lundi, juin 15, 2009

Additif ou rectificatif, les pleins et les déliés.




Dans le dernier billet où je parle de la phrase que nous prononçons en nous frappant la poitrine en signe de je ne sais pas trop quoi, disons d'humilité, avant de "devenir ce que nous recevons", c'est à dire le corps du Christ poussera peut-être certains à me taxer taxer d'un grand orgueil ou d'un sacré manque d'humilité.

Or je suis tout à fait consciente de la "distance" qui existe entre moi et le Tout Autre. La vision du prophète Isaïe au chapitre 6:"je suis un homme aux lèvres souillées", je peux la faire mienne surtout quand je me rends compte à quel point il est facile de juger l'autre simplement sur des présomptions ou parfois sur un simple regard. Qu'il est difficile parfois de voir en l'autre un frère ou une soeur en Christ surtout quand physiquement on ne le trouve pas beau du tout ou quand on n'apprécie pas sa manière d'être.

Je suis tout à fait consciente de toutes ces scories qui sont en moi et qui obstruent la source de Vie qui m'a été donnée. Mais comme je me sais incapable de me changer moi, alors je demande à L'esprit saint, celui qui transforme le rigide en souple, le brûlant en rafraîchissant, d'accomplir ce travail de titan. Du coup, je ne m'en veux pas, la seule chose dont je pourrais m'en vouloir serait de manquer de foi pour demander ces changements.

Il y a un certain temps de cela, j'ai eu la conviction (certitude) que lorsque je participais à l'eucharistie, d'une certaine manière en arrivant je revêtais un vêtement blanc, le vêtement de celui qui est invité à entrer dans la joie. Que cette vêture était un cadeau et qu'elle me permettait aussi de me décentrer de moi pour être dans le mouvement et la présence de ce qui se passait ici dans telle ou telle église.

Et si je suis invitée à entrer et à demeurer avec quelqu'un, ce n'est pas pour me frapper la poitrine en signe de deuil.

Oui je suis heureuse d'être là, oui, j'ai faim et soif de celui qui donne la vie et si je désire faire un avec Lui ce n'est pas pour ma battre la coulpe. Le Seigneur est venu pour la multitude, Il sait que poussière je suis, et Il sait aussi que son Esprit me rend un peu plus vivante de Sa vie.

Et ceci me conduit parler d'une expérience qui a été importante pour moi, et que je nomme mon expérience des "pleins et des déliés".

Je suis d'une génération où l'on apprenait à écrire avec un porte plume, des plumes sergent-major, et de l'encre violette. Etant gauchère, l'écriture n'était pas quelque chose de facile pour moi et j'ai longtemps béni le "corrector" qui permettait de faire disparaître les pâtés. J'avais de très mauvaises notes en écriture et une position des doigts très crispée sur le porte plume.

Il m'a fallu pour écrire correctement les majuscules, apprendre à faire les "pleins et les déliés". J'en ai essayé des plumes pour essayer de faire quelque chose de correct, mais je dois dire sans beaucoup de succès et j'ai béni l'apparition des premiers bics.

En principe délier s'oppose à lier et c'est Christ qui délie l'homme de ses péchés qui pèsent sur lui et qui ne lui permettent pas la relation à Dieu. C'est la notion de déliaison qui fonctionne dans cette approche est un allégement, une libération. Cette déliaison n'a rien à voir avec celle dont parle la psychanalyse où les forces de déliaisons sont des forces de mort qui s'opposent à pulsion de vie.

La déliaison du poids du mal qui nous entrave, permet au contraire à la pulsion de vie de reprendre ses droits, d'être libérée.

Or quand on maîtrise bien la technique de l'écriture à la plume, la main devient adroite, elle s'allège, elle dirige le trait, elle elle devient capable de faire du beau. Il y a bien une déliaison qui se fait au niveau du geste au niveau du contrôle du geste. La main prend une certaine autonomie, une liberté.On acquiert un geste délié.

Cette liberté je l'ai ressentie au niveau du regard, dans une manière nouvelle de regarder une piste de ski. Je me suis rendue compte que je pouvais la regarder "autrement" avec un un regard plus vaste,plus large ce qui me permettait l'aborder autrement. J'ai ressenti alors en moi cet allégement du regard. Mon regard d'une certaine manière sortait de ses habitudes, il était autre, il s'était délié.

On parle beaucoup de changement de cadre en psychologie de la communication. Là cela s'était fait tout seul (peut-être aussi que ma manière de skier est plus souple) et il m'a semble que cette nouvelle acuité, allait aussi fonctionner dans ma vie spirituelle.

Ce qui est étonnant c'est que depuis que j'ai publié le billet où je manque d'humilité, je ressens une immense envie de rire quand je prononce cette phrase et que je suis joyeuse; ce qui est normalement l'attitude de celui qui va partager un repas de fête. Alors j'espère que je n'ai peut-être "pas si faux que cela".

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