mardi, février 05, 2019

"La résurrection de la fille de Jaïre" - Mc 5, 21-43

C'est un épisode bien connu, avec au milieu du récit, en sandwich comme on dit, la guérison de la femme qui perdait du sang. J'ai, il y a longtemps, raconté cette guérison. Aujourd'hui, je me suis centré sur cet homme qui est en train de perdre sa fille et qui, un peu en derniers recours, "saute" sur Jésus dès que celui-ci débarque de la Décapole. La phrase que Jésus dit est, pour moi, une des très rares phrases que j'ai vraiment reçue, non pas lors d'un groupe de prière, mais lors d'un baptême dans l'Esprit au cours d'une messe, il y a très longtemps. Et aujourd'hui cette phrase de vie reste fondamentale pour moi.

J'ai donc essayé de suivre Jaïre dans le chemin qui l'a mené au cours de cette journée là.

Jaïre…

Le trésor de ma vie refuse de manger depuis des semaines. Le trésor de ma vie ne veut rien, et sa maman et moi-même nous ne savons que faire. Et voilà qu'elle est couchée, qu'elle est tournée contre le mur, qu'elle ne parle plus, qu'elle ne veut même plus nous regarder. Si seulement Jésus était là, il pourrait faire quelque chose. Mais il n'est pas là. Et je ne sais que faire. 

Et voilà que j'apprends qu'il vient de rentrer; alors je vais prévenir ma femme que je vais le chercher. Tant pis pour les pharisiens qui disent que ses miracles il les fait parce qu'il a fait un pacte avec le chef des démons. Moi je vais le chercher. 

Je l'ai trouvé, et il me suit. Seulement il y a plein de gens dehors. Parfois je me demande ce qu'ils font de leurs journées. Et voilà que le Maître s'arrête. Il ne manquait plus que ça. Il veut savoir qui l'a touché. Et voilà que Salomé se jette à ses pieds, cette Salomé que personne ne visite plus, qui vit en recluse parce qu'elle perd du sang depuis des années, et dit que c'est elle qui l'a touché. Moi pendant ce temps là je bouillais. Et j'ai aperçu des gens de ma maison qui arrivaient, et j'ai eu peur quand je les ai vus. Et j'avais bien raison, car ils ont dit que la lumière de vie était éteinte.  

Mais Jésus a dit qu'elle n'était pas morte, qu'elle dormait, et que ce qui comptait, c'était de ne pas écouter ces oiseaux de malheur et de croire en lui. On est arrivé chez moi, il y avait déjà les pleureuses. Jésus les a renvoyées en redisant qu'elle dormait. Tout le monde se moquait de lui, mais si je puis dire, il s'en moquait aussi. 

On est montés dans la pièce où ma petite fille reposait. Les larmes nous sont montées aux yeux, à ma femme et à moi. Elle était si maigre, si légère, si petite. Jésus lui a pris la main, comme s'il voulait qu'elle se lève, comme on prend un enfant par la main. Il lui a dit "jeune fille lève toi" et j'ai vu ses yeux qui s'ouvraient, de la couleur revenir sur son visage, sa poitrine se soulever, et elle s'est levée. Elle est venue vers nous, et elle nous a tendu les bras. 

Jésus nous a juste dit de lui donner à manger, et nous savions qu'elle mangerait enfin; et de n'en parler à personne. Cela, c'est nettement plus difficile. Parce que, bien sûr, ma femme voulait faire une grande fête: l'enfant que nous avions perdue était revenue à la vie. 

Ce qui est certain c'est qu'il nous a rendu notre joie de vivre, et que quand je le regarde, je me dis qu'il est le nouveau prophète annoncé, qu'il est plus grand que le prophète Elie, qu'il est plus grand que le prophète Elisée; et qu'il est peut-être aussi le Messie que nous attendons, celui qui va nous libérer. Et j'ai hâte qu'il revienne dans ma synagogue pour commenter la parole. 

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