mercredi, février 13, 2019

Le pur et l'impur. Mc 7, 1-23

La lecture continue de Marc propose, au début du chapitre 7, deux épisodes que j'ai regroupés en un seul. Au début, Jésus se fait tancer par les pharisiens qui lui reprochent de laisser ses disciples manger sans se laver les mains (ce qui est contraire à la tradition des anciens, et qui est pratiqué par tous les juifs, note Marc pour les lecteurs non juifs). Jésus semble s'emporter un peu sur cette "tradition des anciens" qui dénature la loi de Dieu donnée à Moïse, puis la question de l'impureté revient, comme si Marc se servait de ce petit épisode (mains non lavées) pour déboucher à la fois sur un enseignement - il n'y a pas de nourriture impure (ce qui renvoie aux actes des Apôtres au chapitre 10 -, mais aussi que même les païens (les impurs par définition) peuvent recevoir le salut (guérison de la petite fille de la femme syro-phénicienne). En d'autres termes, la fin de ce chapitre montre bien que Jésus est celui qui détient une sagesse qui est au-dessus de la sagesse, et une intelligence qui est au-dessus des intelligences (Is 49, 14). Je cite ce verset car il suit directement celui qui est comme "balancé" aux pharisiens pour leur faire comprendre qu'ils se trompent, mais qu'ils ne peuvent pas ignorer. 

J'ai eu envie de laisser parler un disciple, un de ceux qui ne s'est pas lavé les mains, pour raconter ce que lui a compris de tout cela.

Un disciple raconte:

Ce jour là, on était à la maison, à Capharnaüm, mais comme le Maître nous avait donné un certain nombre de tâches à accomplir, et qu'il y avait tout le temps du monde qui venait pour voir Jésus, trouver le temps de manger n'était pas facile. En plus, il y avait des religieux venus de Jérusalem. Eux, ils ne venaient pour se faire guérir, ils venaient à mon avis pour espionner et chercher des noises à Jésus.

Comme nous avions faim, d'autant que nous nous étions levés tôt, pour prier avec notre Maître, qui lui se levait avant que le soleil ne se lève, nous avons déjeuné rapidement, sur le pouce comme on dit, sans nous laver les mains. Mais cela ne nous a pas empêchés de remercier le Tout Puissant qui nous permettait d'avoir de quoi manger, nous qui étions pris par le désir du royaume. Mais les autres, les observateurs, ils ont juste remarqué que nos mains n'avaient pas été lavées (ils disent purifiées), et aussitôt ils ont attaqué Jésus en lui demandant pourquoi il ne nous obligeait pas à nous laver les mains pour respecter la tradition. 

Alors là, j'ai vu son visage changer de couleur. Le mot "tradition", il ne le supporte pas. Il nous montre comment aimer, comment écouter, comment porter du fruit, mais autrement, pas comme avant. Alors il leur a balancé une phrase du prophète Isaïe, pour leur faire comprendre que Dieu n'aimait pas ceux qui font semblant, ceux qui respectent une tradition mais qui dans leur cœur ne respectent pas les paroles données par Le Seigneur à Moïse sur la montagne. Et là, si je puis me permettre, ils en ont pris plein la g… Parce qu'il leur a parlé de ce "Korban" qui fait qu'au lieu d'aider les parents dans le besoin alors que c'est le cinquième des commandements donnés par Moïse, on laisse les parents crever de faim sous prétexte que l'argent est pour le Temple. Et là, il a bien raison notre maître.

Peut-être qu'ils ont pensé à la phrase du prophète qui suit celle que Jésus leur a citée, et qui dit que le 'Tout Puissant va émerveiller le peuple par la merveille des merveilles, que la sagesse de leurs sages se perdra et que l'intelligence de leurs intelligents disparaître". Et là, s'ils ont pensé à cette phrase, eux qui savent la Tora par cœur, ils ont dû vraiment se demander qui était cet homme qui leur répliquait, mais qui est bien le sage, rempli de la présence de son Père. 

Alors, ils sont partis. Mais, je crois aussi que cette accusation d'impureté parce que nous ne nous étions pas lavé les mains, Jésus ne l'a pas digérée. Alors il a appelé tous ceux qui étaient là pour avoir une de ces phrases dont il a le secret, une sorte de maxime en fait, qui dit que ce qui rend impur ce n'est pas ce qui vient du dehors et que l'on met en soi; mais que c'est ce qui vient du dedans qui rend impur. J'ai bien pensé que cela concernait un peu ces envoyés qui sont remplis de mauvaises pensées, mais je ne savais pas trop. 

Et puis, quand on s'est retrouvés seuls avec lui, on lui a dit qu'on n'avait pas trop compris. Comme souvent, il a levé les bras au ciel devant nos têtes qui ne comprenaient pas… Il nous a expliqué que ce qui vient du dehors, ce qui rentre en tous, les aliments, cela ne peut pas nous faire de mal, nous rendre impurs, parce que ça ne reste pas en nous, ça transite. Mais que ces pensées qui sont en nous, pensées où nous voulons dominer l'autre, le condamner, oui ces mauvaises pensées, celles là elles font de nous des impurs. Du coup je me suis dit que désormais nous pourrions manger tout ce que la nature nous donnait, sans nous poser de questions sur le permis et défendu, et que cela serait une belle libération, mais que nous nous ferions sûrement mal voir. Enfin on verra plus tard. Mais les pensées, c'est autre chose. 

Car moi, moi ces pensées, oui je les ai, et je n'en suis pas fier. C'est tellement difficile de ne pas convoiter, de ne pas dire du mal.. Pourtant je sais qu'avec lui j'apprendrai à ne pas les laisser me dominer et que petit à petit, lui qui est capable de purifier un lépreux, de guérir une femme qui perd du sang, de toucher un mort et de lui rendre la vie, il saura me purifier. 

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