lundi, mars 04, 2019

Alors Jésus regarda autour de lui - Mc 10, 23

C'est à partir de ce verset du chapitre 10 que s'est faite ma réflexion ce matin.
Il s'agit de la rencontre de Jésus avec l'homme riche. Celui-ci vient de partir, et l'impression que j'ai eue c'est que Jésus, dans la rencontre avec cet homme, s'est complètement abstrait de son environnement; qu'il s'est plongé dans son désir de salut. Puis il revient en quelque sorte sur terre, voit ses disciples, et finalement il les enseigne à partir de ce qui vient de se passer.

Sauf que cela les déconcerte: ils ne comprennent rien, et ne sont pas trop rassurés.

J'ai eu alors envie de raconter ce que Jésus a peut-être ressenti, mais en reprenant une grande partie de ce chapitre 10 de Marc, c'est à dire les versets 13 à 31.

Jésus raconte:

On était sur la route qui doit me conduire sur le chemin que mon Père a décidé pour moi. J'ai essayé d'en parler un peu à mes disciples, mais quand je parle de souffrance, de mort, puis de revenir à la vie, ils ne comprennent pas; ils pensent que je suis un peu fou. Ils me font penser à ma famille, qui croit que je suis fou, et qui aimerait bien m'enfermer comme si j'étais un possédé. 

Puis nous avons rencontré des parents qui voulaient que j'impose les mains à leurs enfants. Je ne sais pas trop ce qu'ils attendent; peut-être la "baraka" pour leurs enfants... Je sais bien qu'ils veulent du bon pour leurs enfants, et qu'une bénédiction c'est un peu comme une assurance contre les mauvais coups de la vie; moi, j'aime bien. Mais Pierre et les autres ne supportent pas les enfants; alors ils ont fait barrage, et ils ont renvoyé un peu brutalement les petits et leurs parents. J'ai réagi, mais je sais qu'ils n'ont pas compris que je me sois fâché; souvent ils croient bien faire, et ils se trompent.

Car moi, je veux - et c'est important pour ceux qui suivront ma voie - qu'ils comprennent que ce que j'attends d'eux, c'est qu'ils soient joyeux comme ces petits enfants, confiants comme ces enfants; et pas fiers non plus. Peut-être qu'ils comprendront cela un jour, parce que moi, je suis comme ça, même si je suis leur Rabbi.

On était repartis, et voilà qu'un homme arrive et tombe à mes genoux. Je pensais qu'il voulait se faire guérir d'une maladie. Mais non c'était autre chose, sauf que moi, je voulais vraiment qu'on prenne la route. Il ne tombait pas bien du tout.

Et voilà qu'il me dit "Bon Maitre, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage". Là, je dois dire qu'il m'énervait un peu, et que je l'ai envoyé bouler, mais gentiment, à ma manière. "Bon Maître"… Bien sûr que je suis bon! Mais pas comme les hommes le souhaitent. Et puis "avoir la vie éternelle en héritage".. Quand mon Père parle d'héritage, il s'agit de la terre promise, il ne s'agit pas de la vie éternelle, comme si c'était un dû. La vie éternelle, c'est, comme je leur dirai un jour, "qu'ils te connaissent Toi, et qu'ils reconnaissent en moi ton envoyé". S'ils reconnaissent cela, alors l'Esprit leur sera donné. Et cette présence de moi en eux, de eux en moi, c'est cela la vie éternelle. 

Je lui ai rappelé les commandements de Moïse, ceux qui concernent la relation avec les autres, et il m'a dit que tout cela, il l'avait fait depuis sa jeunesse. Peut-être que c'est ce mot de "jeunesse" qui m'a ému: il ne m'énervait plus cet homme; il était là, il me regardait, et moi je le regardais et je le sentais tellement sincère. 

Et je me suis mis à l'aimer... J'ai compris alors qu'il ne voulait plus "faire pour faire", mais être... Mais pour cela il lui faudrait se débarrasser de beaucoup de choses! Je lui ai dit qu'il devait vendre tout ce qu'il avait, puis donner le résultat de cette vente aux pauvres (je n'ai pas dit qu'il devait me donner cet argent à moi et à mes amis, non, je voulais qu'il soit libre), et que cela lui donnerait un trésor au ciel. Il doit se dépouiller, comme moi je me suis dépouillé, et c'est ainsi qu'il sera riche. Puis j'ai ajouté qu'ensuite il vienne à ma suite. 

Et là, il est arrivé quelque chose d'imprévu. Il a baissé la tête, il est devenu tout triste et il est parti sans un mot. J'ai compris que j'avais touché le point sensible, ses richesses. Et je me suis senti vide, seul, abandonné. Un peu aussi comme si le temps s'était arrêté. Mais j'ai vu alors mes disciples qui me regardaient et qui ne comprenaient pas. 

Et je leur ai dit que pour celui qui possède des richesses - même si cela peut-être un signe qu'il fait la volonté de mon père, même s'il donne la dime et une partie de tout ce qu'il reçoit, ce n'est pas si simple. Il faut qu'ils comprennent qu'entrer dans le royaume - parce que le royaume ça ne s'achète pas -, c'est aussi difficile que pour un chameau de passer par la porte de l'aiguille, s'il porte sur lui tout son harnachement. En voyant leur tête j'ai compris qu'une fois de plus ils me prenaient pour un fou. Et alors ils m'ont demandé qui pouvait être sauvé. Je leur ai répondu - mais le comprennent-ils - que les hommes ne peuvent pas se sauver en "faisant", mais que mon Père, lui, lui qui m'a envoyé, peut les sauver. Ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu, le Tout Puissant.

Là dessus, Pierre a pris la parole. Je m'y attendais un peu. Il m'a demandé quelle récompense ils auraient, lui et ceux qui avaient tout quitté pour marcher à ma suite. Je lui ai répondu qu'ils auraient tout au centuple, mais pas ici bas… Ici-bas ce serait, comme pour moi, les persécutions et la mort, mais là-bas, dans le royaume, ce sera cette vie à laquelle ils aspirent sans trop savoir ce qu'elle est. Et je leur ai fait remarquer que ceux qui semblent les nantis sur cette terre, ne seront pas ceux qui auront la meilleure place plus tard; et que au contraire les petits, les culs-terreux, ceux-là seront les premiers. Je ne sais pas si ça les a rassurés. Je ne crois pas, parce que quand je me suis remis en route, ils étaient en groupe derrière moi… Mais il y a quelque chose qui m'a fait un immense plaisir. L'homme de tout à l'heure, celui qui était parti tout triste, eh bien il était avec les miens, il avait du prendre sa décision et il avait fait son choix. 

Je sais que pour moi les jours sont comptés, mais je sais aussi que mes paroles ouvrent le chemin et c'est pour cela aussi que je suis venu.


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