vendredi, février 01, 2019

La parabole du semeur: Mc 4, 1-20

C'est un texte qu'on connaît presque par coeur, et sur lequel j'ai déjà réfléchi et écrit (http://giboulee.blogspot.com/2017/12/la-parabole-du-semeur-mc-41-10.html). Là, j'ai essayé - et Dieu sait que c'est compliqué - de me mettre dans la peau d'un de ceux qui, après que Jésus soit descendu de la barque, est allé avec lui et les apôtres, et quelques autres, dans la maison de Pierre; donc un de ceux qui ont entendu l'explication.

Voilà ce qu'il raconte ...

Un des disciples:
Pas facile de le suivre, le Rabbi !

Je ne suis pas un de ceux qui vivent tous les jours avec lui, qui le suivent: je veux dire, qui ont tout laissé pour le suivre (et il bouge beaucoup). Mais chaque fois qu'il vient à Capharnaüm, alors je vais l'écouter, car j'aime quand il parle, même si je ne comprends pas tout. La toute première fois, ça se passait à la synagogue. J'ai aimé ce qu'il disait. Mais plus que cela, il y a sa présence, il y a son regard, un regard qui, quand il se pose sur vous est une rencontre; un regard qui émeut, un regard qui vous rend vivant. Ce regard a changé ma vie. Alors je continue ma vie, avec mon métier, ma famille, mes enfants, mais quand il est là, je laisse tout en plan pour être avec lui. 
Aujourd'hui, pour la première fois, il s'est mis à parler en paraboles et je n'ai pas trop aimé. Les paraboles pour moi, cela me fait penser à ces rabbis de Jérusalem qui discutaillent, qui racontent des histoires qui sont tirées de traditions que je ne connais pas, mais qui les inventent aussi. Je sais que Salomon proposait des paraboles et des énigmes à la reine de Saba, et moi je ne suis pas très intelligent et je trouve cela bien énigmatique. On dit que les paraboles ont une pointe, un sens caché; je ne dois pas être très doué. Heureusement, quand il a eu terminé, j'ai pu rester près de lui, aller dans la maison de Pierre, et l'entendre expliquer cette histoire de semeur et de graines.  
C'est drôle qu'il parle de la terre, alors qu'il est dans une barque, mais il est comme ça. Alors il a raconté l'histoire d'un semeur, un drôle de semeur, qui sème n'importe où. Qu'est ce qu'il cherche ce semeur? Sûrement pas la rentabilité... Quand on sème, on travaille la terre, et c'est sur la terre labourée que l'on sème. Celui là, non, il sème sur toutes sortes de terrains; mais il sème comme si il espérait que quelque chose allait quand même pousser. 

Ce semeur, il lance la semence sur de la terre bien tassée, bien sèche... Et c'est sûr que ça ne peut pas rentrer et que ce sont les oiseaux qui vont se régaler. 
Il sème là où il y a des sols pierreux, pas travaillés; et du coup, d'après lui, la graine pousse vite, mais dès que le soleil se met à donner, quelques semaines après, comme les racines ne sont pas dans la profondeur, alors ça brûle, ça se dessèche et on est triste de voir ça. Je dois dire que cela me faisait penser au désert de Judée. Parfois quand il pleut, plein de fleurs sortent d'un coup, mais dès que le soleil donne, ça se dessèche. Peut-être d'ailleurs que les judéens sont un peu comme ça.. 
Ensuite il sème dans une terre pas bien préparée; alors des ronces se mettent à pousser en même temps. Du coup, moi je voyais comme un combat entre les tiges qui voulaient sortir et les ronces qui veulent tout étouffer; et les ronces qui gagnent, ce qui me rend à nouveau malheureux. Et je pensais à ces terres en friche à côté des villes, ces villes où il va souvent, et où il y a des gens qui l'écoutent, mais qui ne restent pas.
Et puis enfin le semeur trouve la terre qui est prête, sauf que le rendement peut être variable. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être suivant la qualité de la terre ou de la semence. Mais là, le semeur doit être content, il a une belle moisson.
Je me disais que quand le roi David a voulu construire une maison pour le Seigneur, le prophète Nathan lui a dit que notre Dieu était un Dieu qui chemine. Et je pensais que ce semeur, il est comme notre Dieu, il va partout, il ne se cantonne pas à un endroit. Et Jésus, lui aussi, se déplace; il va dans les villes, dans les villages. Et peut-être que ce qu'il nous dit, c'est que dans les villes, sa parole à Lui, elle ne prend pas, elle n'est pas accueillie; et que c'est chez les gens simples que ce qu'il dit prend sens. Parce que lui, il s'adresse à tous ceux qui sont méprisés, qui n'ont pas de place, qui sont malades. Et ceux là parlent de lui; ils sont transformés.  

Quand il a eu fini avec cette histoire, il a dit une drôle de phrase: "Que ceux qui ont des oreilles entendent..." Oui, c'est vrai qu'on a tous des oreilles, mais des fois on peut être sourd. Ensuite tout le monde est parti; lui, il est descendu de la barque et il est allé chez Pierre. Et moi je l'ai suivi; et là j'étais content, parce que son histoire, il l'a expliquée. Je crois que j'avais déjà un peu compris que la terre sèche, c'était ceux qui écoutent en passant, mais qui ne sont pas intéressés. Pour la terre qui n'est pas assez profonde, là, je n'avais pas compris. Lui, il dit que ce sont ceux qui s'emballent, mais chez qui ça fait comme un feu de paille; et les ronces, il dit que ce sont des gens de bonne volonté, mais qui se laissent détourner à cause des soucis de la vie de tous les jours.
Que nous soyons des chanceux d'être avec lui c'est sûr. Mais il a eu une phrase qui m'a étonné. Il a dit: "Et ainsi, comme dit le prophète: 'Ils auront beau regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne comprendront pas; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon.' "
 Alors là je n'ai pas compris. Le prophète c'est Isaïe, et il parle à ceux qui normalement ne sont pas de notre peuple, et qui fabriquent des idoles à partir de bouts de bois, comme si le bois était une divinité. Alors oui, ceux-là, ils ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, mais ils sont des sots. Mais pourquoi ne doivent-ils pas se convertir et recevoir le pardon? Est ce que le royaume dont il parle est juste pour nous? Est-ce que le salut n'est pas pour tous les hommes? Il faudra que je le lui demande. Mais en attendant je veux, moi, que mes yeux et mes oreilles s'ouvrent toujours plus, car avec lui je suis un peu comme la graine qui un jour porte son fruit. Et puis je crois qu'en tout être il y a toujours un petit peu de bonne terre, qui peut produire du fruit; et qu'avec le vent, cette nouvelle graine qui sera arrivée à maturité se répandra sur tous ces terrains secs, pierreux, mal entretenus; et qu'ils finiront bien par porter du fruit.

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