mardi, janvier 12, 2021

Marc 1,14 "Tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie".

Comme souvent, je sursaute en lisant ou en écoutant la traduction proposée par la Bible de la Liturgie. Dans mon souvenir, c'était "j'ai mis toute ma complaisance", ce qui n'est pas tout à fait la même chose. 

J'ai alors comparé ce qui est retenu par les différents évangélistes, et cela donne le tableau suivant:

Matthieu 3, 16-17

Marc 1, 14

Luc 3,22

Jean 1, 22

16 Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent; il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.


17 Et des cieux, une voix disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y eut une voix venant des cieux :
« Tu es mon Fils bien-aimé ;

en toi, je trouve ma joie.»

 

22 L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus,

 

 

 


et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

 

 

32  Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. »

 

 

Le mot joie, ce qui est cohérent, se trouve donc dans les synoptiques, mais cela me laissait un peu sur ma faim. 

La Bible de Jérusalem, elle, dit "faveur". Pourtant si on se réfère au grec, ce serait bien "complu". Et se complaire, cela renvoie au livre d'Isaïe, dans le deuxième chant du serviteur: "Voici mon serviteur, mon élu en qui je me complais. En lui (ou sur lui), j'ai mis mon esprit.

Alors il m'est venu l'envie de laisser Dieu raconter, mais avec le mot proposé aujourd'hui, à savoir "la joie"...

Dieu raconte. 

 

"Moi, dit Dieu, je n'aurais jamais pensé utiliser une parole de ces cantiques que j'ai mis dans la bouche de ceux qui venaient à Jérusalem pour me célébrer et pour célébrer la construction des murailles et de mon Temple. Après l'exil, quand ils sont revenus chez eux, quand mon Temple a été enfin reconstruit, je peux imaginer leur joie. Arriver après un longue marche, et contempler le lieu de ma Présence: "O ma joie quand on m'a dit 'allons à la maison du Seigneur'. Enfin nos pieds s'arrêtent, devant tes portes Jérusalem". 

Cette joie, je l'ai goûtée aujourd'hui...  C'est une manière de parler mais c'est pour que vous compreniez un peu …

 

Quand mon fils, mon bien-aimé, a pris place, là où Jean-Baptiste baptisait, parmi ceux qui voulaient reconnaître publiquement leur péché et changer de vie, je savais bien qu'il n'avait rien à faire là. Seulement il représente aussi mon peuple, car il s'est fait homme au milieu des hommes; et mon peuple, oui, il a bien besoin d'ouvrir ses yeux. Et pourtant, je sais qu'il ne le fera pas. 


Je sais que mon bien-aimé passera par la mort, mais c'est le prix à payer pour que le monde, et pas seulement Israël, soit sauvé. C'est un combat à mort qui se livre contre le Mal. Mais aujourd'hui je l'ai équipé pour le début de ce combat, pour qu'il révèle que j'aime mon peuple, que j'aime la terre que j'ai créée, que j'aime les hommes. 

 

Jean, quand il l'a vu, et pourtant il ne le connaissait pas, lui a dit qu'il ne voulait pas faire ce geste sur lui, que c'était lui, Jean, qui aurait dû, comme Naaman le Syrien, entrer dans les eaux du Jourdain et être purifié: parce que tout prophète qu'il est, il commet aussi des fautes, même s'il ne fait pas exprès.


Jean a une manière étonnante de parler de mon Fils...

Pourquoi dit-il de lui qu'il sera une sorte de justicier, alors qu'il sera Amour! Et l'Amour ne détruit pas. En même temps, c'est cela que le peuple a besoin d'entendre. Alors il a fait ce qu'il devait faire et dire, mais peut-être pas comme ça. 


Mon fils a été immergé dans les eaux; et les eaux, vous savez tous que c'est le symbole du mal, des forces qui veulent dominer et détruire. Je sais que Jean a maintenu la pression longuement sur la tête de mon fils, qui a presque perdu le souffle, comme il le perdra un jour, totalement, mais ce sera autre chose.

 

Je voulais que cet instant soit pour lui, mon Bien-Aimé comme une naissance, alors j'ai mis en lui comme un nouveau souffle, qui a pris la forme d'une colombe: pour dire que des cieux nouveaux et une terre nouvelle étaient là. 


J'ai ouvert le ciel, mais cela, il est le seul à l'avoir vu... Les cieux se sont déchirés, et il a été comme happé entre ciel et terre, et j'ai parlé. Ma voix ne crie pas dans le désert pour demander la conversion, ma voix est là pour qui veut l'entendre, pour qui a des oreilles ouvertes. Alors Jean aussi a entendu; il a entendu que je disais qu'en cet homme là, qui est bien plus qu'un homme, je mettais toute ma joie. D'autres ont entendu mon amour, d'autres encore ma complaisance. Peu importent les mots; ce que mon Fils, et ceux qui le pouvaient, devaient entendre c'est que la Joie était parfaite, et qu'elle allait s'enraciner en lui, pour pouvoir se déverser sur le monde entier.

 

La colombe, Jean l'a vue. Et il a alors vraiment compris, connu, su, que celui qui venait d'être immergé par lui dans les eaux du Jourdain était l'agneau, qui serait offert pour permettre enfin aux hommes de connaître que Dieu donne aux hommes ce qu'il y a de plus précieux pour lui, et leur manifeste ainsi son amour. Mais comprendront-ils? 

 

Puis, tout est redevenu calme, paisible. Jean a continué à baptiser. Mon Fils, qui était quand même un peu secoué par tout cela, a pris du repos au bord du Jourdain, mais aussi en moi. Puis il est parti pour son premier combat contre le tentateur… 

 

Et Moi, dit Dieu, je suis dans la Joie, car il est le chemin, la vérité et la vie. Celui qui est mon Unique.


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