lundi, janvier 14, 2008

"Purification"

Et le printemps refleurira


Il ne s'agit pas d'une réflexion sur la fête de la Purification, mais d'une sorte de mayonnaise de différents composants, qui me permettent aujourd'hui de comprendre enfin comment je peux me représenter ce que l'église appelle le péché. Je comprends certes ce mot, mais il ne fait pas partie de mon vocabulaire. Et comme je l'ai écrit dans de nombreux billets, c'est pour moi un achoppement.

Remplacer péché par impur(eté) me va aujourd'hui infiniment mieux, parce que cela est lié à la nature ontologique de l'humain.

Dans tout le premier testament, et aussi dans les évangiles de guérison, il y a une relation très forte entre péché et impureté et réciproquement. Le péché est la cause de la mort biologique, et la décomposition est tout sauf quelque chose de propre, de pur. 

Celui qui pèche est souvent puni par une maladie visible qui provoque son exclusion de la communauté (cf la lèpre de Myriam dans le livre des nombres, les questions des disciples sur l'aveugle-né dans l'évangile de Jean et du comportement de Jésus qui mange avec des publicains et des prostituées).

Ce lien entre impureté et péché m'a été précieux. 
Je reviens maintenant sur les différents ingrédients de mon cheminement actuel, de ma mayonnaise.   
 
- Le premier vient d'un commentaire trouvé dans les lectures de la semaine dernière sur le baptême de Jésus. L'auteur écrit: Jésus n'avait pas besoin d'être purifié par l'eau du Jourdain, mais c'est Lui qui la purifie. 

Cela pour moi a évoqué l'eau qui sort du temple de Jérusalem après que la Gloire de YHWH soit revenue s'y installer (Ezéchiel) et qui revivifie tout sur son passage, mais aussi la guérison du lépreux, prototype de l'impur, que la main de Jésus purifie, sans que Lui soit contaminé. Quand Jésus touche,Il m'ôte ce qui m'arrime encore et toujours à ma convoitise, à mon idolâtrie. Lui seul est capable de le faire, moi je ne peux pas. Il est le purificateur, mais pas comme les prêtres du 1° testament. D'une certaine manière il me permet de "muer".

- Le deuxième composant est le début du livre d'Isaïe, qui dans le temple rempli de la présence de Dieu dit: "malheur à moi, car je suis un homme aux lèvres impures". 

Je crois que cette impureté là qui est liée à notre humanité (origine animale ou origine glaiseuse) peut brutalement se révéler quand on est saisi par la puissance de ce Dieu peut faire. Là on se ressent comme vraiment impur, pas à la hauteur, avec une sorte de désir de disparaître. Je veux dire que la distance qui apparaît entre nous et notre Dieu est telle que l'on se sent recouvert d'une croûte de choses pas belles, des écailles, des scories, des cendres. C'est peut-être là que la "crainte" du seigneur se déploie enfin .

- La troisième composante vient de la Genèse et plus particulièrement de l'alliance noachique. L'auteur, en donnant l'interdit de consommer le sang fait dire que "le sang c'est l'âme" et que l'âme appartient à Dieu et donc que l'humain ne peut en disposer pour lui.

Cela me pousse à penser que la consécration du pain et du vin est un même geste, scindé en deux. Un peu comme le symbolon grec. Il faut les deux, pour que la présence soit là, ce n'est pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre. Si on reprend le symbole de l'agneau, le corps de l'agneau est nourriture, mais l'agneau sans son âme, sans son sang, n'est que chose inanimée. Le sang versé est un sang qui donne vie, qui donne la vie.

Cette âme (sang versé) c'est aussi l'Esprit. Si on admet que au moment de sa mort, Jésus en rendant son Esprit l'a de fait transmis à l'humanité, on est dans un autre registre.La mort sur la croix est comme une sorte de fécondation de l'espèce humaine qui est lavée de son impureté (mot que je préfère à péché). Il y a bien Salut, en ce sens que l'humain devient capable d'entrer en relation avec Dieu et d'aimer autrement. Il y a là comme une mise au monde d'un autre possible pour l'humain. 
Alors quelle mayonnaise? 
Je crois profondément en mon impureté ce qui pour moi est très différent de péché. je suis un être humain, j'ai une origine de terrien, et de ce fait il y a une distance infinie entre Dieu et moi.
 
A ce stade là, je pourrais imaginer que ce dieu là qui ne supporte pas mes caractéristiques d'incomplétude risque de me balayer de la surface de la terre, mais ceci n'est pas ce que je crois. 

Je crois que son désir à Lui est que la relation soit possible et que je puisse en étant purifiée (ce qui est toujours à renouveler) arriver à contempler sa gloire, même si ce n'est pas dans ce monde ci.

Jésus intervient comme celui qui par le contact de son Esprit répandu sur tous (et pour moi c'est peut-être cela la nouvelle renversante), me purifie si je Le reconnais comme Celui qui peut me toucher et me transformer au plus profond de moi-même.  

Je peux enfin dire en vérité: "Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir (que mon intérieur et mon extérieur soient touchés par le divin que tu es), mais dis une parole (fais sur moi un geste, un regard) et je serai guérie (mon impureté sera ôtée et je pourrais être dans ta joie.     
 
   

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