Mt 20, 16: " C'est ainsi que beaucoup de derniers seront les premiers et que les premiers seront les derniers"
Ce verset conclue l'évangile des "ouvriers embauchés à la vigne." Il semble que, même si Jésus s'adresse à ses disciples, cette parabole s'adresse aux responsables de la transmission de la foi, les grands prêtres, mais elle concerne aussi "la foule", tous ceux qui sont là et qui écoutent. Et on peut penser que cette petit histoire n'a pas du vraiment plaire!
Mais cette phrase, se retrouve à l'identique, mais inversée, à la fin du chapitre 19, chapitre centré sur la question des richesses et du pardon (être riche à ce niveau là, pardonner sans compter), et qui s'adressait surtout aux apôtres, qui eux avaient tout quitté pour suivre Jésus; le texte se termine presque par la même phrase: "beaucoup de premiers seront derniers et beaucoup de derniers seront premiers".
Il s'agit donc d'un retournement dans la manière de voir ce qui se passera dans l'Au-delà, même si les psaumes ont toujours fait l'éloge des humbles, des petits des pauvres, de ceux qui se confient en Dieu.
Finalement c'est la même phrase qui se retrouve à quelques versets d'intervalle, mais compte tenu de la pagination en chapitres, dans deux chapitres différents, ce qui fait qu'on a un peu l'impression de deux épisodes distincts, alors qu'il n'en n'est peut-être rien. SI Jésus veut enfoncer le clou, il vaut mieux dire deux fois de suite la même chose. Peut-être que pour entrer dans la bonne nouvelle, il faut parfois sortir de cette organisation en chapitres, organisation somme toute récente, puisqu'elle date du 15° siècle, pour relire ces péricopes dans une continuité, de manière à ce qu'elles nous parlent peut-être un peu autrement.
Alors qui sont les premiers, qui sont les derniers? Et les premiers au regard de qui, les derniers pour qui?
Et on peut bien penser que ce petit groupe d'hommes, venant pour la majorité d'entre eux de cette Galilée qui n'a pas trop bonne réputation, avec dans son sein un publicain (Matthieu), devait être considéré par les "bien pensants" (les premiers) comme les derniers (ceux qui ne valent rien aux yeux de Dieu).
Alors ce que Jésus fait comprendre tout d'abord avec cet homme qui vient demander ce qu'il "faut faire pour avoir la vie éternelle en héritage", cet homme qui finalement est une sorte de bon élève si on fait référence à ce qui devait être prêché par les pharisiens, c'est tout autre chose. Malgré sa richesse qui est quand même un signe de bénédiction, malgré son côté "bon élève, voire premier de la classe", s'il fait passer ses richesses avant le service, il ne sera pas reçu dans les premiers. En d'autres termes, ceux qui pensent être les meilleurs, les premiers de la classe, risquent fort d'être très déçus dans le futur et de voir que ceux qu'ils ont méprisé seront bien mieux placés qu'eux dans le Royaume. Jésus le dira autrement en parlant du publicain et du pharisien qui montent au Temple pour "prier".
Le royaume est quand même revendiqué par les bons, par les pharisiens, par tous ceux qui travaillent sans cesse à faire la volonté, à suivre les commandements et les préceptes, à ceux qui font, mais qui ne sont pas dans l'être, car ils méprisent bien souvent les autres et qui plus est, ce Jésus, cet homme prophète et guérisseur qui leur vole des disciples et qui leur dit bien leurs quatre vérités. Comment cet homme-là pourrait il être le Sauveur attendu, alors qu'il refuse de leur donner "un signe venant du ciel", même si par ailleurs il expulse à tour de bras les démons.. Eux seront dans le royaume, parce que eux, ils savent comment ça doit se passer, mais Lui et ses disciples, sûrement pas..
Mais revenons aux textes des chapitres 19 et 20.
La fin du chapitre 19, concerne donc ce jeune homme qui voudrait bien "avoir la vie éternelle", mais qui ne peut pas s'alléger suffisamment pour suivre Jésus. Or la richesse est un peu synonyme de bénédiction. Ce qui permet de penser que cet homme qui semble faire tout bien, qui est un "premier de la classe", finalement ne passera pas brillamment l'examen de passage pour entrer dans le royaume, contrairement à ceux qui suivent Jésus dès aujourd'hui et qui seront reçus dans un bien meilleur rang. La question qui se pose, et à laquelle Jésus répond - et c'est bien cela la bonne nouvelle, c'est que le Royaume est déjà là, et qu'il n'est pas réservé aux "meilleurs", mais aux pauvres types, à ceux qui ne trouvent pas de travail, à ceux qui semblent louper leur vie, mais qui espèrent. Et c'est bien ce que raconte cette parabole.
Ce qui est étonnant c'est que le maître passe quatre fois sur la place, et que finalement à chaque fois, il rencontre d'autres hommes en quête de travail; qu'il embauche à tour de bras pour un salaire "juste". Sembler reprocher lors du cinquième passage, à ceux qu'il voit, de ne pas avoir trouvé une embauche paraît curieux. D'un point de vue logique, mais les paraboles ne sont pas logiques, ces hommes se retrouvent là en désespoir de cause et la journée étant finie, ils vont encore rentrer chez eux sans avoir de quoi donner à leur famille. Et voilà qu'on leur offre un travail et qu'ils sautent sur l'occasion, à mon avis sans trop se demander ce qu'ils vont gagner.
Travailler à la vigne, dans le langage biblique, c'est travailler pour le Seigneur, car les textes qui comparent Israël à une vigne sont nombreux, une vigne qui donne du fruit, ou une vigne désespérante ou une vigne mise à mal par des bêtes sauvages (les assaillants).
Or ceux qui travaillent à la vigne, ce sont ceux que Jésus appelle, et c'est aussi Jésus qui arrive après tout le monde et qui prend la première place pour beaucoup. Maintenant c'est lui qui embauche, qui embauche les bonnes volontés qui jusque là étaient méprisés par les bien pensants, et c'est Lui qui rémunère non pas en fonction du nombre de grappes cueillies, mais à mon avis de l'amour et du respect avec lequel cela a été accompli.
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