mardi, janvier 27, 2015

"Tu dois me respecter, sinon je te fais la peau".

"Charlie Hebdo": la loi du gang

Quand on regarde les séries policières qui décrivent ce qui se passe entre des bandes rivales et à l’intérieur des bandes, ce qui compte c’est le respect.

Le chef doit être respecté. S’il ne l’est pas, il peut aller jusqu’à tuer celui qui semble vouloir prendre sa place; qui ne se soumet pas à sa manière de voir les choses; qui en pensant différemment devient l’adversaire à abattre.
Car le chef doit dominer les autres, par tous les moyens, y compris par le meurtre.

Ce qui s’est passé lors de l’attaque de Charlie Hebo est me semble-t-il de cet ordre là.
Il ne s’agit pas du désir de détruire la liberté d’expression, mais de tuer ceux qui ont manqué de respect à "une autre bande", et qui risquent de diminuer son pouvoir. C’est une punition, pour faire peur aux autres.


Ensuite on peut parler de beaucoup de choses pour que les foules se lèvent, mais fondamentalement, ce que Charlie n’a pas respecté - au sens fort du terme (il a osé lever les yeux et défier), ce sont les règles du jeu qui régissent "le gang"; certaines banlieues.

mercredi, janvier 21, 2015

Qu'y a t il sur l'autel?

Quand un prêtre célèbre la messe, il y a sur l'autel parce que Jésus a dit de le faire (son commandement) du pain et du vin, le corps et le sang.

Classiquement quand on réfléchit à ce qui demeure un mystère, on fait référence au sang de l'agneau pascal: passage de Dieu (Pâques) et aussi vie du peuple contrairement aux égyptiens qui pendant cette nuit assistent à la mort de tous les premiers nés, mais aussi au sang de cet agneau que Moïse devait offrir à son Dieu (refus de Pharaon).

Le pain renvoyant, aussi à ce pain qui n'a pas eu le temps de lever, mais aussi  à la manne.

Et au total, pain et vin, corps et sang, c'est à dire totalité de la personne qui se donne totalement qui garde tout pour elle.

Mais en lisant l'épitre aux hébreux je suis retournée voir dans le livre de l'exode et le livre du lévitique ce qu'il en est du rôle du grand prêtre et de son rôle.

Ce qui m'a frappé (d'où le libelle de ce billet: petites idées) c'est qu'il offre à la fois des sacrifices végétaux et animaux.

Or on peut dire que la pain c'est le sacrifice végétal, le blé (farine dans le premier testament) et que le vin qui bien sur est du végétal mais qui ne semble pas être offert de manière régulière sauf peut être pour les prémisses, c'est le sang versé.

Alors nous reproduisons l'ancienne alliance qui donnait du végétal et de l'animal mais en la sublimant. Nous maintenons une tradition d'offrande, mais nous lui donnons un autre sens, car Dieu devient présent

Les scribes et les pharisiens

Le lectionnaire de semaine propose une lecture de l'évangile de Marc. Or j'ai été surprise de la présence permanente de ces pharisiens ou de ces scribes, qui quelque part semblent être là pour épier, pour espionner, pour pouvoir dire si Jésus est un vrai Rabbi ou un imposteur.

D'une certaine manière, ils sont un peu comme une instance surmoïque.

Mais vraiment, n'ont ils rien d'autre à faire dans la vie que d'être en permanence sur les pas de Jésus et de ses disciples, de poser des questions soit aux disciples:pourquoi votre maître fait il ceci ou cela, ou à Jésus, où encore en eux-mêmes (Jésus savait ce qu'ils pensait).

Alors je me suis demandé se du moins dans le début de l'évangile, si ces scribes et pharisiens n'étaient pas porteurs des questions que les disciples pouvaient eux-même se poser, surtout si certains d'entre eux avaient été disciples de Jean le Baptiste qui semblait demander quelque chose d'assez ascétique à ses partisans?

J'ai dû renoncer à cette hypothèse qui pourtant me séduisait assez, car la fin du chapitre 2 (l'épisode de l'homme à la main paralysée guérie un jour de shabbat) montre que les pharisiens s'unissent aux hérodiens (ceux qui ont un pouvoir politique) pour le faire mourir.

Du coup, on peut se demander pourquoi ce prédicateur leur parait si dangereux et si la mort de Jean le Baptiste ne les a pas arrangé...

Mais il n'en demeure pas moins que ce chapitre qui inaugure le ministère de guérison de Jésus a pu paraître bien déconcertant pour ses disciples et donc peut être aussi pour nous, la question étant: qui est il celui là? D'où lui vient cette autorité et ce pouvoir et pourquoi ne fait il pas comme tout le monde?

Je suppose que lorsqu'on a descendu le paralysé et que Jésus a dit "tes péchés te sont remis", les disciples ont du se poser des questions: pourquoi ne le guérit il pas, puisque c'est ce qu'on lui demande et qu'il guérit en principe tout le monde. Pour qui se prend il puisque seul Dieu peut remettre les péchés? Alors les réponses de Jésus d'adressent à tout le monde, scribes, disciples, la foule (et à nous aujourd'hui) et la réponse concerne l'identité de Jésus, le fils du charpentier que sa famille essayera de ramener à la maison un peu plus tard.

Quand on reproche à Jésus de ne pas respecter les jeûnes des pharisiens et de Jean, les disciples savent bien que ce n'est pas normal de ne pas jeûner. La réponse, elle est pour eux: ils sont avec l'époux (et comme Jean le Baptiste avait pu dire qu'il était l'ami de l'époux et se réjouissait de sa présence), mais que un jour il partira et que ce soir là, ils seront dans la tristesse et jeûneront.  Là encore c'est l'identité de Jésus qui se révèle, il est l'époux, comme dans le cantique des cantique, mais aussi comme Dieu est époux de son peuple (Amos, Osée).

Quand les disciples arrachent des épis un jour de sabbat, ils savent très bien que c'est interdit. La réponse de Jésus, va leur faire comprendre que comme David, il peut si nécessaire faire ce qui est bon pour combattre, car l'épisode auquel Jésus fait référence pour justifier ce que font les disciples, montre que David poursuivi par les hommes de Saul,  prend certes les pains qui étaient réservés à Dieu (et au prêtre) mais aussi son épée, pour pouvoir combattre, or Jésus et ses disciples auront à combattre. Et là, Jésus de situe comme roi.

Je pense que l'on peut reprendre dans cet esprit beaucoup d'épisodes où les scribes et pharisiens sont mis en scène. Avec l'idée que le jour où Pierre pourra répondre à la question de Jésus: et vous qui dites vous je suis? par l'affirmation "Tu es le fils du Dieu vivant" alors les disciples auront fait le pas et découvert l'identité de celui qu'ils suivent.

les scribes et les pharisiens deviendront vraiment les adversaires extérieurs, ceux qui ne veulent pas entendre celui qui dérange, celui qui les dérange parce qu'il remet en cause leur manière de "faire" la loi et non pas "d'être dans la  loi".

mercredi, janvier 07, 2015

" leur coeur était endurci"Marc 4, 32

Cette phrase qui clôt ce qu'on a coutume d'appeler la tempête apaisée est pour le moins curieuse. "Ils étaient au comble de la stupeur car ils n'avaient rien compris au miracle des pains: leur coeur était endurci".

Quand j'ai lu ce texte hier soir, je me suis dit que bien souvent je ne comprends pas les signes qui me sont donnés, que mon coeur n'est pas ouvert, que je passe à côté. Mais ce après midi, je continue à me poser des questions. Ils ont bien distribué le pain et les poissons, ils ont bien mis ce surplus dans douze couffins, alors comment peuvent ils ne pas comprendre que ce que jésus a fait là dans cette surabondance c'est bien plus que la manne donnée jadis par Moïse dans le désert. Que  c'est bien le signe que avec un tout petit peu il est possible de faire des merveilles. Qu'il peut créer de quoi rassasier ce qui étaient sur le point de défaillir.

Alors pourquoi n'ont ils pas compris?

Il y a peut être une explication, mais elle est d'ordre psychologique: les apôtres sont fatigués, ils en ont assez ils voudraient que ça s'arrête, ils voudraient avoir leur maître pour eux tout seuls, bref ils sont las, mais ils sont aussi en rogne. Ils voudraient Jésus pour eux et pas pour les autres. Ils en ont assez de le partager, assez de faire.

Car cela fait un bon bout de temps que le Maître enseigne, comme si cela ne finirait jamais. Cela fait d'ailleurs tellement longtemps que la nuit est en train de tomber et que eux ils voudraient bien que tout le monde s'en aille. Et au lieu de céder à leur demande, voilà que le Maître leur demande de leur trouver à manger, de dépenser des sous, de continuer à rester sur la brèche.

Une fois trouvés ces cins pains et ces deux poissons, une misère, il a fallu mettre toute cette foule en petits groupes, et ça n'a pas été facile. Il a ensuite fallu apporter ce pain et ces poissons et encore après tout ramasser et immédiatement prendre la barque pour aller l'attendre à Betsaïde. Et pour comble de tout, il a fallu batailler avec les vents.

Alors oui, pas un instant pour se reposer, pas un instant pour se retrouver ensemble avec lui.

Alors bien sur, il a multiplié les pains, mais bon, c'est son truc à lui, mais eux, ils n'ont vu que le surcroit de travail et ils en ont eu assez.

Et puis pour le comble du comble, Jésus leur fait la trouille de leur vie en marchant sur les eaux et en les dépassant. Crier pour les hommes qu'ils sont, cela ne se fait fait pas, mais tant pis. D'ailleurs c'est peut être à cause de leur cris qu'il les a vus et qu'il est monté dans la barque et que ce foutu vent et ces grosses vagues se sont enfin calmées.

Mais ce qu'ils sentent en eux, c'est de la peur, pas de la joie, pas de la paix malgré la rive qui es là toute proche. Ils ont peur de leur Maître comme la tempête a peur de lui. Mais ce n'est pas le calme qui est en eux, c'est malgré tout la peur.

Alors peut être que Marc (Pierre)  peut écrire que effectivement la peur avait peut être fermé leur coeur .

Partager Jésus avec d'autres, avoir l'impression qu'il nous laisse tous seuls nous débattre avec le Mal, peut parfois fermer nos yeux aux merveilles qui se sont pourtant réalisées, et fermer aussi notre coeur.

C'est juste une idée comme cela, mon interprétation d'aujourd'hui de cette phrase qui m'a rudement interpellée.

dimanche, janvier 04, 2015

Précéder

Quand on dit que l'on précède quelqu'un cela signifie que l'on marche devant lui, que d'une certaine manière on trace le chemin que lui prendra, mais surtout dans l'acceptation de ce mot la distance entre celui qui est derrière celui qui précède n'est pas grande: on ne le perd pas de vue.

Or il m'a semblé que parfois précéder peut signifier partir bien avant pour se retrouver à un endroit donné. C'est ce que l'ange dira aux femmes qui sont venues s'occuper du corps de Jésus au petit matin: Matthieu 22,7: "et voici qu'il vous précède en Galilée, c'est la que vous le verrez". En d'autre terme un rendez vous est donné aux apôtres, mais se rendre à ce rendez vous, nécessite d'avoir foi en la parole, ce que ne sera pas le cas des apôtres qui refusent de croire les femmes.

Dans l'évangile d'aujourd'hui, il y a ce même verbe qui s'applique à l'étoile. Les mages ont vu dans leur contrée une étoile qui selon leur interprétation signifiait la naissance d'un roi. Cette étoile qui a été vue à l'orient, lieu du soleil levant les a conduit à aller à Jérusalem. Une étoile, ne se voit pas dans la journée, elle ne brille que la nuit. Ce que je veux dire c'est que dans un premier temps leur savoir les a conduit à Jérusalem. Là on leur donne un nom de village, et ils se mettent en route vers ce village. Et c'est une fois mis en route, ayant fait confiance à la parole dite, " que l'astre  les précède jusqu'à ce qu'elle vienne s'arrêter au dessus de la maison où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils furent saisis d'une grande joie" Mat 2, 9-10.

Pour moi, l'étoile ne devient visible pour eux que lorsque par la foi en la parole ils sont arrivés là où se trouve le nouveau né. L'étoile certes les précédait, mais ils ne pouvaient pas la voir. De même jésus ressuscité précède les apôtres en Galilée. Il ne leur montre pas le chemin, c'est à eux d'avoir confiance en la parole dite par l'ange aux femmes et retransmise par elles.

Précéder ne veut donc pas dire se montrer sur le chemin que nous devons prendre (ce qui serait bien agréable),  mais faire confiance à la parole qui indique parfois seulement un lieu. A nous de trouver le ou les chemins qui y mènent, ce qui revient à faire confiance à notre créativité.

Quand Jésus dit ailleurs Mat 21,31: "les collecteurs d'impôts et les prostituées vous précédent dans le Royaume", il signifie là que le chemin pris par ces derniers, même s'il est autre que le chemin pris par les pharisiens, les mène dans le royaume, car ils ont fait confiance à sa parole.

Jésus la lumière qui lui dans les ténèbres, nous indique le chemin, mais nous demande de croire en sa parole pour trouver le chemin qui est le notre. Il s'agit d'accepter de ne pas voir, mais d'écouter et de faire confiance ce qui n'est pas si simple. Mais c'est ce que j'ai découvert ou redécouvert ce matin en lisant tranquillement et doucement cet évangile qui montre la foi de ceux qui se mettent en marche juste parce qu'ils ont vu une nouvelle lumière.