Lors d’une célébration eucharistique de semaine, le célébrant qui est un prêtre âgé a prononcé après la consécration la phrase suivante: « de rassembler tous les hommes pour qu’ils puissent t’offrir un sacrifice digne de te plaire… ». Je ne suis pas sûre que cette phrase soit dans le canon car elle m'a fait sursauter (preuve que j'écoutais). Comme parfois il a fait un mélange de formulations, ce que je peux excuser compte tenu de son âge, mais cette phrase a levé beaucoup de questions.
Est-ce cela le désir de Dieu, que nous lui offrions un sacrifice ou des sacrifices ? En a-t-Il besoin ? Le demande-t-Il? Ne s'agit-il pas d'une projection de nos propres fantasmes sur ce Dieu qui serait le Tout Autre mais que bien souvent nous modelons à notre image? Peut être parfois en a-t-Il assez qu’on lui rappelle que son Fils est mort à cause de nous… Comme s’Il ne le savait pas, comme s’Il oubliait, comme si d'une certaine manière il était un peu sénile. Et quand on pense que des messes sont certainement célébrées à chaque instant de la journée, cela doit être terrible d’entendre sans arrêt des phrases comme «faisant ici mémoire de la mort de ton fils».
Pour revenir à mon ressenti, je dirai même que cela a provoqué une vraie colère. Qui est ce Dieu qui attend qu’on lui offre un sacrifice. C’est quoi un sacrifice? C'est faire du sacré, oui, et alors? Et on en revient toujours à cette notion de réconciliation opérée par Jésus, comme si Dieu avait demandé une mort pour nous ayons la vie. Dans une des prières eucharistiques, je crois la troisième, il est question d’une offrande vivante ou d’une vivante offrande. C'est quoi une offrande vivante? Eh bien moi à chaque fois, j’imagine que l’offrande elle se met à frétiller pour montrer qu’elle est vivante et quelque part je ne trouve pas cela satisfaisant.
Ne lit-on pas que «ce que Dieu veut, c’est un esprit brisé, un cœur ouvert qui tienne compte de lui»? Ne lit-on pas: « tes sacrifices je les ai tout le temps devant moi, et je les ai en horreur… Si j’ai faim, irai-je te le dire, tous les animaux sont à moi » (je cite de mémoire). Quant au sacrifice du fils, ce don de vie qui nous permet de vaincre ce qu’il y a de mort en nous, il a eu lieu une fois pour toutes. Que nous ayons besoin de commémorer, de faire mémoire certainement, mais quel est le Dieu qui nous est ainsi présenté ?
Alors j’ai osé écrire ce que j’aimerais aujourd’hui entendre du Dieu de Jésus, du Dieu qui donne son souffle, son Esprit. Je sais que c’est parfaitement iconoclaste une fois de plus, mais c’est une de mes manières d’écrire et je ne pense pas que le ciel va me tomber sur la tête.
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Oui je suis Dieu.. Oui j’ai demandé autrefois à un peuple de faire comme tous les peuples de la terre, de m’offrir des sacrifices parce que tous les peuples le faisaient et parce qu’ils devaient avoir un Dieu protecteur, mais aussi - et je l’ai crié sur tous les toits et sur tous les tons - , un Dieu jaloux, un Dieu qui voulait leur amour, un Dieu qui voulait montrer au monde qu’il était possible de vivre autrement. Et pour cela j’ai sanctionné les fautes, les déviations. J’ai peut être cogné un peu fort, mais le peuple que je me suis choisi, oui il avait la tête dure, l’oreille bouchée et les yeux fermés sur lui-même. Il se regardait lui, il ne me regardait pas Moi. Alors oui j’ai voulu qu’ils lèvent la tête, qu’ils me regardent, qu’ils tiennent compte de moi - mais vraiment compte, pas dans la peur, mais dans l’amour.
Oui, je le reconnais je suis responsable de ce sentiment de culpabilité de mon peuple Israël, mais ils n’ont pas compris que ce que je voulais c’était qu’ils évoluent, pas qu’ils se vautrent dans leur culpabilité et qu’ils s’en fassent presque un titre de gloire.
Mais si, un jour du temps, j’ai envoyé mon fils pour qu’ils comprennent ce que aimer veut dire, ce qu’est l’amour et comment l’amour est plus fort que la mort (ou fort comme la mort comme c’est dit dans le Cantique des Cantique), alors pourquoi ceux qui aujourd’hui se disent les frères de mon fils s’obstinent ils à m’offrir «le sacrifice» de mon fils? Il est mort comme un agneau le jour où l’on commémorait la nuit qui avait été une nuit de libération jadis pour mon peuple quand il était esclave en Egypte.
La sortie de l’Egypte c’est la sortie de l’esclavage et le Mal tient le monde en esclavage, parce que la convoitise est omni-présente. Alors mon Fils il est venu pour donner au monde la possibilité de sortir de cette domination, il a donné par sa mort mon souffle et il a montré ce qu’aimer pouvait vouloir dire.
Lui, il leur a dit de «faire ceci en mémoire de Lui». Ils devaient faire mémoire d’un repas, d’un don, d’une mort, d’une résurrection, mais pas me mettre sous le nez en permanence la mort de celui qui est partie de moi, qui est en Moi et Moi en Lui. Je sais très bien que c'est cette mort qui a permis que je travaille vraiment en l’homme, que mon souffle lui permette de devenir ce que je désire qu’il devienne, quelqu’un à mon image et à ma ressemblance.
Dans vos homélies vous parlez beaucoup d’humanisation, de frères en humanité. Ne serait ce pas plus simple de dire que désormais il est possible de sortir de l’animalité? Mais à voir le monde, rien n’est gagné.
Vous parlez de réconciliation, ne serait ce pas d’abord une réconciliation avec vous-mêmes? Qui avez vous fait de moi? Vous parlez d’un Dieu de miséricorde, et pourtant vous faites de moi un être cruel, qui de fait se détourne de vous et qui attend encore et toujours des sacrifices. La recommandation de mon fils n’est-elle pas que vous appreniez à vous aimer les uns les autres comme lui Il a aimé ? Il n’a jamais parlé de sacrifices que vous devriez m’offrir.
Moi qui n’ai pas voulu la mort du fils d’Abraham (il pensait peut être qu'ainsi il obtiendrait mes faveurs, ma protection comme le croyaient les autres peuples de son temps) comment me réjouirais-je de la mort de mon Unique ? Fonctionnerais-je comme ces dieux qui accordaient leur faveur à celui qui lui offrait le «plus gros» sacrifice ? Serais-je comme ces dieux anciens, alors que mon Fils est venu pour mettre en route le monde nouveau? Ce n’est pas des sacrifices que je désire, mais que votre cœur se tourne vers… vers l’autre, vers Moi. C'est cela la conversion, pas autre chose.
Peut-être que vous devriez refaire votre copie concernant ce que vous appelez la liturgie de l’eucharistie. Il est bon de bénir, de me bénir de faire mémoire, mais peut-être pourriez vous en tenant compte des sensibilités culturelles de chaque église, assemblée, communauté, cesser d’utiliser un vocabulaire et des mots que peu comprennent, qui s’adressent à des initiés.
Si mon fils est mort, c’est pour que vous ayez la vie, que vous l’ayez en abondance, pas que vous rentriez dans un discours trop souvent mortifère. Vous avez mon esprit, vous l’avez en plénitude, alors soyez dans la création et vous serez dans mon amour.
2 commentaires:
Par où commencer? je suis d'accord avec tout ce que vous dites... je pense même parfois qu'il ne faudrait pas trop présenter l'Ancien Testament dans la catéchèse car à part retenir les histoires,le jeunes ne peuvent comprendre ce langage qui est celui
d'hommes à la recherche d'un dieu autre que celui des peuples environnants (canéens, grecs,romains)
Ce sont des dieux de pouvoir et pour apaiser leur courroux il faut des sacrifices!!! Les prophètes dans beaucoup de passages reflètent encore ce genre de dieu
qui va punir son peuple et qui est en colère....D'après des études archéologiques même Moïse serait un
personnage symbolique et les passage de la Mer Rouge un passage amplifié... C'est le peuple qui a pris conscience qu'un dieu était DU COTE DES PETITS ET PAS SEULEMENT DES GRANDS DE CE MONDE qui imposaient leur religion.
Je suis une recherche dans le cadre d'un mouvement qui s'appelle
FONDACIO (voir site internet)
Et cela m'apporte beaucoup....
La notion de sacrifice nous l'héritons de ces peuples d'avant JESUS qui pour attirer les bonnes grâces des dieux en faisaient beaucoup des sacrifices. Nous avons malheureusement repris ce concept
dans le christianisme...J'OSE DIRE:
ne pas dire Jésus s'est sacrifié pour nous mais il a montré le chemin de notre vie en nous montrant qu'il ne faut pas craindre
ce monde (horreurs, guerres, le mal)Il est avec nous, il ne faut pas avoir peur.... Ce qui m'a toujours frappée c'est sa grande liberté....et pas son dolorisme.
Il y a plein de choses qui me viennent à l'esprit mais une principale reste : MERCI car ce texte nous engage à vivre, vivre dans et par l'amour que nous avons tous reçu.
Quelle ouverture, quel bonheur, quelle liberté .... cette liberté d'enfants de Dieu.
MK
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