vendredi, mars 01, 2019

"Je dois être complètement bouché..." Mc 9 et 10

Je dois être complètement bouché, mais je ne comprends plus grand chose... Mc 9, 35-50 et 10, 1-16.

Objectivement, mis à part les enseignements plus ou moins traditionnels, la fin de ce chapitre 9 et le début du chapitre 10 - qui est un chapitre important puisque Jésus est sur la route qui le mène à Jérusalem et donc à la passion - sont difficiles. D'autant qu'on a parfois l'impression que l'évangéliste fonctionne un peu avec des accroches: qui dit feu, dit saler par le feu, qui dit saler dit sel… Qui dit sel dit... 

Bien sûr, on peut parler de scandale, d'endurcissement, de sel, de l'enfer, du fait que Jésus ne demande pas des amputations mais des renoncements; mais il y a des mises en garde précises. Lire tel quel n'est pas facile, et c'est un peu ce que j'ai voulu rendre au travers du questionnement d'un disciple, puisque Jésus s'adresse à eux.


Le disciple s'exprime

Depuis qu'il a guéri cet enfant possédé, et qu'il parle ouvertement de ce qui va arriver, même si moi j'espère qu'il se trompe, qu'il ne sera pas condamné à mort mais que le peuple qu'il aime tant le défendra, je dois dire que je ne comprends pas grand chose. 

Et d'abord, comment peut-on ressusciter des morts? Si c'est redevenir vivant pour mourir ensuite, comme le soldat dont le corps a touché les os du prophète Elisée, mais qui est mort comme tout le monde ensuite, je ne vois pas. Alors c'est sûrement autre chose, mais... 
Qu'il soit emporté au ciel sur un char de feu, ça ça me plairait bien, mais ce n'est pas son genre. Mais s'il n'y avait que ça.. Il nous en dit des choses!
Il y a le prophète Ézéchiel qui a rapporté cette vision des ossements desséchés qui reprennent vie grâce au souffle de l'Esprit. Peut-être qu'il veut parler de cela: qu'un jour le souffle de Dieu le fera redevenir vivant pour l'éternité, lui qui parle de la vie éternelle; peut-être, mais que c'est difficile! 

Et là, je reviens à tout ce que je ne comprends pas. Il parle d'amputations, si on ne veut pas brûler éternellement dans la géhenne de feu, là où iront lors du jugement dernier ceux qui se détournent du Très Haut. Se couper une main, un pied ou s'éborgner, ça veut dire quoi? À quoi ça sert de se mutiler et en plus c'est interdit par la Tora.

Est ce qu'il veut dire que si je n'ai qu'une seule main, je ne pourrais plus attraper, cogner sur un autre? Peut-être. Mais je crois que je n'ai pas besoin me mutiler pour ne pas faire du mal. Depuis que je suis avec lui, petit à petit je regarde les autres comme lui les regarde et j'apprends à les aimer et à les respecter .Mais c'est vrai que la colère ça fait faire des choses pas belles. Et c'est vrai aussi que des phrases comme ça, on les retient.

 Si je n'ai qu'une seule jambe, je ne peux plus tenir debout; et si je ne tiens plus debout, je tombe et on doit me ramasser, m'aider. Peut-être qu'il veut dire que j'ai besoin que mes deux jambes soient là pour que je puisse tenir debout, marcher, me déplacer, mais pas pour faire du mal à un autre, comme lui donner des coups, le faire tomber. Peut-être qu'il veut que je reste debout, mais que je marche derrière lui, et pour ça, j'ai bien besoin de mes deux jambes. 

Et si je n'ai qu'un œil, si je suis borgne, là encore à quoi ça sert? Qu'est ce qu'il veut dire? 
Peut-être que, si je regarde avec envie ou convoitise ce que possède l'autre, et que - comme le roi Achaz qui voulait la vigne de Nabot - je cherche comment m'en emparer, et je fomente des idées de piège, de mort, c'est mal. Et que ces pensées, je dois les extirper de moi si je veux entrer dans la vie éternelle. C'est un peu comme s'il me disait que j'ai un oeil qui regarde vers Dieu et un autre qui regarde vers Satan, et que je dois me séparer de cet oeil qui veut me faire faire de mauvaises choses, qui me donne de mauvaises idées. 
Mais je peux comprendre que ce qu'il veut dire, c'est que le péché est là, et que j'ai quelque chose à faire, moi, si je veux avoir la vie éternelle! N'empêche que c'est bien compliqué.. 

Après, il parle "d'un feu qui sale". Ce n'est plus la géhenne où ça brûle dans arrêt, c'est un autre feu, mais ça veut dire quoi? 
Du coup je pense aux feux allumés par les pécheurs sur le bord du lac, aux poissons grillés, ou fumés qui parce qu'ils sont cuits, donnent tous leurs parfums, tous leurs sucs et qui se conservent... Et là, je comprends un tout petit peu. 
Il y a un autre feu, un feu qui purifie, un feu qui transforme. 
Ce feu, j'espère qu'il nous le donnera un jour. Je pense à un feu qui qui pourrait exalter ce qu'il y a de bon en moi, ce qu'il appelle le sel. Mais quand même c'est rudement compliqué. 

Et puis, il nous dit aussi de faire attention à ce qu'on dit, et à ce qu'on fait, pour ne pas être une cause de chute pour tous ceux qui sont dans les villages: qui viennent d'abord pour être guéris, et puis qui découvrent que la guérison c'est bien, mais que vivre autrement c'est mieux; mais qui ne savent pas trop comment s'y prendre.

Ceux-là, il les appelle les petits et il les aime beaucoup, beaucoup. Et nous devons prendre soin d'eux. Mais pour le moment, c'est lui qui le fait et il le fait très bien.

C'est comme avec les enfants. Les enfants, c'est souvent sale, ça sent mauvais, ça ne comprend rien. Mais voilà que lui, il les touche, il les embrasse, il les bénit. Et il dit que si on accueille un enfant, je pense qu'il veut dire qu'on ne le chasse pas, c'est lui qu'on accueille. 
Mais il veut dire quoi le Maître? 
Il est un adulte lui, il est propre, il sait parler, il sait nous aider à discerner; et il voudrait qu'on redevienne comme ça? 
Peut-être qu'il veut parler de la confiance, et ça, c'est vrai que les enfants ils en ont de la confiance. Bon, alors ça je veux bien, n'empêche que c'est bien difficile.

Et pour compliquer encore les choses il y a eu ces éternels pharisiens, qui veulent le prendre en défaut et qui l'entrainent dans des discussions qui n'en finissent pas. Sauf que lui, il sait leur clouer le bec. Là, il s'agissait de savoir si on a le droit ou non de renvoyer sa femme, et je me sens concerné. Il leur a demandé ce que disait Moïse. Ils lui ont répondu que Moïse l'avait permis, à condition d'établir un acte de répudiation. Sauf que l'adultère est puni de mort.. Et que bien souvent ceux qui divorcent c'est pour changer de femme, pour en avoir une plus jeune, une plus belle.
D'après ce qui se dit, avec un peu d'argent on peut avoir cet acte de répudiation, et la femme se retrouve mise au ban de la société. 
Et là, Jésus leur rétorque qu'en faisant cela ils ne respectent pas la loi donnée par le Tout Puissant; et je crois qu'il veut leur faire comprendre que tout ce qui vient en plus des Dix paroles données sur la montagne, et qui sont là pour faire grandir l'amour, ça ne sert pas à grand chose. A la limite, il y a les lois (pas la Loi) et l'Amour; et lui il est venu pour nous faire comprendre ça, mais qu'est ce que c'est difficile... 

Je me suis même demandé si ce n'étaient pas eux, les purs, qui sans s'en rendre compte, commettaient cet adultère que les prophètes reprochaient à notre peuple. Certes ils ne vont pas vers des dieux étrangers, mais ils font de la loi une espèce d'idole, et ils ne voient plus que notre Maître est là pour les aider à renaître de l'Esprit. Et ça, ils ne le veulent pas, et je sens bien qu'ils veulent le lapider et ça, ça me tue.

Aujourd'hui, alors que nous avons quitté la Galilée pour aller vers la ville sainte, je sais que j'ai encore du chemin à faire pour qu'en moi s'opère une purification. Il y a du bon en moi, mais j'ai besoin de son amour à Lui, pour que mon cœur et mes oreilles s'ouvrent, et que mon vrai cœur comprenne ce qu'il veut me faire comprendre. Finalement je suis un vrai juif.. J'ai la nuque bien raide…. 


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