dimanche, avril 24, 2011

"Se pardonner à soi-même"

"Refaire surface"

Faire le deuil de soi? 
Est ce que le fait de dire «Je te demande pardon » permet de refaire surface?

J’ai regardé les deux premiers épisodes de la nouvelle série Docteur House et je dois dire que depuis je me pose des questions sur la question du pardon. Est ce que le fait de dire : je te demande pardon, je reconnais que j’ai fait quelque chose de mal permet vraiment de ne plus se sentir coupable, de repartir dans la vie débarrassé de ce poids et d’être « debout » ? C’est une question qui s’est posée à moi après avoir regardé le deuxième épisode.


Je résume ce que j’ai retenu : il s’agit là d’un travail thérapeutique entre House et le psy responsable du service dans lequel House se retrouve et qui arrive dans un premier temps à lui faire dire qu’il veut être heureux et qu’il en a assez de saborder tout ce qui pourrait être bon pour lui. En soi le simple fait que House passe de l'opposition à une certaine obéissance, qu'il devienne capable d'ouvrir son oreille à un autre que lui est déjà une victoire. C'est si facile de fermer son oreille à l'autre et de se prendre pour celui qui sait. 


Puis dans le déroulement de l’épisode, House provoque en grande partie par orgueil mais aussi par désir de bien faire un accident qui aurait pu tuer un résident de l’hôpital. Quand cette personne retourne dans le service psychiatrique, House va essayer de « réparer » or le psy va lui dire de demander simplement  « pardon » ce qui  paraît à House (un peu comme un tout à chacun ) un peu simpliste, un peu absurde. 


Il lui explique alors que qu’il n’est pas Dieu et qu’il ne vit pas dans un monde où il peut annuler ce qui a été fait. Au passage on lui fait comprendre qu’une certaine gentillesse qui est une forme de réparation n’est pas bonne parce qu’elle maintient dans la culpabilité et ne permet pas de tourner la page.


Bien sûr parce que l’Amérique c’est l’Amérique, House en récupérant « une boîte à voix » qui est en fait une boîte à musique  et en la donnant à la personnne qui est en morceaux et qui ne parle plus,  va en posant l’acte « vocal » du pardon permettre de profondes modifications pour certains personnages de l ‘épisode,

Certes dans un premier temps le fait de dire « je te demande pardon » ne rend pas la parole, mais par la suite comme si quelque chose avait été mis en mouvement chez ce patient qui ne bouge plus, la parole va revenir. Et il est fort possible que ce soit ces changements qui permettent à House de devenir un vivant. 


Articuler le pardon (le dire à haute voix et devant des tiers) , c’est aussi reconnaître que l’autre a le droit d’accepter ou de refuser, c’est reconnaître qu’une erreur a été faite, mais c’est aussi dire que le regard posé sur l’agressé va changer. Peut être que ce n’est plus le considérer comme  "sa"   victime mais comme "une" victime et de ce fait poser un autre regard sur lui, supposer aussi que l’autre après tout peut « pardonner », même si cela semble presque impensable. Mais c’est arrêter de penser à la place de l’autre.


J’ai lu récemment un commentaire sur « prendre sa croix » avec une insistance sur le mot prendre. Il ne s’agit pas d’être passif, écrasé, mais debout et actif, donc vivant. Ce qui est proposé par le psy (mais qui ne peut se réaliser que parce que la confiance a pu s’établir entre ces deux hommes, parce qu’une relation de dominant/dominé a déjà pu se modifier) c’est bien de vivre et de ne pas être un mort vivant (comme l’autre sur son fauteuil) parce que cela ne sert finalement à rien.

Que le but d’un psy (d’un thérapeute) soit à un moment donné, de permettre à son patient de vivre le mieux possible, de cesser de se détruire, certes oui. Mais est ce qu’il suffit de demander pardon pour que le deuil de l’acte soit réalisé?


 Ce qui semble proposé ici c’est de ne plus se laisser plomber par cet acte dans la vie de tous les jours, c’est  aussi (et c’est peut être cela l’important) se reconnaître faillible, faible, mais de ne pas s’en sentir coupable.Autrement dit ce qui est proposé là en disant les mots à haute voix c’est de faire le deuil d’une certaine image de soi, image qui est celle de quelqu’un finalement de tout puissant.


On parle beaucoup de vertus thérapeutiques du pardon dans les groupes de personnes victimes, mais même si on fait une distinction entre lâcher prise et pardon, même si effectivement le pardon donné à son agresseur peut permettre de vivre enfin sans traîner un fardeau, c’est un acte qui reste difficile, car il s’agit aussi de laisser de côté définitivement tout ce qui est de l’ordre du ressentiment, du pourquoi, de l'incompréhension et finalement de pouvoir regarder l’agresseur comme quelqu’un avec lequel on n’a plus rien à voir. 


C’est être libéré de lui et cette libération là pour moi est de l’ordre autant du spirituel que du travail psychologique.


Ici, pour en revenir à ce que je crois avoir compris, il l s’agit d’une certaine manière de se mettre du côté du responsable (de l’agresseur, même s’il s’agit d’un acte involontaire qui aurait pu demander réparation au niveau de la justice) et de voir comment l’aider lui à s’en sortir. D’ailleurs le simple terme « s’en sortir » montre bien qu’il s’agit de ne pas demeurer sur place, de faire un chemin d’aller vers un ailleurs. 
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Peut-être qu’un certain discours religieux insiste trop sur la faute en elle-même, et pas assez sur la nécessité de se reconnaître dans sa finitude, dans sa limite. La phrase de Paul  (Rm7,15): «  Je ne fais pas le bien que je veux mais le mal que je hais » nous pouvons tous la prendre à notre compte. L’important serait de reconnaître que cela c’est notre condition humaine et que seul l’Esprit Saint donné en abondance par Jésus peut permettre d’en sortir ou du moins de lâcher une culpabilité trop souvent mortifère.

 En ce temps de Pâques, je dirais bien que c’est ce chemin là qui est proposé à tous les humains, redevenir (ou devenir) vivant, ouvrir tout grand tous ses sens au grand vent de l'Esprit.




2 commentaires:

Auteure obligatoirement anonyme a dit…

En fait, dans le dédale des épisodes, celui-ci n'a rien de nouveau, par internet on en est déjà à la saison suivante, on ne sait même plus et l'a-t-on su ? pourquoi Dr House souffre, sa jambe et autre chose certainement. Ce que l'on voit à chaque épisode c'est que ce type insupportable mais génial sauve des vies. Comme il nous est difficilement supportable de le supporter, de temps à autre, on nous met un épisode où il retrouve figure humaine, on aborde le pardon. Ainsi, tout rentre dans l'ordre social avec un peu de résilience pour ce Lundi de Pâques, c'est pas mal. Bonnes Pâques et au prochain épisode !

Giboulee, a dit…

En fait ce qui moi m'intéresse c'est quel message fait on passer à tous ces addicts du feuilleton. Car bien souvent ces séries servent de support.

Or si la question des troubles post traumatiques est parfois abordée, celle de l'inceste l'est souvent, c'est la première fois que j'entends quelque chose pour l'agresseur.

Merci de ce commentaire.


Demain prochain épisode, aura t il vraiment changé? Donc à suivre.