Si on lit l'épître aux Corinthiens(une des premières épîtres datée de 54) et en particulier le chapitre 13, on voit que Paul met toute son insistance sur la charité (on dit l'Amour aujourd'hui). La charité est plus forte que la foi, celle qui transporterait les montagnes. On peut penser que celui qui vit de cette charité là, est ajusté au désir de Dieu qui est Amour et que, devenu "juste" il sera "sauvé" c'est à dire connaîtra la vie éternelle en participant à la gloire de Père, avec le Fils et dans l'Esprit.
Si on travaille l'épître aux Romains(qui est très postérieure 57), il semble bien qu'il y ait quelque chose de très différent dans le discours de Paul. C'est la foi, c'est à dire la confiance absolue en la Parole (ou la Promesse) qui donne le salut. La démonstration à partir d'Abraham qui est justifié parce qu'il a cru (peut-être contre toute espérance) dans la Parole, est si l'on veut exemplaire, quoique pour ma part, je la trouve très rabbinique (mais cela c'est mon point de vue).
Du coup, il y a chez Paul, une sorte de glissement, voir de clivage qui s'introduit, avec la question des oeuvres et de la foi. Suffit-il de croire pour être sauvé?
Paul lui a fait l'expérience que c'est la rencontre avec Jésus, ressuscité par la volonté du Père, qui a provoqué en lui une changement radical, qui a fait de lui un homme nouveau, possédé par l'amour de ce Jésus qu'il avait voulu persécuté en persécutant la communauté naissante.
Le Juste est-il celui qui a cru en Jésus mort et ressuscité pour le salut du monde ou celui qui agit dans l'amour. Il semble bien que ce soit celui qui mette sa foi dans le Seigneur qui soit le nouveau Juste. Mais si on regarde la trajectoire de Paul, il semble évident que cette foi est passée dans les actes, puisqu'il s'est mis immédiatement à annoncer l'évangile et à vivre plus que dangereusement pour son Seigneur.
Pourtant il oppose la foi et les oeuvres. Sauf que les oeuvres (me semble-t-il), ce sont pour lui les signes d'appartenance à la religion originaire de Jésus, à savoir essentiellement la circoncision, la pratique de la loi, et la séparation d'avec les "impies".Or Jésus s'est Lui-même souvent mis en porte à faux vis à vis d'une observance de la loi qui tue, qui en fait une lettre morte. Paul continue donc bien le message évangélique.
Il me semble quand même que beaucoup de juifs qui observent et accomplissent la loi, sont de très "saints" hommes(et femmes) et que pour eux il n'y a pas de confusion entre l'observance et l'actualisation de la Parole (Thora).
Il y a cependant une phrase, dans l'épître aux Galates- qui est une épître antérieure à l'épître aux Romains, mais postérieurs à la première aux Corinthiens- une phrase pour moi très importante et qui aurait peut-être évité la querelle autour de la justification par la foi.
Voici cette phrase: " En effet, dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant par la charité".
La foi si elle ne s'exprime pas par la charité, n'est pas suffisante pour justifier et donner le Salut.
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