mercredi, avril 19, 2023

Lc 24,13-35. Les disciples d'Emmaüs. 3° dimanche après Pâques. Avril 2023. Le vestiaire..

Luc 24, 13-   Les disciples d'Emmaüs. 3°dimanche après Pâques, Avril 2023. 


 

Ce texte a déjà été proposé le mercredi de la semaine de l'octave de Pâques, semaine consacrée aux récits relatant les attitudes des disciples après la résurrection. 

 

Il s'agit donc de la rencontre de Jésus avec des disciples déçus et tristes qui rentrent chez eux ce matin-là. C'est un texte que j'ai déjà beaucoup travaillé, mais cette année, ce qui m'a travaillée, c'est cette non reconnaissance de Jésus, non reconnaissance qui peut être la nôtre.  

 

Quelques textes plus anciens qui racontent cet épisode.

https://giboulee.blogspot.com/2022/04/lc-24-35-45-clephas-raconte-ce-qui-sest.html

https://giboulee.blogspot.com/2014/03/les-disciples-demmaus-adam-et-eve.html

https://giboulee.blogspot.com/2005/04/les-disciples-demmas.html 


Certes, Luc nous dit qu'ils en étaient empêchés de le reconnaître, et ce qui se passe à la fin du texte avec cette ouverture des yeux évoque comme la sortie d'une cécité. Mais malgré tout, l'homme qui chemine avec eux est quand même très différent du Jésus qu'ils ont connu, qu'ils ont peut-être côtoyé et qu'ils ont peut-être vu sur sa croix. Alors, m'est venue une idée un peu farfelue, à savoir l'existence d'un lieu, quelque part dans le ciel, où Jésus peut choisir comment se vêtir, soit pour se faire reconnaître, soit pour passer incognito. 


Ce serait le vestiaire de Jésus (mais peut-être aussi de Marie, par la suite). C'est pour cela qu'en sous-titre, ce billet s'intitule le vestiaire de Jésus. Autrefois j'avais une rubrique dans ce blog qui s'appelait "impertinences". J'avais créé une sorte de dictionnaire des mots employés dans la Bible ou dans la liturgie, avec mes propres définitions. Une sous section porte ce titre: impertinences. On peut le retrouver dans la table des matières de ce livre de la série Porteuse d'eau, dictionnaire.


https://www.amazon.fr/Porteuse-deau-Dictionnaire-Catherine-Lestang/dp/B01FP872B6/ref=sr_1_4?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=A73E3UW3RKGH&keywords=Catherine+Lestang&qid=1681916933&sprefix=catherine+lestang%2Caps%2C70&sr=8-4&asin=B01FP872B6&revisionId=&format=4&depth=1


 

Nous savons que Jésus est mort nu sur la croix. Qu'il a été mis au tombeau rapidement après sa mort, enveloppé d'un linceul et avec un linge sur le visage. Si comme on le pense le linceul est resté sur place, Jésus ressuscité, même si comme le dit le psaume "il s'enveloppe de lumière comme d'un manteau" (Ps 104, 2), n'a pas de vêtements.,

 

Et il semble bien que cela soit différent, en fonction des personnes rencontrées ce matin-là. Pour Marie-Madeleine (Jn 20), Jésus est vêtu simplement, puisqu'elle le prend pour un jardinier. Pour Cléophas et Simon, c'est un quelqu'un qui est venu célébrer la Pâque à Jérusalem, un non résident de cette ville, et donc habillé peut-être différemment. En Jn 21, c'est un homme qui fait cuire du poisson, et si Jean le reconnaît avec les yeux du cœur, les autres ne le reconnaissent pas. Je me demande, dans les apparitions actuelles, comment cela se passe. Je crois que j'aime bien "monsieur tout le monde", mais à un moment donné, comme pour les disciples, les yeux s'ouvrent et on le voit Lui. Et Paul, Saul, sur la route de Damas, qui voit une lumière et entend une voix, qui voit-il? 

 

 

Recensement des différentes rencontres rapportées par les évangélistes

Dans l'évangile de Matthieu, après avoir entendu les paroles de l'ange, les femmes se mettent en route, et Jésus vient à leur rencontre - Mt 24,9. Et là, c'est bien le Jésus qu'elles connaissent, qu'elles reconnaissent, dont elles entendent la voix, mais pour autant, elles ne sont pas trop rassurées et ont besoin de le saisir pour être bien sûres qu'il est de chair et d'os, qu'il n'est pas un fantôme, une illusion. Plus tard en Galilée - Mt 24, 16, certes les disciples se prosternent mais le doute subsiste.

 

Dans l'évangile de Marc, les femmes voient un jeune homme vêtu de blanc. Ange ou Jésus? Mais elles ne disent rien et restent dans leur peur. 

 

Dans l''évangile de Luc, au tombeau, en Luc 24,4 les femmes voient deux hommes aux vêtements étincelants (ce qui évoque un peu la transfiguration et donc le divin, ou au livre de Daniel, l'Ange dans la fournaise) qui parlent aux femmes. Elles sont des messagères, mais ne sont pas crues. 

 

Sur la route d'Emmaüs ( Lc 24,13-32) Jésus est pris pour "un étranger", ce qui montre que cet homme n'a rien à voir avec le Jésus d'avant la Passion. Il est habillé comme un homme de son temps, plus aucune marque sur son visage. Et bien entendu on ne voit ni ses mains ni ses pieds, qui semblent normaux. Peut-être est-ce au moment ou Jésus rompt le pain, que les deux hommes voient les trous laissés par les clous, mais rien n'est moins sûr

 

Par contre quand Jésus apparaît, d'un seul coup au milieu de des disciples Lc 24, 33 et suivants, il y a de quoi être dans la crainte, de quoi être bouleversé: peur que ce soit un esprit venu d'en bas, un fantôme. Heureusement qu'il demande à manger et qu'il montre son corps, même si là, personne ne le touche. 

 

Je pense qu'il faut aussi faire mention de ce qui se passe pour Saul sur la route de Damas (Ac 9). Il est question de lumière et d'une voix, mais on peut penser que Saul a bien vu le Ressuscité, dans sa Gloire. Mais il fallait bien cela pour que la conversion ait lieu. Jésus s'adapte au vécu de chacun.

 

Les écrits de Jean

 

Que Marie-Madeleine - Jn 20,15 - ne le reconnaisse pas bien qu'elle l'entende parler, qu'elle le prenne pour un employé de ce jardin où son bien-aimé a été déposé, montre bien que là Jésus est parfaitement adapté à son environnement. 

 

Marie ne s'attend pas à le voir, elle est dans son deuil, elle cherche un corps, pas quelqu'un finalement, et Jésus lui permet de faire un travail intérieur de retournement dira Jean, qui lui permet d'entendre vraiment le son de la voix, de la reconnaître enfin, et de pouvoir elle aussi avoir envie de le tenir, de le retenir. 

 

Le récit suivant, qui de fait est en deux temps (Thomas absent, Thomas présent) - Jn 20,19-29, évoque une vision de Jésus tel qu'il a été, mais avec un visage sans aucune trace. Or c'est peut-être cela qui perturbe Thomas et l'empêche de croire. Le Jésus qui se présente là porte bien les marques, mais finalement, là encore ce n'est pas tout le monde qui peut le lire, les voir.

 

Quant au dernier récit, Jn 21, sur le bord du lac, là encore Jésus vu de loin est un homme semblable à tous les hommes. Il interpelle, mais personne ne reconnaît le son de sa voix, et c'est l'ordre donné de jeter le filet à droite, qui est pour le rédacteur le signe que l'homme sur la rive, ce monsieur tout le monde, n'est pas monsieur tout le monde, mais le Seigneur. Et quand tous arrivent sur le rivage, on ne sait pas s'ils reconnaissent vraiment leur Seigneur; devant eux aussi il fait un geste semblable à ce qu'ils ont vécu (Jn 6): le pain et le poisson qu'ils avaient eux-mêmes distribués, alors que là, c'est Jésus qui partage.

 

 

Pour ma part, j'ai tendance à penser que lorsque Jésus se révèle, et d'après ce que l'on dit, les visions sont nombreuses, il le fait de manière à ce que les hommes et les femmes puissent le reconnaître. Parfois ce sera lui, parfois ce sera dans un être rencontré, un témoin comme on dit, où un de ces petits qui est présence du Seigneur.

 

 Les vêtements de Jésus. 

 

Ce qui me frappe donc dans les différents textes proposés ces derniers jours, c'est que d'une manière générale Jésus n'est pas reconnu par ses proches, même par ses très proches, ses intimes. 

 

Bien entendu, les images qui représentent les apparitions de Jésus, nous montre soit un Jésus tout de blanc vêtu avec une auréole, ou revêtu de vêtements byzantins, qui ont leur symbolique, mais qui ne correspondent pas du tout aux vêtements portés du temps de Jésus. Si personne ne reconnaît Jésus, à savoir une tunique et un manteau (enfilé au-dessus de la tunique), c'est bien qu'il se fond en quelque sorte avec ces gens qui retournent chez eux après la fête de la Pâque, ou avec les pêcheurs de Galilée.

 

Comme je l'ai déjà dit, Jésus est mort nu. Quand il reprend vie, une vie qui n'a plus rien à voir avec la vie humaine, il faut bien lui trouver un vêtement. Il y a la lumière qui peut être tissée pour faire ce vêtement entrevu lors de la transfiguration. Bon, c'est ce que je peux imaginer, revêtu de lumière. Mais quand Jésus, se manifeste, et qu'il n'est pas reconnu, il faut bien qu'il soit vêtu comme un tout à chacun. D'où l'idée d'une sorte de vestiaire, avec un ange préposé à cela, qui peut conseiller Jésus. 

 

Et voici un dialogue possible entre Jésus et l'Ange préposé au vestiaire. 

 

     °Tu veux rencontrer les femmes au sépulcre et tu veux qu'elles te reconnaissent? Alors habille toi comme tu t'habillais, mais tu n'auras plus cette tunique d'une seule pièce, parce qu'elle était unique. Mais une tunique simple et un manteau simple, peut-être de couleur. Je suis sûre qu'elles vont tomber à tes pieds et vouloir de retenir quand elles te reconnaîtront.

 

    °Tu veux que Marie de Magdala, ta disciple que tu aimes tant, ne te reconnaisse pas tout de suite? Alors fais-toi passer pour l'homme chargé de l'entretien du jardin. Quand elle te verra, elle te prendra pour le jardinier et te demandera de lui dire où tu as caché le corps. Et elle comprendra qu'il n'y a pas de corps caché; que celui qu'elle voit, c'est bien toi. Peut-être faudra-t-il que tu lui parles, parce qu'émotive comme elle, elle risque de ne rien voir, de ne rien entendre.  J'ai ce qu'il te faut. Et même de belles sandales.

 

    °Tu veux que les hommes qui retournent à Emmaüs, ne puissent pas te reconnaître? Là j'ai l'habit parfait pour que tu te fondes dans le paysage, qui tu sois comme un juif qui vient de célébrer la Pâque dans la ville sainte. Tu pourras te faire passer pour un juif de la diaspora et ouvrir petit à petit leur cœur. 

 

    °Tu veux que Simon-Pierre et ses compagnons ne te reconnaissent pas sur les bords du lac? Je vais te donner ce qu'il te faut, et aussi de quoi faire du feu, puisque tu veux leur faire la surprise de leur donner du pain et du poisson. Cela je peux aussi te le procurer. Je suis un ange très doué. 

 

     °Le jour où tu rencontreras Saul, ce pharisien qui commencera par te haïr, tu n'auras pas besoin de vêtement. Lui il doit te voir dans ta gloire, et entendre ta voix. 

 

Et je me dis que pour habiller Marie, ce doit être la même chose, car Marie est vêtue suivant la manière dont les nobles s'habillaient à certaines époques. La description que fait Catherine Labouré est très claire à ce ne niveau-là. Et il lui faut aussi s'adapter aux différents pays dans lesquels ont lieu les apparitions. 

 

Merci donc à ce ange préposé au vestiaire.

 

Travail sur le texte.. 

 

 

13 Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,

14 et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

15 Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

17 Jésus leur dit: « De quoi discutez-vous en marchant?» Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.

 

Le même jour, chez Luc, il y avait eu les trois femmes qui trouvent la pierre, roulée, qui entrent mais ne trouvent pas le corps, et qui sont accueillies par deux hommes avec des vêtements étincelants, qui leur font un petit cours: "Souvenez-vous de ce qu'il avait dit"; et de fait cela sera développé avec les disciples d'Emmaüs. Il y avait eu cet ordre, ne pas chercher le Vivant parmi les morts, et de prévenir les disciples. Mais l'impression que cela donne, c'est que les femmes ne sont pas crues. Et c'est d'ailleurs ce qui sera rapporté un peu plus loin dans le texte.  

 

Eux, un peu étonnés, s'arrêtent de marcher. C'est presque étonnant cela. Dépression? On les sent abattus. A la fin du texte, ils se lèvent et n'hésitent pas une minute pour refaire deux heures de marche. 

 

18 L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit: «Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

 

Si Jésus est pris pour un étranger, ou du moins pour quelqu'un qui ne réside pas à Jérusalem, qui peut être un juif de la diaspora, c'est bien que son vêtement est un vêtement normal, peut-être un peu différent. Ce qui me paraît certain, c'est que ce sont d'autres vêtements que les vêtements habituels, puisque personne ne le reconnaît. 

 

19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :

20 comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

21 Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

 

Ce que je trouve intéressant dans cette séquence, c'est que ce sont bien les grands-prêtres et les chefs qui ont fait crucifier Jésus. Responsabilité de ceux qui ont le pouvoir. Qui n'ont pas voulu reconnaître, ouvrir les yeux. Jésus est décrit ici comme un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant dieu, et on attendait qu'il délivre Israël.

 

22 À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,

23 elles n’ont pas trouvé son corps; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision: des anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

 

Stupeur des femmes, déplacement des apôtres, corps absent, corps pas trouvé. Et pas d'anges non plus. La pierre roulée, le tombeau ouvert et vide et les linges (je résume). Et ce mot "stupeur", que l'on retrouve au chapitre 4 de Luc, après l'expulsion d'un esprit impur (Lc 4, 36). 

 

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

 

Ils sont comme les disciples quand Jésus leur explique les paraboles. Là, il explique les Écritures, du moins ce qui le concerne. J'ai un peu l'impression d'entendre Paul dans son épitre aux Galates: "hommes sans intelligence, qui donc vous a ensorcelés?" Qu'est-ce qu'on aimerait entendre Jésus lui-même.

 

28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils s’efforcèrent de le retenir: «Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse.» Il entra donc pour rester avec eux.

 

Là, ce n'est pas saisir, c'est retenir et ce n'est pas violent. Il y a le désir, et ce désir Jésus l'entend. Peut-être même l'attend-il; cette soif.

 

30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

 

Bénédiction du maître de maison en quelque sorte. Mais j'ai toujours une question sur cette fête de Pâque mais aussi sur la fête des azymes qui, elle, dure 8 jours et se termine par un jour de fête. Où en est-on par rapport à cette prescription?

 

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

 

Ouverture des yeux, mais disparition de Jésus, peut-être pour qu'ils ne saisissent pas de lui. Une nouvelle image de lui est dans leur cœur, et c'est cela qui va les mouvoir.

 

32 Ils se dirent l’un à l’autre: « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

 

Perception de quelque chose dont ils ne s'étaient pas rendus compte; captivés par cet homme, au sens fort.

 

33 À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :

34 « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

 

Le verbe se lever. Il s'est passé en eux quelque chose qui est de l'ordre de la résurrection. Ils ne sont plus dans le doute, dans la tristesse. Et ils comprennent en arrivant qu'ils n'ont pas eu une vision ou un songe, il y a le réellement ressuscité, il est apparu à Simon.

 

35 À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

 

Cela me semble important; c'est le Seigneur qui a décidé que c'était à ce moment-là qu'ils pouvaient le reconnaître, qu'avant ils n'en n'auraient pas été capables; il a fallu l'enseignement sur la route, l'arrêt dans le village et la préparation du repas, une sorte de temps mort, et le repas, qui est peut-être celui qui termine la fête des azymes. Mais on est normalement encore dans ce temps-là. Qu'est-ce que Jésus a dit ou a fait à ce moment où il rompt le pain? Nous ne le savons pas. Il y a deux répétitions, ce qui s'est passé pour les multiplications des pains et ce qui s'est passé le soir du dernier repas; je pense, comme pour Marie, que le timbre de la voix a fait l'ouverture et des yeux et des oreilles. 

 

 

L'ange du vestiaire raconte aux autres anges.

 

 

Il en a fait ces choses ce jour-là le Fils du Très Haut. Avant même de retourner auprès de son Père, alors qu'il était sorti vainqueur du royaume de la mort, du royaume des ténèbres qui voulait l'anéantir, il a envoyé deux d'entre nous, pour parler aux femmes qui étaient venues au tombeau pour "le faire beau", lui dont le corps avait été aussi maltraité. Elles avaient apporté tout ce qu'il fallait pour l'embaumer, même pour le vêtir, comme s'il avait besoin de cela. Ils leur ont rappelé les paroles qu'il avait dites par trois fois, qu'il devait être livré aux mains de pêcheurs, être crucifié (enfin je ne sais pas s'il l'avait dit aussi clairement, et revenir à la vie le troisième jour.

 

Elles nous ont cru, et sont allées le dire aux disciples, mais eux, ils les ont prises pour des folles et ont refusé de les croire. Je crois qu'il a alors pensé que si c'était des hommes qui pouvaient témoigner de sa présence, ils croieraient.

 

Il a alors rejoint deux hommes, deux disciples à lui, qui revenaient chez eux en ce jour de la fête des Azymes, et qui semblaient très abattus. Il a juste marché à leur pas, et au bout d'un petit moment, il leur a demandé de quoi ils discutaient en chemin. Cette question les a interloqués, à tel point qu'ils ont arrêté de marcher, qu'ils ont regardé jésus, bizarrement. Il faut dire qu'il ne ressemblait en rien à l'image de Jésus qu'ils pouvaient avoir en eux, quand ils l'avaient vu sur la croix. Et les vêtements que j'avais choisi pour lui avec soin, étaient ceux d'un juif de la diaspora, donc un peu différents des vêtements des judéens, n'aidaient pas. Ils étaient vraiment très tristes. S'ils avaient su qui était avec eux, mais ils ne le savaient pas, ils ne pouvaient pas le reconnaître et c'est ce que Jésus voulait. 

 

Ils ont exprimé leur stupéfaction devant cette question et ils lui ont expliqué que leurs chefs avaient mis à mort, enfin fait mettre à mort, comme un malfaiteur celui qu'ils croyaient être un prophète puissant, par ses paroles et par ses actes (et cela c'est rare), qui avait été livré et mis à mort par les grands-prêtres qui étaient jaloux de lui. Eux ils espéraient que cet homme serait vraiment celui qui délivrerait Israël. Ils ont dit (comme si Jésus ne le savait pas) que des femmes étaient allées au tombeau, qu'elles ne l'avaient pas trouvé, mais que deux anges leur avait dit qu'il était vivant. Cela nous a rempli de stupeur. Mais de là, à les croire? Certains sont allés vérifier que c'était bien comme elles l'avaient dit, que le tombeau était ouvert, avec la pierre roulée et pas de corps, et c'est ce qu'ils ont vu. Mais n'importe qui aurait pu le prendre le corps, le mettre ailleurs, parce que ce tombeau n'était pas pour lui. 

 

Alors là, il leur a coupé la parole. Il leur a dit, que leur esprit était sans intelligence, qu'ils étaient vraiment, vraiment lent à croire, et tout en cheminant, il leur a montré ce qui dans les écritures parlaient de lui. Et le temps a tourné. Ils écoutaient, écoutaient, écoutaient, et ce n'est que quand le soir est tombé et qu'ils sont arrivés chez eux, à Emmaüs et que Jésus a fait semblant de continuer sa route, qu'ils lui ont demandé de rester avec eux, de partager leur repas. C'est celui qui s'appelle Cléophas qui le lui a demandé.

 

Ils ont préparé le repas, et là il a pris le pain, il a prononcé la bénédiction, il l'a rompu et là… 

Là il s'est passé quelque chose, leurs yeux se sont comme ouverts, ils ont vu dans l'homme qui avait marché avec eux, le maître qui était le leur, le maître qui était vivant, mais vivant autrement, vivant totalement. Et il a disparu. Cela ça n'a pas dû être facile pour eux, je suis sûr qu'ils auraient tellement pouvoir lui poser des questions, le toucher. Mais il n'était plus là. 

 

Ils se sont regardés et moi qui les regardait, je voyais la joie qui avait remplacé leur tristesse, leur abattement. Eux aussi étaient revenus à la vie. Et ils ont tout laissé en plan, leur cœur était brulant de joie et ils sont retournés à Jérusalem annoncer que Jésus était vivant, qu'il était le Vivant. Les onze, ceux qui étaient les plus proches de Jésus, les ont accueillis avec joie, et leur ont dit que le seigneur était apparu à Simon-Pierre et eux de raconter ce qui s'était passé pour eu et comment il s'était laissé reconnaître) à la fraction du pain.

 

Juste après Jésus s'est manifesté, leur a ouvert à tous l'esprit (et ils en avaient vraiment besoin) à la compréhension des écritures, mais une autre compréhension que celle des rabbins et qu'il leur envoyer sur eux, ce que le Père avait promis. Là je pense qu'ils n'ont pas trop compris, et il a disparu à leurs regards; et maintenant, c'est nous qui pouvons-nous réjouir de sa présence et d'être attentifs à ses désirs. Que notre Dieu est Grand. Louons le et réjouissons -nous, car le Salut est en marche pour tous les hommes.

 


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