mardi, septembre 28, 2010

Judas






Au cours d’une célébration de semaine où on lisait l’évangile de Luc, les versets suivants (Luc  9, 1-2)  « Jésus convoqua les Douze, et il leur donna pouvoir et autorité pour dominer tous les esprits mauvais et guérir les maladies ; 
il les envoya proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons » m’ont posé question par rapport à Judas.


Je m’explique : je me suis demandée qu’est ce qui pu arriver à cet apôtre qui a reçu un tel pouvoir pour que la confiance se perde, pour qu’il se détourne de celui qui un jour l’a regardé, appelé, choisi comme disciple puis comme apôtre, car Juda est l’un des douze, un de ceux qui sont là depuis le tout début.


 Par ailleurs dans son livre « Paroles pour chacun » E. Cuvilier rappelle que Judas a livré Jésus et non trahi (ce mot n'est pas dans les évangiles)  et que le Jésus qu’il a livré était en fait le Jésus non conforme à son imaginaire. Or là nous pouvons nous y reconnaître. Combien de fois avons nous envie (ou même plus que cela) de laisser tomber ce Dieu qui ne répond pas à nos demandes, qui n’est pas conforme à l’image que nous nous sommes fait de Lui. Je crois d’ailleurs très profondément que ce que l’on appelait autrefois « les crises de foi » sont nécessaires (même si elles doivent durer des années) pour nous déprendre d’un Dieu que nous avons nous crée à notre image et à notre ressemblance.


Je suis aujourd’hui incapable de dire d’où vient mon questionnement sur Judas.
  
Au fond de moi je me dis que si j’avais reçu le pouvoir de soulager définitivement les personnes qui sont en souffrance je n’aurais pas pu me détacher de la source, mais est ce si sûr ?


Alors je livre un peu en vrac des questions…


Est ce que ce qui suit dans l’évangile de Luc à partir de ce chapitre 9, à savoir les annonces de la souffrance, de la passion et de la résurrection ont fait que ce pouvoir n’était rien si le Maître ne chassait pas les Romains et ne renversait pas la situation politique et finissait comme un propre à rien ? A quoi ça sert... Déception ?


Est ce le fait qu’il n’était pas dans le groupe des trois, des préférés : Pierre, Jacques et Jean ? Jalousie ? Comment lui Judas se sentait il avec ce « disciple que Jésus aimait » ? Se sentait il désaimé ? Car l’auteur du quatrième évangile ne lui fait pas de cadeau : c’était un voleur écrira t il..S'est il senti trahi par Jésus, lui qui l'avait suivi dès le début? 


Etait ce le fait que ce pouvoir de guérir ne marchait pas à tous les coup ? Faisait il partie de ceux qui ont essayé de guérir sans succès l’enfant épileptique ? Doute ?


Etait ce le fait de s’occuper des finances ? Est ce qu’il se serait senti visé par la parabole de l’intendant qui doit rendre sa gérance parce qu’il se sert de l’argent de son maître ? L’argent serait il devenu plus important pour lui. Si on admet que Iscariote veut dire peut être sicaire (porteur de poignard donc zélote alors peut être peut on penser que l’argent aurait servi à acheter des armes ? Humiliation ?


Est ce le fait que Jésus était tout sauf commode et qu’on imagine mal Judas allant voir Jésus et lui faisant part de ses états d’âme. Car Jésus est brutal avec des apôtres ; ne traite il pas Pierre de Satan ? Ne doit-on pas marcher derrière lui. Quand il réprimande Jacques et Jean qui veulent faire tomber la foudre sur un village Samaritain, on peut supposer qu’Il n’a pas dû faire dans la dentelle pour les dissuader. Là encore la même question : Il ne va mettre les Romains dehors. Alors Judas a t il comme Jérémie pensé "tu m'as séduit et je me suis laissé séduire, mais tu as été comme des eaux trompeuses..."Il est alors possible d'imaginer la souffrance de cet homme.
   
Qu’est ce qui s’est passé le soir du jeudi saint ? Est ce que le lavement des pieds a été le geste que Jésus n’aurait pas du faire ? Lui le maître faire l’esclave ? Pouvait il encore lui faire confiance ? Et puis peut être la peur de ce qui allait se passer. Et si les  prêtres et les anciens allaient s’en prendre à eux puisque de toutes les manières le sort de Jésus semblait scellé, inéluctable ? Alors il y a une peur insidieuse de devient de plus en plus forte. L’argent permettra de survivre après. Bien sûr l’argent cela colle aux écrits prophétiques, mais si Judas l’a demandé c’est bien que cela devait lui servir. 
Nous avons la chance d’être dans un pays où il n’y a pas de persécutions religieuses mais que ferions ailleurs ?
Ces interrogations là ne sont pas aussi les nôtres de temps en temps ?

Alors d’une certaine manière on peut dire (je peux dire) que Judas est une sorte de miroir de nos doutes de nos interrogations. Et même s’il avait reçu le pouvoir sur les Esprits mauvais (qui n’auraient pas du faire de lui leur maison) il n’en demeure pas moins que ses frères n’ont compris le sens de la mort de Jésus qu’après avoir reçu l’Esprit Saint.


Je voudrais aussi revenir sur la mort de Judas, car il a eu deux fins possibles. L’une que l’on retient est la mort par pendaison (Matthieu), l’autre est une mort peu glorieuse (Luc, actes des Apôtres) où son corps se serait en quelque sorte fendu (comme s’il avait reçu un coup d’épée) et se serait répandu sur le sol. Cette mort est   semblable à celle du roi Hérode le Grand qui d’une certaine manière « crève » de l’intérieur. C’est le sort réservé aux impies et c’est un moyen de stigmatiser Judas qui de juste (choisi) est devenu impie et qui peut être n’a pas dû profiter su salut donné à tous les hommes par la mort sur la croix.


Pour en revenir à l’évangile de Matthieu, il est étonnant de voir toute la place accordée à cet épisode : la discussion des prêtres pour savoir ce qu’il faut faire avec l’argent rendu par Judas, comme s’ils n’avaient que ça à faire dans cette journée où ils devaient trouver des arguments pour que les romains condamnent Jésus. Mt 27,3-10.


Maintenant se pose la question de ce suicide. Pour Mathieu la mort par pendaison est en quelque sorte programmée dans l’écriture ; « malheur à celui qui pend au bois de l’arbre ». Elle en quelque sorte le pendant de la mort de Jésus. Mais la mort de Jésus donne la vie et l’arbre de la croix devient source, et cela Judas n’a pas eu le temps de le comprendre.


Et puis je me demande  pourquoi Pierre qui avait une épée ne lui a t il pas foncé dans le lard lors de l’arrestation ? Pourquoi trancher l’oreille d’un pauvre diable,  alors que le mauvais c’est quand même Judas ?

Pourquoi ne pas imaginer que les yeux de Judas se sont ouverts, qu’après ce baiser qui a été un contact physique avec Jésus (et il suffit de toucher la frange de son manteau pour être guéri) . A-t-il compris que celui que malgré tout son cœur aime, va mourir et que rien ne peut empêcher cela ? Ce qu’il a fait est un échec (même si cela accomplit les écritures). Je crois pour ma part que bien souvent le suicide est la seule réponse possible a une souffrance trop grande et j’espère que c’est cela qui a poussé Judas à cet acte et que comme le bon larron il s’est retrouvé au Paradis .
En fait qui sommes nous pour juger Judas comme pour juger ceux qui ont mis à mort Jésus ?


Curieusement aujourd’hui un judas est un œilleton qui permet de voir ce qui se passe dehors sans être vu. Un  judas cela nous protège. De quoi Judas nous a t il protégé ? Peut-être de nous croire à l’abri de la tentation alors qu’elle est toujours là.

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