samedi, mars 09, 2019

La complainte du diable. Luc 4, 1-13

Premier dimanche de Carême. . Les tentations rapportées par Luc. 
Il s'agit bien d'une sorte de duel entre le diable et Jésus, duel dont Jésus sort vainqueur. Alors, j'ai eu envie de laisser parler le Satan, celui qui était à la cour du Très Haut et qui avait mis une sorte de contrat sur Job. 
Et cela s'appelle "La complainte du diable qui a épuisé toutes les formes de tentations".

"Pas moyen, de pas moyen! 
Et pourtant j'ai tout essayé. Il est plus fort que moi, il m'a vaincu et je lui en veux. Mais je ne m'avoue pas battu. Je vais vous raconter ce qui s'est passé entre moi et lui, alors qu'il était dans le désert, et qu'il connaissait la faim. 
Avec Eve, le coup du fruit appétissant, ça avait bien marché. Alors avec lui, comme ça faisait un bon bout de temps qu'il se prenait pour Moïse sur la montagne et qu'il n'avait rien mangé, je pensais que ça irait tout seul. Et puis il commençait à avoir des hallucinations, parce que la chaleur ça fait ça. 
Je me suis présenté avec d'abord une petite hallucination visuelle, en lui montrant des pierres qui se transformaient en pain, vous savez ces galettes qui cuisent toutes seules avec la chaleur, ces galettes que l'on met sur des pierres. Et ça sentait bon ces galettes. Et elles étaient belles à regarder. Et puis tout est redevenu comme avant, le sable, des pierres, le soleil, quelques buissons. Oh j'ai été très poli, je lui ai dit que s'il était le fils de Dieu, (ce qu'il est à mon grand désespoir, parce que moi, l'ange de lumière, c'est ce que j'aurais voulu être), il n'avait qu'à dire à ces pierres de se transformer en pain. Vous savez, ça c'est le rêve de tout homme, manger dès que la faim apparaît. C'est un reste de leur petite enfance où le sein de leur mère était là, à leur demande. Lui, il m'a répondu qu'il se nourrissait de toutes les paroles qui sortaient de la bouche de Dieu. Je n'étais pas content qu'il se serve de la Tora pour me répondre, mais il m'avait cloué le bec et il s'est remis à prier. 
J'ai laissé passé un peu de temps; Il fallait que je réfléchisse, que je trouve un truc auquel aucun être humain ne peut résister. Et j'ai pensé à la puissance, lui proposer de devenir le maître des nations. D'ailleurs il sait qu'il doit être la lumière des nations; ce que je propose c'est un peu différent, j'espère qu'il ne fera pas la différence, parce que le jeûne ça affaiblit quand même. Mais je n'aurais pas dû faire un marchandage, dire que je lui donnerais cela s'il se prosternait devant moi. Parce que là, il s'est rebiffé, il a réagi et m'a encore cité les écritures, en me disant que c'est devant Dieu seul qu'il faut se prosterner. Son peuple s'est tellement prosterné devant mes Baals que je pensais qu'il ne ferait pas trop la différence. Donc là encore, avec la tentation de la puissance, j'ai échoué. Il reste celle de l'immortalité; alors je vais la lui proposer.
Je lui ai envoyé alors une nouvelle hallucination. Il était à Jérusalem, au pinacle du temple. Il avait le Cédron en dessous, et cette vue tellement belle sur la ville. Je lui ai dit qu'il pouvait se jeter en bas, dans le vide, et qu'il ne lui arriverait rien, parce qu'il est dit que "son Père a donné ordre aux anges de le garder, et qu'ils feront ce qu'il faut pour qu'à la pierre son pied ne heurte". C'est dans un psaume. Là je le reconnaissais bien comme le Fils, mais j'espérais vraiment qu'il allait faire ce saut dans le vide pour expérimenter la présence des anges. Et bien non, il s'est encore réfugié derrière l'écriture en me disant: " Tu ne mettras pas ton Dieu à l'épreuve". 
Et il s'est retrouvé dans le désert, dans la chaleur. Et puis une brise s'est levée. Cette brise je la connais bien, c'est celle qui manifeste la présence du Tout Puissant. Alors j'ai dû céder la place, mais je ne me tiens pas pour battu. Job a su ne pas maudire parce que je l'avais privé de sa famille, et même de sa santé, mais celui là, quand il sera mis à mort, on verra bien! Et en attendant, je vais m'opposer à lui par tous les moyens. La terre est mon royaume; je ne veux pas qu'il me l'enlève"

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