Je me demande comment il faut entendre ou lire les béatitudes. Jésus s’adressait à des disciples, certainement une bonne majorité de pharisiens, et pour eux, les mots avaient un sens précis. On trouve dans le psaume 37: les justes posséderont la terre.
Bien heureux les pauvres. Les pauvres ce sont les courbés, ceux qui attendent tout de Dieu, qui savent qu’ils ne peuvent entrer par leur propre force dans le royaume. Mais pour eux ce royaume des cieux c’était quoi ? On peut dire aussi, mais c’est du langage d’aujourd’hui, que les pauvres, ce sont ceux qui ont conscience de leur manque. Le « manque » étant comme la pierre d’angle du désir. C’est le manque qui me fait désirant, désirant de l’autre, tout en sachant que le manque ne peut être comblé. Ce manque là peut ou ne peut pas ouvrir sur Dieu. Il peut conduire à une course effrénée à la satiété, à la convoitise. Il faut un sacré travail pour accepter que ce manque soit structurant et source de joie, parce qu’il permet la relation à l’autre.
Le manque, c’est accepter qu’il y ait de l’incomplet, une place vide. Je dirai un espace ouvert, un peu comme l’espace entre les ailes des chérubins de l’arche de l’alliance.
Peut-on dire que le royaume des cieux, c’est la présence de Dieu dans le cœur, mais aussi dans le réel, dans la possession de la terre ?
Terre promise ? De quelle terre s’agit il ? Présence de Dieu et de son oint aujourd'hui?
Bien heureux les affligés .Il y a l’affliction liée aux événements de la vie, et il y a peut-être une autre affliction à cette époque là, c’est de vivre sous la domination romaine, avec les influences helléniques et les croyants ne peuvent que souffrir de cette situation, car la reconnaissance de Yahvé malgré les rituels du temple, est difficile.
La consolation, cela évoque pour moi, le livre d’Isaïe : consolez, consolez mon peuple. Comme si Jésus disait, croyez en moi et la consolation vous l’aurez, je vous la donnerai, je créerai pour vous un pays où vous serez libres, libres de reconnaître le Dieu en qui vous mettez votre espérance. Cela va avec la libération.
Bienheureux les doux La douceur d’après ce que j’ai pu entendre de Paul Beauchamp, c’est ce qui était prévu à l’origine, la douceur s’opposant à la violence qui est sous-tendue par l’envie, la convoitise et qui va vers le meurtre, la rapine.
La douceur c’est parfois pratiquer des actes en soi violent comme égorger un animal mais de manière à donner la mort sans faire souffrir. Ce serait ne pas faire souffrir l’autre.
Et dans cette problématique là, ils « posséderont la terre », telle que celle-ci avait été voulue par Y dans le livre de la genèse, là où les animaux et les hommes ne se dévorent pas les uns les autres, mais cohabitent en mangeant soit l’herbe des champs, soit les fruits de la terre.
Mais il doit s’agir d’une terre en devenir, une terre nouvelle.
Bienheureux les affamés et assoiffés de justice. Il s’agit là de la justice de Dieu, pas la justice des hommes. Pas cette justice où chacun doit avoir comme l’autre, mais cette justice où chacun est reconnu dans ce qu’il est et où ce qu’il reçoit n’est pas source d’envie.
Car ils seront rassasiés. Ne plus avoir faim, ne plus être dans le manque mais surtout, plus que cela être dans la joie, car Dieu donne et fait justice au pauvre qui crie. Il est vrai que l’écoute de Dieu me parait bien sélective, mais c’est mon problème.
Etre rassasié, cela permet aussi de s’abandonner, de se laisser aller, de rentrer dans le « repos ».
Heureux les miséricordieux, heureux ceux dont les entrailles s’émeuvent, heureux ceux qui sont dans la compassion, malgré la souffrance que cela peut parfois générer en eux.
Car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, la pureté à cette époque là c’est quoi ? Il y a les rites de purification que Jésus va descendre en flamme, parce que le dedans et le dehors sont distincts. La pureté externe elle va très loin : ne pas se commettre avec les autres, avec les adorateurs des Baals. La pureté du cœur, comment la concevoir, comment la dire ? C’est laisser drainer par l’Esprit les scories qui encombrent le cœur en permanence (le péché ?), c’est laisser partir peu à peu, tout ce qui empêche de se laisser toucher, atteindre par Dieu.
Car ils verront Dieu. Voir Dieu, n’est pas cela le souhait de tout homme ? Quand Moïse mont sur la montagne de feu pour rencontrer Yahvé, il y reste 6 jours avant d’être en contact plus direct. Je commence à croire qu’il y a une purification indispensable pour rencontrer Dieu, mais que cette purification, elle n’est pas de notre fait. Elle est cadeau, mais souvent cadeau douloureux, parce que le feu ça brûle, la soif c’est affreux, la faim aussi. Mais elle change le regard, elle apprend peut-être aussi à voir un peu de la présence de dieu dans ceux qui nous entourent.
Heureux les artisans de paix, là encore, je ne suis pas sûre qu’il faille entendre ce mot dans un sens opposé à guerre. Je suis persuadée que lorsque Jésus dit Je vous donne ma paix », il dit : si vous avez confiance en moi, si vous vous appuyez sur moi, alors peu importe ce qui se passe à l’extérieur, car vous êtes dans ma paix dans mon repos, dans ma joie. J’aime le mot « artisan » parce qu’il évoque le travail artisanal, celui qui prend du temps, qui nécessite un savoir. Et dans cette problématique là, ceux qui ont cette paix donnée par Jésus sont bien des frères donc des « fils de Dieu ».
Heureux les persécutés pour la justice, faire advenir la justice, le règne de Dieu, pas simple et là, il y a risque de s’opposer au politique. Ce qui intéressant c’est que la finale est la même que pour les « pauvres ».
Le royaume des cieux appartient à ceux qui font de la justice une priorité, mais peut-être que ceux qui y sont le plus sensibles ce sont qui sont les dépendants, les humiliés.
Heureux êtes vous quand on vous insultera, on vous persécutera, et qu’on dira injustement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi.
Là on change de registre. On dirait que Jésus parle dans le présent ou que Mathieu rappelle que Jésus avait prévu que l’avènement serait difficile.
Réjouissez vous, car votre récompense sera grande dans les cieux.
Je ne suis pas sûre que le mot de récompense soit un moteur sufissant. J'ai la chance d'être dans un pays où l'on peut pratiquer et se dire chrétien sans risque et je remercie.
Mais ce qui m'importe aussi c'est cette notion de lignée. pouvoir s'inclure dans une lignée, qu'elle soit prophétique ou christique, c'est s'enraciner et cela c'est important.
Les prophètes ont rappelé ce qu’il faut faire pour entrer dans le royaume.
"C'est que tu pratiques la justice, que tu 'aimes la"miséricorde et que tu marches avec ton Dieu" Mi 6/8
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