jeudi, mai 08, 2025

JEAN 21, 1-19. TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS PASCAL.

 

JEAN 21, 1-19. TROISIEME DIMANCHE DU TEMPS PASCAL. 

 

 

Que n'a-t-on pas écrit sur ce texte, lu d'ailleurs aux funérailles du pape François, texte qui confère autorité à Simon-Pierre, malgré les trois moments où il n'a pas eu le courage d'affirmer qu'il était bien un disciple de celui qui venait d'être arrêté. On peut quand même se souvenir que si Pierre a bien tranché l'oreille d'un serviteur du Grand Prêtre, il risquait quand même sa vie, s'il était reconnu.

 

Jésus lui confère le rôle du Pasteur, celui qui conduit et celui du Berger, celui qui trouve le vert pâturage où le troupeau trouvera son repos et sa subsistance.

 

Si cela ne pose pas question, je me suis quand même demandée si en araméen, le verbe aimer avait autant de subtilités qu'en grec, mais Il est vrai que cet évangile est tardif, donc s'adresse à la première, voire la deuxième génération de croyants, et plus précisément à la communauté johannique. Je me dis qu'en Français où ces subtilités sur le verbe aimer n'existent pas, on a quand même, du moins pour moi, une différence entre dire à quelqu'un je t'aime ou lui dire, je t'aime bien. 

 

 Paul et Pierre ont été exécutés, mais que la bonne nouvelle se répand aux confins du monde connu, et que ce qui est dit là dans cet appendice, ce témoignage de la manifestation de jésus, du Seigneur, peut se lire comme un enseignement. 

 

C'est ce que j'ai essayé de faire, et c'est une démarche assez inhabituelle pour moi. 

 

Mais peut-être faut-il quand même dans un premier temps, lire le texte et le laisser parler en essayant ce que certains appellent une composition de lieu, et laisser aussi les questions venir. C'est le temps 1, que je présente maintenant. 


 

Temps 1 analyse classique

 

J'aime bien mettre en exergue les mots ou les phrases qui ont été importantes pour moi.

 

 

 

Au lever du jour:

 le jour comme une promesse. On -n'est plus dans les ténèbres.

 

 

Se jeter à l'eau

Quand se jette-t-on à l'eau? Quand il faut faire quelque chose qui semble impossible,  ou poser une question difficile? Mais j'imagine que c'est un peu comme un baptême et peut-être que Simon et Jésus se sont dits des choses sur la rive. Se jeter à l'eau, c'est aussi la confiance. 

 

Peut-être peut-on entendre aussi dans ce récit, comme un temps de purification, comme un baptême. Utiliser ce temps où on perd ses repères pour se laisser purifier, pour se laisser laver, se laisser pardonner.

 

Pierre fut peiné.

 

Cela se dispense de commentaire. On sait que pour ce verset, Jésus emploie le verbe aimer de la même manière que Pierre, comme s'il comprenait qu'à ce moment-là, Pierre ne peut pas aimer autrement. Mais l'auteur fait comprendre aux lecteurs que Pierre qui donnera sa vie sur une croix, sera passé à cet autre amour, cet amour qui donne et qui se donne. Cela peut-être un encouragement pour nous aujourd'hui. 

 

 

 

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.

2 Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.

 

3 Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

 

On a comme une description d'un état des lieux. Malgré le don de l'Esprit reçu le jour de la Résurrection, malgré la manifestation de la semaine suivante, Simon et les autres, retournent en Galilée, et en attendant, mais on ne sait pas quoi, reprennent leur vie d'avant. Ils sont sept. 

 

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.

5 Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. »

 

Et voilà un inconnu qui les interpelle, (moi j'aurais dit, hé les gars), et qui quémande. Hélas, ils n'ont rien. Tant pis pour lui.

 

6 Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.

 

Mais l'inconnu ne se laisse pas démonter et ce qui se passe, peut aussi évoquer la multiplication des pains, quand Philippe reconnait qu'ils n'ont rien pour donner à manger à la foule. Réveiller la mémoire?  Se souvenir de l'abondance avec ce peu: ces cinq pains et ces deux poissons, mais aussi de ce discours dans la synagogue de Capharnaüm. 

 

 

7 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.

 

Lui, ce disciple qui a Jésus dans la peau, il se souvient, il fait mémoire, et pour lui, l'inconnu a un nom, le Seigneur.

 

Faut-il vraiment s'appesantir sur ce vêtement passé, nudité honte? Des fois ça m'énerve ces interprétations culpabilisantes. Bien entendu, si ça avait été un autre, Pierre ne se serait pas jeté à l'eau, et se serait rhabillé avant d'arriver; mais là, il veut le voir le premier . Il se jette à l'eau, et se jeter à l'eau, ce n'est pas rien. Qu'est-ce que Jésus va lui dire? Et lui, que va-t-il dire à Jésus. Il pêche des poissons, il ne s'occupe pas des autres, de ces péchés qu'il a le pouvoir de pardonner comme son maître? Pouvoir qui n'appartient pourtant qu'à Dieu. De ce don, qu'a--il fait,

 

8 Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.

 

Peut-être qu'ils sont repartis un peu au large, car j'imagine mal que la voix de l'inconnu ait pu porter aussi loin. Et le miracle se fait. Non pas quelques poissons, mais un filet qui peut presque faire chavirer la barque. 

 

9 Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.

10 Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »

 

 

Cela a dû les étonner de trouver ce feu, qui prouve qu'ils sont attendus, car il faut du temps pour faire des braises, de ce poisson en train de cuire, et de la demande de celui qu'ils savent être le Seigneur, Leur Seigneur, de donner de ce qu'ils viennent de prendre. 

 

11 Simon- remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.

 

 

Pas si facile de se représenter la scène avec les verbes proposés. 

Les disciples, manifestement laisse le filet dans l'eau, descendent dans l'eau, et à mon avis, montent sur la terre ferme, que la quelle Pierre de se trouve déjà.

 

On peut donc penser que près du rivage , ils voient un feu, avec du poisson et du pain. Où est Jésus? Peut-être un peu plus haut, un peu plus loin. Mais c'est lui qui demande que les poissons, les siens et les leurs soient comme mélangés, confondus, mais le pain, lui reste unique.

 

Simon va vers la barque, lui avec un ou des, la tracte, met le filet sur la rive, constate que les mailles ne sont pas rompues, surpris par la taille des poissons, les compte, (à mon avis il faut un certain temps pour ça), et va vers le feu avec le poisson, qu'il faut faire cuire quand même.

 

12 Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.

 

 

Pierre, remonte.  Il va jusqu'à la barque, avec quelle force la tracte-t-il pour que le filet puisse être déversé sur la plage? Pas possible qu'il soit seul. D'où l'Importance des frères pour que la pêche ne soit pas perdue. 

 

Ou alors c'est juste la fin, mais ce verbe remonte, peut prophétiser ce qui va se passer par la suite; 

 

Dieu l'a sauvé de l'abîme des grandes eaux, il l'en a fait remonter. Il l'a sauvé; c'est presque la marche sur les eaux, des synoptiques dans Matthieu après la multiplication des pains;

 

13Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.

14 C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.

 

On aurait pu en rester là, un repas partagé, une amitié simple, mais quand Jésus se manifeste, c'est pour donner une mission, et c'est ce qui va se passer. 

 

 

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15Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »

 

Jamais simple cette question. Bon il y a le :  "est ce que tu m'aimes," au sens d'aimer comme on aime son époux, son unique, et Simon répond par "je t'aime bien."

 

On peut aussi entendre, Eux tu les aimes, ce sont tes amis, est ce que moi, tu m'aimes de la même manière ou est-ce que tu m'aimes autrement, parce que tu sais que moi, je t'aime autrement. Est-ce que tu peux répondre à mon amour? 

 

Le pasteur Nouis, dit que l'agneau est un animal sans défenses, pas de cornes, et ce sont ceux-là qui sont confiés à Simon, qui devient berger comme Jésus, ou comme son Père. Une première charge. 

 

16Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »

 

On passe aux brebis, mais elles non plus n'ont pas de défense, et elles ont besoin de quelqu'un qui les guide. 

 

17 Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.

 

Cette fois-ci, Jésus s'est adapté à Pierre; et c'est un peu, comme s'il lui disait; aimes-moi comme tu peux, mais je t'aime tel que tu es. Et c'est la fonction de trouver la nourriture pour le troupeau qui lui est donnés. Mais dans la Bible, Dieu se dit le berger de ses brebis. Être berger à la façon de Dieu. Is 40: 11 Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras le rassemble. Il porte ses agneaux sur son cœur, il mène au repos les brebis.

 

Pierre a-t-il fait à ce moment-là le rapprochement avec ce feu de braises et ce qui s'est passé la nuit de l'arrestation? Le disciple, certainement. Pierre, pas sûr.

 

18Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »

 

19Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

 

Le texte proposé ce dimanche s'arrête là. J'en fais autant. Il s'arrête avec l'annonce prophétique de la mort de Pierre, la mort sur la croix, comme un esclave. Et avec un ordre: "suis-moi". On sait que Simon ensuite se retourne, voit le disciple aimé, et ne peut s'empêcher de demander ce qui est prévu pour ce dernier. On connait la réponse de Jésus, ça ne te regarde pas. Mais il fera ce que j'ai prévu pour lui.

 

 

 

Temps 2: que nous dit le rédacteur.

 

Une autre lecture, plus centrée sur ce que nous dit aujourd'hui , le rédacteur de ce texte, lui qui termine son livre en disant qu'il y a encore beaucoup de choses que Jésus a faites (avant et après la résurrection)  et que s'il fallait écrire chacune d'elle, le monde entier ne suffirait pas pour contenir tous les livres que l'on écrirait. 

 

Peut-être faut-il dissocier les deux parties assez évidentes de ce récit, à savoir ce que nous appelons la pêche miraculeuse et l'explicitation du rôle de Simon, celui que Jésus a nommé Képhas dès le début de sa vie publique. 

 

La pêche miraculeuse.

 

 1 Rester soudés dans l'adversité. 

 

On ne sait pas très bien ce qu'ils font en Galilée. En théorie, c'est ce que Jésus leur a demandé dans l'évangile de Matthieu, alors que chez Luc, ils doivent rester çà Jérusalem. On a l'impression, qu'ils sont perdus, et que retourner en Galilée, c'est retrouver une certaine sécurité. Simplement, ils restent quand même en petit groupe. Ils sont ensemble. Alors là, on a déjà une indication: quand ça va mal, parfois il est plus prudent de faire un arrêt, de se mettre à l'abri, mais pas tout seul. C'est important de ne pas se terrer dans son coin, de faire le mort. Et de fait, Simon dit ce qu'il veut faire et les autres partent avec lui. Agir ensemble. 

 

 

Le lever du jour et la troisième manifestation de jésus. 

 

-Le lever du jour évoque pour moi le matin de la résurrection, mais dans l'évangile de Jean, ce troisième jour est caractérisé par les ténèbres qui sont encore là, et qui ne seront chassées (et encore) qu'à la fin du jour quand Jésus se manifestera aux 10, puisque Thomas n'est pas là. 

-Le troisième jour dans la bible, c'est le signe de la manifestation de Dieu. L'alliance à l'Horeb a lieu le troisième jour. 

 

Finalement un jour qui semble marqué par le deuil, la tristesse, peut se transformer en jour de joie. Et cela c'est une espérance pour nous.

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3. Se laisser questionner., ne pas résister aux motions.

 

Ils ont passé une nuit sans résultats. Ils rentrent surement dépités, fatigués, mais c'est la loi du lac. Et là, quelqu'un leur demande s'ils ont quelque chose à manger. Manger c'est important, qui est cet homme qui semble leur demander quelque chose. Ils peuvent être tristes de ne rien avoir pour lui.

 

Puis c'est la suggestion: jeter le filet à droite. C'est très précis. Peut-être que c'est incongru, je ne sais pas. Mais quand on ne sait plus à quel saint se vouer, pourquoi pas. Mais ils l'ont fait, et cela c'est important. Je dirai presque que c'est comme une motion de l'Esprit, on peut résister. 

 

4 Comment réagir devant le miracle? Se jeter à l'eau, aller vers. Ne pas avoir peur.

 

Le filet est tellement rempli que sept hommes n'arrivent pas à le tirer. C'est étonnant. Pour l'un d'entre eux, la signification est évidente : c'est le Seigneur. Pour les autres, on ne sait pas, pour Simon, l'impulsif, c'est comme un signal. Aller voir. Et peut-être aussi faire mémoire. Et il y a eu la multiplication des pains, qui lui avait permis d'affirmer que seul Jésus avait les paroles qui donnent la vie éternelle. Seulement entre temps, il y a cette faute, ce reniement. Si c'est le Seigneur, qu'est ce qui va se passer? 

 

On ne sait pas ce qui se passe dans la tête de Simon, mais je crois que le besoin de voir est impératif, même si on ne sait pas. Se jeter à l'eau, c'est accepter de perdre peut-être ses repères, de se mettre un peu en danger, mais aussi de penser. Peut-être aller au-delà de la honte, ne pas regarder son nombril son passé, mais le présent;

 

Se sont-ils dit quelque chose quand Simon arrive? Mais si Simon qui est le patron, se jette à l'eau, c'est qu'il y a urgence pour lui. 

 

5 le feu de braise et le poisson qui est en train de cuire et la demande de Jésus. 

 

On dit toujours que le feu de braise, est là pour rappeler à Simon Pierre un autre feu. Un feu qui brûlait pour réchauffer, un feu qui brûlait dans une nuit froide, sans espoir. Là le feu est comme transformé, il devient feu du repas qui va être partagé. Feu de la présence de celui qui prépare. Et là, j'ai envie de dire que Jésus ne nous en veut pas de nos reniements, de nos errances. Il prépare un feu, un feu où on peut faire brûler ce passé, et se réjouir du présent. Et c'est peut-être ce que nous dit aussi ce "au lever du jour". 

 

6 le repas partagé.

 

Pierre, est certes nommé comme celui qui retourne au bateau, qui le hâle, et qui récupère le filet et les poissons, mais à moins d'être un sur-homme, il ne peut pas faire cela tout seul. Là encore, ce texte dit que pour obéir à ce que Jésus demande, parfois il faut l'aide des frères. Il y a le poisson qui cuisait, il y a le poisson qui cuit, et c'est Jésus, qui prend et qui donne, c'est lui qui fait de nos poissons, de nos pêches autre chose, et cela c'est notre joie.

 

 

-L'institution de Pierre comme berger, et l'annonce d'un certain futur.

 

Je dois reconnaître que curieusement ce passage me pose beaucoup de questions, que je ne suis pas sûre de pouvoir résoudre. Bien sûr, il y a le reniement par trois fois et la triple demande de Jésus, il y a eu le feu de braise. Il y a l'annonce de la mort de Pierre, que le rédacteur a vu se réaliser, mais qui montre aussi, qu'à ce moment-là, Simon-Pierre aime au point de donner sa vie, comme son maître l'a fait. Il est donc passé du "je t'aime bien" au "Je t'aime" ce que l'on ne dit qu'à sa famille de sang. Et cela peut quand même mettre un peu de baume au cœur. Quant à ce qui est dit au sujet de celui qui rapporte ces évènements, que sa fonction est de rendre témoignage autrement, simplement de demeurer jusqu'à ce que jésus revienne, mais on pensait que le retour serait imminent, quoique dans son épître Pierre n'en soit pas si sûr. 

 

Peut-être que ce qui me séduirait dans cette péricope, c'est ce qui se passe entre Jésus et Pierre, quand ce dernier se retourne, voit qu'ils sont suivis par celui qui lors du dernier repas s'était penché sur le cœur de Jésus et lui avait demandé qui serait celui qui le livrerait, et qu'il demande ce qui va advenir pour ce dernier. A quoi Jésus répond, "qu'est-ce que ça peut te faire, ce ne sont pas tes oignons, fiche-moi la paix" et je dois dire que ce Jésus-là, je l'aime. On pourrait presque dire "va te faire voir". 

 

Mais quel est le projet du rédacteur? Nous faire comprendre que même si on n'a pas été à la hauteur, on peut tout à fait, à condition d'aimer à la manière humaine, avec notre pauvre petit cœur imparfait, devenir le berger des agneaux, des petits, des sans défenses; devenir le pasteur des brebis, les diriger, leur montrer le chemin.

 

Peut-être que le grand absent de cette péricope c'est l'Esprit Saint, mais heureusement pour nous Luc viendra à notre secours.

 

 

Un récit

 

Cela faisait presque trois semaines que Jésus leur était apparu par deux fois, à huit jours d'intervalles, mais ils avaient toujours peur, peur des romains, peur des juifs, peur de tout. Et puis à Jérusalem ils se sentaient des intrus, des étrangers. 

 

Les jours avaient passé, l'argent avait fait défaut, ils ne savaient plus que faire. Ils savaient que Jésus était vivant, mais au fond d'eux, ils étaient encore sous le choc de la vision de Jésus, défiguré, sanglant, à bout de souffle sur la croix. Cette image elle était là, et même s'ils avaient vu les trous laissés par les clous, la plaie du côté qui avait déchiré le cœur, devenus des puits de lumière, ils n'y croyaient pas. Et puis Jésus leur avait de s'aimer les uns les autres, mais Judas, ils le haïssaient, Pilate, ils le détestaient. Aimer est ce que c'est possible quand on a mis à mort le Juste? 

 

Le seul qui semblait en paix c'était celui qui était si proche du Maître, celui qui semblait tout comprendre avec un temps d'avance sur les autres. Lui il était dans la Paix, il semblait joyeux. 

 

Quand Pierre avait proposé de rentrer en Galilée, il s'était joint à eux. Eux, c'était Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, Jean et Jacques les fils de Zébédée, Jude et un autre. Ils étaient sept, sept à se serrer les coudes, sept à essayer de reprendre le fil de leur vie.

 

 Simon avait retrouvé sa barque, et ce jour-là il avait décidé de pêcher. Il faut bien vivre. Tous s'étaient embarqués avec lui, mais ils n'avaient rien pris. Le filet était resté désespérément vide. Au petit matin ils s'étaient approchés du rivage et là, un homme leur avait demandé s'ils avaient de quoi manger, ce à quoi ils avaient répondu par la négative. Il leur avait alors dit de jeter le filet à droite . Il émanait de lui une véritable autorité, et puis, il serait bien temps de rentrer ensuite.

Seulement là, le filet s'était rempli, la barque avait même failli chavirer, et il fallait se mettre tous à ramer pour ramener la barque. C'est alors que Jean, ce disciple qui pas comme les autres avait dit à Pierre, que cet homme, c'était surement le Seigneur.

 

Quand Pierre avait entendu cela, personne ne sait ce qui s'est passé dans sa tête, mais il a attrapé une tunique, il s'est jeté à l'eau et il a regagné le rivage comme il a pu. Qu'est ce qui s'est passé dans sa tête? Il est impulsif, ça c'est sûr. Est-ce qu'il voulait être le premier à le voir, à parler avec lui, peut-être à lui expliquer pourquoi ils étaient sur lac et pas à Jérusalem? Ce qui s'est passé personne ne le sait. Mais peut-être que Simon lui a dit qu'il l'aimait… 

 

La barque est arrivée à terre, et en débarquant, les autres ont vu qu'il y avait un feu de braise pas loin de la rive, avec du poisson en train de cuire et des galettes de pain sur des pierres. L'inconnu a demandé que l'on apporte du poisson frais pêché, et ce n'était plus l'inconnu du bord du lac, l'inconnu qui avait donné un ordre insensé, non c'était bien Jésus de Nazareth, leur Jésus, Jésus le ressuscité, Jésus avec un corps autre. 

 

Pierre est allé remonter le filet, mais Jude, Jean et Jacques sont allés avec lui. Le filet était plein de gros poissons, mais les mailles n'étaient pas rompues; ça c'était cadeau, parce que rapetasser un filet ce n'est jamais drôle. 153 poissons avaient été pris. C'était énorme. Cela faisait penser à l'abondance, que Dieu seul est capable de donner. 

 

Jésus avait alors partagé du poisson et du pain; et tous ils avaient mangé, parlé, bu de cette eau de source qui jaillit par endroit. Un peu de temps avait passé. Puis tout à coup il s'était tourné vers Pierre et lui disant Simon Fils de Jean , m'aimes-tu plus que ceux-ci? Nous, nous n'en avons pas cru nos oreilles. Bien sûr qu'il l'aime lui, plus qu'il nous aime nous, qui ne sommes que des compagnons, des amis. Mais Simon ne semblait pas à l'aise quand il lui a dit que oui, il l'aimait bien. Jésus lui a dit alors qu'il serait le berger de ses agneaux. Et cette question il la lui a posée encore deux fois et Pierre était de plus en plus mal à l'aise. Il était même sur le point de pleurer la troisième fois. C'était quand même comme si Jésus lui transmettait sa charge à lui, lui qui avait donné sa vie pour ces hommes et ces femmes qu'il appelait ses brebis et qui avaient reconnu en Lui l'envoyé de Dieu, le Fils de l'homme.

 

Peut-être avait-il pensé à cette funeste soirée où lui, Pierre, lui qui avait dit qu'il donnerait sa vie pour son Maître, peut-être s'était-il demandé le pourquoi de cette insistance. Jésus sait bien qu'il l'aime avec ses pauvres moyens, alors pourquoi trois fois? Jésus lui avait donné ensuite un ordre: le suivre. Et ils étaient partis tous les deux. Peut-être que Jésus voulait lui en dire un peu plus, à lui qui avait désormais cette charge sur les épaules. Ils sont partis, mais le petit, cet homme qui nous posait question parce que lui, il semblait tout comprendre les a suivis,  comme s'il voulait quelque chose. Pierre s'est alors retourné, et a demandé à Jésus, ce qu'il allait advenir pour lui. Peut-être n'avait-il rien compris à ce que Jésus avait dit. Après tout il était encore jeune, il pouvait mettre sa ceinture tout seul et aller où il le voulait. Pourquoi un jour futur quand il serait devenu vieux, serait-il conduit par un autre pour aller là, où il n'aurait pas envie d'aller? 

 

Jésus lui a répondu assez vertement que ça ne le regardait pas et que si Lui, Jésus voulait que ce disciple-là demeure jusqu'à son retour, cela ne le regardait pas. Mais qu'est-ce que Jésus a-t-il voulu dire?  Un jour nous comprendrons, un jour le Défenseur qu'Il nous a promis descendra sur nous et fera de nous ses témoins jusqu'au bout de la terre. Aujourd'hui, restons dans la joie de la présence, et de ce repas qui nous a restauré qui a fait de nous des frères, qui a fait de nous ses frères.

 

 

 

vendredi, avril 25, 2025

Luc 24, 13-33. Luc 24,33-48. Mercredi et Jeudi de la semaine pascale.

 Pèlerins d'Emmaüs devenus pèlerins de Jérusalem.

 

 

Luc 24, 13-32 Mercredi de la semaine pascale. Luc 24, 33-48 Jeudi de la semaine pascale

 

 

J'ai fusionné en un seul récit les deux péricopes rapportées dans le dernier chapitre de l'évangile de Luc.  De ce fait, le récit commencera lorsque Cléophas et son compagnon, repartent à Jérusalem pour raconter ce qu'ils viennent de vivre, mais comme dans le récit précédent, ce ne sera pas un récit à la première personne, qui aurait suivi la trame lucanienne, mais un récit qui se veut un peu autre, qui prend peut-être un peu de distance, mais qui reste fidèle au texte.

 

 

RECIT

 

Ils avaient fait la route inverse, mais cette fois-ci, c'est comme s'ils avaient des ailes. Ils étaient arrivés dans cette grande salle où les disciples étaient restés ensemble depuis la mort de Jésus, cette mort sur la croix, cette mort voulue par les grands-prêtres et les anciens, qui avaient réussi à le faire mettre à mort comme un esclave, comme un brigand. Ils étaient plein de joie. 

 

Ils voulaient leur dire que le Maître était vivant, que les femmes n'avaient pas déliré, qu'ils pouvaient en témoigner. 

 

 Ils voulaient leur raconter qu'ils avaient rencontré un inconnu sur la route qui allait de Jérusalem à Emmaüs, alors qu'ils rentraient chez eux la mort dans l'âme, ne comprenant plus rien, ne comprenant pas pourquoi personne ne s'était levé pour défendre Jésus, ce prophète qui avait fait tant de bien et tant de miracles. Mais après tout, eux aussi avaient pris la fuite quand il avait été arrêté. 

 

Cet inconnu s'était joint à eux. Il leur avait demandé de quoi ils parlaient entre eux. Ils s'étaient étonnés de ce que cet homme ne soit pas au courant de cette mort. Mais lui, il semblait vraiment étonné. Eux ce qui les avait stupéfaits c'est qu'il leur avait dit, comme si cela le peinait profondément, qu'ils étaient des esprits lents à comprendre, des esprits sans intelligence, comme s'il y avait quelque chose à comprendre.  

 

Cela les avait peinés eux, parce que cette mort qui avait tué tous leurs espoirs de libération de Jérusalem, les avait atteints au plus profond de leur cœur.

 

Puis, il avait pris la parole. Il avait parlé, parlé, de telle sorte qu'ils n'avaient plus fait attention au chemin, qu'ils ne sentaient plus la fatigue, qu'ils buvaient ses paroles comme une terre assoiffée. 

 

Il leur avait montré comment toute la Tora, le livre de louanges et les prophètes, tous avaient à leur manière annoncé qu'un messie viendrait, qu'il fallait qu'il souffre ainsi pour entrer dans sa gloire.

 

 Eux, ils sentaient que leur cœur s'allégeait, que peut-être tout n'était pas perdu.

 

 Puis ils étaient arrivés dans leur village. L'homme qui parlait si bien, avait voulu les quitter, mais eux, sentaient bien que ce n'était pas possible. Il était entré chez eux, ils avaient préparé le repas du soir. Il avait regardé autour de lui, aidé à dresser le couvert. Il avait prononcé la bénédiction et rompu le pain. 

 

Alors là, leurs yeux s'étaient comme ouverts. En cet inconnu, ils avaient vu, ils avaient reconnu Jésus. Ce n'était pas l'homme défiguré, mort sur cette croix, ce n'était pas exactement le Jésus d'avant, et pourtant c'était Lui, c'était bien Lui. Les traces des clous on le devinait, elles rayonnaient doucement. Leur cœur était dans l'allégresse, tout prenait sens. Lui, il avait disparu, mais Il vivait dans leur cœur.

 

Aussitôt ils étaient repartis leur annoncer la nouvelle. Les autres avaient eux aussi la même nouvelle à leur annoncer, car le Seigneur avait parlé à Pierre, il était vivant, il était vraiment ressuscité. 

 

Ils se demandaient quand même s'ils n'avaient pas fait la route un peu pour rien, puisque les autres savaient, mais il fallait qu'ils parlent, il fallait qu'ils racontent, il fallait qu'ils transmettent, ils étaient tellement heureux. 

 

Et voilà que maintenant, Jésus était là, présent, parmi eux.

 

Oui, Jésus était là, comme il avait été présent avec eux, présent chez eux. Il les avait salués, mais les autres, contrairement à eux, ils étaient dans la peur. Ils ne comprenaient pas, ils ne comprenaient plus. Ils étaient en fait morts de peur, ils pensaient voir un esprit, un fantôme. 

 

Alors Lui, Il leur avait demandé de le regarder, de le toucher, de constater qu'il avait bien des os, qu'il avait bien une chair. Mais ça ne les rassurait pas vraiment. Il leur a demandé à manger. Il y avait un reste de poisson grillé, il l'avait pris. 

 

Eux, les deux d'Emmaüs,  ils étaient toujours dans la joie, le Maître était là, il était Le Vivant. Ils Le regardaient, Le regardaient comme pour imprimer son visage dans leur cœur.

 

Un peu de temps avait passé, la joie revenait aussi chez les autres

 

Ils avaient entendu Jésus dire presque les mêmes paroles que celles qu'Il leur avait dites sur la route. Qu'il était écrit,  que le Christ souffrirait et qu'Il ressusciterait le troisième jour. Ensuite il leur avait expliqué comme à eux tout ce qui avait été écrit dans les livres saints à son sujet. 

 

Mais il avait ajouté quelque chose d'autre. Il avait dit qu'eux les disciples, eux qui l'avaient vu vivant, eux qui l'avaient touché, ils devaient maintenant témoigner de cela, l'annoncer d'abord à Jérusalem, puis à toutes les nations, pour que tous les hommes entendent et comprennent que le pardon des péchés était pour tous, quelle que soit leur race, à condition qu'ils reconnaissent que Jésus est Seigneur. 

 

Maintenant, leur vie avait un sens. Ils seraient témoins de ce qu'ils avaient vu, de ce qu'ils avaient entendu. Ils seraient eux aussi ses témoins là où ils vivraient, car ce qu'ils venaient de vivre, les avait transformés et la joie qui était en eux, ils se devaient de la transmettre. 

 

 

LE TEXTE

 

J'ai séparé les deux péricopes et j'ai ajouté la finale. 

 

Mercredi de la semaine pascale : Lc 24, 13-34

 

"Mais Lui, ils ne l'ont pas vu".

 

13 Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,

14 et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

15 Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient,

 

Ils étaient deux, deux tristes à en crever. Et pourtant, les femmes avaient dit qu'elles avaient vu la tombe vide et qu'elles avaient eu la vision s'un ange. Mais ça, ils n'en tiennent pas compte. Des femmes, on ne peut pas les croire. Et ils rentrent chez eux, déçus, tristes. Le "s'interrogeait" fait un peu penser à une discussion rabbinique. 

 

Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

 

J'ai changé un peu la structure du texte. J'aime ce Jésus qui "chemine" avec eux, comme son Père le faisait autrefois pour son peuple. Je suis un Dieu qui chemine avait-il dit à David qui voulait lui construire un temple.

 

En soi, ce n'est pas tellement étonnant. Quelle image de Jésus ont-ils? Étaient-ils là au moment de la mise à mort? L'ont-ils vu défiguré? Si c'est le cas et c'est cette image là qu'ils ont de lui, alors impossible de le reconnaître, dans cet homme qu'ils vont prendre pour un étranger. 

 

17 Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. 18 L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

 

Et les voilà qui sont trois. Eux deux et un homme qui les a rattrapés sur leur route. Il taille la bavette et manifestement il a envie de se joindre à eux. Étonnante la question et rudement directe. Comment moi aurai-je réagi? Eux sont de bonne composition. Mais ils sont quand même tellement interloqués qu'ils s'arrêtent dans leur marche et marquent leur étonnement. Comment n'est-il pas au courant?  Comment a-t-il pu ne pas voir, ne pas entendre? 

 

19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :

20 comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

21 Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

 

Et là, il entend lui l'annonce de sa mort, et la responsabilité des chefs dans cette mort, mais aussi leur déception et leur attente. Pourtant il y a l'instance sur le troisième jour, ce troisième jour qui passe. On peut supposer que c'est le début de l'après-midi. 

 

 

22 À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,

23 elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

 

Pourtant, il s'est passé quelque chose, mais voir un tombeau vide c'est une chose, voir un ange c'est une chose, mais pour croire il faut le voir lui, et lui, ils ne l'ont pas vu. Ils sont juste dans l'incompréhension, peut-être dans l'attente de quelque chose. Mais au bout de trois jours….

 

 

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

 

Jésus devient l'interprète. Il n'est plus l'étranger qui n'est au courant de rien, il est celui qui fait comprendre, qui raconte, qui donne du sens à cette mort indigne, nécessaire. 

 

28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

 

Les voilà chez eux, à la maison. Pourquoi ne passerait-il pas la nuit chez eux? Marcher seul sur les routes, ce n'est jamais bon, et il n'a pas dit où il comptait se rendre. 

 

30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

 

Miracle de l'hospitalité, leurs yeux s'ouvrent, ces yeux empêchés de voir, ces yeux qui pour croire ont besoin de de voir. Là ils voient, ils voient dans cet étranger, dans cet inconnu qui parle si bien mais dont ils n'ont pas reconnu la voix, le Seigneur. Car certes c'est Jésus qu'ils voient, mais quel Jésus;

 

32 Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » 

33 À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.

 

Pour moi se lever est toujours signe de résurrection. Eux sont revenus à la vie, la tristesse est partie et la nouvelle ils ne peuvent la garder pour eux. Leur cœur est trop brûlant, il faut faire partager; 

 

Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :

34 « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

35 À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

 

On pourrait presque dire, "et tout ça pour rien" puisque Jésus est apparu à Simon, mais eux, c'est un autre témoignage. Il a marché, Il a parlé, Il a partagé le pain, Il a été leur compagnon.

 

Jeudi de la semaine pascale : Lc 24, 35-48

 

"À vous d’en être les témoins."

 

35 En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs  À Leur tour, ils racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

 

Et les voilà témoins. 

 

36 Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »

37 Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.

 

Il faut dire qu'il y a de quoi. Quelqu'un qu'on sait certes être vivant (enfin plus ou moins) et qui arrive d'un coup. Cela évoque aussi ce que de passe chez Jean. Avec le même Shalom. Cela fait aussi penser mais pas dans cet évangile, à Jésus qui apparaît sur la mer, après la multiplication des pains (Jn 6, Let surtout Mc 6, 49" En le voyant marcher sur la mer, les disciples pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris. 50 Tous, en effet, l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus parla avec eux et leur dit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! "

es 

 

38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?

 

Quelle question. Marie et Zacharie sont bouleversés quand l'ange leur apparait. Mais Jésus pointe quand même le doute qui est là. 

 

39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »

 

Et c'est une invitation à le toucher, mais le font-ils? Cela évoque toujours Jean. C'est intéressant qu'il parle des os. Mais Il va montrer qu'Il est solide. Que les trous , sont là, comme signature, Il est le crucifié, Il est le ressuscité. Il est bien vivant avec un corps de chair et d'os. 

 

40 Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.

 

41 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »

42 Ils lui présentèrent une part de poisson grillé

43 qu’il prit et mangea devant eux.

 

Le commentaire RCF évoquerait un repas partagé, mais là ce n'est pas ce qui est dit. Il mange seul, pour leur prouver qu'il est bien un homme. 

 

Maintenant qu'ils sont rassurés (en théorie), jésus arrive à la phase 2 de son plan si je puis dire : leur permettre de comprendre ce qui est arrivé, ce qui lui est arrivé, le pourquoi. Et c'est là qu'il leur ouvre l'esprit à l'intelligence des écritures. Hier je me disais en entendant les actes que cette ouverture (et le don de l'Esprit) avaient fait de Simon le pêcheur de poissons, Pierre le pêcheur d'hommes. Parce que les écritures, il les maîtrise.

 

 

44 Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

45 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.

 

 

46 Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,

47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

48 À vous d’en être les témoins. »

 

 

Mais cette intelligence des écritures, elle est là dans un but précis, une mission: annoncer que la conversion qui permet de croire en Jésus mort et ressuscité donne le pardon des péchés. Et cela doit être annoncé à Jérusalem et à toutes les nations.

 

 

La fin du chapitre: Luc 24, 49-51

 

"Il se sépara d'eux et il était emporté au ciel".

 

49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis.

Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. »

 

C'est assez étonnant, lui, il est actif, il va faire quelque chose, mais eux, ils doivent être passifs, attendre, demeurer dans la ville. 

 

50 Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit.

51 Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.

 

Toujours très étrange, cet actif : il se sépara d'eux, et le passif: il était emporté vers le ciel. Mais je dois dire que j'aime. Cela é toujours été comme une image de naissance, il se sépare de la matrice des disciples, et il va vers un ailleurs. Son temps est vraiment fini, ici, mais la force qui l'emporte vers le ciel, peut montrer le lien qui se fait entre le ici-bas et le ici-haut. Peut-être que là, tout est accompli.

 

52 Ils se prosternèrent devant lui,

puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.

 

 

S'il est parti, devant qui se prosternent-ils? Cela évoque a minima le départ d'Elie. 

 

53 Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

 

Et les voilà qui sortent, qui n'ont plus peur, et qui louent dans Dieu dans le Temple.

Le  Temple qui pour Luc est le lieu du début et de la fin.