dimanche, octobre 30, 2011

"Réflexions sur un devenir après la mort"

Une de mes amies qui a perdu son mari il y a un an et qui se trouve dans la période anniversaire de ce décès (et qui d'une certaine manière revit chaque jour ce qui a pu se passer l'an dernier) me disait: "jusque là je l'ai toujours senti présent avec moi, mais maintenant, je ne le sens plus. J'ai -ajoute t elle- entendu dire que les morts doivent oublier tous les liens qui ont rempli leur vie et cela me rend malade, parce que je me sens abandonnée". Cette  phrase "les morts doivent oublier les vivants" m'a posé question, car cela je ne l'avais jamais entendu dire.

Si nous demandons aux "Saints" d'intercéder pour nous, c'est bien que implicitement nous pensons que nos soucis, nos épreuves ont du sens pour eux, et que dans un acte d'amour, ils peuvent demander que ces épreuves nous fortifient au lieu de nous détruire, qu'elles nous fassent progresser dans l'amour. Ils ne sont pas des étrangers à ce que nous vivons, ils restent des compagnons.Je pense aussi que lors du décès d'une personne très importante pour nous, il y a des signes qui nous montrent qu'à leur manière ils sont là. Le livre de Lytta Basset: "Ce lien qui ne meurt jamais", pour ne citer qu'elle, en est un exemple.

Puis en lisant un livre de Tishani Doshi: "le plaisir ne saurait attendre", livre que j'ai beaucoup aimé parce qu'il décrit la vie à Madras en cette fin et début de siècle et qu'il parle de la foi des Jaïns, j'ai lu la phrase suivante qui concerne une personne qui vient de mourir: "elle ôtait tous les habits de l'illusion et s'accrochait au vent pour survoler le samsara - le monde humain et l'extraordinaire tromperie qu'il représentait- jusqu'à la demeure des dieux. Elle retirait toutes les couches accumulées par le karma, la poussière que recouvrait son âme, avant d'entreprendre son dernier pèlerinage. Elle coupait chaque lien, tranchait chaque attachement douloureux, se débarrassait de tous ses souvenirs. Fidèle aux commandements de sa foi, elle partait pour le pays immaculé ou la purification était instantanée".

Cela décrivait bien ce que mon amie avait entendu, mais ce qui est intéressant c'est que là, il s'agit d'un voyage de la personne décédée, d'un travail qu'elle doit faire lors du passage, passage facilité par les prières des vivants, mais qui si réincarnation il y a, permet de ne pas renaître avec des choses à traîner avec soi. Ce travail, peut être que nous le symbolisons par la notion de purgatoire, cette nécessaire purification(purification alors désirée et non pas imposée)  pour être un jour en présence de Celui que j'aime nommer "Le tout Autre".

Je pense, mais cela est très difficile à faire que quand quelqu'un que nous avons aimé (ou pas) est décédé, un service que nous pouvons lui rendre, c'est de le laisser "filer" là où il doit aller (ce que nous ignorons, même si nous parlons spontanément de lumière). Je veux dire par là, qu'il vient un temps (parce qu'il faut du temps) où l'on n'a plus besoin de s'accrocher aux souvenirs et où on peut lui donner le droit de "vivre" pleinement sa nouvelle vie. Un peu comme si nous devions couper la ficelle d'un ballon rempli d'hélium pour qu'il puisse être lâché dans le ciel ou comme si on ouvrait une cage pour que l'oiseau prenne son envol.Je dirai même que c'est le plus bel acte d'amour que nous puissions faire pour celui que nous avons aimé, le rendre libre. Cela ne veut pas dire que nous l'oublions parce que nous en sommes incapables, mais que nous désirons pour lui le meilleur, et si le meilleur doit passer par là, nous sommes prêts à le faire.

Quand Jésus dit à Marie Madeleine: "Ne me retiens pas, je dois aller vers mon Père" je pense qu'il s'agit de cela. C'est nous qui devons couper le lien qui en quelque sorte l'empêche de prendre son envol. Et cela est peut être nécessaire: arriver petit à petit couper la relation qui peut nous unir à quelqu'un (que nous l'ayons aimé ou haï ou les deux) pour qu'il aille là où il doit aller. Peut être que c'est cela que veut dire Jésus quand il dit "laisse les morts ensevelir les morts".

Mais si d'un côté Jésus demande de ne pas le retenir (il est bon pour vous que je m'en aille), il n'en demeure pas moins qu'Il nous a demandé de "faire mémoire de Lui" et ainsi de maintenir sa présence au milieu de nous.

Si nous sommes appelés à faire partie du "corps de Jésus" alors peut être pouvons nous croire que dans l'Au Delà, un certain nombre continuerons à veiller sur les terrestres et ne perdront pas le souvenir de ceux qu'ils ont aimé mais manifesteront leur sollicitude et leur amour d'une manière que nous ne comprendrons que lorsque nous les aurons (ou pas) retrouvé de l'autre côté;

Mais et c'est là où la différence est fondamentale, c'est que Jésus nous dit qu'Il est avec nous tous les jours  donc qu'Il ne nous abandonne pas, et surtout de "faire mémoire de lui". Faire mémoire, c'est ne pas lâcher le souvenir de l'autre, c'est Le faire exister dans le ici et maintenant.

Alors, et c'est peut être là notre foi, si quelqu'un meurt, cela ne fait pas disparaître la présence du Ressuscité , de celui que Paul appelle "le premier né" et en Lui, il est possible de rester dans un autre contact, un autre lien avec celui qui nous a laissé continuer notre chemin sur cette terre;


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