jeudi, septembre 27, 2012

A propos de l'épître aux Galates.



Nous avons terminé la lecture de cette épître qui pour moi est une espèce de brouillon de ce que Paul écrira aux Romains (justification par la foi) mais je ne me souvenais pas que le raisonnement paulinien était aussi tordu. Pardon aux admirateurs de la pensée paulinienne, mais je continue à avoir du mal avec ces raisonnements surement très rabbiniques (partir sur une phrase et la pousser jusqu'au bout de ce qu'elle peut donner) et très impreignés de culture grecque et de rhétorique. 

Je me permets de rappeler à mes lecteurs qui ne sont pas trop familiers des épîtres que d’une part elles sont classées dans la nouveau testament de la plus longue à la plus courte et que l’épître aux Galates est  antérieure à l’épître aux Romains qui serait de fait la dernière lettre écrite pas Paul.  

Paul a annoncé la bonne nouvelle aux Galates (des païens) qui ont donc reçu par le baptême le pardon des péchés et  l’Esprit de Jésus. Normalement il leur est demandé de s'abstenir de ce qui a été souillé par les idoles, des unions illégitimes, des chairs étouffées et su sang (Actes 15, 20). Il n'est pas question de circoncision ni de suivre la loi mosaïque. Ils sont devenus libres. 

Après le départ de Paul d'autres prédicateurs sont venus et eux affirment que la circoncision est nécessaire, ce qui est contraire à la prédication de Paul et qui est pour ce dernier un retour en arrière, un esclavage alors que Jésus est venu pour nous rendre libre, comme YHWH avait jadis libéré son peuple des égyptiens. 


Il est fort possible que cette mesure dans un contexte de persécution contre les chrétiens soit une sorte de protection puisque dans l’empire romain, les juifs (donc ceux qui portent la marque de circoncision) ont le droit de pratiquer leur religion et donc de ne pas reconnaître l’empereur comme un Dieu. 

Or Paul va démontrer que la loi ne sauve pas, que seule la Foi permet d’obtenir le Salut, c’est à dire la vie éternelle. 


Paul est véhément, l'épître renvoie bien à son caractère entier et passionné.. Depuis toujours j’ai aimé petite phrase « Ô Galates sans intelligence qui donc vous a ensorcelé » traduction de la B.J. Cette phrase, pour moi c’est presque du Racine, elle sonne bien, elle interpelle. 

Le fait d’avoir retravaillé ce texte en groupe, m’a permis de garder deux versets qui aujourd’hui sont importants pour moi. 

L’un d’entre eux «  En effet dans le Christ Jésus, ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant par la charité » Gal 5,6 est pour moi fondamental, car cette affirmation montre bien que la foi sans la charité est impensable et que la justification par la foi s’accompagne obligatoirement d’un changement de comportement. 

L’autre verset qu'il s’agit plus de pouvoir le laisser résonner (sans réellement raisonner) « mes petits enfants, vous que j’enfante dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » Gal 4, 19 est pour moi un verset pour la manducation de la parole. S'en empreigner pour qu'il devienne vivant. car la formation du Christ en nous est mystérieuse mais pourtant réelle.

Je reviens au premier verset: Gal 5, 6. Peut –on dire que la Loi (ou du moins la pratique de la Loi)  ne rend pas juste devant Dieu ? Certes quand  dans le Deutéronome au chapitre 7, Moïse reprend l’historique du don la Loi, et c’est bien l’observance de celle ci et des coutumes qui va permettre au peuple de posséder le pays qui lui est destiné, et donc de se multiplier.

Avoir un pays, et se survivre dans ses enfants, est un moyen d’être « éternel », de ne pas disparaître. Et cela lève d’une certaine manière la malédiction de la mort (perte de l’arbre de la Vie dans le Genèse).

Si on prend l’application de la Loi dans ce sens, on peut penser qu’elle ne rend pas juste. Elle permet que Dieu soit source de bénédictions. Seulement au fil des siècles quand on lit les psaumes ou les prophètes, on se rend compte que que la pratique de la Loi forme des hommes qui ont le nom de YHWH au fond de leur cœur, et qui vivent pour et par Lui, alors il me semble que dire que ces hommes ne sont pas justes me paraît un peu réducteur.

Et faut il vraiment mettre sur un même pied les 10 paroles et les 613 prescriptions (coutumes) ? Jésus souvent critique le fait que tout soit mis sur le même pied et quand on lui pose la question du plus grand des commandements, il donne les commandements qui renvoient à la place de YHWH et à celle du frère. Même pour le sabbat il ose dire que le sabbat est fait pour l'homme et que si on peut sauver un homme ce jour là, cela est plus important que le respect de la tradition.

J’ai toujours eu du mal avec les raisonnements pauliniens, et dans ce texte la métaphore qu’il utilise entre la descendance  d’Agar et de Sarah, me laisse perplexe. Maintenant si on fait abstraction de cela, il y a dans cette épître l’amour quasi maternel de Paul que ceux qu’’il a en « engendré » à la Vie, sa souffrance de voir à quel point l’humain est souvent une girouette et le témoignage sur sa propre vie : je suis crucifié pour le monde et le monde est crucifié pour moi.

Je reviens après cette digression à "mon" verset (la foi opérant par la charité).Il montre bien que la foi est indissociable de la charité. Ce n’est pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui seront sauvés, mais ceux qui font la volonté de mon Père, disait Jésus. (Mt 7, 21). Dans l’épitre aux romains Paul insiste sur cette foi qui fut celle d’Abraham, mais aussi nous pouvons nous penser à celle de Marie, à celle de Joseph, et aussi celle de Paul et des apôtres. Ils ont de tout leur être pris en eux la parole qui leur a été adressée, ils l’ont faite leur, ils en ont vécu. Cette parole s'est incarnée en eux et a  bouleversé leur vie, leurs certitudes.

Mais faut il dissocier la foi (confiance) de ce que cela implique car accepter soit de se soumettre à une parole, soit de laisser faire l’Esprit Saint en soi, provoque une autre manière d’être au monde.

Pour nos frères évangéliques, il me semble que le salut est donné si l’on se reconnaît pécheur (donc condamné à ne pas vivre après la mort), et de reconnaître que Jésus qui a donné sa vie pour nous, est le Sauveur. 

Mais il me semble que si cela est la condition nécessaire, elle n’est pas suffisante. Oui, si la foi n’opère pas dans la charité, elle est vaine, comme le clame Saint Jacques dans son épître.

Je ne pense que lorsqu’on a rencontré Jésus sur son chemin et que l’esprit de Jésus est donné, cet esprit qui permet d’aimer comme Lui, il n'est pas possible de continuer à vivre comme on vivait avant cette rencontre.

La concision de la formule paulinienne:  « la foi opérant par la charité », montre bien que ce n’est pas le faire qui compte, surtout quand le faire est coupé de la source, mais la jonction permanente des deux . D’ailleurs n’est ce pas ce qu’on peut retenir de l’épître aux Corinthiens ? Quand j’aurais une foi à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour en moi (si je ne fais pas cela parce que je suis aimé et que j’aime) alors je ne suis rien.

Que Luther ait été finalement converti par cette phrase de l’épitre aux romains, compte tenu de la névrose qui était la sienne  et qui  le poussait à se confesser plusieurs fois par jour tellement il vivait dans la peur de l’enfer, et qu’il ait pu écrire qu’il suffisait de tendre les bras vers Dieu pour Celui ci les tende vers vous (on sort du faire pour être), je peux le comprendre. Mais si la foi n’opère pas dans la charité, il me semble qu’elle est tronquée, amputée.

Je reviens à l’autre verset qui est beaucoup plus contemplatif pour moi. Laisser le Christ se former en nous, se tisser en nous, nous tisser en lui, être son corps et le laisser devenir le notre. Je suis une femme, j’ai eu la chance de porter des enfants, je connais la joie qui vient lorsque les tous premiers mouvements deviennent perceptibles (il n’y avait pas d ‘échographie de mon temps) et je sais qu’il faut du temps pour que la vie se laisse sentir en soi. Je sais aussi que cette perception de cette vie nouvelle en soi, est une merveille qui fait de vous quelqu’un d’autre. 

Se dire que Dieu qui est le Tout Puissant, accepte que chacun d’entre nous puisse en lui donnant en quelque sorte son corps devenir un corps pour Lui est quelque chose d’extraordinaire. Si le juste est celui fait confiance à la parole, n’est il pas étonnant que Dieu nous fasse finalement suffisamment confiance pour nous permettre de devenir son corps à Lui qui est Esprit ?

Que d’une certaine manière, Christ soit tissé en nous, que nous l’enfantions si nous nous laissons 
enfanter par Lui, n’est ce pas une merveille ?

Peut être il important de penser aux personnes rencontrées au cours de notre vie et qui ont permis que cela soit rendu possible et de leur dire merci pour ce travail d'enfantement qu'elles ont fait.  Comme le dit le psalmiste : « Je te rends grâce pour tant de merveilles, prodige que je suis, merveille que tes œuvres » Ps 139, 14

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