samedi, décembre 29, 2018

Temps de Noël: dimanche de la Sainte Famille.

Luc 2, 41-52

Je ne sais pas si ce dimanche qui suit Noël s'est toujours appelé comme cela. Cet évangile c'est Jésus perdu (enfin perdu pour ses parents qui ne savent pas où il est) et retrouvé. On parle de fugue, mais est-ce de cela dont il s'agit? Je pense que c'est un peu réduire cet évènement que de faire cela.

Car, oui, il y a un car, quand on lit ce texte qui clôt le chapitre 2 de Luc et donc les textes qui concernent l'enfance, je n'ai pu m'empêcher au niveau du vocabulaire de trouver que ce texte peut faire un peu parallèle avec les disciples d'Emmaüs (Luc 24,13-35).

Les disciples comme les parents s'en retournent après malgré tout la fête de la célébration de la Pâque à Jérusalem. Les uns comme les autres cheminent, les uns se rendent compte que Jésus a disparu, les autres parlent de Jésus qui a disparu, mais qui peut-être... S'extasier sur son l'intelligence et sur ses réponses, peut évoquer Jésus qui ouvre leur esprit à l'intelligence des écritures, il y a aussi l'étonnement: celui des parents qui trouvent leur fils, celui des disciples qui se trouvent à marcher avec cet homme qui semble venu de nulle part, il y a la souffrance liée à l'absence, à la perte de l'être aimé, il y a le coeur, Marie qui garde toutes ce choses dans son coeur et les disciples dont le coeur devient tout brûlant et qui retournent à Jérusalem alors que les parents retournent à Nazareth.

Pour en revenir au texte, comme souvent en ce moment, j'ai laissé parler deux personnes, jésus tout d'abord et Marie ensuite.

Jésus raconte. 

Ils n'ont vraiment rien compris, et ça promet pour le futur quand je quitterai la maison pour annoncer la bonne nouvelle, pour dire que mon père le Très Haut, le Tout Puissant est présent aujourd'hui dans le peuple qui est le sien, le peuple qu'il a ramené d'Egypte, le peuple qui doit révéler sa présence au monde entier. 

Cela faisait au moins deux ans que j'attendais cette montée à Jérusalem pour célébrer la Pâque, manger l'Agneau Pascal. Et là, avec mes douze ans révolus, c'était enfin possible. Mais le Temple, la demeure de mon Père, je voulais m'en imprégner, je voulais la ramener dans mon cœur, dans mon corps, dans mon esprit, avec moi à Nazareth. 

Alors au lieu de rentrer avec eux, je suis resté. J'ai regardé, j'ai écouté et j'ai parlé avec tous ces sages qui lisent et relisent les paroles des textes saints, qui en sont nourris, qui l'aiment cette parole. Il y a toujours eu quelqu'un le soir qui m'a proposé de dormir chez lui, et j'ai appris ce qu'est l'hospitalité. 

Que j'ai aimé ce temps, que j'ai aimé ces jours où je me sentais nourri, porté par la parole, mais aussi par ces hommes qui étaient là.

Au bout de trois jours, mes parents sont arrivés. Je savais bien qu'ils étaient inquiets, qu'ils pouvaient être en colère. Qu'est ce que ça sera quand mon corps leur sera enlevé pendant la même durée.. 

Je ne me suis pas excusé, je n'ai pas demandé pardon d'avoir créer cette inquiétude, non; je leur ai rappelé que si j'étais dans ce monde c'était pour être le témoin de mon Père. Je sais que cette phrase a été comme un coup de poignard pour ma mère, qu'elle ne comprendrait pas, mais que tout cela pour elle prendrait un sens bien plus tard, beaucoup plus tard. 

Vous qui connaissez mon histoire, souvenez vous des pèlerins d'Emmaüs et regardez les mots employés par Luc. Eux aussi sont inquiets, eux aussi étaient en route pour rentrer chez eux, eux aussi ont perdu quelqu'un. Eux aussi auraient pu me dire: pourquoi nous as-tu fait cela. Alors, croyez-moi ou pas, mais le cœur de ma mère, le cœur de mon papa Joseph, ils étaient tout brûlants d'amour de m'avoir retrouvé. Nous sommes retournés à Nazareth, la vie a repris son cours; mais j'attends avec impatience ces fêtes qui nous conduisent à Jérusalem. 

Marie raconte

On était si contents d'aller enfin avec lui pour cette fête de la Pâque dans la ville sainte. De Nazareth à Jérusalem, cela fait du chemin et c'est une petite caravane qui a quitté le village. On avait loué, comme chaque année, une salle chez un ami qui habitait autrefois Nazareth, et on a célébré notre fête. Puis on a pris le chemin du retour. J'aurais bien dû me douter qu'il se passerait quelque chose, parce que quand nous nous sommes mis en route, il n'était pas là; mais comme il aime bien sa petite cousine Rachel, j'ai pensé qu'il ferait la route avec elle. 

Seulement on a bien dû se rendre à l'évidence à l'étape, il n'était pas là. Alors, très inquiets, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer dans une ville comme Jérusalem, on est repartis dans l'autre sens. Je me doutais bien qu'il serait dans le Temple, parce que finalement nous y avions passé peu de temps et que le Temple c'est le lieu de la Prière, c'est le lieu des enseignements, c'est le lieu des sacrifices, et c'est là que nous l'avons trouvé. 

Il avait l'air bien, il était assis au milieu des docteurs et ça discutait ferme. Il avait l'air si heureux, mais comment a-t-il pu nous faire cela, nous laisser dans l'inquiétude? Quand je lui ai demandé pourquoi il nous avait vivre cela, à son père et à moi-même, il a eu un petit sourire et il a répondu qu'on n'aurait pas dû le chercher, ce qui sous-entend qu'un enfant de 12 ans se sentait capable de rentrer tout seul à la maison quand il l'aurait jugé bon, ce qui est quand même un peu énorme, parce qu'un enfant ça reste un enfant. Il a ajouté qu'il se devait aux affaires de son Père (ce qui a été dur pour mon cher Joseph), mais pourtant ça nous le savions, seulement, on se ferme un peu les yeux et les oreilles pour vivre le présent. 

Il est rentré avec nous, simplement, et la vie a repris son cours, vie simple et paisible, mais je n'étais plus aussi tranquille, je pensais à ce jour où il serait pris par sa mission, le jour où il partirait; le jour où il retrouverait son cousin pour annoncer le royaume.  

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