mercredi, septembre 08, 2010

"Vous dites nous voyons et votre péché demeure" Jn 9,41









Les synonymes du mot acuité (qui définit le degré de sensibilité des  sens) sont:
clairvoyancedélicatessefinesseintelligenceintensitéjustesse,pénétrationperspicacité
sagacitésensibilitévivacité.


J'aime beaucoup ce mot, car il me renvoie à une capacité qui existe en nous, mais qu'il est 
nécessaire de développer pour apprendre à utiliser ses sens autrement.


L'acuité visuelle qui permet de mieux distinguer certains détails me renvoie aussi à une 
acuité spirituelle. Je veux dire que cette acuité là permet de poser sur l'autre un regard qui est différent du voir, du regarder. 

Il y  a un regard sur l'autre qui est différent du voir, du regarder. Pour apprendre à regarder autrement, il est pour moi nécessaire de se déprendre d'un savoir (qui mène à un jugement) et qui parfois fausse complètement le regard et en fait l'obscurcir. C'est ce que Jésus dit aux pharisiens: votre savoir dont vous faites un Dieu vous obscurcit le regard.


Le savoir est rassurant. On a souvent travaillé dur pour l'acquérir alors il faut bien qu'il serve. Mais je suis souvent frappé de lire dans des témoignages comment le supposé savoir (qui est souvent un placage) peut être mortifère pour celui qui est confronté à une parole qui tue au lieu de donner la vie.


 Il est difficile de se déprendre de la théorie, de voir ce qu'elle peut avoir de pervers, de nocif et même de variable (et il est vrai que beaucoup de notions qui m'ont été enseignées doivent être révisées aujourd'hui: l'autisme n'est pas la conséquence d'une mauvaise relation mère enfant, la dissociation peut avoir une valeur positive etc, etc).Une théorie n'est jamais définitive, elle est une aide à un moment donné, mais s'y accrocher envers et contre tout mène à la cécité: "vous dites nous savons et votre péché demeure".

Or parfois pour voir, pour être un voyant il faut être aveugle, ou avoir perdu la vue (je pense à Tirésias). Je crois aujourd'hui que pour voir l'autre autrement, il faut quelque part accepter de perdre la vision habituelle et la confiance que l'on peut avoir en elle.

Quelque chose doit mourir pour que autre chose puisse advenir. Si le grain de blé ne meurt dit Jésus. Mais accepter de mourir à soi même n'est pas facile, même si cela doit déboucher sur un plus.

Ce désir de l'acuité qu'elle soit auditive ou visuelle ne peut se réaliser pour moi que si aujourd'hui j'accepte de ne plus voir, de ne plus entendre, mais d'être guidée par un autre murmure, une autre vision, plus précisément par l'Esprit Saint avec en prime la force d'accepter de mourir à moi même.









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