mardi, juillet 20, 2021

Mt 12,46-50: "Étendant la main vers ses disciples, il dit ... "

L'évangile de ce mardi 20 juillet, c'est la fin du chapitre 12 dans l'évangile de Matthieu. C'est l'épisode où Marie et les frères de Jésus viennent pour lui parler, mais certainement aussi pour le ramener manu militari à la maison, si on en croit l'évangile de Marc. En lisant hier le texte, je suis un peu tombée comme en arrêt devant ce geste de Jésus. C'est un beau geste, un très beau geste. 

Certes c'est montrer, mais c'est plus que cela. Et la phrase qui suit est réconfortante, pour nous. Sauf qu'en général, dans les homélies qui commentent ce texte, on parle de frères et sœurs, pas de mère... Et pourtant, c'est ce que dit Jésus. Il y a donc des personnes qui l'ont choisi, Lui, et avec les quelles il pourrait être lui, comme un fils.
Cela me fait un peu penser à des prêtres africains que je connais, qui voient en une de mes amies leur mère, et qui disent maman! Un autre lien que celui de la fraternité. Un lien plus intime, plus proche, plus affectueux aussi, mais qui dit aussi que Jésus a besoin de cette affection, et je trouve cela très important. 

Par ailleurs, même si on dit toujours que Marie, qui a fait la volonté du Père, est "la disciple parfaite", je ne peux m'empêcher de penser que cette phrase a dû être très douloureuse pour elle: cet enfant, elle l'a porté 9 mois en elle, elle l'a mis au monde! Et là, c'est quand même le groupe familial qui est comme mis à l'écart, comme mis dehors. Certes elle a pu le comprendre, mais pour moi, cette phrase là a bien dû lui transpercer le cœur. 

Bien entendu, comme c'est Matthieu, qui est très bref, on ne sait pas ce que sa famille souhaite; mais il y a bien ici une scission, une rupture. Jésus ne se laisse pas distraire de son chemin: qui ne passe pas, qui ne passe plus par Nazareth. 

Comme souvent, je travaille le texte verset par verset, et aujourd’hui cela a permis la naissance d'un petit texte qui essaie de laisser parler Marie, celle qui est Sa Mère et notre mère.

   
 Travail sur les versets. 


46 En ce temps-là, comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler.

 

Si on lit bien c'est très étonnant ce qui est décrit là. On peut imaginer que si Jésus parle "aux foules", c'est qu'il est dehors. Et Matthieu nous parle de la famille qui se tient "au-dehors", qui cherche à lui parler. Comme s'il y avait un autre au-dehors. Il y a le au dehors de ceux qui entourent Jésus, avec les disciples, et de ceux qui viennent l'écouter, et cela fait comme une sorte de corps. Et à l'extérieur, il y a la famille, qui "cherche" à lui parler, et qui ne sait pas comment faire, comment s'y prendre. Et pourtant… Et on peut imaginer qu'ils demandent à ceux de "l'enveloppe" de prévenir Jésus, que sa mère et famille sont là.

 

47 Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler. »

48 Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » 

 

La transmission est faite et la réponse est pour le moins étonnante. 

 

49 Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères.

50 Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

 

Il y a donc ce geste, que la famille doit voir… Et qui a peut-être été un crève-cœur pour Marie, parce que certes la volonté du Père, elle l'a faite, mais ça a dû être dur. 

Et cette annonce, pour nous, "celui qui fait la volonté de mon Père", c'est cela peut-être l'important: le "mon", qui montre bien que Jésus n'est plus dans la logique de la famille biologique, mais dans une logique autre.
Créer cette église d'amoureux.

 

 

    Marie raconte

 

Depuis que mon fils a quitté la maison pour se faire baptiser par Jean, il a pris son envol, son envergure. On nous a raconté tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit, mais aussi ses querelles avec les pharisiens. Et puis on a aussi appris que Jean avait été emprisonné et tué par Hérode; alors, nous avons peur pour lui. Nous voudrions qu'il arrête, qu'il s'arrête, qu'il ne se mette pas tout le monde à dos, bref qu'il rentre...

 

Je sais bien que cela il ne le fera pas, parce que le nom qui est le sien, "Dieu Sauve", c'est son destin, son rôle; mais la famille a tellement insisté, et insisté aussi pour que je vienne avec eux, parce que fils se doit d'honorer ses parents, et donc d'écouter sa mère, que je suis partie avec eux, sans trop y croire.

 

Nous sommes arrivés à Capharnaüm. Il était dehors, assis, avec tellement de gens autour de lui qu'on ne le voyait pas; on entendait juste sa voix. Et cette foule, il fallait la traverser, et elle était tellement dense que cela faisait comme un mur qui le séparait de nous. Nous, sa famille, nous étions comme dehors, à la porte. On a demandé à un homme, qui nous regardait avec une certaine curiosité, de lui faire dire que sa mère et ses frères voulaient lui parler. Et cela a été transmis de bouche à oreille et certains se sont un peu déplacés pour que nous puissions passer.

 

Mais le temps que nous arrivions, il avait déjà été prévenu et là, rien ne s'est passé comme la famille l'avait prévu, et ça ne m'a pas étonnée; sauf que malgré tout ça m'a fait mal.

 

 À celui qui lui transmettait le fait que nous étions là, il a montré ses disciples qui étaient proches de lui, ses disciples qui - nous l'avions entendu dire - avaient en son nom expulsé des esprits impurs, guéri des malades et proclamé que le royaume était tout proche; et il a dit que ceux-là, qui faisaient la volonté de son Père qui est dans les cieux, ceux-là étaient pour lui une mère, des frères, des sœurs.

 

Alors j'ai repensé à cette fête de la Pâque, alors qu'il venait d'avoir 13 ans, où après l'avoir cherché trois jours, nous l'avions retrouvé parmi les docteurs, discutant avec eux, et nous disant "pourquoi me cherchiez vous, ne saviez vous qu'il me faut être chez 'mon' Père? ".

 

Et là, c'était la même chose: et c'était à nous aussi de laisser faire, pour que la volonté de son Père puisse s'accomplir.

 

Je sais que ses frères étaient très en colère, mais nous avons pris le chemin du retour. En moi, il y avait à la fois une grande fierté, mais aussi une certaine tristesse, de ne pas avoir pu rester auprès de lui. Mais, quand il a parlé 'd'être pour lui une mère,' son regard s'était posé sur moi, et j'ai senti son amour, cet amour qu'il donne sans compter. Et au fond de moi, je me suis réjouie.

 

Merci Seigneur de nous accepter dans ta famille, de faire de nous tes mères, tes frères, tes sœurs; et apprends-nous à faire toujours plus la volonté de Ton Père qui est dans les cieux.

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