dimanche, octobre 12, 2025

Luc 17, 11-19. Sur la route de Jérusalem, la rencontre avec les dix lépreux.

Luc 17,11-19, Les dix lépreux.

 

Manifestement c'est un texte qui m'a pas mal inspirée dans le passé. Voici un petit florilège :   https://giboulee.blogspot.com/search?q=les+dix+lépreux.

 

Je constate que ce ne n'est pas le cas des paraboles des deux dimanches qui suivent, que ce soit celle du "juge inique" ou celle du pharisien et du publicain. Peut-être que je pourrais réparer ce manque. 

 

J'ai tout d'abord  eu envie de laisser parler les neuf, ceux qui ont obéi à la consigne, mais au lieu de cela un autre récit est venu, c'est celui que vous pourrez lire après mes premiers commentaires (ceux que je fais de fait chaque matin sur le texte d'évangile proposé par la liturgie). Je me suis quand même risquée à ce récit des neuf autres, mais c'est un peu maigre.  

 

Je me disais aussi, que si comme on le dit, dix représente une totalité, mais aussi les dix justes qui doivent être présents pour qu'une prière puisse être entendue, et si ces hommes représentent notre humanité couverte de la lèpre de la médisance, le 1% qui est non pas guéri de la maladie, mais vraiment revenu à la vie, qui est ressuscité parce que celui a reconnu en l'homme Jésus la présence de Dieu, et bien ça ne fait pas beaucoup, mais peut-être que ça peut servir de levain dans la pâte. 

 

 

Le texte de ce jour. 

 

11 En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée

12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance 

13et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » 

14 À cette vue, Jésus leur dit : « Allez- vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. 

 

Ces lépreux-là, contrairement à celui de Marc, respectent les règles. Ils restent à distance; ils ne semblent même pas demander explicitement une guérison. Que mettre sous la phrase ". "prends pitié de nous"? Et Dieu sait que cette phrase nous la prononçons bien souvent, ne serait-ce que durant la célébration de la messe; 

 

Veulent-ils de l'argent, des vêtements, de la nourriture la guérison? Ils me font un peu penser à l'aveugle de Jéricho qui crie sans se lasser : "Jésus fils de David, prends pitié de moi. Sauf que Jésus lui demande ce qu'il veut, c'est bien la guérison qu'il demande. SI on prend cela comme modèle, il semble évident que ce que veulent ces hommes, c'est bien une purification, et Jésus en les envoyant aux prêtres, montre qu'il a compris. Sauf que ce n'est pas immédiat. Cela fait penser à l'évangile de Jean, la guérison de l'aveugle-né. Se mettre en route, sur la foi d'une parole, faire confiance à la parole entendue. 

 

15 L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix

16 Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain

 

Un seul revient. Pour lui, ce qui s'est passé, c'est un don de Dieu, un cadeau fait par cet homme qu'il ne connaît pas, dont il vient peut-être juste d'entendre le nom. Et en son cœur, la gratitude explose et il la laisse exploser. Peu importe les prêtres, peu importe le moment où il sera réintégré dans la communauté des vivants. Ce qui compte pour lui, c'est de se tourner vers cet homme qui l'a guéri, qui lui a rendu en quelque sorte sa vie, son honneur. Il peut à nouveau vivre normalement. Il n'est plus exclu, il n'est plus un paria, il n'est plus le rappel permanent du péché. 

 

17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? 

18 Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » 

 

Est-ce que je peux entendre comme une plainte de Jésus? Pourquoi, ne viennent-ils pas rendre grâce? Je crois que le pasteur A. Nouis dit que la foi c'est aussi cette capacité à louer. " Le Samaritain fait le parcours de la foi en trois temps : il voit – il revient sur ses pas – il rend gloire à Dieu. La foi consiste à voir le monde comme Dieu le voit – à changer de direction et de comportement pour répondre à ce que nous avons vu – et enfin d’être capable de reconnaissance pour tout ce qu’il y a de beau et de bon dans notre histoire " . Je dois dire que cette interprétation me convient bien.

 

19 Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

 

Pour moi, mais je dois me répéter, c'est une phrase de résurrection, que Jésus dit . Se lever comme la fille de Jaïre, revenir à la vie, comme le fils de la veuve de Naïm. La résurrection, ça ne touche pas que le corps, ça change aussi le dedans, ça crée un cœur nouveau. Alors oui, cet homme, parce qu'il a cette foi qui l'a poussé à revenir tout de suite pour rendre grâce, est ressuscité. Important ce que dit Jésus, ta foi t'a sauvé. Ta foi en moi, ta foi en ma parole, mais c'est un acte de ta part, un acte qui t'appartient à toi et que les autres n'ont pas fait. 

 

 

L'histoire des dix lépreux. 

 

Si comme je l'ai déjà écrit au début de texte, dix représente la plénitude, on a là un groupe de dix personnes, des personnes rejetées, mises au banc de l'humanité, porteuse de cette lèpre qui renvoie au péché, puisque la lèpre dans la culture juive renvoie à Myriam (livre des Nombres) qui se trouve affligée de cette maladie après avoir médie de Moïse.

 

Mais dans ces 10, il y en a un qui porte une double tare, non seulement il est lépreux, mais en plus il est samaritain. Ce n'est pas un païen au sens fort, puisqu'il adore quand même le "Seigneur", mais il l'adore ailleurs qu'à Jérusalem, et ces samaritains quelque part, ce sont des métis. C'est un peu oublier ce qui s'est passé jadis pour Naaman le Syrien, ce général qui avait infligé une défaite à Israël et qui a été guéri simplement en se trempant 7 fois dans les eaux du Jourdain

 

Revenons à nos dix lépreux. Ils sont donc à qui vivent comme ils le peuvent dans une grande misère à l'écart d'un village, mais pas trop loin quand même, puisqu'ils apprennent que Jésus entre dans ce village. Et normalement quad Jésus entre quelque part, c'est pour faire du bien.

 

On peut supposer qu'ils vivent quand même de la charité des villageois qui leur donnent de temps en temps de quoi manger, peut-être de quoi faire du feu. Maintenant comment se comportent-ils avec le samaritain, qui vit avec eux, cela personne ne le sait, mais on peut imaginer que si les neuf font corps, lui, il est seul, encore plus exclu. J'ai presque envie de dire, double peine pour lui. Connaissent-ils seulement son prénom? 

 

Ils ne risquent rien à implorer ce nouveau prophète, surtout s'ils ne s'approchent pas de lui. 

 

Alors les voilà qui se tiennent à une certaine distance , les voilà qui crient, tous les dix, qui en en appellent à la pitié de ce Rabbi qui ne peut faire autrement que de les entendre. 

 

Lui, il s'est arrêté, les a regardés, n'a pas regardé ailleurs comme s'ils étaient invisibles. Il leur a parlé, il leur a dit d'aller se montrer aux prêtres. D'après la Tora, c'est quand on est guéri qu'on doit se montrer aux prêtres, de manière à être réintroduit officiellement dans la communauté des biens portants, ce qui veut dire retrouver sa famille, son métier, son village d'origine, car ils ne sont pas tous de ce village-là. Trouver un prêtre, cela peut vouloir dire aller à Jérusalem ou peut-être trouver un prêtre qui dessert un autre sanctuaire, car il y a encore beaucoup de sanctuaires en Galilée et en Juda. Mais croient-ils vraiment que c'est possible? 

 

Ils se mis en route, ils sont tous partis. Que va-t-il se passer? Et s'il ne se passait rien? Et soudain, en voilà un qui regarde son compagnon de misère et il voit que le visage de ce dernier n'a plus de plaies, plus de croutes. Il regarde alors ses mains, et ses mains à lui, sont redevenues belles. Et là, il parle, il annonce, et c'est la joie ce petit groupe, tous sons guéris, même le samaritain. Alors ragaillardis, les voilà qui d'un bon pas, partent à la recherche du prêtre qui va attestera de leur guérison (et leur demandera une offrande). .

 

Seulement voilà, le samaritain lui, et peut-être que lui n'a pas du tout envie de voir un prêtre juif pour constater qu'il est guéri, sent en lui monter un désir qui le pousse à laisser les autres, à revenir sur ses pas, à dire merci encore et encore, merci au Très Haut qui a fait des merveilles, merci à ce Jésus, qui a entendu sa demande, qui a eu pitié de lui.

 

Lui, il retourne sur les pas, en laissant son cœur déborder de joie. Il a enlevé cette espèce de voile qui lui couvrait le visage. La lèpre l'a quitté, elle est partie, il est libéré. Il célèbre cette libération, il est un homme neuf. Il chante à pleine voix. Et Jésus qui a repris sa route vers Jérusalem avec ses disciples, l'entend, le voit, s'arrête.

 

Tout le monde s'arrête, le samaritain se prosterne devant lui, un bon moment, un long moment, cat Jésus regarde la route devant lui, mais personne d'autre n'apparaît. 

 

Manifestement les autres, ont suivi l'ordre d'aller se montrer aux prêtres, ils n'ont pas compris que l'important n'était pas de faire constater la guérison au plus vite, mais de remercier, de louer. Jésus dit alors à l'homme de se relever, il lui sourit, avec ce sourire au quel on ne peut pas résister, et il lui adresse une phrase étonnante, il lui dit: va, ta foi ta sauvé". 

Or le samaritain sait bien que sa foi en cet homme était bien ténue, qu'il a crié avec les autres parce que c'était un peu la dernière chance, le dernier recours et voilà qu'il lui est dit que la foi l'a sauvé. 

 

Et c'est alors qu'il ressent en lui, une joie encore plus forte que celle qui avait émergée quand il avait vu sa peau guérie, une joie qui lui faisait comprendre que lui, le samaritain, l'étranger, le détesté, il était aimé, il était juste aux yeux du Très Haut. Alors il n'était pas rentré chez lui, mais il s'était joint aux disciples qui lui avaient fait une place, et lui avaient trouvé des vêtements propres,  qui l'avaient nourri, et il avait pris lui aussi, tout samaritain qu'il était, la route de Jérusalem.

 

Un essai de récit des neufs purifiés, mais pas sauvés.

 

On a tous été purifié, mais l'autre, le samaritain, celui que nous devons tolérer avec nous, il nous a laissés. C'est sûr que lui, il doit aller en Samarie pour faire constater sa guérison. Bon débarras après tout. 

 

Quand nous sommes revenus, dans nos villages, après avoir fait constater notre guérison par un prêtre qui d'ailleurs n'en revenait pas, guérir dix lépreux, cela ne s'était jamais vu en Israël, des amis nous ont rapportés que le Samaritain, n'était pas parti vers la Samarie, mais qu'il était revenu en arrière pour louer Dieu, et se prosterner aux pieds de Jésus, ce dernier n'avait été comme irrité parce que nous, nous lui avons obéi à la lettre.

 

C'est de sa faute après tout. Il aurait pu nous guérir tout de suite, ça aurait été tellement plus simple. Il avait dit que nous devions nous montrer aux prêtres. On lui a obéi, alors de quoi se plaint-il? 

 

C'est vrai aussi que la guérison est advenue très peu de temps après l'avoir quitté, nous aurions pu revenir sur nos pas, , nous prosterner à ses pieds, et peut-être même nous joindre à ses disciples, comme l'a fait le samaritain, dont nous ne savons même pas prénom. Mais un ordre est un ordre, nous avons entendu et nous avons obéi. S'il repasse par chez nous, alors nous lui offrirons un repas dont il se souviendra !  

  

mercredi, octobre 01, 2025

Jn 1, 47-51. Une rencontre qui change une vie


 

Il fallait bien trouver un texte dans l'évangile où il est question d'anges, puisque c'est la fête de Si Michel archange,  mais aussi de Gabriel: fort comme Dieu) et de Raphaël (Dieu guérit). 

 

La liturgie a donc retenu ce dialogue entre Nathanaël et Jésus, avec cette promesse de voir des anges monter et descendre autour du Fils de l'homme. C'est en soi une très belle image, cette jonction de la terre et du ciel, cette vision aussi d'une porte enfin grande ouverte, et une nuée non pas d'oiseaux mais d'anges qui gravitent autour de celui qui a ouvert la porte, celui a qui a vaincu le mal qui donne la vie au monde. 

 

Mais en revenant un peu en arrière, il y a la description de ce qui se passe, et de l'impact des rencontres avec Jésus qui changent tout. André a rencontré Jésus alors qu'il était en Judée, et il s'empresse de trouver son frère Simon. 

Jésus trouve Philippe qui lui s'empresse de trouver Nathanaël. 

 

Ce à quoi je suis sensible ce matin, c'est cette chaîne. Si j'ai trouvé, alors je transmets ce que j'ai trouvé, je ne le garde pas pour moi, et si j'autre ne veut pas, je devrais l'amener à Jésus, ce qui reste par contre nettement plus compliqué, mais pas impossible.

 

Les versets proposés

 

47 En ce temps-là, lorsque Jésus vit Nathanaël venir à lui, il déclara à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » 

48 Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » 

 

49 Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » 

50 Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » 

51 Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »

 

Je ne reprends pas. En cliquant sur lien https://giboulee.blogspot.com/search?q=Nathanaël les textes sont à la suite. Peut-être pas par ordre chronologique, mais peu importe me semble-t-il. 

 

Je ne suis pas sûre que le texte qui suit, soit très différent, mais il y a bien longtemps que je n'ai pas eu envie de raconter. Alors j'ai raconté. Ou du moins, j'ai laissé la parole à Nathanaël , cet apôtre dont on perd la trace, à moins que ce ne soit Barthélémy dans les synoptiques.

 

Une rencontre qui change une vie. 

 

Je m'appelle Nathanaël. Un prénom qui se termine par el, cela renvoie à Dieu. Mon prénom veut dire "don de Dieu". Je ne sais pas si je suis un cadeau, mais pour mon père, je l'étais. J'habite à Bethsaïde, un village de pêcheurs même si nous ne sommes pas au bord du lac. 

 

J'ai des amis, qui font le même métier que moi, André et Simon. Notre port d'attache c'est Capharnaüm. 

 

André est parti pour un temps pour écouter Jean, ce nouveau prophète, qui annonce l'arrivée imminente d'un messie, et qui propose à ceux qui croient cela; un baptême de conversion. Ils se plongent dans le Jourdain, ils laissent le péché qui est en eux, ils montrent qu'ils changent de vie. Moi, ça ne me dit rien, j'ai ce métier qui était celui de mon père, et je suis bien chez moi. J'ai mon jardin, j'ai mon figuier et je peux, quand je suis là, méditer la loi et les prophètes, lire les chants de louange à mon rythme. Je devrais aller à la synagogue, mais moi je ne suis pas un juif pieux, je fais comme je veux. Par contre les grandes fêtes, je les respecte. 

 

Ce jour-là, je n'avais pas été à la pêche, j'étais chez moi. Et voilà que Philippe, un de mes amis arrive et que littéralement il me saute dessus pour me dire qu'ils ont trouvé (mais c'est qui "ils") celui dont parle la loi et les prophètes et que c'est Jésus de Nazareth. 

 

Alors là, si je puis dire, les bras m'en sont tombés. Un messie qui sortirait de Nazareth ce petit trou, c'est du grand n'importe quoi. C'est d'ailleurs ce que je lui ai dit en affirmant que de Nazareth il ne pouvait rien sortir de bon. Normalement il aurait dû me laisser tranquille le Philippe !  Seulement il y avait quelque chose de changé en lui, il n'était plus le même. Avant il serait parti sans demander son reste. Là il a insisté. Il m'a demandé de venir et de voir. Juger par moi-même, ça, ça me va.

 

Qu'est-ce que j'avais à perdre? Alors je l'ai suivi. Il m'a raconté qu'André ne suivait plus Jean, mais ce Jésus, et même qu'il avait été chercher son frère Simon. Il m'a dit que ce Jésus lui avait donné un nouveau nom. Ce doit vraiment être un drôle de type ce Jésus. 

 

Il m'a dit aussi que lui, Jésus lui avait simplement dit de le suivre, et que ça lui avait suffi. Cela, ça m'a étonné, mais je sentais bien qu'il n'était différent, qu'il était autre.

 

Nous sommes arrivés dans la maison de Pierre et d'André, qui avaient invité Jésus chez eux. Il aurait dû être étonné de voir que Philippe avait ramené quelqu'un avec lui, mais pas du tout. Et voilà qu'il m'accueille en me disant que je suis un vrai israélite sans ruse. 

 

Alors là, mon sang n'a fait qu'un tour, pour qui se prend-il celui-là. Bon d'accord, c'est peut-être un compliment, c'est me dire que je ne fais pas semblant, que je ne suis pas comme ce serpent d'autrefois qui est menteur et qui veut du mal. C'est vrai que je suis comme on dit "franc de collier". Mais quand même. Est-ce que je suis comme notre Père Jacob, qui porte ce nom donné par Dieu?  Est-ce que ça serait un nom nouveau, comme il a donné un nom nouveau à Simon? N'empêche que ça ne m'a pas plu. 

 

Je lui ai alors répondu du tac au tac, en lui demandant d'où il me connaissait, parce que c'est quand même un peu fort. 

Et voilà que lui me dit, en me regardant bien dans les yeux, qu'il m'avait vu sous mon figuier avant que Philippe ne vienne me trouver. 

 

Une phrase est revenue en moi : Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m'assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers. C'était ce chant que je lisais quand Philippe est arrivé. 

Celui qui me connait ainsi c'est le très Haut ! Et j'ai senti au plus profond de moi que cet homme qui me parlait, me connaissait mieux que je ne me connais moi-même. J'ai été convaincu qu'il est bien celui que mon peuple attend, et je le lui ai dit, qu'il était lui le Fils de Dieu, le roi d'Israël. 

Pour dire cela, croyez-moi, il a vraiment fallu que quelque chose change radicalement en moi, comme cela s'était passé pour Philippe. 

Il m'a alors regardé avec un grand sourire, un peu comme s'il se moquait de moi, mais il ne se moquait pas de moi, parce qu'il n'est pas comme ça. Il m'a fait remarquer qu'il avait fallu bien peu de choses pour que je crois en lui. 

Il a ajouté que je verrai des choses bien plus grandes, que je verrai les cieux ouverts et des anges qui monteraient et descendraient au-dessus du Fils de l'Homme. 

Et j'ai imaginé cette échelle de notre Père Jacob, cette échelle entre ciel et terre, j'ai vu en cet homme celui qui allait ouvrir le chemin, qui serait la vérité et la vie. Comment s'y prendrait-il ? De cela je n'en n'avais pas la moindre idée, mais j'avais confiance en lui.

Je me suis dit que comme Philippe, j'annoncerai à d'autres que j'ai trouvé le Messie, et s'ils ne veulent pas me croire, je les conduirai vers Jésus. 

 

Nous avons été invités à Cana peu de temps après. Et nos yeux ont vu de l'eau devenir vin, pour que les mariés et leurs invités soient heureux. Un peu de ciel était sur la terre..

  

mardi, juillet 22, 2025

Luc 10, 38-42. Marthe et Marie. 16° dimanche du temps ordinaire. Année C

Luc 10, 38-42 : l'évangile bien connu de Marthe et Marie.

38En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. 

39Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. 
40Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
 41Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. 
42Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


 

Depuis 2005, date de mon premier écrit sur ce texte : https://giboulee.blogspot.com/2005/08/marthe-et-marie-lc-1038-43.html, trois autres textes ont vu le jour. 


Quant aux sermons ou aux homélies entendues, il y en a eu beaucoup. C'est un évangile qu'on n'entend que tous les trois ans, lors des messes dominicales, mais qui revient beaucoup plus souvent lors des messes de semaines et lors de la fête de la Sainte Marthe.

 

 Aujourd'hui, plus personne n'ose dire du mal de Marthe, personne ne la fustige pour sa soi-disant jalousie, personne ne dit que seule la contemplation est importante. Mais, malgré tout, même si on nous suggère d'avoir nous, les écoutants, les deux attitudes, servir et écouter, il n'en demeure pas moins que la réponse que lui fait Jésus, cette unique chose qui est nécessaire,  peut nous tarauder à certains moments. Mais revenons au texte. 

 

Je ne peux m'empêcher de penser que lorsque Marthe coupe la parole à Jésus, en fait tout est prêt. Si comme nous le dit ou ne le fait comprendre Jean, lorsqu'il rapporte la retour à la vie de Lazare, et le festin qui est donné par la suite, (Jn, 11 et Jn 12), la famille des deux sœurs et de Lazare, n'est pas une famille pauvre. Il est alors vraisemblable qu'il y a des servantes dans cette maison. Alors pourquoi n'y aurait-il pas des servantes qui sont là à demeure d ans le récit de Luc ?  Marthe a-t-elle vraiment besoin d'aide? 

 

Ne trouve-t-elle que sa sœur qui reste assise au milieu d'hommes, n'est pas du tout à sa place. Une femme doit savoir où est sa place. Une femme c'est fait pour servir. D'ailleurs cela Luc nous l'a dit lors de la résurrection de la belle-mère de Pierre : " à l'instant même la femme se leva et elle les servait. " En d'autres termes, elle reprend sa place, son rôle de femme, de maîtresse de maison.

 

Mais ce qui m'a frappé en entendant ce texte aujourd'hui, c'est la composition de cette famille. On a deux sœurs célibataires. Rien ne fait penser à la présence d'un homme dans cette maison, si on reste au texte lucanien. Dans l'évangile de Jean, il paraîtrait quand même difficile de faire l'impasse sur une veuve, si Lazare avait été marié. 

 

Or il me semble que se marier est quelque chose d'important dans le peuple juif, on se survit par la procréation. C'est donc une famille un peu spéciale qui accueille Jésus et ceux qui sont avec lui. C'est une fratrie qui à mon avis, doit faire un peu jaser, comme Zachée, le riche publicain,  fait aussi jaser quand il reçoit Jésus. 

 

Ce que je veux dire, c'est que Jésus choisit d'être accueilli dans une famille un peu marginale et que ce n'est pas un hasard.  

 

Bien sûr Luc nous dit que c'est Marthe qui offre de l'accueillir, mais avec Jésus il n'y a pas de hasard. S'il va dans cette famille, c'est qu'il y a quelque chose à faire !  C'est une famille qui a besoin de sa présence, pour que quelle chose reprenne la vie. Car c'est bien cela que fait Jésus tout au long de sa vie terrestre;

 

J'aime à m'interroger sur les prénoms. Marthe serait un prénom d'origine araméenne, qui signifie "dame, maîtresse de maison".  D'emblée cette femme a une fonction, elle est celle qui s'occupe de la maison, qui la dirige, qui la gère, et ce n'est pas rien. Vivre avec un prénom qui inclue une fonction, n'est pas si simple. Est-ce possible de ne pas faire? De ne pas être semblable à cette maîtresse de maison décrite dans le livre des Proverbes au chapitre 31? 

Quant à Marie (Myriam), on le trouve dans la bible dans le livre de l'Exode, la sœur de Moïse portant ce prénom. Il pourrait signifier goutte de mer, mais il vient aussi de l'égyptien et il signifierait "aimée". 

 

On apprend alors, et cela montre bien comment cette famille est différente des autres, que l'une d'elle au lieu de "servir" se met aux pieds de Jésus, pour l'écouter parler. 

 

Un commentateur, dit que cela c'est la posture de la servante. J'en doute un peu. 

 

Nous savons nous que Jésus a dit précédemment que lorsqu'on est accueilli dans une maison, on commence par donner la paix à cette maison, que l'on mange ce qui est proposé, qu'il faut guérir les malades et de dire que " le royaume de Dieu s'est approché. " Et c'est bien ce qui se passe. Jésus parle, Jésus enseigne et pour moi, Jésus guérit. 

 

Seulement, rester assise, écouter, avec d'autres compagnons de Jésus, mais aussi, avec d'autres habitants du village, ça ne se fait pas. Que va-t-on penser d'elles qui n'ont déjà pas une très bonne réputation, elles qui n'ont pas de mari ?  Marthe, qui elle, fait tout bien, doit trouver un moyen pour ramener sa sœur à la raison. Elle doit la trouver un peu folle sa sœur.  Que va-t-on penser d'elle ? Que va-t-on penser d'eux?  

 

La phrase employée est très subtile, car elle fait appel au bon cœur de celui qui est là. Marthe ne s'adresse pas à sa sœur, mais à Jésus. Elle le prend par les sentiments : " Seigneur cela ne te fait rien que ma sœur m'ait laissée faire seule le service? " C'est vraiment très astucieux et même imparable. C'est vraiment : " regarde dans quel état de fatigue je me trouve,  moi aussi j'aimerai pouvoir t'écouter, s'il te plait fait ou dis quelque chose. "

 

Peut-être que si Marthe en était restée là, les choses auraient été différentes. Mais il me semble que s'il y a quelque chose que Jésus semble ne pas aimer du tout, c'est quand on lui dicte sa conduite. Je fais ici allusion à l'homme qui lui demande de "dire à son frère de partager leur héritage" Luc 12, 13, et auquel Jésus répond assez vertement :" Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? " Or, elle lui ajoute : " dis-lui donc de m'aider".

 

Or cela, ce rôle, de chef, de père de famille, Jésus n'en veut pas. Il n'est pas là pour ça et il va le faire comprendre à Marthe.

 

Mais je crois aussi, qu'il va, sans rien dire à personne, expulser quelque chose de mauvais qui est en elle, il va la guérir, non pas du démon de la jalousie, (ce que disent certains commentateurs), mais de ce démon, bien plus subtil , que j'appellerai le démon du "paraître", qui vous pousse à être dans le faire, et non pas dans l'être. 

 

 Marie, qui écoute, choisit une posture, une attitude où elle laisse entrer en elle les paroles qui sont dites, où elle est dans l'accueil, dans l'hospitalité. Il s'agit d'être présente à l'autre. Elle se moque du paraître. Peu importe ce que diront ou penseront les autres. Ce qui compte, (et après tout, elle sait que sa sœur va tout faire, et le fera très bien), c'est de rester présente à celui qui vient d'entrer chez elle.

 

Car oui, il y a différentes formes d'hospitalité. SI on relit le passage de la Genèse, proposé pour aller avec cet évangile, on voit qu' Abraham, s'active et fait activer les autres. Certes il fait apporter de l'eau aux voyageurs, mais ceux-ci resteront seuls pour se laver les pieds et attendre que le repas soit prêt. Le maître de maison donne des ordres à sa femme : préparer des galettes de fine fleur de froment pour "un régiment", 30 kg de farine ce n'est pas rien. À son serviteur, de tuer et de préparer le veau gras. Quant à lui, il est allé dans le troupeau pour le choisir ce veau. Il a tout préparé. Ensuite il restera debout tandis que ses hôtes se restaureront. Marthe est un peu comme lui. Mais est -ce qu'elle est vraiment capable de demander de l'aide? Car outre les servantes de la maison, peut-être que des bonnes volontés sont présentes parmi ceux qui accompagnent Jésus ce jour-là.

 

Jésus ne répond pas à la demande qui lui est faite,  au " dis-lui de m'aider ", Mais quelque chose de beaucoup plus intime va se passer ; il se fait le prochain de cette femme en colère, de cette femme qui a peur du quand dira-t-on, du jugement des autres. 

 

Il commence par répéter le prénom de son hôtesse par deux fois, et c'est bien une confirmation de ce "Seigneur" que Marthe a employé pour lui parler. Oui, il est celui qui a parlé à Moïse, à Samuel, et à tant d'autres, il est LE SEIGNEUR. 

 

Il ne va pas dire que c'est mal de se donner du souci et de s'agiter pour bien des choses. Non, cela il le sait, il le voit. Mais est-cela le plus important quand lui est présent? Lui qui a donné en abondance du pain et du poisson à une foule, (Lc 9, 10-17), ne pourrait-il pas aussi restaurer ceux qui sont là? 


Et c'est là, que quelque chose se passe pour Marthe, que Jésus expulse ce mauvais démon qui est en elle, ce démon du paraître, ce démon de la peur du jugement. Il lui ouvre les yeux. 

 

Marie sa sœur a fait un autre choix, elle a la meilleure part, et dans un repas, il y a des morceaux de choix. Elle est là, avec celui qu'elle aime et ce moment-là, ce moment précieux, ce moment qui restera en elle et qui portera du fruit. C'est c'est parfois important d'avoir le meilleur morceau, celui que l'on convoite, et cela est à elle, et personne ne le lui enlèvera, et surtout pas Marthe. 

 

Ce meilleur morceau, c'est de profiter pleinement de la présence de celui qui est là, dans cette maison-là, ce jour-là. C'est de l'écouter, peut-être de se "gaver" de tout cela, pour que cela demeure en soi, pas comme un souvenir qui pourrait s'évanouir avec le temps, mais comme la Présence qui demeure. Dans un autre évangile Jésus dira : " si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera, nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure ". Je pense que c'est cela la "meilleure part" qui ne peut être enlevée;

 

Le livre de l'Ecclésiaste dit qu'il y a un temps pour tout sous le soleil. 

 

À nous de choisir le temps qui est bon pour nous, soit dans l'accueil et dans l'écoute, soit dans une certaine forme de faire, mais de toujours être dans une action qui ne fait pas de nous des machines, qui laisse toujours en nous un peu de place pour nous laisser surprendre par ce qui est en train d'advenir. 

jeudi, mai 08, 2025

JEAN 21, 1-19. TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS PASCAL.

 

JEAN 21, 1-19. TROISIEME DIMANCHE DU TEMPS PASCAL. 

 

 

Que n'a-t-on pas écrit sur ce texte, lu d'ailleurs aux funérailles du pape François, texte qui confère autorité à Simon-Pierre, malgré les trois moments où il n'a pas eu le courage d'affirmer qu'il était bien un disciple de celui qui venait d'être arrêté. On peut quand même se souvenir que si Pierre a bien tranché l'oreille d'un serviteur du Grand Prêtre, il risquait quand même sa vie, s'il était reconnu.

 

Jésus lui confère le rôle du Pasteur, celui qui conduit et celui du Berger, celui qui trouve le vert pâturage où le troupeau trouvera son repos et sa subsistance.

 

Si cela ne pose pas question, je me suis quand même demandée si en araméen, le verbe aimer avait autant de subtilités qu'en grec, mais Il est vrai que cet évangile est tardif, donc s'adresse à la première, voire la deuxième génération de croyants, et plus précisément à la communauté johannique. Je me dis qu'en Français où ces subtilités sur le verbe aimer n'existent pas, on a quand même, du moins pour moi, une différence entre dire à quelqu'un je t'aime ou lui dire, je t'aime bien. 

 

 Paul et Pierre ont été exécutés, mais que la bonne nouvelle se répand aux confins du monde connu, et que ce qui est dit là dans cet appendice, ce témoignage de la manifestation de jésus, du Seigneur, peut se lire comme un enseignement. 

 

C'est ce que j'ai essayé de faire, et c'est une démarche assez inhabituelle pour moi. 

 

Mais peut-être faut-il quand même dans un premier temps, lire le texte et le laisser parler en essayant ce que certains appellent une composition de lieu, et laisser aussi les questions venir. C'est le temps 1, que je présente maintenant. 


 

Temps 1 analyse classique

 

J'aime bien mettre en exergue les mots ou les phrases qui ont été importantes pour moi.

 

 

 

Au lever du jour:

 le jour comme une promesse. On -n'est plus dans les ténèbres.

 

 

Se jeter à l'eau

Quand se jette-t-on à l'eau? Quand il faut faire quelque chose qui semble impossible,  ou poser une question difficile? Mais j'imagine que c'est un peu comme un baptême et peut-être que Simon et Jésus se sont dits des choses sur la rive. Se jeter à l'eau, c'est aussi la confiance. 

 

Peut-être peut-on entendre aussi dans ce récit, comme un temps de purification, comme un baptême. Utiliser ce temps où on perd ses repères pour se laisser purifier, pour se laisser laver, se laisser pardonner.

 

Pierre fut peiné.

 

Cela se dispense de commentaire. On sait que pour ce verset, Jésus emploie le verbe aimer de la même manière que Pierre, comme s'il comprenait qu'à ce moment-là, Pierre ne peut pas aimer autrement. Mais l'auteur fait comprendre aux lecteurs que Pierre qui donnera sa vie sur une croix, sera passé à cet autre amour, cet amour qui donne et qui se donne. Cela peut-être un encouragement pour nous aujourd'hui. 

 

 

 

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.

2 Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.

 

3 Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

 

On a comme une description d'un état des lieux. Malgré le don de l'Esprit reçu le jour de la Résurrection, malgré la manifestation de la semaine suivante, Simon et les autres, retournent en Galilée, et en attendant, mais on ne sait pas quoi, reprennent leur vie d'avant. Ils sont sept. 

 

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.

5 Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. »

 

Et voilà un inconnu qui les interpelle, (moi j'aurais dit, hé les gars), et qui quémande. Hélas, ils n'ont rien. Tant pis pour lui.

 

6 Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.

 

Mais l'inconnu ne se laisse pas démonter et ce qui se passe, peut aussi évoquer la multiplication des pains, quand Philippe reconnait qu'ils n'ont rien pour donner à manger à la foule. Réveiller la mémoire?  Se souvenir de l'abondance avec ce peu: ces cinq pains et ces deux poissons, mais aussi de ce discours dans la synagogue de Capharnaüm. 

 

 

7 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.

 

Lui, ce disciple qui a Jésus dans la peau, il se souvient, il fait mémoire, et pour lui, l'inconnu a un nom, le Seigneur.

 

Faut-il vraiment s'appesantir sur ce vêtement passé, nudité honte? Des fois ça m'énerve ces interprétations culpabilisantes. Bien entendu, si ça avait été un autre, Pierre ne se serait pas jeté à l'eau, et se serait rhabillé avant d'arriver; mais là, il veut le voir le premier . Il se jette à l'eau, et se jeter à l'eau, ce n'est pas rien. Qu'est-ce que Jésus va lui dire? Et lui, que va-t-il dire à Jésus. Il pêche des poissons, il ne s'occupe pas des autres, de ces péchés qu'il a le pouvoir de pardonner comme son maître? Pouvoir qui n'appartient pourtant qu'à Dieu. De ce don, qu'a--il fait,

 

8 Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.

 

Peut-être qu'ils sont repartis un peu au large, car j'imagine mal que la voix de l'inconnu ait pu porter aussi loin. Et le miracle se fait. Non pas quelques poissons, mais un filet qui peut presque faire chavirer la barque. 

 

9 Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.

10 Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »

 

 

Cela a dû les étonner de trouver ce feu, qui prouve qu'ils sont attendus, car il faut du temps pour faire des braises, de ce poisson en train de cuire, et de la demande de celui qu'ils savent être le Seigneur, Leur Seigneur, de donner de ce qu'ils viennent de prendre. 

 

11 Simon- remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.

 

 

Pas si facile de se représenter la scène avec les verbes proposés. 

Les disciples, manifestement laisse le filet dans l'eau, descendent dans l'eau, et à mon avis, montent sur la terre ferme, que la quelle Pierre de se trouve déjà.

 

On peut donc penser que près du rivage , ils voient un feu, avec du poisson et du pain. Où est Jésus? Peut-être un peu plus haut, un peu plus loin. Mais c'est lui qui demande que les poissons, les siens et les leurs soient comme mélangés, confondus, mais le pain, lui reste unique.

 

Simon va vers la barque, lui avec un ou des, la tracte, met le filet sur la rive, constate que les mailles ne sont pas rompues, surpris par la taille des poissons, les compte, (à mon avis il faut un certain temps pour ça), et va vers le feu avec le poisson, qu'il faut faire cuire quand même.

 

12 Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.

 

 

Pierre, remonte.  Il va jusqu'à la barque, avec quelle force la tracte-t-il pour que le filet puisse être déversé sur la plage? Pas possible qu'il soit seul. D'où l'Importance des frères pour que la pêche ne soit pas perdue. 

 

Ou alors c'est juste la fin, mais ce verbe remonte, peut prophétiser ce qui va se passer par la suite; 

 

Dieu l'a sauvé de l'abîme des grandes eaux, il l'en a fait remonter. Il l'a sauvé; c'est presque la marche sur les eaux, des synoptiques dans Matthieu après la multiplication des pains;

 

13Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.

14 C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.

 

On aurait pu en rester là, un repas partagé, une amitié simple, mais quand Jésus se manifeste, c'est pour donner une mission, et c'est ce qui va se passer. 

 

 

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15Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »

 

Jamais simple cette question. Bon il y a le :  "est ce que tu m'aimes," au sens d'aimer comme on aime son époux, son unique, et Simon répond par "je t'aime bien."

 

On peut aussi entendre, Eux tu les aimes, ce sont tes amis, est ce que moi, tu m'aimes de la même manière ou est-ce que tu m'aimes autrement, parce que tu sais que moi, je t'aime autrement. Est-ce que tu peux répondre à mon amour? 

 

Le pasteur Nouis, dit que l'agneau est un animal sans défenses, pas de cornes, et ce sont ceux-là qui sont confiés à Simon, qui devient berger comme Jésus, ou comme son Père. Une première charge. 

 

16Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »

 

On passe aux brebis, mais elles non plus n'ont pas de défense, et elles ont besoin de quelqu'un qui les guide. 

 

17 Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.

 

Cette fois-ci, Jésus s'est adapté à Pierre; et c'est un peu, comme s'il lui disait; aimes-moi comme tu peux, mais je t'aime tel que tu es. Et c'est la fonction de trouver la nourriture pour le troupeau qui lui est donnés. Mais dans la Bible, Dieu se dit le berger de ses brebis. Être berger à la façon de Dieu. Is 40: 11 Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras le rassemble. Il porte ses agneaux sur son cœur, il mène au repos les brebis.

 

Pierre a-t-il fait à ce moment-là le rapprochement avec ce feu de braises et ce qui s'est passé la nuit de l'arrestation? Le disciple, certainement. Pierre, pas sûr.

 

18Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »

 

19Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

 

Le texte proposé ce dimanche s'arrête là. J'en fais autant. Il s'arrête avec l'annonce prophétique de la mort de Pierre, la mort sur la croix, comme un esclave. Et avec un ordre: "suis-moi". On sait que Simon ensuite se retourne, voit le disciple aimé, et ne peut s'empêcher de demander ce qui est prévu pour ce dernier. On connait la réponse de Jésus, ça ne te regarde pas. Mais il fera ce que j'ai prévu pour lui.

 

 

 

Temps 2: que nous dit le rédacteur.

 

Une autre lecture, plus centrée sur ce que nous dit aujourd'hui , le rédacteur de ce texte, lui qui termine son livre en disant qu'il y a encore beaucoup de choses que Jésus a faites (avant et après la résurrection)  et que s'il fallait écrire chacune d'elle, le monde entier ne suffirait pas pour contenir tous les livres que l'on écrirait. 

 

Peut-être faut-il dissocier les deux parties assez évidentes de ce récit, à savoir ce que nous appelons la pêche miraculeuse et l'explicitation du rôle de Simon, celui que Jésus a nommé Képhas dès le début de sa vie publique. 

 

La pêche miraculeuse.

 

 1 Rester soudés dans l'adversité. 

 

On ne sait pas très bien ce qu'ils font en Galilée. En théorie, c'est ce que Jésus leur a demandé dans l'évangile de Matthieu, alors que chez Luc, ils doivent rester çà Jérusalem. On a l'impression, qu'ils sont perdus, et que retourner en Galilée, c'est retrouver une certaine sécurité. Simplement, ils restent quand même en petit groupe. Ils sont ensemble. Alors là, on a déjà une indication: quand ça va mal, parfois il est plus prudent de faire un arrêt, de se mettre à l'abri, mais pas tout seul. C'est important de ne pas se terrer dans son coin, de faire le mort. Et de fait, Simon dit ce qu'il veut faire et les autres partent avec lui. Agir ensemble. 

 

 

Le lever du jour et la troisième manifestation de jésus. 

 

-Le lever du jour évoque pour moi le matin de la résurrection, mais dans l'évangile de Jean, ce troisième jour est caractérisé par les ténèbres qui sont encore là, et qui ne seront chassées (et encore) qu'à la fin du jour quand Jésus se manifestera aux 10, puisque Thomas n'est pas là. 

-Le troisième jour dans la bible, c'est le signe de la manifestation de Dieu. L'alliance à l'Horeb a lieu le troisième jour. 

 

Finalement un jour qui semble marqué par le deuil, la tristesse, peut se transformer en jour de joie. Et cela c'est une espérance pour nous.

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3. Se laisser questionner., ne pas résister aux motions.

 

Ils ont passé une nuit sans résultats. Ils rentrent surement dépités, fatigués, mais c'est la loi du lac. Et là, quelqu'un leur demande s'ils ont quelque chose à manger. Manger c'est important, qui est cet homme qui semble leur demander quelque chose. Ils peuvent être tristes de ne rien avoir pour lui.

 

Puis c'est la suggestion: jeter le filet à droite. C'est très précis. Peut-être que c'est incongru, je ne sais pas. Mais quand on ne sait plus à quel saint se vouer, pourquoi pas. Mais ils l'ont fait, et cela c'est important. Je dirai presque que c'est comme une motion de l'Esprit, on peut résister. 

 

4 Comment réagir devant le miracle? Se jeter à l'eau, aller vers. Ne pas avoir peur.

 

Le filet est tellement rempli que sept hommes n'arrivent pas à le tirer. C'est étonnant. Pour l'un d'entre eux, la signification est évidente : c'est le Seigneur. Pour les autres, on ne sait pas, pour Simon, l'impulsif, c'est comme un signal. Aller voir. Et peut-être aussi faire mémoire. Et il y a eu la multiplication des pains, qui lui avait permis d'affirmer que seul Jésus avait les paroles qui donnent la vie éternelle. Seulement entre temps, il y a cette faute, ce reniement. Si c'est le Seigneur, qu'est ce qui va se passer? 

 

On ne sait pas ce qui se passe dans la tête de Simon, mais je crois que le besoin de voir est impératif, même si on ne sait pas. Se jeter à l'eau, c'est accepter de perdre peut-être ses repères, de se mettre un peu en danger, mais aussi de penser. Peut-être aller au-delà de la honte, ne pas regarder son nombril son passé, mais le présent;

 

Se sont-ils dit quelque chose quand Simon arrive? Mais si Simon qui est le patron, se jette à l'eau, c'est qu'il y a urgence pour lui. 

 

5 le feu de braise et le poisson qui est en train de cuire et la demande de Jésus. 

 

On dit toujours que le feu de braise, est là pour rappeler à Simon Pierre un autre feu. Un feu qui brûlait pour réchauffer, un feu qui brûlait dans une nuit froide, sans espoir. Là le feu est comme transformé, il devient feu du repas qui va être partagé. Feu de la présence de celui qui prépare. Et là, j'ai envie de dire que Jésus ne nous en veut pas de nos reniements, de nos errances. Il prépare un feu, un feu où on peut faire brûler ce passé, et se réjouir du présent. Et c'est peut-être ce que nous dit aussi ce "au lever du jour". 

 

6 le repas partagé.

 

Pierre, est certes nommé comme celui qui retourne au bateau, qui le hâle, et qui récupère le filet et les poissons, mais à moins d'être un sur-homme, il ne peut pas faire cela tout seul. Là encore, ce texte dit que pour obéir à ce que Jésus demande, parfois il faut l'aide des frères. Il y a le poisson qui cuisait, il y a le poisson qui cuit, et c'est Jésus, qui prend et qui donne, c'est lui qui fait de nos poissons, de nos pêches autre chose, et cela c'est notre joie.

 

 

-L'institution de Pierre comme berger, et l'annonce d'un certain futur.

 

Je dois reconnaître que curieusement ce passage me pose beaucoup de questions, que je ne suis pas sûre de pouvoir résoudre. Bien sûr, il y a le reniement par trois fois et la triple demande de Jésus, il y a eu le feu de braise. Il y a l'annonce de la mort de Pierre, que le rédacteur a vu se réaliser, mais qui montre aussi, qu'à ce moment-là, Simon-Pierre aime au point de donner sa vie, comme son maître l'a fait. Il est donc passé du "je t'aime bien" au "Je t'aime" ce que l'on ne dit qu'à sa famille de sang. Et cela peut quand même mettre un peu de baume au cœur. Quant à ce qui est dit au sujet de celui qui rapporte ces évènements, que sa fonction est de rendre témoignage autrement, simplement de demeurer jusqu'à ce que jésus revienne, mais on pensait que le retour serait imminent, quoique dans son épître Pierre n'en soit pas si sûr. 

 

Peut-être que ce qui me séduirait dans cette péricope, c'est ce qui se passe entre Jésus et Pierre, quand ce dernier se retourne, voit qu'ils sont suivis par celui qui lors du dernier repas s'était penché sur le cœur de Jésus et lui avait demandé qui serait celui qui le livrerait, et qu'il demande ce qui va advenir pour ce dernier. A quoi Jésus répond, "qu'est-ce que ça peut te faire, ce ne sont pas tes oignons, fiche-moi la paix" et je dois dire que ce Jésus-là, je l'aime. On pourrait presque dire "va te faire voir". 

 

Mais quel est le projet du rédacteur? Nous faire comprendre que même si on n'a pas été à la hauteur, on peut tout à fait, à condition d'aimer à la manière humaine, avec notre pauvre petit cœur imparfait, devenir le berger des agneaux, des petits, des sans défenses; devenir le pasteur des brebis, les diriger, leur montrer le chemin.

 

Peut-être que le grand absent de cette péricope c'est l'Esprit Saint, mais heureusement pour nous Luc viendra à notre secours.

 

 

Un récit

 

Cela faisait presque trois semaines que Jésus leur était apparu par deux fois, à huit jours d'intervalles, mais ils avaient toujours peur, peur des romains, peur des juifs, peur de tout. Et puis à Jérusalem ils se sentaient des intrus, des étrangers. 

 

Les jours avaient passé, l'argent avait fait défaut, ils ne savaient plus que faire. Ils savaient que Jésus était vivant, mais au fond d'eux, ils étaient encore sous le choc de la vision de Jésus, défiguré, sanglant, à bout de souffle sur la croix. Cette image elle était là, et même s'ils avaient vu les trous laissés par les clous, la plaie du côté qui avait déchiré le cœur, devenus des puits de lumière, ils n'y croyaient pas. Et puis Jésus leur avait de s'aimer les uns les autres, mais Judas, ils le haïssaient, Pilate, ils le détestaient. Aimer est ce que c'est possible quand on a mis à mort le Juste? 

 

Le seul qui semblait en paix c'était celui qui était si proche du Maître, celui qui semblait tout comprendre avec un temps d'avance sur les autres. Lui il était dans la Paix, il semblait joyeux. 

 

Quand Pierre avait proposé de rentrer en Galilée, il s'était joint à eux. Eux, c'était Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, Jean et Jacques les fils de Zébédée, Jude et un autre. Ils étaient sept, sept à se serrer les coudes, sept à essayer de reprendre le fil de leur vie.

 

 Simon avait retrouvé sa barque, et ce jour-là il avait décidé de pêcher. Il faut bien vivre. Tous s'étaient embarqués avec lui, mais ils n'avaient rien pris. Le filet était resté désespérément vide. Au petit matin ils s'étaient approchés du rivage et là, un homme leur avait demandé s'ils avaient de quoi manger, ce à quoi ils avaient répondu par la négative. Il leur avait alors dit de jeter le filet à droite . Il émanait de lui une véritable autorité, et puis, il serait bien temps de rentrer ensuite.

Seulement là, le filet s'était rempli, la barque avait même failli chavirer, et il fallait se mettre tous à ramer pour ramener la barque. C'est alors que Jean, ce disciple qui pas comme les autres avait dit à Pierre, que cet homme, c'était surement le Seigneur.

 

Quand Pierre avait entendu cela, personne ne sait ce qui s'est passé dans sa tête, mais il a attrapé une tunique, il s'est jeté à l'eau et il a regagné le rivage comme il a pu. Qu'est ce qui s'est passé dans sa tête? Il est impulsif, ça c'est sûr. Est-ce qu'il voulait être le premier à le voir, à parler avec lui, peut-être à lui expliquer pourquoi ils étaient sur lac et pas à Jérusalem? Ce qui s'est passé personne ne le sait. Mais peut-être que Simon lui a dit qu'il l'aimait… 

 

La barque est arrivée à terre, et en débarquant, les autres ont vu qu'il y avait un feu de braise pas loin de la rive, avec du poisson en train de cuire et des galettes de pain sur des pierres. L'inconnu a demandé que l'on apporte du poisson frais pêché, et ce n'était plus l'inconnu du bord du lac, l'inconnu qui avait donné un ordre insensé, non c'était bien Jésus de Nazareth, leur Jésus, Jésus le ressuscité, Jésus avec un corps autre. 

 

Pierre est allé remonter le filet, mais Jude, Jean et Jacques sont allés avec lui. Le filet était plein de gros poissons, mais les mailles n'étaient pas rompues; ça c'était cadeau, parce que rapetasser un filet ce n'est jamais drôle. 153 poissons avaient été pris. C'était énorme. Cela faisait penser à l'abondance, que Dieu seul est capable de donner. 

 

Jésus avait alors partagé du poisson et du pain; et tous ils avaient mangé, parlé, bu de cette eau de source qui jaillit par endroit. Un peu de temps avait passé. Puis tout à coup il s'était tourné vers Pierre et lui disant Simon Fils de Jean , m'aimes-tu plus que ceux-ci? Nous, nous n'en avons pas cru nos oreilles. Bien sûr qu'il l'aime lui, plus qu'il nous aime nous, qui ne sommes que des compagnons, des amis. Mais Simon ne semblait pas à l'aise quand il lui a dit que oui, il l'aimait bien. Jésus lui a dit alors qu'il serait le berger de ses agneaux. Et cette question il la lui a posée encore deux fois et Pierre était de plus en plus mal à l'aise. Il était même sur le point de pleurer la troisième fois. C'était quand même comme si Jésus lui transmettait sa charge à lui, lui qui avait donné sa vie pour ces hommes et ces femmes qu'il appelait ses brebis et qui avaient reconnu en Lui l'envoyé de Dieu, le Fils de l'homme.

 

Peut-être avait-il pensé à cette funeste soirée où lui, Pierre, lui qui avait dit qu'il donnerait sa vie pour son Maître, peut-être s'était-il demandé le pourquoi de cette insistance. Jésus sait bien qu'il l'aime avec ses pauvres moyens, alors pourquoi trois fois? Jésus lui avait donné ensuite un ordre: le suivre. Et ils étaient partis tous les deux. Peut-être que Jésus voulait lui en dire un peu plus, à lui qui avait désormais cette charge sur les épaules. Ils sont partis, mais le petit, cet homme qui nous posait question parce que lui, il semblait tout comprendre les a suivis,  comme s'il voulait quelque chose. Pierre s'est alors retourné, et a demandé à Jésus, ce qu'il allait advenir pour lui. Peut-être n'avait-il rien compris à ce que Jésus avait dit. Après tout il était encore jeune, il pouvait mettre sa ceinture tout seul et aller où il le voulait. Pourquoi un jour futur quand il serait devenu vieux, serait-il conduit par un autre pour aller là, où il n'aurait pas envie d'aller? 

 

Jésus lui a répondu assez vertement que ça ne le regardait pas et que si Lui, Jésus voulait que ce disciple-là demeure jusqu'à son retour, cela ne le regardait pas. Mais qu'est-ce que Jésus a-t-il voulu dire?  Un jour nous comprendrons, un jour le Défenseur qu'Il nous a promis descendra sur nous et fera de nous ses témoins jusqu'au bout de la terre. Aujourd'hui, restons dans la joie de la présence, et de ce repas qui nous a restauré qui a fait de nous des frères, qui a fait de nous ses frères.