vendredi, septembre 25, 2015

Petite lettre à ma gencive: désolée de ce que tu as subi.

bonjour ma gencive gauche,

je suis vraiment désolée de ne pas t'avoir expliquer ce qui allait se passer lundi, mais il faut dire que le dentiste n'a pas expliqué grand chose. Je lui ai bien demandé qu'il me dise au fur et à mesure ce qu'il faisait, mais il a refusé. Une fois de plus je deteste les chirurgiens.

J'aurai bien pu te dire qu'il y aurait des piqures pour que "je" ne sente rien, mais toi, tu as bien senti cette première agression..

j'aurai pu te dire, qu'il (le dentiste) allait faire des trous, qu'il allait donc forer pour créer un espace pour y mettre les implants, mais je n'y ai as pensé, parce que comme cela avait déjà été fait un fois, mais ailleurs, moi ça ne posait pas de problèmes. Mais faire un trou, ce n'est jamais anodin.

J'aurai pu te dire aussi que pour le troisième trou, ça ne serait pas évident, parce que comme toi et moi nous avons un certain âge et qu'il y'a longtemps que tu ne portes plus de dents à cet endroit là, alors l'os s'est comme résorbé, rétréci et qu'il va falloir créer une sorte de ciment pour que la nouvelle racine (ou tige, c'est comme tu veux) puisse rester en place.

Alors c'est sur que ensuite, tu as réagis, et que tu réagis encore;

Et moi, j'ai besoin de tu refasses de l'os le plus vite possible autour de ces trous, que tu ne prennes pas la mouche en t'enflammant, même si c'est normal, que tu ne t'infectes pas.

Tu sais, je ne pouvais pas imaginer que la joue aussi réagirait en faisant une réaction comme si on lui avait tapé dessus, mais c'est surement ce qui a été ressenti.

Ma gencive tu fais partie de moi et je l'ai oublié. Si j'ai fait faire tout ce travail, c'est parce que je refuse de devenir édentée comme les vieux d'autre fois, mais j'ai oublié de te dire que j'avais besoin de ta collaboration.

C'est si facile d'oublier de parler à son corps quand il va subir une effraction, sous prétexte que des effractions il en a subi déjà en quantité.

Mais j'ai besoin que tu sois consolée de ce qui est arrivé (ou j'ai besoin moi d'être consolée parce que tu es un petit morceau de moi, et que cet hématome qui perdure me- nous- , fait mal.

j'ai besoin de que tu comprennes que c'est important pour moi.

J'ai besoin aussi que tu puisses savoir que je suis en colère contre ce chirurgien qui n'a rien dit de ce qui allait se passer une fois que nous aurions quitté son cabinet.

Alors s'il te plait, maintenant que je comprends ta protestation, mets toi au travail pour que ça cicatrise, pour que ça guérisse, pour que nous puissions si l'on peut dire croquer la vie à pleine dents en espérant que les dents d'en bas tiendront le coup.

Encore une fois pardonne moi.. Et que cette expérience me conforte dans la nécessité de parler aux parties de mon corps qui pourraient (et ce fut vrai pour la prothèse de hanche) être confrontées à des agressions.

vendredi, septembre 18, 2015

"To care, to cure": Soigner, prendre soin.

Suite à mon billet d'hier une amie me fait le commentaire suivant:

"Ce passage me fait aussi penser au lavement des pieds lors de la dernière Cène.(elle essuie les pieds avec ses larmes)
Par son geste elle épouse à l'avance les gestes de service de Jésus".


Bien sur, on peut faire ce parallèle, mais ce n'est pas du tout mon approche.
 Quand cette femme  s'occupe des pieds de Jésus, elle ne fait pas un service, elle ne rend pas un service (on ne lui a rien demandé), elle prend une initiative.
 
Elle prend au sens anglais du verbe soigner, to care soin des pieds de Jésus, comme elle prendrait soin de tout son corps (si cela lui était permis) et elle ne le fait pas comme un service, mais comme un acte d'amour.

 Le Samaritain avec le blessé sur la route de Jericho, fait la même chose: il ne rend pas un service, il ne se met pas au service de cet homme, non il prend soin de lui au sens fort du terme, comme une femme prend soin de son enfant par les soins qui manifestent son amour pour lui.

 Ce que je veux dire c'est que ce geste est un geste d'amour et pas un geste de service, je dirai le geste d'une femme amoureuse, qui n'a pas froid aux yeux, parce qu'elle sait très bien que le regard de ceux qui se disent des "justes" va être très méprisant.

 Cette femme a découvert qu'elle était aimée et qu'elle pouvait aimer vraiment, en esprit et en vérité.

jeudi, septembre 17, 2015

La femme pécheresse: Luc 7,36-50

L'évangile, de Luc, cet évangile de la miséricorde, se penche sur une femme dont on ne connait pas le nom, et peut être que cela est important, car elle peut être n'importe qui d'entre nous, qui a des gestes plus que curieux quand Jésus est attablé chez un pharisien dont on connait le nom.

Ces gestes nous y sommes tellement habitués qu'ils nous semblent normaux, mais le sont ils?

Que fait cette femme?

Elle sait que jésus est invité (vive le bouche à oreille), elle veut le voir ou le revoir. On a beaucoup écrit la dessus, pour ma part, je suppose qu'elle (nous) a déjà vu cet homme et qu'elle a pressenti qu'il était autre, différents de ceux qu'elle connaissait, que ce soit ses amis ou que ce soient ces hommes si religieux.

Elle a un projet, puisqu'elle arrive avec un flacon de parfum. Parfumer, donner une bonne odeur mais aussi changer l'odeur... Car si c'est un parfum qu'elle aime, c'est son odeur à elle qu'elle va mettre sur lui, ils vont partager comme une même enveloppe. Envelopper, c'est ce que font plus ou moins tous les gestes qu'elle va faire sur les pieds de l'homme invité.

Personne ne l'empêche de faire ce qu'elle va faire, et ce qu'elle fait est curieux.

Je cite le texte: Tout en pleurs elle se tenait derrière lui, elle se mit à lui mouiller les pieds de ses larmes, elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.

Il me semble (avec mon bon sens) que pour mouiller les pieds d'un adulte avec des larmes, il en faut beaucoup, que les cheveux n'essuient pas grand chose...

Alors je me suis dit que ces gestes, sont des gestes qu'une femme fait avec son bébé. Son bébé, on le lave, on l'essuie et on l'enveloppe pour qu'il se sent sec, et enveloppé de douceur, on aime bien bien embrasser les pieds de son bébé, et on aime qu'il sente bon, qu'il sente un odeur que l'on a choisi pour lui.

Bien sur, on embrasse ou on embrassait les pieds d'un roi pour lui demander une faveur. C'est censé être un geste d'humilité, mais est ce cela que faisait cette femme? Je ne sais pas. Car ce que je ressens aujourd'hui en lisant ce texte, ce sont des gestes d'une grande tendresse.

Si Jean le Baptiste dit qu'il n'est pas digne de dénouer le lacet de la sandale de Jésus,  c'est que Jésus n'est pas un va nu pied, que ses pieds sont protégés des pierres du chemin, mais pas de la poussière. Laver les pieds est un geste d'accueil (Abraham donne de l'eau aux personnages qui viennent prendre le repas chez lui, pour qu'ils puissent se rafraîchir en se lavant le pieds). Bien sur on peut voir dans ce "lavement des pieds" un geste d'hospitalité, mais je crois que cela va bien au de la.

Alors l'idée qui m'est venue, c'est que cette femme, elle s'est retrouvée à Bethléem, qu'elle a en quelque sorte donné naissance à ce bébé, alors que des bébés elle n'en n'avait jamais eu, et que ce faisant, avec ses soins (laver, sécher, envelopper) elle s'est mise au monde elle-même, parce que Jésus a accepté d'être touché, d'être lavé avec amour, d'être enveloppé dans la douceur des cheveux, d'être frictionné avec l'huile du parfum et de recevoir la tendresse d'un baiser.

Personne ne sait ce qu'elle demandait à Jésus, puisque en quelque sorte les échanges verbaux se font au dessus d'elle, entre Jésus et Simon (que l'on imagine debout, drapé dans sa respectabilité), mais les deux phrases: tes péchés te sont pardonnés, et ta foi t'a sauvée, va en paix, montrent  bien qu'il y a eu chez cette personne un désir profond de changement,  et que cette mise au monde d'elle même, elle est possible pour chacun d'entre nous. Jésus se laisse toucher. Peut-être que parfois les gestes sont plus importants que les discours...