lundi, avril 06, 2009

"Porter sa croix".

Porter sa croix.

Porter sa croix, c'est une expression banale, mais que mettre derrière? En cette semaine sainte, où il va beaucoup être question de sacrifice, de mort, de mort sur la croix, est ce que je peux (est ce que je dois) porter ma croix si je veux suivre Jésus?


Car Jésus dit : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Peut-être que l'on n'insiste pas assez sur le mot disciple et trop sur le mot croix.

Quand j’écris cette phrase, je ne peux m’empêcher de penser à ce que Jésus dit au paralytique : « prends ton grabat et rentre chez toi ». D’une certaine manière on peut dire que pour celui qui ne peut se mouvoir seul, le lit est bien le signe de sa dépendance, sa croix au jour le jour.

Très longtemps on a identifié la croix à la souffrance. Porter sa croix c’était (du moins dans mon enfance) s’imposer des actes qui pouvaient faire un peu mal, procurer une certaine souffrance, par exemple : se priver de quelque chose, pour avoir mal comme Jésus a eu mal. Mais cette manière de faire, me semble un peu perverse, car hélas, il peut y avoir une glorification à se priver!

Quand j’étais étudiante, j’avais décidé durant le temps du carême de me nourrir de sandwiches au lieu des repas du restaurant universitaire. Au bout d’une semaine je me suis rendue compte que j’étais devenue très irritable et que cette privation avait en fait un effet nocif. Alors j’ai choisi autre chose, ne pas courir dans le métro ou plus précisément, ne pas passer quand un train entrait et que les portes des portillons commençaient à se fermer pour empêcher l’accès aux quais. Cela m’obligeait à partir peut-être un peu plus tôt, et à ne pas passer devant les autres. Je dois dire que cet exercice a été infiniment plus profitable qu’une privation d’aliments. Peut-être aussi accepter de ne pas être la première à monter dans la rame..

Curieusement Jésus compte tenu de son état physique n’a pas porté sa croix : il a été aidé par Simon de Cyrène. De ce fait je ne suis pas certaine que « prendre notre croix » soit si facile. Nous avons souvent besoin d’aide, et c’est important de le reconnaître. Pourtant que ce soit le paralytique de Luc ou celui de Jean, l’un et l’autre portent à pleines mains, à plein bras, ce qui fut le signe de leur souffrance, de leur croix. Pour eux, c’est derrière. La souffrance n’existe plus, ils sont guéris. Il y a peut-être des croix qu’il faut brûler…

Hier il m’est venu une idée. Prendre sa croix, c’est reconnaître « tout ce dont on a peur ». Ce n’est pas se créer de la souffrance, c’est accepter les peurs qui sont en nous, les nommer (peur de la maladie, peur de la mort, peur de l’abandon, peur de la ruine, peur de la solitude) ne pas les fuir, accepter de reconnaître qu’elles sont en nous et pas à l’extérieur.

Jésus dans les synoptiques, au jardin des Oliviers montre à quel point la peur de ce qu’il va devoir vivre lui fait peur. Que Lui, ait pu avoir peur est quand même très rassurant pour nous. Comme Lui, nous pouvons avoir peur de la souffrance, de l’abandon, de la mort. C'est humain (Vrai homme, vrai Dieu).

Ces peurs elles sont un peu notre face d’ombre: ce sont des facettes de nous mêmes dont nous ne voulons pas, parce qu’elles altèrent notre image. Les reconnaître c’est reconnaître notre faiblesse, notre incapacité à y faire face.

Nos peurs ce sont nos croix. Si nous suivons Jésus, nous ne sommes plus seuls avec nos peurs. L’un des maîtres mots de l’Evangile n’est-il pas : « N’ayez pas peur » ?

Suivre Jésus, c’est se reconnaître tel que l’on est avec son fardeau de peurs. C’est être certain que celui qui a dit « Venez à moi vous qui ployez sous le fardeau » est capable d’être avec nous. Porter sa croix, c’est reconnaître ces choses qui nous font peur, sans les dénier, sans les fuir. C’est reconnaître nos faiblesses, nos finitudes. C’est reconnaître que nous ne sommes pas des bien portants et que c’est bien pour nous que Jésus est venu et a fini sa vie terrestre sur une croix devenue pour nous signe de Vie.

Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Mat 16,24

Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et vous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui.
Jn 14, 23

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans "Un art de l'attention" de JEAN YVES LELOUP, un auteur que je vous recommande, on dit ceci: le mot croix vient du grec "stauros"=se tenir debout!!
le sens du verset pourrait être
"Celui qui ne se tient pas debout (ne prend pas sa croix)pour marcher avec moi, ne fais pas le poids (axios=digne, faire le poids.
CELA A ECLAIRE MA VIE

Anonyme a dit…

J'aime bien votre commentaire sur les croix "des peurs"
je pense que c'est juste..Mais ^nous ne pouvons totalement éliminer cette peur car elle peut aussi vouloir dire: accepter l'autre avec son monde à lui qui nous est totalement hermétique bien souvent.. Il y une certaine solitude fondamentale chez tout être huamin et c'est peut-être de cela que nous avons peur, en tous les cas que nous avons difficile à accepter. La rencontre avec "l'autre" ou le "TOUT AUTRE"
n'estpas un long fleuve tranquille
mêma si par instants il y a un petit arc en ciel; TOURNESOL