Nathanaël.
"Quand Philippe m'a dit qu'il avait trouve le Messie, je l'ai regardé avec des yeux ronds. Philippe, il s'emballe facilement... Mais quand même, dans son timbre de voix, je sentais qu'il était comme la fiancée du Cantique des Cantiques qui a trouvé son Bien-Aimé. Et cela m'a ému, car le Messie, nous avons tous tellement hâte qu'il vienne. Jean le Baptiste parle de lui comme s'il allait arriver maintenant et qu'il remettrait enfin de l'ordre, mais… Mais une partie de moi aimerait que ce soit vrai et une autre n'arrive pas à y croire.
Et quand il a ajouté que ce Messie, celui qui sera le sauveur, venait de Nazareth, alors quand même j'ai éclaté de rire. Vous vous rendez compte? Il aurait dit Jérusalem, ou même Bethléem, mais Nazareth, ce village qui sert de réservoir de main d'œuvre à la ville de Sephoris, qui est tout le temps en contact avec la manière de vivre grecque. Ce n'est pas envisageable. Et puis, il le sait bien Philippe que le Messie doit être un descendant du roi David. Mais je vais lui faire plaisir, je vais aller le voir ce Jésus. Peut-être que c'est un prophète.
Et je suis parti avec lui. Quand Jésus m'a vu, il m' a dit que j'étais un juif sans ruse en moi. Je n'ai pas trop compris ce qu'il voulait dire; c'était un peu comme s'il avait entendu ma réaction quand j'ai su qu'il était le fils de Joseph du village de Nazareth. Et comme j'attendais la suite, il m'a dit qu'il m'avait vu avant que Philippe ne vienne me parler. Et il a parlé de figuier. Et là…
Parce que oui, quand je lis la Torah, j'aime m'installer dans mon jardin, sous un figuier. J'aime cet arbre, j'aime ses grandes feuilles qui me protègent du soleil (et je suis un peu comme Jonas, à l'ombre de cet arbuste qui avait poussé en une nuit). J'aime les feuilles qui ont permis à notre ancêtre lointain de devenir créatif en cousant des feuilles ensemble pour cacher sa nudité, j'aime ses fruits qui sont doux comme du miel et qui ouvrent mon cœur. Méditer la Loi, c'est comme manger ces fruits qui font penser à du miel.
Alors quelque chose s'est comme ouvert en moi, comme si mes yeux s'ouvraient, comme si mon cœur comprenait. Et une phrase étonnante est sortie de mes lèvres… Je l'ai appelé Rabbi, lui que je méprisais parce qu'il était de Nazareth, et j'ai affirmé qu'il était le fils de Dieu, qu'il était le roi d'Israël. Je ne sais pas trop pourquoi cette affirmation est sortie, mais c'était une certitude. Et au fond de moi, je remerciais Philippe d'être venu me chercher.
Et lui m'a alors répondu que je verrai des choses plus grandes. Des choses plus grandes que quoi? Et là, il a affirmé que je verrai le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'Homme. Moi, je l'avais appelé Fils de Dieu. Lui, il s'appelle Fils de L'Homme; il ouvre les cieux fermés depuis qu'Adam en a été chassé.
Je sais qu'il sera le chemin pour aller vers Dieu; je sais qu'Il sera la porte. Je sais surtout qu'il est celui que mon cœur attendait.
Merci à toi, mon ami Philippe, de m'avoir conduit vers Lui..."
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