lundi, mars 24, 2025

Lc 4, 24-30 et 2R 5, 1-15. Lundi de la troisième semaine de Carême. Année C

LUNDI 24 MARS. Lc 4, 24-30 et 2R 5, Naaman le Syrien. 

 

https://giboulee.blogspot.com/search?q=Luc+4%2C+synagogue+de+Nazareth

https://giboulee.blogspot.com/2024/07/marc-6-1-6-jesus-nazareth-14-dimanche.html

 

 

Pourquoi ces textes en ce lundi de la troisième semaine de carême.

 

Je dois dire que ce texte de Luc, qui est tout au début de son évangile, et qui rapporte le non accueil de Jésus dans sa ville d'origine, reste curieux, d'autant qu'il est assez différent de ceux des autres synoptiques. 


Par ailleurs la liturgie nous donne à regarder la deuxième partie de ce récit, que l'on comprend mal si on n'a pas la première en tête. Si donc, on ne garde que la fin du récit, c'est une démonstration par l'écriture que nul n'est prophète dans son pays d'origine, et que Jésus est un prophète, aussi grand que ceux qui ont reçu l'onction. Mais cela demeure fermé aux yeux des nazaréens. Peut-être que parfois nos yeux à nous sont fermés, nous ne comprenons pas pourquoi certaines actions étonnantes ont lieu ailleurs que chez nous et du coup, nous rejetons en bloc et l' action et celui par lequel l'action a pu se réaliser. Avons-nous envie de tuer , et là on serait dans la jalousie, ce n'est pas impossible.


 

Mais je reviens au texte que je résume. Jésus qui a été baptisé par Jean, puis conduit dans le désert par l'Esprit, a affronté le Malin et en a été vainqueur. Il commence sa vie publique en Galilée et non pas en Judée. Luc ne donne aucun contenu de l'enseignement de Jésus, si ce n'est que sa renommée s'étend dans le pays et qu'il enseigne dans les synagogues. 

 

On saura quand même, grâce à la suite de la lecture du texte, que des guérisons ont certainement été faites à Capharnaüm.  Existe-t-il une jalousie entre ces deux villes, c'est possible et cela pourrait expliquer le comportement des habitants de Nazareth. Mais c'est une hypothèse. 

 

On sait aussi que Jésus se trouve dans la synagogue de Nazareth, et qu'il commente les versets du prophète Isaie. Après avoir lu, il va affirmer que ce texte le concerne lui. Il affirme que le temps de grâce est arrivé, mais aussi qu'il est revêtu par l'onction, donc qu'il est le messie. Mais c'est là que ça va se gâter puisque tout le monde sait très bien de qui il est le fils. Je crois alors que ce qui se passe, dans la tête de certains, c'est : "pour qui il se prend celui-là". 

 

Ce qui suit (verset omis) est bizarre, de quoi Jésus devait-il se guérir lui-même? Je pense qu'il s'agit de ce qu'il a fait à Capharnaüm, et là, ce serait comme il le dit, une question puisque dans le récit de Luc, il ne s'est rien passé à Nazareth. Cela pourrait se formuler comme : " Ce que tu as fait là-bas, pourquoi ne le fais-tu pas chez nous"?  . 

 

La réponse de Jésus, avec les miracles faits par deux grands prophètes sur des habitants "étrangers", est quand même étonnante. Est-ce que Jésus veut faire comprendre qu'il est là, pour tout le monde, qu'il y a quelque chose d'universel dans sa mission? Si les habitants de Nazareth méprisent ceux de Capharnaüm, cela pourrait alors s'expliquer. 

 

Mais pourquoi est-ce que cela "énerve" tellement les habitants de Nazareth, au point qu'ils veulent d'emblée le tuer, cela reste mystérieux, sauf si l'on admet que le diable qui a été éconduit dans le désert, a trouvé là une belle occasion de se débarrasser de cet homme dont il ne sait pas très bien s'il est ou non le fils de Dieu.

 

Ce qui ressort quand même de ce texte, c'est que dès le début de sa vie publique, Jésus est menacé de mort, par ceux qui lui sont quand même proches, ses concitoyens. Cette même menace se trouve dans Marc au chapitre 3, après que Jésus ait guéri un homme un jour de Sabbat. En d'autres termes, Jésus vit dans un climat de grande insécurité, et ce dès le début de sa mission. 

 

La question que se pose est de savoir ce que ce texte, nous donne à contempler, à penser pour notre vie de tous les jours, en ce début de troisième semaine de Carême?

 

S'agit-il de notre incapacité à voir au-delà des apparences? Et cela bien entendu, se pose aussi envers ceux que nous voyons et rencontrons soit au cours de cette journée, soit que nous connaissons "trop bien"? 

 

Est-ce que parfois, nous ne serions pas un peu jaloux de ceux qui ont des expériences de vécu de guérison, alors que nous, nous demandons et ne recevons pas? Je ne sais pas. Cela pourrait être une piste.

 

Si je reviens aux exemples pris par Jésus, on ne peut pas dire que Naaman ait vraiment foi dans la parole d'Élisée. Quant à la veuve de Sarepta, j'ai plutôt l'impression qu'elle se demande ce que veut de drôle de bonhomme, en qui elle ne voit peut-être pas un prophète. Mais ce qui est certain, c'est qu'elle a confiance en ce qu'il promet. On peut dire finalement que ces deux étrangers ont eu foi en la parole, ce qui n'est pas le cas de certains habitants de Nazareth. 

 

Alors que retenir? Ne pas juger trop vite en fonction de ce que nous croyons savoir soit des autres, soit même de Jésus, parce que parfois, nous pouvons refuser de nous laisser surprendre par la radicalité de son message (se laisser déplacer comme on dit maintenant), et lui faire confiance.

 

Pour ma part, finalement je dirai, ne pas juger trop vite, ne pas se fier au trop connu, écouter ce que dit Jésus, même si parfois ça me dérange (comment croire qu'une année de bienfait est là quand on regarde autour de soi) et aussi ne pas laisser parfois la colère monter en moi.

Dans la mesure où le texte proposé ne reprend que la deuxième partie de la péricope, la colère et le désir de mort, sont manifestement premiers.

 

Travail sur le texte.

 

24 Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.

 

Le doute qui commence à émerger le "pour qui il se prend", doute qui n'existe pas à Capharnaüm, pousse Jésus à se comparer aux grands prophètes du temps de la royauté.

 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;

26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

 

Pour Elie, c'est assez normal, il est tout, sauf en odeur de sainteté dans son pays, après avoir provoqué cette famine. C'est le Seigneur lui-même qui lui dit de partir. Il me semble aussi, que la ville de Sarepta est la ville d'origine de Jézabel, c'était peut-être un peu risqué aussi de s'installer là, mais le prophète a obéi.

 

Quant à l'histoire de Naaman le syrien, il a fallu le forcer pour qu'il se plonge dans les eaux du Jourdain. Cette guérison est aussi témoignage pour Israël: il y a bien un prophète dans ce pays. 

 

Jésus du coup se proclame Messie et Prophète, lui qui est le fils du charpentier. Là, trop c'est trop.

 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.

29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.

 

30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

 

Quelle mouche les pique?  Jésus (et cela se retrouvera dans l'Évangile de Jean, quand il sera en butte aux pharisiens dans le Temple) se dérobe. Soit il connait tellement bien Nazareth qui peut se cacher, soit la main du Très Haut est là et le protège.

 

Les réflexions d'un villageois

 

Non mais, pour qui il se prend le Jésus. Nous on a toujours fait comme s'il était le fils de Joseph, parce que ça, on n'en sait trop rien. Il avait appris le métier de charpentier et nous étions contents de l'avoir, il faisait de "la belle ouvrage", il réparait aussi pas mal de choses; il faut dire qu'il est très adroit de ses mains. Bref un bon garçon sans histoires, mais il avait la trentaine et il n'était pas marié, ce qui n'est pas normal.

 

 Un jour comme tant d'autres, il est parti demander le baptême de Jean. Enfin c'est ce qu'on nous a dit. Nous, nous n'étions pas très contents d'avoir perdu notre charpentier. On nous a dit aussi, qu'il s'était installé à Capharnaüm, et qu'il avait guéri des possédés et des malades et qu'il disait qu'il fallait se convertir parce que le règne de Dieu était tout proche. C'était quand même étonnant. Qu'est ce qui s'était passé, jésus un nouveau prophète? Bizarre. Et puis un jour, il s'est pointé chez nous. On aurait bien voulu qu'il guérisse nos malades, mais il est juste allé chez sa mère. 

 

Le jour du Sabbat, il est venu à la synagogue, et là, nous lui avons laissé la parole, la possibilité de commenter un de nos grands prophètes et d'enseigner comme le font les scribes, nous aider à comprendre ces vieux écrits. 

 

Il a lu quelques phrases du prophète Isaïe, où il dit que le Seigneur a consacré quelqu'un par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, pour libérer les captifs, pour rendre la vue aux aveugles, rendre leur liberté aux opprimés et proclamer une année de bienfaits de la part du Seigneur. 

 

Bon tout ça c'est bien beau, mais personne ne l'a jamais fait, même pas le prophète. Et voilà que lui; il affirme que ce qui a été écrit il y a des siècles, cela le concerne lui, et donc qu'il va accomplir de grandes choses. 

 

Sur le coup on a trouvé ça très beau, sauf qu'il faut bien qu'il le prouve et puis quand aurait-il reçu une onction, lui que nous connaissons depuis toujours. 

 

Je crois que ça ne lui a pas plu que nous mettions en doute ce qu'il disait. Il n'a pas guéri les aveugles, libérer les opprimés, comment est- ce que ce serait possible avec ces romains qui sont cesse sur notre dos, quant à l'onction,  laissez- moi rire. Il n'est pas David, il n'est pas d'origine royale. Nous n'avalons pas tout, comme ceux de Capharnaüm, et puis les guérisons, comme je l'ai dit,  nous les attendons. Je reconnais que ce qui était étonnant c'était le changement qui s'était opéré en lui. Il était rempli d'assurance, il parlait bien, et on avait envie de l'écouter. 

 

Mais au lieu de se lever pour guérir, il nous a dit qu'il savait très bien que nul n'est prophète dans son pays, et il nous a fait la leçon en nous parlant d'Elie qui est allé sauver une veuve à Sarepta et non pas une veuve qui mourrait aussi de faim à Jérusalem, et d'Élisée qui n'avait pas guéri un ou des lépreux de chez nous, mais un étranger, et de plus un général qui nous avait fait la guerre, et qui était bien puni par la lèpre.

 

Bref, il nous a mis en colère, et chez nous la colère ça monte vite. 

 

Alors ce Jésus, il fallait l'empêcher de nuire et donc s'en débarrasser. Rien de mieux que de le pousser, de lui faire perdre l'équilibre et de le faire basculer dans le vide. Seulement ça n'a pas réussi. Je ne sais pas comment il a fait, mais il nous a échappé. Tant mieux parce que sa mère, elle ne nous l'aurait sûrement pas pardonné, mais bon débarras quand même. Et puis avec ce gouverneur de Judée il vaut mieux se faire oublier, se tenir à carreau.

 

Mais on suivra de loin ce qu'il fait, il ne faudrait pas que ça nous retombe sur le dos. Quant aux miracles et bien on s'en passera. 

 

 

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samedi, mars 15, 2025

Luc 9, 28-36. Transfiguration. Deuxième dimanche de Carême. Mars 2025

                                          Transfiguration : Luc 9, 28-36



 

Préambules.


Voici revenu le temps du Carême et donc le temps de retrouver des évangiles bien connus. La semaine dernière c'était les tentations après le baptême, racontées par Luc, puisque c'est son année dans le lectionnaire. Chez Luc, au moment du baptême le ciel s'ouvre ce qui réalise une demande du prophète Isaïe: "Ah si les cieux s'ouvraient et si tu descendais les montagnes s'ébranleraient devant toi".  Ce ne sont pas les montagnes qui s'ébranlent mais c'est un autre ébranlement qui se met en place dans notre monde, sauf que cet ébranlement est d'une discrétion totale. Et pourtant un monde nouveau est là. 

 

 

De ce ciel qui était fermé depuis qu'Adam et Eve ont été exclu de ce que nous nommons le paradis terrestre, sort à la fois le souffle de Dieu, qui en se posant sur jésus, l'enveloppe de son onction et demeure en lui, et une voix qui selon les traductions,  dit  : "toi, tu es mon Fils Bien-Aimé en qui j'ai mis toute ma joie,  (affection approbation, en qui je me complais, je me suis complu, mon bon plaisir). Que Jésus puisse être le réceptacle de la Joie du Dieu, qu'il ait pu être rempli de cette joie, ce n'est pas imaginable, en tous les cas pour moi. Il devient à ce moment-là Présence du Père pour les hommes, mais les yeux ne peuvent le voir et le reconnaître. 

 

Ce baptême est le début de ce que l'on appelle la vie publique de Jésus. 

 

Je crois que l'on peut dire que la transfiguration, où la Présence est rendue visible aux yeux des trois apôtres, est un nouveau baptême, car jésus se met en route vers la Croix. La voix qui se fait entendre dit, nous dit "écoutez-le , il est mon Fils , il est celui que j'ai choisi, il est l'élu "

 

Je me disais aussi que voir Jésus avec Moïse et Élie, est aussi un moyen de montrer que Jésus contrairement à ce qu'on pouvait croire n'était pas une sorte d'avatar ce ces deux prophètes, Mais qu'il est l'Unique, celui annoncé par Isaïe, le nouveau messie. Pour le dire autrement Jésus n'est pas la résurgence d'un personnage ancien, si grand soit-il, il est celui qui est choisi par le Père. 

 

J'ai beaucoup écrit sur cette péricope. J'ai relu ce que j'avais écrit il y a trois ans, puisque c'était le même évangéliste et je ne m'y reconnais plus. un texte plus récent de 2023, avec l'évangile de Marc existe, mais je ne m'en suis pas servi. 

 

Je me rends compte aussi, que faire raconter par quelqu'un qui était là ce jour-là, mais qui bien entendu ne peut raconter que bien des années après, ce n'est pas si simple. 

 

Comme conteur, j'ai choisi à nouveau Pierre, d'autant qu'il cite cet événement dans sa première lettre, mais il y a ce qu'il a pu vivre sur le moment et ce qu'il peut en raconter plus tard, quand ses yeux et son cœur ont reçu l'onction de l'Esprit Saint. Peut-être que seul Jésus pourrait raconter, mais cette idée me vient à l'esprit au moment où j'écris ce préambule. 

 

Je me propose donc dans ce billet, de laisser Pierre raconter. On trouvera ensuite, en annexe, le travail préparatoire, à savoir le travail sur les versets, ainsi que la mise en tableau des récits des évangiles synoptiques. 

 

En conclusion de ce billet, j'essayerai de laisser Jésus parler.

 

je me dis que si de la base de l'Hermon,  sortent les sources qui donnent naissance au Jourdain, cette montagne est autrement plus importante que le petit Mont Thabor en Galilée. Et j'aime la situer en ce lieu-là. 


La Transfiguration est un tournant. Jésus, rend son visage dur comme pierre et prend avec détermination, comme le dit Luc, la route de Jérusalem ! Certes il faudra plus de douze chapitres pour que Jésus n'atteigne cette ville, mais la centration sur la croix à venir, sur la mort et la résurrection, s'enracine peu à peu. 

 

PIERRE RACONTE.

 

Nous descendions de la montagne avec lui, je veux dire de l'Hermon et nous avons été accueillis par une foule qui semble presque étonnée de nous voir et qui semblait même soulagée. À croire que notre absence a duré plus que je ne croyais. Mais parfois avec Jésus, on perd un peu la notion de temps. 

 

C'est vrai que pour gravir l'Hermon, cette montagne qui domine Césarée de Philippe, il a fallu un certain temps. Jésus lui, il grimpe comme un chamois, mais moi, ce n'est pas pareil et comme ça grimpait très fort, j'ai dû m'arrêter et les autres ont dû attendre que je reprenne mon souffle. Nous avons connu la fatigue, la soif, et même la faim. Je ne parlerai pas de mes pieds, pourtant ils sont habitués à marcher, mais ces sentiers-là, c'est autre chose

 

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Tout ça pour dire que nous étions bien fatigués quand nous avions fini de gravir la montagne. 

 

Cette montagne dont parle les psaumes, je ne la connaissais pas; je dois dire qu'elle est magique. On s'y sent plus près de Dieu. L'air est différent, les sons sont différents. 

 

Moi qui suis un pêcheur, je connais les beautés de mon lac, le lac de Tibériade. J'en connais ses beautés, mais aussi ses risques quand le vent se lève et que les flots assaillent les barques. J'aime le scintillement des vagues quand le soleil commence à se lever, ou quand la lune brille. La montagne ce n'est pas du tout mon élément. Pourtant en suivant Jésus, j'ai senti d'emblée que nous nous étions rapprochés du Très-Haut. 

 

Nous étions tous les trois, en train de récupérer de notre fatigue. Nos yeux se fermaient presque malgré nous. Jésus lui, selon son habitude s'était mis à prier. C'est quand même rare de le voir en prière. Souvent il part tout seul, et on ne sait jamais quand il va revenir. Des fois, cela nous inquiète. 

 

Tout à coup, il y a eu comme un bruit de voix. Malgré notre épuisement, nous avons vraiment ouvert les yeux, et ce que nous avons vu jamais nous ne pourrons l'oublier. Notre Maître était devenu lumineux. La lumière irradiait de lui, son visage était comme éclairé de l'intérieur, son vêtement était d'une blancheur qui faisait presque mal aux yeux. C'est comme si la Présence de celui qu'il appelle son Père, était visible pour nos yeux. 

 

Et il n'était pas seul. Avec lui, il y avait notre Père Moïse, lui dont le visage était devenu lumineux après qu'il soit resté auprès du Très-Haut pendant quarante jours, ce temps où il écrivait les paroles de l'Alliance sur les tables de pierre, les nouvelles tables, puisque celles écrites par ma main de Dieu avaient été fracassées. Il y avait aussi Elie, qui lui aussi avait rencontré le Seigneur sur l'Horeb, qui avait entendu le son de sa voix, son qui était celui d'une brise légère, et qui avait été emporté sans connaître la mort sur un char de feu. 

 

Ils parlaient avec Jésus de son départ qui allait s'accomplir à Jérusalem. Nous entendions bien cela, et c'était bien de sa mort à lui dont il s'agissait, cette mort qui serait la rédemption, le salut, mais dont je ne voulais pas entendre parler, parce qu'à ce moment-là, mes yeux étaient comme fermés. 

 

Il y avait ce trio, Jésus, Moïse, Elie. Ces derniers étaient en train de se séparer de lui. Malgré la torpeur un peu paralysante qui était sur moi, sur nous trois, je me suis entendu parler et dire en m'adressant à Jésus qui était toujours empli de cette lumière, que nous pouvions construire trois tentes, une pour Lui, une pour Moïse, une pour Elie. Je ne sais pas ce qui m'a pris, peut-être que je voulais que le temps s'arrête, que cette Gloire, la Gloire du Très Haut, la Présence du Très Haut, soit comme capturée sur cette montagne, qu'elle y demeure, que le temps s'arrête, que la roue du temps ne tourne plus. 

 

Je n'avais pas fini de parler, mais je ne sais plus très bien ce que je disais, parce que mon Maître était tellement plus que mon maître, qu'une sorte de brouillard est tombé sur nous. C'est peut-être fréquent en montagne, mais c'était plus qu'un brouillard, et je ne savais pas ce que c'était, Je dirai une nuée, un peu comme celle qui était lieu de la Présence du très haut quand notre peuple est sorti d'Égypte.

 

De cette nuée, parce que je sais maintenant que le Père de mon Seigneur était présent, est sortie une voix, qui s'adressait à nous. Cette voix ne faisait pas vraiment peur, mais quand même ! Elle nous remplissait d'une crainte sacrée. Cette crainte qui est là, quand on est en contact avec quelque chose qui vous dépasse complètement, qui vous donne envie de vous faire tout petit, qui vous donne presque envie de disparaître, parce que c'est trop pour les êtres de chair, les êtres mortels que nous sommes. 

 

Elle nous disait que l'homme qui était devant nous, était celui qui avait été choisi par notre Seigneur, qu'il était son fils et que nous devions l'écouter. 

 

Nos prophètes nous ont parlé d'un serviteur que le Seigneur avait choisi, mais là, c'était bien plus. J'avais bien reconnu en Jésus, le Messie de Dieu. À cet instant, c'était bien plus. C'était la gloire du Père sur le Fils, dans le Fils. Mais les mots sont impuissants. 

 

Quant à l'écouter, je dirai à lui obéir, cela m'a tout de suite fait penser à ce livre où il nous est dit : "écoute Israël, notre Dieu est l'Unique". Écouter Jésus comme écouter le Seigneur. En serai-je capable ? 

 

Même si la voix n'était pas une voix de commandement, malgré les mots qu'elle disait, nous étions remplis de crainte, Le silence a suivi, un beau silence. On entendait à nouveau des oiseaux chanter, le bruit du vent dans les feuilles et Jésus était là, le Jésus que nous connaissions, le Jésus de tous les jours, si je puis dire, qui nous regardait avec ce regard qui est le sien, ce regard qui nous fait parfois chavirer, ce regard d'amour. 

 

Nous sommes descendus en silence. Ce que nous avions vu, nous l'avons gardé au fond de nos cœurs, sans en parler à qui que ce soit. L'indiscible ne se raconte pas. 

 

Et comme je l'ai dit, la foule était là, avec les autres, et un homme a interpellé Jésus lui disant de regarder son fils qui devait être possédé. La vie a repris. Mais par moments, en fermant les yeux, je pouvais encore voir et ressentir la Présence du Seigneur dans celui qui est mon Seigneur.

 

ANNEXE: LE TEXTE.

 

 

Il m'a semblé que reprendre un tout petit peu en arrière était intéressant. Jésus dit en effet au verset 27 : " Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu".

 

Ces versets suivent ce qu'on appelle la "confession de Pierre" qui proclame que Jésus est le Christ, le Messie de Dieu (deux mots pour dire la même chose, l'OINT), mais l'évangile s'adresse, surtout chez Luc, certes aux juifs mais aussi aux non-juifs de l'empire romain.

 

Je ne sais pas si ces hommes, Pierre, Jean et Jacques,  ont vu de leurs yeux le règne de Dieu avant leur mort, mais spontanément je dirai que oui. Ils ont vu la multiplication des pains, et ce jour-là, leurs yeux ont vu ce que les rois et les prophètes auraient désiré voir., je veux dire Jésus rempli de la Présence et aussi irradiant de lui-même la Gloire.

 

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28b En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.

29 Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.

 

Ce qui laisse à supposer que chaque fois que Jésus prie, c'est ce qui se passe, mais ce n'est paa visible pour les yeux de chair. Là, c'est quelque chose de nouveau, Présence Divine totale. Le visage et le vêtement. 

 

30 Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,

31 apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.

 

Ce qui me frappe, c'est que ces deux-là, sur l'Horeb ont rencontré la Gloire de Dieu. Moïse le buisson mais surtout Ex 33 et Elie, ce Dieu qui est dans le murmure de la brise. 

 

32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.

 

Finalement ils sont un peu paralysés, ils sont lourds de sommeil, mais ils ne dorment pas. Il me semble qu'ils sont un peu comme Abram qui voit Dieu passer, mais qui ne peut rien faire, saut voir et entendre et en garder souvenir, en garder mémoire. Alliance avec eux, les hommes qui se fait par Jésus qui va donner sa vie à Jérusalem, la nouvelle Alliance. 

 

33 Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.

 

Je dois dire, que je peux comprendre Pierre qui voudrait que cet instant d'éternité ne soit pas fugitif, mais c'est impossible. 

 

34 Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.

35 Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

36 Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

 

Il se passe alors beaucoup de choses, comme si la voix de Pierre avait provoqué quelque chose. Je veux dire comme si sa demande trop concrète de figer l'intemporel, avait fait une sorte de trou. Et c'est là, que comme au moment du baptême, la Présence du Père dans la nuée se donne à entendre, sous la forme de cette voix audible, qui contrairement à l'exode n'est pas une voix qui provoque la panique.  Elle donne la Loi nouvelle : écouter le Jésus, qui est le Fils choisi entre tous les hommes, l'Unique. 

 

 

La Transfiguration dans les synoptiques

 

Matthieu 17, 1-10

Marc 9, 1-11

Luc 9, 28-36

 

01 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne.

 

 

02 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.

28 Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.

02 Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, 

 

et ses vêtements, blancs comme la lumière

Et il fut transfiguré devant eu

 

 

03 Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

 

 

29 Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre

et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.

03 Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.

04 Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.

0 Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,

31 apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.

 

0

 

 

 

 

 

 

 

4 Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

 

 

 

 

 

 

 

 

05 Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

 

06 De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.

 

 

32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.

 

33 Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » 

 

Il ne savait pas ce qu’il disait.

 

05 Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuseles couvrit de son ombre, et voici que, 

 

 

de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

 

 

7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, 

 

 

 

et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

 

4 Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survintet les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.

 

35 Et, de la nuée, une voixse fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

06 Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.

 

 

 

6 Et pendant que la voix se faisait entendre

07 Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

 

 

 

 

8 Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.

 

9 En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

08 Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

 

09 Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

 

 

, il n’y avait plus que Jésus, seul. 

 

 

 

 

 

Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

10 Les disciples interrogèrent Jésus : « Pourquoi donc les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? »

 

11 Ils l’interrogeaient : « Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? »

 

 

 

 JÉSUS RACONTE.

 

Nous étions dans le nord de la Galilée, pas loin de Césarée de Philippe. Je savais qu'il était temps pour moi de ne plus être seulement celui qui fait des guérisons, des miracles, qui rassemble les foules, mais de devenir celui qui conduit au Père. 

 

J'avais demandé aux douze qui j'étais pour les foules; ils ont répété ce qu'ils entendaient dire quand ils passaient dans les villes ou les villages, à savoir que j'étais Jean le Baptiste, ou Elie, ou l'un des prophètes. Cela m'a fait un peu sourire, mais ces braves gens, ils voyaient en moi finalement un prophète de l'ancien temps, qui peut-être allait remettre un peu d'ordre. Mais ils ne me voyaient pas comme dénonciateur des ruptures d'alliance. Je crois qu'ils me voyaient comme un faiseur de miracles, un type gentil, mais de là à se convertir, il y avait de la marge, ce qui me désolait. 

 

Je leur ai demandé alors pour eux qui j'étais. Et là, mon brave Simon a pris la parole, il a dit que j'étais le messie (l'envoyé, celui qui avait reçu l'onction) de Dieu. Comme il est le porte-parole des douze, cela me suffisait pour le moment. 

 

Plus tard, ils comprendraient que je ne serai pas le libérateur de Jérusalem, mais le libérateur du Malin. La réponse de Simon, me montrait que le temps pour moi était venu de me mettre en route. Mais avant cela, parce que je savais qu'ils auraient des doutes au moment de mon arrestation et de ma mort, je voulais que quelques-uns puissent voir en moi la Présence du Père, pour qu'ils ne prennent pas la fuite quand le temps de l'épreuve serait arrivé. J'espérais aussi que ceux-là ne m'abandonneraient pas.

 

Nous n'étions pas loin de l'Hermon. C'est une belle montagne, parfois ses sommets sont enneigés et pour moi, même si on ne le voit pas, c'est le lieu où le Jourdain prend sa source. 

 

J'ai pris avec moi, Pierre, Jean et Jacques, en laissant aux autres le soin de préparer villes et villages à mon passage.

 

La montée n'est pas facile et Pierre peinait beaucoup, transpirait beaucoup, traînait les pieds, râlait ! Les deux autres un peu moins, mais quand même. En arrivant là où moi je voulais aller, ils se sont couchés à même le sol, et se sont endormis. 

 

Je me suis mis à prier, j'aime ces temps où je suis seul avec mon Père, où il est Présence pour moi, où je suis toute écoute, mais où je peux aussi lui parler de tout, de tout ce qui me préoccupe, de tout ce qu'il veut que je fasse. J'ai senti que ce qui se passait était différent de ce que je vivais d'habitude quand je partais dans la nuit pour le prier. 

 

J'ai regardé mes trois amis, ils étaient plongés dans un sommeil autre que celui dû à la fatigue, ce sommeil donné par mon Père, quand il veut se manifester aux hommes, dans une vision. Il faut dire que me voir avec Moïse et Elie avait de quoi les surprendre et surtout de me voir parler avec eux, m'entretenir avec eux. Peut-être auraient-ils eu peur s'ils n'avaient pas été dans ce demi sommeil et auraient crié comme lorsque j'avais marché sur le lac pour les rejoindre en pleine nuit, après avoir multiplié les pains.

 

Moïse et Elie, eux qui avaient été si proches de mon Père. Ils me confortaient dans mon devoir de prendre la route de Jérusalem, pour aller certes vers la vie, pour donner vie à mon peuple, mais en perdant la mienne. 

 

Pendant ce temps, mes trois amis s'étaient réveillés, mais pas vraiment. Je sais que plus tard, ils parleront d'un sommeil mystérieux, comme celui qui était tombé sur Abram au moment où dans la nuit, mon Père a fait alliance avec lui, en lui promettant la terre de Canaan. Moi ce que je leur promets, ce n'est pas une terre à conquérir ou à libérer,  c'est une autre terre, un autre ciel, un ciel nouveau, une terre nouvelle. Mais il leur en faudra du temps pour l'entendre. 

 

Pierre voyant que ces deux amis de Dieu s'en allaient, m'a proposé de fabriquer avec les deux autres trois cabanes. Il est bien brave Pierre, mais pardonnez-moi, il est quand même un peu idiot. Mais c'est Pierre et je l'aime aussi pour ça ! Je crois qu'il voulait qu'on reste chacun à sa place, dans une petite niche. Peut-être qu'il pensait à la fête des Tentes, je ne sais pas. 

Tout ce que je sais, c'est que mon Père a fait venir sur eux une nuée qui les a comme engloutis, et qu'il leur a dit de m'écouter, que j'étais son Fils, celui que Lui avait choisi. Pour moi, ces paroles qui étaient un peu comme celles qi avaient résonné au moment de mon baptême dans les eaux du Jourdain, c'était comme une huile qui coule sur la tunique d'Aaron que d'entendre ces mots. Pour eux, je ne sais pas. 

 

Je crois que la nuée, la voix, cela les a remplis de crainte, qu'ils auraient voulu rentrer sous terre, qu'ils avaient peur, et une peur comme celle qu'ils avaient ressenti lorsque j'avais rempli leur barque de poissons, juste avant qu'ils ne viennent à ma suite. 

 

Quand ils ont repris leurs esprits, nous sommes descendus vers la plaine, en prenant notre temps. Pour moi désormais le temps est compté, mais eux ne le savent pas encore. Que la volonté de mon Père se fasse et non la mienne.

jeudi, octobre 03, 2024

Mt 18, 1-5. 10

Mt 18, Jésus prit un enfant et le plaça au milieu d'eux. 

 

Préambules.

 

Pour la fête des anges gardiens, la liturgie nous propose le début du chapitre 18, ce chapitre qui donne certaines règles de fonctionnement de la jeune communauté pour que celle-ci puisse fonctionner.

 

Au questionnement des apôtres, savoir qui sera le plus grand dans le royaume des cieux, la réponse de Jésus (mais on a déjà entendu quelque chose de semblable et dans l'évangile de Luc Lc 9, 48 et sans l'évangile de Marc Mc 9, 36,  la réponse de Jésus est sans ambiguité: changer pour redevenir comme un enfant (confiance totale, se savoir petit, voir le dernier). Et pour que cela se fixe bien dans leur tête, Jésus prend un enfant et le met au centre du groupe. 

 

Puis il y a une sorte de glissement qui se fait entre l'enfant, et ceux qui sont les petits parmi ceux qui suivent Jésus. Arrive alors une mise en garde très sévère: ceux qui sont de fait les dirigeants, ne doivent en aucun cas être cause de chute pour les petits, et c'est àç chacun de s'examiner lui, pour discerner s'il se laisse conduire (Paul dira plus tard par la chair), par les sens et en devenir esclave. Ces versets ne figurent pas dans la lecture d'aujourd'hui. Qui se termine en affirmant que ces petits qui risquent d'être méprisés, leurs anges eux, voient la face de celui que Jésus appelle son Père et qui habite dans les cieux. Or si on en croit la tradition juive, seuls les archanges, ces envoyés de Dieu qui vont dans le monde des hommes, peuvent voir et regarder Dieu. Les autres, ne regardent pas la face du Très Haut. Alors là, Jésus propose un autre changement, parmi les anges, les plus grands ce sont ces anges qui veillent sur ces petits, sur ces enfants, et non pas ces anges ou ces archanges. Peut-être ont-ils aussi pour mission de veiller pour qu'à la pierre notre pied ne heurte. Enfin il doit s'agit d'une autre pierre, peut-être celle du scandale, pour que pour heurter des pierres, des pierres qui sont sur mon chemin, mon ange gardien, n'a jamais fait le ménage!.

 

Une petite remarque: dans un autre évangile, pour répondre à la même question  jésus prend un enfant, l'embrasse et dit qu'il faut se rendre semblable à cet enfant. Mais si en grec le mot employé signifie enfant, il signifie aussi esclave et Jésus fait une sorte de jeu de mots en disant que celui qui se fait petit comme un enfant, se fait aussi l'esclave de tous. 

 

En lisant ce texte ce matin, je pensais à cet enfant, qui devient le point de mire.

 

Alors j'ai eu envie de laisser parler cet enfant, mais en allant nettement plus loin dans le chapitre 18, à savoir jusqu'à la parabole des 100 brebis.

 

J'ai choisi de faire parler un enfant pas trop petit, mais pas trop grand non plus, disons 5-6 ans. 

 

.On trouvera en annexe le travail habituel sur le texte, mais aussi des comparaisons entre les récits de Matthieu et de Marc. 

 

 

L'enfant raconte à ses parents.

 

Il m'est arrivé une drôle d'aventure. Celui qu'on appelle Jésus, vous savez le Rabbi qui fait des guérisons, et bien il  est arrivé avec les hommes qui discutaient entre eux. Moi je les regardais. Et puis ils se sont approchés de leur Maître, et ils lui ont demandé qui est le plus grand dans le royaume des cieux.  

 

Moi je m'étais approché en douce, parce que je voulais le voir ce Jésus. C'est pour ça que j'ai entendu. Mais c'est une drôle de question. Peut-être qu'ils veulent savoir lequel d'entre eux est le meilleur. Mais pourquoi parler du royaume des cieux, ça je ne comprends pas. 

 

Jésus a alors regardé tout autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose. Il m'a vu, il m'a souri et il m'a fait signe de venir. Je me demandais vraiment ce qu'il me voulait. Mais on dit qu'il est gentil, alors je suis allé vers lui.

 

 Ses amis étaient là, assis en cercle au. Il est entré dans le cercle et moi avec lui. Nous étions tous les deux en plein milieu. Il y avait tous ces hommes, qui me regardaient, qui me dévisageaient, et je n'aimais pas ça du tout. J'aurais voulu disparaître. Et voilà que Jésus leur dit que s'ils ne changent pas pour devenir des enfants , ils n'entreront pas dans le royaume des Cieux. Je n'en croyais pas mes oreilles, moi qui ai tellement hâte de grandir pour ne plus être un petit, pour ne plus avoir à obéir à tout le monde, pour ne plus être obligé de rendre des services à tout le monde, et surtout à ne pas être écouté quand je veux dire quelque chose, parce que les enfants doivent se taire et écouter les grands. Il doit être un peu fou pour dire ça ce Jésus. Il a ajouté que celui qui se fera petit comme moi, celui-là sera grand dans le royaume. Est-ce que ça veut dire que moi, j'ai de l'importance pour le Très haut? Alors si c'est vrai pour lui, c'est une sacrée bonne nouvelle pour moi.

 

Après il a dit quelque chose que je n'ai pas compris, sûrement parce que je suis trop petit pour comprendre ces grandes choses. Il a dit que celui qui accueille un enfant comme moi,  il l'accueille aussi Jésus. Je n'ai pas compris. 

 

Après, peut-être que j'aurais dû partir, mais je me sentais bien, je me suis assis, comme ça on me regardait moins et je l'ai écouté. Il disait que celui qui est comme une pierre qui fait tomber les autres qui croient en lui Jésus, il aurait mieux valu qu'il ne vienne pas au monde. Ça m'a fait froid dans le dos, mais des fois, les grands quand ils me font des croche-pieds et que ça les fait rire, je les déteste et je sais que ce n'est pas bien de détester, mais c'est de leur faute. Pourquoi ils veulent me faire du mal? Peut-être que je pourrais dire ça à Johan,  qui est méchant avec moi, alors que je ne lui ai rien fait, qu'il devrait se méfier, parce qu'un jour ça lui retombera dessus.

 

Jésus a continué à parler. Et là, il a eu des mots qui m'ont fait froid dans tout mon dos. Je répète ce qu'il a dit, mais moi je n'ai pas compris, sauf que ça fait peur. Je sais que parfois on peut couper la main d'un voleur pour le punir, parce que sa main a fait du mal. Lui, il disait que si le pied de quelqu'un est pour cette personne une occasion de chute, il fallait la couper, parce qu'il vaut mieux entrer boiteux dans le royaume que brûler dans un lieu qu'il appelle la Géhenne, mais je ne sais pas ce que c'est, ni où c'est. Mais se couper le pied, c'est horrible. Il a parlé ensuite de la main et là, pareil, la couper et enfin de l'œil se l'arracher. C'est affreux, et j'ai peur de faire mauvais rêves maintenant. 

 

Les autres, ils regardaient le sol, ils n'avaient pas l'air très fiers. 

 

Et puis Jésus il a dit un truc énorme. Il leur a dit de ne pas mépriser les enfants ou ceux qu'eux ses disciples considèrent comme des enfants, des nuls,  parce que leurs anges voient sans cesse la face de son Père à Lui, Jésus. Alors là, c'est comme s'il me faisait un cadeau. J'ai compris que moi, j'ai un ange qui veille sur moi,  que moi j'ai un ange comme Tobit a eu l'ange Raphael. Et cet ange, même si les autres me veulent du mal, même si je ne le vois pas, il est toujours avec moi, et en même temps, il est avec le très Haut. Je vais lui donner un nom à mon ange, mon ange à moi, mon ange qui voit la face de Dieu. Je ne suis plus seul. 

 

Pour finir, il a raconté une petite histoire. Il a parlé d'un homme qui avait cent brebis. Je me disais qu'il devait être bien riche pour avoir un aussi grand troupeau. Et qu'une brebis s'était égarée. Et bien Jésus a dit que cet homme, il a laissé toutes les autres pour aller chercher cette coquine qui était partie, qu'il l'avait retrouvée et qu'il était heureux, et qu'il ne lui avait rien dit, à sa brebis, tellement il était content. 

 

Et Jésus a ajouté que celui qu'il appelle son papa c'est comme ça qu'il fait et qu'il est quand une brebis est retrouvée. Alors moi quand je serai grand, j'irai chercher les brebis qui se sont sauvées et je les ramènerai à leur maître. Voilà, moi j'ai trouvé ce que je ferai quand je serai grand. Mais ce que je sais aussi, c'est que je dois ne pas oublier ce que j'ai entendu, et le raconter aux autres et tant pis s'ils ne me croient pas. 

 

 

 

ANNEXES.

 

 

Annexe 1: travail sur le texte.

 

1 À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? »

 

C'est donc le début du chap 18 de Matthieu. On est toujours en Galilée. C'est le chapitre (pour moi) de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, pour que l'église soit. Et ça se termine par la parabole de celui qui est insolvable et donc de la miséricorde. 

 

Je trouve la question intéressante. On n'est pas comme dans Marc, à se quereller pour savoir qui sera plus grand (le plus capable de prendre la place de Jésus), mais là, c'est une question du futur. On pourrait reformuler et dire: dans le royaume où tu vas nous ouvrir les portes après ta mort, qui sera le plus grand. Mais je crois que c'était une manière détournée de poser la question du plus grand, du plus apte à diriger un jour. 

 

2 Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux,

 

Je me suis toujours demandé ce que ce petit avait pu ressentir. Il appelle, et il le met au milieu. L'enfant lui est là, avec tous ces hommes. Peut-être qu'il a un peu peur. Je ne sais pas. Peut-être qu'il se demande ce qu'il a fait. Il ne comprend pas trop. Il sait qu'il est petit, qu'il faut peut-être obéir. 

 

3e t il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.

4 Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.

5 Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi.

 

Et voilà que Jésus se met à parler. Mais l'enfant est là, présent. Cela commence par Amen, ce qui montre l'importance de ce qui est dit. Il s'agit de changement et là  Il y a la nécessité d'une conversion, donc de quelque chose qui prend tout l'être. Il s'agit du "comme". Et ce n'est pas si facile. On parle toujours des qualités de l'enfant, peut-être faut accepter aussi la dépendance, et la confiance.

 

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06 Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer.

07 Malheureux le monde à cause des scandales ! Il est inévitable qu’arrivent les scandales ; cependant, alheureux celui par qui le scandale arrive !

08 Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer dans la vie éternelle manchot ou estropié, que d’être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel.

09 Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu.

 

Ce passage n'est pas retenu, mais l'enfant lui l'a entendu, et peut-être que ça lui a fait peur. On trouve à peu près la même chose au début de l'évangile, le discours sur la montagne: Mt 5, 30. Chez Mc, ce sera au chapitre 9 41-51, toujours dans le même contexte,(voir aussi annexe).

 

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10 Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.

 

Peut-être qu'on pourrait dire si ton œil, ta main, ton pied te conduisent sur une route qui est une route mauvaise, alors changes avant qu'il ne soit trop tard, mais surtout, veille à ne pas être cette pierre d'achoppement pour ces disciples que tu méprises, que tu considères comme des moins que rien. Ils sont les petits, les pauvres, ceux auxquels le royaume appartient, et dont les anges voient sans cesse la face de mon Père.

 

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12 Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ?

13 Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.

14 Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.

 

Jésus s'adresse toujours aux disciples et il essaye de leur faire comprendre que cette brebis perdue, cet homme ou cette femme qu'ils auraient tendance à mépriser, Dieu ira la chercher surtout si elle a pris la fuite par peur, et que sa joie sera grande quand elle sera retrouvée.

 

 

 

 

Annexe 2: comparaison Matthieu et Marc.

 

Matthieu

5, 27-30

Matthieu

18, 1-14

 

Marc,

 9, 32--50

 

 

32 Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.

 

 

 

01 À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? »

33 Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

34 Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.

 

 

3 et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.

 

 

35 S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

 

2 Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux,

 

4 Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.

05 Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi.

 

 

 

 

36 Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit :

 

 

 

37 « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

 

 

 

 

 

 

38 Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »

39 Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;

40 celui qui n’est pas contre nous est pour nous.

41 Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.

 

 

 

06 Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer.

 

 

07 Malheureux le monde à cause des scandales ! Il est inévitable qu’arrivent les scandales ; cependant, malheureux celui par qui le scandale arrive !

 

42 « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. 

.29 Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.

 

30 Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.

 

 

08 Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer dans la vie éternelle manchot ou estropié, que d’être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel.

09 Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu.

 

 

43 Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.

 

 

45 Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.

47 Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,

 

 

10 Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.

 

 

2 Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ?

13 Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.

14 Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.

 

 

49 Chacun sera salé au feu.

50 C’est une bonne chose que le sel ; mais s’il cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa saveur ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. »

 

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