  dans cette joie, elle allait pouvoir me conseiller, être ma mère, et moi, j'allais pouvoir en demeurant chez elle, jusqu'à la naissance de son enfant, l'aider durant cette fin d'attente, être comme sa fille et partager avec elle et avec Zacharie, sa délivrance et la naissance du cousin de mon petit garçon. 

Que Dieu soit loué pour sa prévenance

jeudi, décembre 20, 2018

Temps de l'Avent: Elisabeth.

Temps de l'avent: Elisabeth. 

On me considère comme une vieille femme, et comme je n'ai pas eu d'enfant, parfois il y a des paroles méchantes qui se disent derrière mon dos quand je vais chercher de l'eau au puits, ou quand je fais les courses. Quand je vois des enfants qui courent dans les rues, quand je les vois se battre, quand je les vois parfois sauter dans les bras de leur père,  des larmes montent en moi. Et je sais que les femmes m'appellent la stérile, celle qui n'a pas donné de descendance.  Pourtant Zacharie et moi, nous en avons fait des offrandes, nous en avons passé du temps en prière. Toujours nous avons espéré que nos prières seraient présentées au très haut, comme jadis les prières de Tobit et de Sara, et nous savons que Dieu ne rejette pas les prières. Maintenant que le temps a passé, à moins d'un miracle, et là, que diront ces femmes qui se moquent de moi, je dois accepter ce que Dieu a voulu pour nous.

En ce moment, je suis seule, mon mari est à Jérusalem où il accomplit son service dans le Temple. Comme les nouvelles se propagent vite, j'ai appris qu'il s'était passé quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Je sais juste qu'il a perdu la parole; lui qui aime tant parler, tant chanter les psaumes, cela doit être terrible. Qu'a t il fait pour mériter une telle punition? Enfin je vais vite le savoir, car son temps est terminé. 

Et le voilà qui vient, mon aimé. Il me prend dans ses bras, il oublie mon âge, et me regarde autrement. Puis il va chercher une tablette et il me dit que nous avons le droit d'avoir un fils, que Dieu nous a écouté et que ce fils portera le nom de Jean.

Et cela est advenu… Seulement je n'ose pas y croire, je n'ose pas en parler et je ne dis rien, je ne veux pas de moqueries, je veux, mais qu'est ce que je veux.. 

Et aujourd'hui, ma petite cousine, Marie, celle qui habite à Nazareth est arrivée, sans se faire annoncer. Par qui a-t-elle su que j'allais avoir besoin d'elle? Et dès qu'elle est entrée, il s'est passé quelque chose de très fort en moi. L'enfant, a littéralement tressailli de joie, il est monté et il est descendu, et cela je ne l'avais jamais ressenti. Pour moi, cela a été la preuve qu'il était vivant, bien vivant, parce que j'ai tellement peur qu'il lui arrive quelque chose à cet enfant donné. Et je me suis entendue dire des mots inconnus… J'ai dit à ma cousine qu'elle était la mère de celui qui allait sauver tout le peuple, mais ces mots là, sont venus tout seuls, et j'ai béni cette jeune femme qui se tenait devant moi. 

Et avec elle, le temps a passé plus vite; avec elle, je suis sortie, avec elle, j'ai préparé la naissance de l'enfant, avec elle, j'ai attendu. 

Et l'enfant est né.. Et naturellement tout le village est venu, et il fallait nommer l'enfant. Malgré ma fatigue, j'ai dit Jean, seulement ça a tellement étonné tout le monde que l'enfant ne porte pas le prénom de son père, qu'ils sont allés chercher Zacharie qui priait sans dire sans prononcer de paroles. Ils lui ont donné une tablette et bien sur, il a écrit Jean: ce qui veut dire "Dieu a fait grâce". Et la paralysie de ses cordes vocales a disparu et il a pu chanter un merveilleux chant pour louer Dieu qui allait donner un sauveur à son peuple et qui avait choisi notre fils pour préparer le peuple à accueillir celui qui allait venir, et celui qui va venir c'est cet enfant qui est dans le ventre de ma cousine. 

Que Dieu soit loué sur la terre et dans les cieux pour ce qu'Il fait pour nous son peuple.

mercredi, décembre 19, 2018

Temps de l'Avent: l'ange Gabriel

Il est bien présent dans l'évangile de Luc cet Ange, cet envoyé. Alors j'ai eu envie de le laisser parler.


J'ai beau être un Ange qui vit devant le Très haut, j'ai toujours du mal quand il m'envoie visiter les hommes. Là j'en ai vu trois, Zacharie, Marie, Joseph. Joseph c'est un peu différent, je me suis servi de son sommeil pour lui parler, pour le rassurer, et il faut bien que le plan élaboré depuis toute éternité puisse se réaliser, mais quand j'ai parlé à Zacharie et à Marie, je me suis rendu compte que les hommes et les femmes, ce n'était vraiment pas bâti de la même manière. Je vais vous raconter.

A la rencontre de Zacharie

Zacharie, c'est un prêtre qui a un service à assurer au Temple. Il est vieux, mais pas si vieux que ça. Sa femme Elisabeth est âgée, mais pas si âgée que ça. Tous les deux, suivent à la lettre et avec amour les commandements et les préceptes, ils sont justes au yeux de la cour céleste, mais comme Elisabeth n'a pas avoir d'enfant, beaucoup pensant qu'elle a fait quelque chose de mal pour avoir privé Zacharie de descendance et elle vit dans la honte; elle est un peu celle que l'on montre du doigt, celle qui fait ses courses à toute allure. Et pourtant quand elle voit quelqu'un dans le besoin, elle sait toujours comment s'y prendre pour l'aider discrètement. 

Il a été choisi, et cela ce n'était pas le hasard, pour offrir l'encens dans le Temple. Je pensais que me manifester à lui, dans ce lieu était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il m'a donc vu, enfin quand je dis vu, ce n'est pas tout à fait ça. Il s'est rendu compte qu'il y avait une présence, sur l'autel à droite et la droite c'est là où se trouve le très haut. Sa réaction plus que normale, a été la crainte. 

Alors je lui ai parlé (dans sa tête) et je lui ai révélé que les prières que lui et sa femme avaient fait monter autrefois allaient être exaucées et que l'enfant qu'elle porterait devrait s'appeler Jean. J'ai dit aussi qu'il serait rempli d'Esprit Saint dès sa naissance et surtout qu'il aurait un rôle particulier: préparer au Seigneur un peuple bien disposé, mais je n'ai pas dit à quoi.  J'ai cité le prophète Malachie qui disait que dans les temps futurs "Elie reviendrait et ramènerait le cœur des pères à leurs enfants". Je pensais vraiment que cela le mettrait dans la joie. Mais non.. 

Lui, il en restait au niveau de la triste réalité. Il avait oublié que le Très haut avait permis à Sarah, pourtant beaucoup âgée que son Elisabeth de donner la vie, et la seule pensée qui était en lui était: "cette voix qui me promet cela, est ce qu'elle ne sait pas qu'à l'âge de ma femme, c'est impossible." Et  au lieu d'être dans l'allégresse, il m'a juste dit qu'il était trop vieux (enfin pour lui, c'est n'importe quoi), et sa femme aussi (bon ça d'accord) et qu'il lui fallait comme un signe pour qu'il puisse me croire. 

Alors, croyez-moi ou pas, mais moi l'Ange cela m'a mis en colère. Alors je lui ai bien donné un signe, j'ai pris sa voix, je l'ai rendu muet.

Simplement je lui ai signifié à lui qui voulait un signe, que la parole lui serait rendue seulement à la naissance de cet enfant, cet enfant qui lui serait la voix qui crie dans le désert. J'aurais voulu qu'il dise merci, qu'il loue le Seigneur Tout Puissant, et au lieu de ça, il demande une preuve, comme si ma parole d'envoyé n'était pas suffisante. 

Puis il est sorti.. Le peuple qui avait prié pendant qu'il officiait et portait la prière du peuple devant le Seigneur comme la fumée de l'encens, avait trouvé le temps long. Seulement il ne pouvait plus rien dire, rien expliquer.. Ils ont compris que quelque chose lui était arrivé, mais ils n'ont pas su quoi.

Rentré chez lui, comme sa femme et lui savent écrire, il a raconté sur une tablette ce qui était arrivé, et l'impossible s'est accompli. Elisabeth elle, a magnifié Dieu qui lui avait rendu son honneur. 

A la rencontre de Marie.

Ensuite, je suis parti à la rencontre de Marie, celle qui était la fiancée de Joseph. Elle était chez elle, elle préparait son trousseau.

Elle a ressenti une présence, ma présence et elle ne savait pas trop ce qu'elle vivait. Elle était un peu comme à distance d'elle-même. Mais c'est ce qui se passe lorsque le divin arrive chez l'humain. 

Il y avait une certaine crainte en elle, ce qui est normal. Alors je lui ai parlé, comme je l'avais pour Zacharie. Et là, c'était une autre annonce.. Elle la petite jeune fille de Nazareth, elle allait concevoir et enfanter un fils qui porterait le nom de Jésus, qui serait le fils du très haut et qui aurait le trône de David. 

Là elle a compris tout de suite ce que je disais, que je lui annonçais qu'elle porterait le Messie attendu, le Sauveur, le Rédempteur. En elle j'ai perçu une sorte de joie immense, mais aussi un questionnement. C'est vrai que les humains ils se posent toujours des questions, mais là, c'était presque pour la forme, elle ne mettait rien en doute. Elle voulait quand même savoir. 

Alors j'ai parlé de l'Esprit Saint qui allait venir en elle, faire son œuvre de fécondation, parce que c'est ce qu'il fait depuis toute éternité, et cela lui a suffit. Bien sûr j'ai voulu lui donner un signe pour qu'elle soit rassurée, et je lui ai parlé de sa cousine mais ça ce n'était pas l'important. 

Elle a eu une phrase extraordinaire; elle a dit: "je suis l'esclave du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole". Et moi qui sait lire dans le cœur, je savais qu'elle pensait à ces esclaves de l'ancien temps qui permettait à des femmes stériles d'avoir des enfants. Je savais qu'en disant cela elle se donnait corps, cœur et âme à son Dieu. Et je me disais que le très Haut avait bien choisi. 

A la rencontre de Joseph.

Il a bien fallu que Marie aille lui dire, qu'elle attendait un enfant, sauf qu'elle ne lui a pas dit ce qu'elle avait vécu. Et ce fut pour elle une véritable épreuve, car elle savait bien que Joseph pourrait la répudier, qu'elle pourrait être lapidée. Mais au fond d'elle-même, elle savait bien que le Très Haut la protégerait elle et cet enfant dont elle devinait juste la présence ténue.

Joseph, lui il était dans tous ses états, il ne comprenait pas, il était à la fois en colère et à la fois abattu. J'ai choisi, comme jadis le Très Haut l'avait pour Jacob, de lui envoyer un songe qui lui ferait comprendre que c'était le désir du Très Haut et que cet enfant, il serait aussi cette échelle entre la terre et le ciel, et que les cieux s'ouvriraient. 

Alors je me suis manifesté à lui durant son sommeil, je lui ai dit pour le rassurer qu'il pouvait et devait prendre pour épouse cette jeune fille qui lui avait été donné, que cet enfant avait été engendré par l'Esprit Saint (là je me suis quand même demandé s'il allait avoir assez de confiance pour me croire), et que cet enfant devrait se nomme Jésus. Et Joseph s'est réveillé. Et aussitôt il a pensé à une phrase du prophète Isaïe, un de ces phrases qui annoncent le sauveur, et cela a été comme un baume, comme une onction sur lui. Et il est allé voir sa fiancée pour lui dire qu'il serait le père de cet enfant. 

Moi, je suis remonté à la cour du Très haut, et j'ai attendu la naissance… Cela ne doit pas être facile pour vous les hommes de devoir composer avec le temps. Mais je savais que je reviendrai un jour pour servir cet enfant en Germe. 

Temps de l'Avent: Joseph

Les textes de cette semaine entre le troisième et le quatrième dimanche de l'Avent, sont des évangiles que l'on connait bien, avec Joseph, Zacharie, Marie, Elisabeth.

Aujourd'hui, j'ai eu envie de laisser parler Joseph...

J'ai quand même recherché comment se vivait un mariage à cette époque. Il y a avait un choix, souvent extérieur aux deux qui allaient vivre ensemble, puis des fiançailles avec un acte écrit. Le fiancé devait acheter sa future. Puis, la jeune fille restait durant environ une année chez ses parents et confectionnait son trousseau dont la robe de mariée,alors que le fiancé construisait une nouvelle pièce dans la maison de ses parents. Et au jour jour choisi, il venait de nuit chercher sa femme.

" Dire que tout allait si bien… Je n'habite plus dans la maison de mon père, j'ai une maison à moi, j'ai un métier et je suis fiancée à une toute jeune fille Marie. Nous avons été fiancés et je lui a donné un bel anneau d'or qu'elle porte à son doigt. J'ai aussi commencé à préparer chez moi une belle pièce, qu'elle pourra arranger comme elle le voudra, une pièce où naître notre enfant. 

Et voilà qu'elle vient me voir hier, à l'atelier et je vois bien qu'elle a une tête un peu bizarre sous son voile. Mais elle est si belle... Elle se tord un peu les mains, et me dit qu'elle attend un enfant.. Et là quelque chose de brise en moi. Comment a-t-elle pu se laisser séduire alors qu'elle est "ma fiancée", comment a-t-elle pu me faire cela. Puis elle ajoute qu'elle ne m'a pas trompée, que ce qui arrive c'est le dessein de Dieu et elle part, elle me laisse seul avec cette nouvelle. Et moi qui était en train de fabriquer une belle armoire pour qu'elle puisse ranger son trousseau. 

Alors j'ai réfléchi. Je sais que quand cela va se voir, elle risque d'être lapidée; alors il faudrait qu'elle parte, qu'elle aille ailleurs. Je suis obligée de la répudier, mais je ne veux pas qu'elle meure, je veux que cet enfant dont elle ne m'a rien dit vienne au monde. 

Je me suis couché, un peu la mort dans l'âme, j'ai tourné un peu dans tous les sens sur ma couche et je me suis endormi. Et dans mon sommeil, j'a entendu comme une voix. C'est étonnant les rêves, mais celui là il était autre. Et cette voix me disait de ne pas craindre de prendre chez moi Marie, ma fiancée. Pas craindre… Etonnant, bien sûr que je suis bouleversé. Et il continue en me disant que cet enfant il est l'oeuvre de l'Esprit Saint, donc qu'elle ne m'a pas trompée. Puis il me dit que cet enfant aura un destin: il sera ce rédempteur que nous attendons, celui qui en nous libérant du poids de tous nos péchés nous fera entrer dans la Sainteté de Dieu. Puis il me dit que le nom de cet enfant sera Jésus. Je savais bien que je dormais, mais c'était si réel. Puis il a cité le prophète Isaïe qui parle d'un enfant né d'une jeune fille et qui devait porter le nom d'Emmanuel. C'est cela qui m'a réveillé, Emmanuel, Jésus.. Mais dans tous les cas, cela me dit que Dieu est avec nous aujourd'hui et que Dieu nous (me) sauve aujourd'hui.

Alors j'ai attendu le matin, et je suis allé voir Marie dans sa maison. Je lui ai dit que cet enfant serait mon enfant et peu importe ce que penseraient les autres, nous resterions ensemble toute notre vie. 

mardi, novembre 20, 2018

La ville de Jericho: Luc 18 et Luc 19

Mes réflexions au fil des phrases des évangiles de semaine.

LUNDI 19 NOVEMBRE Lc 18, 34-43 L'AVEUGLE DE JERICHO.

On se retrouve à la fin du chapitre 18. On va avoir l'aveugle qui clôt ce chapitre, et Zachée qui va ouvrir le suivant qui se termine par l'entrée dans Jérusalem. On a lu cet évangile il y a peu de temps dans l'évangile de Marc, et ce dernier était beaucoup plus fourni en détails. Là c'est un peu comme s'il restait l'ossature. Il reste un homme aveugle (mais depuis quand), une foule qui accompagne un homme, une demande qui va dans le sens de "prier sans se lasser), une guérison sans gestes, qui est un échange de paroles.



35 Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route

Il y a un lieu Jéricho, Jésus qui s'en approche avant d'entamer la montée à Jérusalem, un aveugle qui doit être là, où il est toujours, en espérant avoir sa pièce. Il est assis au bord de la route, ce qui évoque un peu le semeur qui jette sa semence sur le bord de la route, et où elle est piétinée; mais là, il va se passer autre chose. Celui qui parle, qui crie, c'est l'aveugle quand il apprend que Jésus approche.


36 Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait. 

Comme il n'a pas la vue, il doit être surpris par le mouvement, par le bruit. Peut-être a-t-il peur? Mais il n'a pas sa langue dans sa poche et il s'informe. Ce verbe s'informer me renvoie au tout début de l'évangile de Luc, quand l'auteur parle à Théophile et dit s'être informé. 

37 Onlui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait.

Phrase banale mais en ce jour étonnant. Elle sonne en moi comme si Jésus était comme un bateau, qui s'avance, la voile gonflée. La phrase qui chante c'est juste "Jésus qui passait". Le vent de l'Esprit qui le fait passer là. Il y a jésus qui passe, et cela évoque aussi Dieu qui passe devant Moïse (Ex 33), Moïse qui ne peut voir Dieu, Dieu qui lui dit de se cacher au creux du rocher. Mais l'aveugle lui, il ne voit pas; alors peut-être c'est ce qui lui permet de voir en Jésus Dieu qui demeure en Lui, et de crier. 

38 Il s’écria: « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! » 

S'écrier est différent de crier. Elisabeth s'écrie quand elle rencontre Marie Lc 1, 42), un peu comme si des paroles sortent, mais qu'en même temps elles vous envahissent. Alors il (l'aveugle) s'entend peut-être dire des mots qu'il n'avait pas prévus une reconnaissance aussi,  Fils de David (parce que ça, il ne le sait pas, et c'est un titre de messie) et une demande. On lui a parlé de Jésus de Nazareth et lui, il l'appelle fils de David. 

39 Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » 

Là c'est hélas fréquent: faire taire les gens qui gueulent ou qui montrent leur infirmité. Mais il ne se laisse pas faire, surtout s'il est rempli d'Esprit Saint. Car cette nomination de Jésus, Fils de David, elle est je crois unique dans cet évangile. Même le jour des Rameaux, ce n'est pas comme cela que Jésus sera nommé.

40 Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda 
41 « Que veux-tu que je fasse pour toi? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. » 

Importance de la demande. Importance aussi de savoir que Jésus entend, importance de crier même si les autres disent qu'il faut se taire. J'ai toujours aimé la simplicité du dialogue. Qu'est ce que tu veux que je fasse et la réponse, voilà ce que je veux. Il s'agit bien de retrouver, comme quelque chose qui a été perdu.

42 Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » 

Importance de la foi dans cette guérison que se fait uniquement avec des mots, mais si peu. Un peu aussi comme si un dialogue silencieux s'était instauré, des mots pas dits, des mots pas entendus, mais qui sont là. Un homme guéri, un homme sauvé. 

43 À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.

Là, il y a la guérison mais cet homme que l'on faisait taire, il suit et il rend grâce à Dieu et il est moteur. Je ne sais si Luc a joué sur les mots, mais le peuple qui était aveugle à la souffrance, maintenant voit autre chose et comme cet homme se met à adresser une louange à Dieu. Tout retourne au Père, dans ce texte. 


MARDI 20 NOVEMBRE: Lc 19, 1-10 Zachée

Je me dis que les deux personnages présentés par Luc, alors que Jésus entame vraiment la montée vers Jérusalem ont des problèmes avec la vision. L'un est aveugle, alors c'est le son qui le guide, l'autre, voit, mais la taille fait qu'il ne peut pas vraiment voir, il a beau sauter, les autres l'empêchent de voir, même si c'est uniquement la curiosité. Peut-être qu'il connaît Matthieu qui a laissé son bureau et que ça lui a posé question, parce que après tout, il a bien fallu le remplacer cet homme là. Bien sûr Capharnaüm et Jéricho, ce n'est pas du tout les mêmes lieux, mais quand même. Alors le désir de voir, le désir d'apercevoir, cette curiosité qui peut parfois entraîner un changement total. Parce que Zachée passe de celui qui veut voir, à celui qui est vu, qui est remarqué, non pas en tant que chef mais en tant qu'homme et cela lui change la vie. De même pour l'aveugle qui lui aussi a vu Jésus, qu'il n'avait jamais vu. Voir et être vu, connaître et être connu.



01 Entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
02 Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche.
03 Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule ,car il était de petite taille.

Comme quoi on peut être riche, mais ne pas être heureux. On peut souffrir de ce handicap. "t'es bien trop petit mon ami, t'es bien trop petit, dame oui" dit la chanson. Le métier qui donne du pouvoir, peut remplacer cela, mais pas totalement. Alors on a un homme qui semble avoir tout et qui pourtant doit envier ceux qui ont une taille normale. Bien sûr on ne se moque pas de lui par devant parce qu'il a du pouvoir, mais par derrière, sûrement.

04 Il courut donc en avance et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là.

Il est peut-être petit, mais il sait ce qu'il veut et quand il veut quelque chose: voir ce Jésus, il se donne les moyens. Bravo Zachée.

05 Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »

Là on peut dire que l'incroyable se passe. Je pense qu' avoir été appelé par son prénom a dû être une sorte de bombe. "Il me connaît par mon nom, moi dont on se moque, il sait qui je suis, et il n'a pas honte de venir chez moi, quel honneur il me fait". J'ai toujours pensé que Zachée avait dû descendre bien plus vite qu'il n'était monté dans cet arbre. J'ai toujours aimé le " aujourd'hui, il faut". Il y a une nécessité vitale pour Jésus, transformer ce petit homme en un grand homme, ce petit riche en un grand pauvre. 

06 Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie.

J'aime bien la symétrie: Zachée descend vite/ vite il descendit. Et la joie qui est là. Mais manifestement il reçoit Jésus et peut-être une partie de sa bande, mais peut-être aussi des notables. Et là, ça coince. On dirait que  la suite gâche en quelque sorte la joie qui devrait être là.

07 Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »

Toujours ce récriminaient, mais c'est contre Jésus qui fait tout de travers: un bon juif ne doit pas pactiser avec l'impie, avec le pécheur. Jésus à ce moment là, ne dit rien, ne fait rien pour laisser à Zachée son espace, son espace de parole et cela c'est très beau. 

08 Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Zachée ne s'adresse pas à ceux qui récriminent contre Jésus. Il s'adresse directement à lui, en lui donnant son titre de Seigneur, et surtout il est debout, ce qui est bien un signe de résurrection. Il change, il est autre, il le manifeste. Et il donne la moitié de ses biens aux pauvres. On a beaucoup écrit là-dessus, l'autre moitié c'est celle qui appartient à l'occupant.. Je ne sais pas.  Un peu comme la moitié du manteau de St Martin. Il ne dispose pas de cette moitié, peut-être, peut-être pas. Personne ne dit qu'il renonce à son métier. Et je crois que quand on fait tu tort à quelqu'un on rend à l'identique, pas quatre fois plus, et là, il est certain que le cœur de Zachée s'est ouvert. 

09 Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.
10 En effet, le Fils de l’hommeest venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Le dernier verset renvoie à l'image du bon pasteur. Ce qu'il rétorque aux "autres", c'est qu'ils n'ont pas le droit de dénier même à un pécheur son titre de fils d'Abraham, son titre de frère. Et l'impression aussi que Zachée n'est pas le seul concerné, mais toute sa maison, tous ceux qui logent là, qui habitent là, famille, serviteurs, peut-être esclaves parce que le regard de Zachée aura changé sur eux. Je pense que dans l'évangile de Luc, ce qui se passe à là, ce sont les deux derniers miracles de Jésus avant la passion.

mercredi, novembre 14, 2018

Le lépreux samaritain. Luc 17, 11-19 .

Depuis un certain temps, je réfléchis chaque jour sur l'Evangile proposé par la liturgie. Je publie cela dans mon autre blog; Intimes: https://obsidiennes.blogspot.com parce que souvent peuvent apparaître des notations plus personnelles, qui sont de l'ordre de l'intime.

Ce matin, peut-être parce que je m'y suis prise un peu plus tôt que les autres jours, ce texte chante un peu pour moi, avec le samaritain guéri, je sens en moi la gloire de Dieu, alors je mets sur ce blog qui est mon blog principal les réflexions qui sont venues, un verset après l'autre.

Pour compléter je dois dire que je ne me centre jamais sur un verset pour en tirer une morale, un enseignement, mais que tous les versets (et parfois quand la liturgie fait des sauts ou en supprime, je vais chercher ce qui manque pour la cohérence du texte), sont là. Si je souligne un mot, un verbe, des répétitions, c'est que c'est ce qui est important pour moi.

C'est juste mon cheminement au jour le jour dans ces textes que je pense connaître, juste pour passer du temps avec mon Seigneur et lui demander son Esprit.

 Lc 17, 11-19  Les 10 lépreux. 

C'est un évangile que j'aime bien, peut-être parce qu'il faut se mettre en route sur la foi de la parole sur l'espérance et aussi parce qu'il y a deux guérisons. Celle du corps et une autre, qui fait que le Samaritain rend à la fois gloire à Dieu mais aussi à Jésus et qu'il voit en cet homme bien plus qu'un homme: ses yeux se sont ouverts. On parle souvent de la lèpre du péché, cela c'est l'autre guérison.

Ce qui me frappe aussi, c'est le cri des lépreux l'ouïe qui est sollicité et Jésus qui semble fonctionner au niveau de la vue. Il les voit, il est touché, il les envoie se montrer (être vus). Le samaritain (qui est peut-être doublement considéré comme un lépreux) voit qu'il est guéri et cela le pousse en quelque sorte à ne pas obéir à l'injonction de Jésus, sauf que lui, il ne dépend pas du temple de Jérusalem donc l'obligation est peut-être plus souple.

11 En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance

Contrairement au lépreux qui inaugure les guérisons dans l'évangile de Marc, on a là des lépreux qui respectent la loi. Ils ne sont pas dans le village (pas le droit d'y entrer) et ils restent à distance de Jésus. On pourrait dire, un bon point pour eux. 

13 et lui crièrent: « Jésusmaîtreprends pitié de nous. » 

Cela évoque un peu l'aveugle de Jéricho, qui crie lui aussi. Là ils doivent crier, compte tenu de la distance. Dire Jésus, c'est certes le prénom, mais c'est aussi dire Dieu sauve. Dire maître, c'est lui donner son titre de celui qui connaît, qui sait, qui enseigne. Alors deux titres pour Jésus. Et la demande: prends pitié de nous (guéris nous, fais que nous reprenions notre place, que nous ne soyons plus des errants, des bannis). Est ce qu'il y a pour eux, à ce moment là un possible lien entre cette lèpre maladie et ce qui aurait pu la provoquer? Je ne sais pas. 
  
14 À cette vue, Jésus leur dit: « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés

Dans l'évangile de Marc, il y a la guérison (purifié) puis Jésus dit à l'ancien lépreux d'aller se montrer aux prêtres et de donner ce que Moïse à prescrit dans la Loi. "Et ce geste là, sera pour les gens un témoignage" dit-il.  Là, il envoie directement aux prêtres mais cela sous tend que quelque chose peut ou ne peut pas se passer. Et les prêtres doivent contrôler la guérison. En tous les cas, ils partent eux aussi vers Jérusalem, mais peut-être pas par le même chemin. Et la guérison advient. Que se passe t il dans leur tête et dans leur corps à ce moment là? 

15 L’un d’eux, voyant qu’il était guérirevint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix

Je ne sais pourquoi, mais ce verset chante en moi. Il n'a rien senti dans son corps, encore que.. Il se regarde et sa peau (comme celle de Naaman le Syrien, un étranger comme lui) est redevenu nette. Alors il est rempli de joie, de gratitude, et quelque chose explose en lui. Lui qui à mon avis ne devait plus prier, il est plein  de quelque chose qui est en lui et qui le dépasse, et et comme les bergers du début de l'évangile de Luc il rend Gloire à Dieu.

16 Il rejeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce.Or, c’était un Samaritain

Nous nous connaissons cet évangile par cœur ou presque, mais Luc ménage ses effets.. On s'attend à ce que ce soit un "juif" qui revienne sur ses pas, mais non, c'est celui qui était doublement lépreux: un samaritain. Et surtout il reconnaît en Jésus la présence de Dieu. Se jeter à ses pieds, face contre terre, c'est la posture que l'on prend quand un roi vous a fait une grâce.  

17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés? Les neuf autres, où sont-ils
18 Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu! » 

On pourrait presque parler de constat d'échec.. Pourquoi ne sont-ils pas revenus? Pourquoi sont-ils prisonniers du légalisme? Maintenant qu'ils sont guéris, ils peuvent aller et venir comme ils le veulent. Quand Naaman est purifié, il reconnaît la puissance du Dieu d'Israël. Les 9, contrairement au samaritain ne reconnaissent pas la puissance de vie qui est en Jésus et qui se manifeste dans le dernier verset.

19 Jésus lui dit : « Relève-toiet va: ta foi t’a sauvé. »

C'est un verset de résurrection: relève-toi, suis ta route (va), ne reste pas là, tu es guéri dedans et dehors, tu es totalement un homme nouveau. En même temps dire "ta foi" t'a sauvé, cela veut dire que Jésus n'est pas un magicien, que la guérison est comme œuvre commune. Et en cela c'est un respect total de ce qui nous sommes.