samedi, juin 13, 2009

Il y avait longtemps.


Il y avait longtemps que je n'avais pas eu d'idées curieuses. En écoutant jeudi 11 Juin, pour la fête de saint Barnabé l'évangile Mathieu 10, 9-11,

"Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez chez lui jusqu'à votre départ.
En entrant dans la maison, saluez ceux qui l'habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle.
Si elle n'en est pas digne, que votre paix retourne vers vous".

J'ai entendu le mot "digne"; Choisissez une maison digne de vous accueillir, ce qui peut vouloir dire que pour Jésus ceux qui sont ses messagers, ses annonceurs sont remplis de Lui et qu'il faut donc une maison qui reconnaisse que c'est un honneur que d'accueillir ces personnes qui le représentent.

Alors naturellement j'ai pensé à la phrase que nous répétons à chaque eucharistie: "je ne suis pas digne" et j'avais un peu l'impression -pardonnez moi- d'un marchandage oriental. Je suis déclarée heureuse parce que je participe au festin qui me donne des aujourd'hui la vie éternelle, et moi, je me rétracte en disant: "mais non mais non, je n'ai pas le droit d'être là. Je ne suis qu'un pauvre petit ver de terre". Et Le seigneur s'il respecte la règle du jeu, devrait dire, "mais si mais si", tu es digne. Et moi je devrais reprendre... En fait j'avais aussi en tête le marchandage auquel se livre Abraham pour obtenir un morceau de terre qui lui appartienne pour enterrer son épouse, c'est à dire une manière de penser et d'agir qui est différente de la mienne.

Tout ça pour dire que je ne crois pas que le mot digne soit un bon mot. SI finalement on utilise la phrase prononcée par le centurion c'est beaucoup plus par sa finale: dis une parole et mon serviteur sera guéri.Un des problèmes que j'ai avec cette phrase, c'est que je connaissais une jeune fille qui était IMC (infirme moteur cérébral) et qui avait une main recroquevillée, qu'elle cachait en permanence. Et quand elle parlait de cette main elle disait"ma main est pourrite" alors souvent je me surprends à dire:"guéritte";

Autre dérive.

aujourd'hui, lecture du chapitre 24 du livre de l'exode: l'alliance au Sinaï. D'une part je compatis à ces jeunes gens qui sont censés égorger des taureaux, car je doute que ces bêtes se laissent faire si facilement que cela et je me demande si au sang des taureaux il n'y a pas un autre sang qui se mêle. Ensuite il y a Moïse qui asperge le peuple avec le sang et au fond de moi, ça dit berk.

Et du coup, je me dis que Jésus qui lui faire ingérer (boire le vin qui est symbole de son sang) a une approche très différente. il ne s'agit plus de faire alliance avec un geste extérieur, mais avec quelque chose qui engage de l'intérieur, car incorporer, c'est mettre en soi, c'est mettre au dedans pour que le dedans soit transformer et là il s'agit bien d'une nouvelle alliance. Il ne s'agit plus de faire alliance pour être protéger par dieu, mais de faire alliance pour devenir un avec.

Quant à la troisième dérive elle est bien pire. C'est la réconciliation. Dans l'évangile de Marc qui a été lu aujourd'hui, il est dit: « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. Bien entendu quand on connaît le 4° chant du serviteur en Isaïe 53, on ne pas penser au rachat. Mais dans ce texte il est question du sang répandu (comme du souffle répandu dans l'évangile de Jean quand jésus remet son esprit) et pour moi au delà du marchandage de la réconciliation. Il y a quelque chose d'universel, d'immense, de gratuit. il y a une voie qui se crée, un chemin qui s'ouvre parce que Jésus se donne entièrement et ne garde rien pour lui. Alors le sang féconde l'univers et l'homme trouve en Jésus et par jésus véritable relation avec Dieu. .

Je ne peux m'empêcher de penser et de croire qu'un Dieu qui se dit être Amour (même si nous sommes loin de comprendre ce que peut-être l'amour pour Dieu) ne doit pas être suffisamment stupide pour désirer écraser et éliminer cet être qu'il a laissé advenir dans l'univers que nous connaissons. Bien entendu Il a ce pouvoir ou du moins nous aimons à le croire. Que Jésus soit aussi celui qui vient en nous libérant du mal vient nous sauver de cette menace, pourquoi pas. Mais l'important est bien cette délivrance du mal (dernière demande du Notre Père, donc pour moi la plus importante) et que du coup nous puissions suivre le chemin qu'Il nous montre et qui est celui qui permet comme le dit Paul de Le laisser vivre en nous pour que nous devenions LUI et entrer dans l'amour.





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