lundi, novembre 09, 2020

Jn 2 , 13-22. Les vendeurs chassés du Temple.

Dans l'évangile de Jean, cet épisode se trouve dès le début, contrairement aux synoptiques où Jésus n'arrive à Jérusalem qu'à la fin de son séjour terrestre. Peut-être que, d'emblée, l'évangéliste veut nous faire comprendre que Jésus est la brebis qui donnera sa vie, mais aussi que beaucoup de choses se sont éclairées après la résurrection. J'ai voulu faire parler celui qui s'appelle "le disciple bien-aimé", car il a une compréhension très fine de ce qui se passe.



Jean, le disciple bien-aimé, raconte


Je me souviens… Nous l'avons rencontré sur les bords du Jourdain, là où Jean baptisait; et là, il avait reçu aussi le baptême. Mais il n'était pas parti, il était resté là, tout près. Le Baptiseur avait dit de lui qu'il était l'agneau de Dieu, celui qui enlève les péchés du monde, mais nous n'avions pas compris. Enfin juste un peu. Et puis nous l'avons suivi, pour apprendre à le connaître. Au début nous étions juste cinq, cinq comme les doigts de la main. Il y avait Pierre et André, Nathanaël, Philippe et moi. 

 

Nous avons vécu un peu avec lui en Galilée et nous avons vu quelque chose de peu commun: un jour de noces, à Cana, il avait transformé de l'eau en vin. Oui, il l'avait fait. Puis comme la Pâque approchait, nous sommes montés à Jérusalem. Et là, c'est bien autre chose qui s'est passé. 

 

Quand nous sommes entrés dans le Temple, nous avons trouvé un véritable marché. Cela c'était une idée des prêtres, pour se faire de l'argent. Normalement les animaux ne sont pas vendus là, mais plus loin et ils sont payés avec la monnaie romaine. Là, ils sont payés avec la monnaie du temple et bien sûr les changeurs de monnaie se font (pardonnez moi l'expression) du blé sur le dos de l'acheteur. Et là, moi qui aime bien regarder, j'ai vu son visage changer, devenir comme le dit le prophète Isaïe dur comme de la pierre, et rempli de colère, mais aussi de tristesse.

 

Il s'est fait un fouet avec des cordes, et il a été pris d'une sorte de sainte colère, un peu comme celle du prêtre Pinhas. Il a tout balancé, les étals, les bêtes, la monnaie. Sauf que lui, il n'a tué personne. Et ça a fait un sacré charivari, toutes ces bêtes qui partaient dans tous les sens, et les vendeurs qui hurlaient après lui, qui couraient dans tous les sens. Les seuls qui ont échappé à sa colère, ce sont les vendeurs de colombes, à croire qu'il se souvenait que des colombes avaient été sacrifiées pour lui quand il était tout petit. A eux, il a dit sur un ton très triste qu'ils ne devaient pas faire de la maison de son père, une maison de commerce. Et moi, dans ce mot, commerce, j'entendais presque prostitution. 

 

A le voir comme cela, en moi résonnait une parole du grand psaume, le psaume que nous chantons à chaque Sabbat: "On a oublié ta parole, le zèle pour ta maison me dévore". Mais ce qui m'avait étonné, c'est qu'il avait appelé le Temple la Maison non pas du Très Haut, béni soit-il , mais de son Père. 

 

Bien sûr les pharisiens sont arrivés et lui ont demandé de quel droit il avait fait ça (moi je dirais foutu un tel bazar) et de montrer un signe. Un signe, mais le signe ils l'avaient. Sauf qu'il leur a répondu avec une de ces phrases dont il a le secret; il leur a dit: "Détruisez ce Temple et moi je le relèverai en trois jours".


Relever… cela pour moi évoquait un retour à la vie. Trois jours, comme le temps qu'il avait fallu pour que Dieu montre sa Gloire au moment de l'Exode. Je suis sûr qu'il disait quelque chose de lui, de ce qui se passerait; parce qu'avec lui, rien n'est laissé au hasard. 

 

Sauf que bien sûr les autres lui ont plus ou moins ri au nez. Comment pouvait-il relever un temple qui avait demandé 46 ans pour être construit? Des incompréhensions entre lui et eux, à mon avis ça ne faisait que commencer; et les connaissant, je pensais bien que ça finirait mal et qu'il y laisserait sa peau.

 

Mais là, ils sont partis et le Maître a guéri beaucoup de malades, et donné de l'espoir à ceux qui l'écoutaient, mais je savais bien qu'il ne leur faisait pas trop confiance, parce que c'est facile de retourner un humain et que les pharisiens à ce jeu sont très forts. 

Je me demande comment la vie va être avec lui, mais là où il ira, moi je le suivrai.

  

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